Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Je marche contre la circulation des voitures, je sais ça d'instinct. Si tu marches dans leur sens, tu ne les vois pas venir. C'est toi le gibier, la victime. Les autos ralentissent, elles traînent le long du trottoir, avec leurs longs capots brillants, leurs glaces teintées. Il y a des portières qui s'ouvrent, des bras qui cherchent à t'empoigner, à te faire monter.

Au contraire, si tu marches contre les voitures, c'est que tu es folle, c'est eux qui ont peur de toi, dans leurs carrosseries, derrière leurs glaces. Ils s'écartent, ils te laissent tranquille. Ils klaxonnent, sûrement, ils poussent des cris de loups. Mais toi, tu as le soleil en face, au couchant, le soleil brûle ta poitrine, tes cheveux, et tu n'entends rien.

Je pense à Nada Chavez, ma princesse du fondouk de San Bernardino. Si belle, avec ses hanches larges, son visage d'Indienne, ses yeux où je pouvais lire dans les courants glissants à la surface de l'eau, sa main fraîche de la rosée du matin. Elle seule ne m'a pas posé de questions, ne m'a pas posé de pièges. Quand elle arrivait, chaque matin, elle s'asseyait sur la chaise en plastique, à la tête du lit, et elle tendait la main pour que j'y dépose la boulette de papier contenant les pilules blanc et rouge qui font dormir les fous. Puis elle appuyait sa main sur mon front, et elle me donnait sa force. Et un jour, elle a su que j'étais prête, elle m'a ouvert la porte pour que je m'en aille.

Pour manger, pour être à l'ombre, ou à l'abri de la petite pluie du matin, il y a les grands centres commerciaux. De la gare des Greyhounds sur la Septième et Alameda, jusqu'à Santa Monica, c'est une heure de bus, ou une demi-journée à pied. Quand j'arrive là, je suis dans mon domaine. Je disparais dans la foule, je suis les couloirs, je traverse les placettes, les esplanades, je descends les escalators, je monte dans les ascenseurs transparents. Je vais partout, jusque dans les sous-sols, dans les parkings. Je suis affairée. Je ne vais pas au hasard. Je connais chaque recoin, chaque passage. Comme autrefois sur le toit de la rue du Javelot, mais ici c'est grand comme une île, grand comme un continent.

Je connais les noms, les visages, les dessins des devantures. J'ai repéré les gardes. Eux aussi m'ont repérée. Je crois qu'ils ont dû me voir d'abord sur leurs petits écrans télé et se signaler la nouvelle: «Il y a une fille bizarre, une fille de couleur, avec une chemise rouge et un béret noir, et un truc sur son béret, une étoile ou une lune. Ne la perdez pas de vue!» Je suis suivie, il y a des ombres derrière moi, sur mes traces, comme les loups dans les forêts du Canada, comme les requins dans la baie de Copacabana. Je les traîne derrière moi, je sais exactement où ils sont, ce qu'ils font. Je peux les perdre quand je veux, mais ça m'amuse de savoir qu'ils sont là, qu'ils se passent le relais, qu'ils me suivent des yeux. Alors je fais semblant de me cacher, je choisis longuement des vestes de cachemire que je passe sur la chemise rouge, j'hésite, je touche les tissus, je regarde les étiquettes, la tête un peu penchée, comme une poule qui guette. Puis je laisse tout, et je repars en marchant à grands pas. Une fois, j'ai été arrêtée. J'ai été fouillée dans une cabine par une grosse femme brutale. Elle ne savait pas à qui elle avait affaire. Elle ne savait pas que j'ai des yeux derrière la tête. Depuis que j'ai perdu l'usage de ma deuxième oreille, je vois tout à des kilomètres, je peux percevoir le mouvement d'un garde qui se gratte l'entrejambe à l'autre bout du hall. Je n'allais pas voler juste pour leur donner le plaisir de m'attraper.

J'essaie des habits, c'est tout. C'est ma façon d'être quelqu'un d'autre, c'est-à-dire d'être moi. Des jupes courtes, en cuir noir, en rayonne, des robes moulantes en stretch blanc, des pantalons, des corsaires, des jeans extra-baggy. Des blousons, des chemises de soie, des pulls de T. Ilfiger, de Nautica, des polos Gap, R. Loren, C. Klein, Lee, des chemises blanches L. Ashley. Je vais chez les hommes, je mets les complets-veston, les survêtements, des overalls Oshkosh, des coupe-vent The Men's Store at Sears. Puis je remets mon jean noir, ma chemise écarlate et mon béret, et je m'en vais. Ce que je cherche, c'est mon reflet dans les miroirs. Il me fait peur, et il m'attire. C'est moi, et ce n'est plus moi. Je tourne sur moi-même, je regarde les couleurs vives, les tissus qui brillent. Mes yeux ne sont plus mes yeux. Ils sont pareils à des dessins, longs, arqués, en forme de feuille comme les yeux de Nada, en forme de flamme comme les yeux de Simone. J'ai déjà les petites rides qui sourient au coin des yeux de la vieille Tagadirt. Ou les cernes profonds de Houriya quand son bébé allait naître sous la terre.

Je veux parler avec mon corps. Je marche vers la glace, le long d'un corridor, comme une princesse sur son balcon. Je marche, je tourne, je me déhanche, et je sens les regards posés sur moi, les lentilles des caméras invisibles. Quelquefois les vendeuses s'arrêtent, elles me regardent. Ou bien des enfants, des adolescentes. Une d'elles est venue, une fois, avec un petit carnet, elle voulait que j'écrive mon nom, comme si j'étais une starlette de Hollywood. J'ai écrit NADA Mafoba. Elle avait quatorze ans, un joli visage de petit chat, de grands yeux bruns en amande, des cheveux en chignon, et un jean trop grand pour elle, usé aux genoux. Je lui ai fait écrire son nom pour moi sur une feuille de son calepin: Anna.

Pour manger, j'achète des sandwiches économiques. Quelquefois, je vais dans les restaurants, sur Wilshire, Halifax, La Cienega, et je m'éclipse avant le dessert. Il y a des hommes qui m'invitent. Ils me suivent dans les centres, et je les amène jusqu'à une cafétéria. Ils s'asseyent à ma table, je leur fais un sourire et je sais que je ne vais rien payer. Quand ils découvrent que je suis sourde, ils ont peur. Ou bien ils deviennent méchants. Je mange et je bois, et, avant qu'ils ne s'en rendent compte, je suis dans la rue, je traverse en courant, je prends les sens uniques. Une fois, il y en a un qui n'a pas encaissé. Il a tourné et tourné en voiture jusqu'à ce qu'il me retrouve. Il était grand, beau gosse, bien habillé, mais il était un chien. Il a couru sur moi et il m'a donné un coup de poing qui m'a envoyée voltiger par terre, avec mes lunettes noires et mon sac qui s'étalait. Personne ne m'a aidée à me ramasser. Ils devaient penser: «Tiens, une pute qu'on corrige!»

Avant la nuit, je prends le bus pour la Septième. Je passe devant le chauffeur sans jeter ma pièce. Quelquefois, ils ne disent rien. Quand ils se mettent en colère, je fais signe que je n'entends pas, et j'apporte mes quarts. L'asile de nuit est une grande bâtisse en brique, à côté d'Alameda. Il y a toujours une queue de gens qui attendent, principalement des gens comme moi, qui ont la peau sombre et les cheveux noirs. A six heures, on distribue du café et des sandwiches. Le dortoir des femmes est par-derrière, au centre d'un carré d'herbe jaunie, orné de grands yuccas. Quand je suis sur mon lit, je vois les lames des yuccas contre le ciel mauve. Il y a une salle de douche en ciment peint en gris, où les femmes se lavent par groupe. Personne ne regarde personne, mais moi je lorgne leurs dos fatigués, leurs seins, leur peau jaune, grise, chocolat, leurs ventres cousus de cicatrices violettes, leurs jambes variqueuses. C'est ainsi, je ne pense à rien, je n'existe que par les yeux. Puis j'entre sous l'eau chaude qui pique ma bouche, là où le chien m'a frappée.

Je ne dors pas. Ou bien je dors les yeux ouverts.

C'est la musique qui m'a sauvée.

J'avais vu le beau piano noir, à Beverley. Chaque fois, je passais devant, je ne pouvais plus en détacher mon regard. Et puis cet après-midi, il n'y avait pas grand monde, l'homme qui gardait le piano avait changé. C'était un tout jeune homme, blond, avec des lunettes, pas beaucoup de menton, il ressemblait à Jean Vilan. Il lisait un bouquin sur sa chaise.

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