Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Je n'arrivais pas à le croire. Je me haussais sur la pointe des pieds, bêtement, pour voir par-dessus leurs épaules, comme s'ils me cachaient quelque chose. J'ai vu la salle sordide, le ring de fortune, les garçons qui tapaient dans leurs sacs de sable, qui avaient l'air de danser. Il y avait des Noirs, tout maigres et jeunes, comme Nono, qui s'entraînaient. Puis, l'homme m'a tourné le dos, et l'Arabe m'a poussée du plat de la main pour pouvoir refermer la porte. Ça sentait une odeur acide, une odeur de sueur, de moisi, comme Nono quand il revenait de l'entraînement. Je me suis sentie très seule tout à coup. Comme si j'avais enfin compris que je m'en allais réellement, parce que, tous, ils étaient partis avant moi.

Je suis retournée à la place d'Italie, pour voir Houriya. M. Vu ne m'aimait pas bien, mais ça m'était égal. J'étais décidée à voir Houriya, et Pascale Malika, ne serait-ce qu'une minute. À ce moment, je n'étais pas encore sûre de ce que j'allais faire. Au restaurant Vu Thai To, la porte était déjà ouverte pour la soirée, mais la petite salle était vide. M. Vu a sorti la tête par la porte de l'office, il a dit de sa voix désagréable: «Qu'est-ce que vous voulez?» J'ai essayé de passer, mais il m'a barré le passage. Il était très fort pour un homme aussi petit et aussi maigre. Il criait: «Allez-vous-en! Allez-vous-en!» J'espérais que ses cris attireraient Houriya, mais elle n'est pas apparue. Peut-être qu'il la séquestrait. Ou peut-être qu'elle n'avait plus du tout envie de me voir. Peut-être que réellement c'était moi qui portais la poisse.

J'ai beaucoup tourné dans le métro ce soir-là, même du côté de Réaumur, ou de la gare de Lyon, jusqu'à Denfert-Rochereau. Il y avait des gens bizarres dans les wagons, sur les quais. Des soldats démobilisés qui chantaient en buvant du vin, des clochards, des femmes aux yeux transparents, des touristes perdus, des gens extraordinairement ordinaires, avec des cabas et des fichus, des chapeaux. Du côté d'Arts-et-Métiers, j'ai cherché mon vieux soldat d'Erythrée, qui a l'air d'un guerrier issa, enveloppé dans sa houppelande et les pieds bandés de guenilles. J'ai cherché mon Jésus qui mendie à genoux les bras en croix, et Marie-Madeleine aux yeux verts, aux cheveux défaits, la bouche sanglante comme si elle venait de mordre. C'était étrange, pour la première fois sans doute, les tambours s'étaient tus, et le silence résonnait dans les couloirs, du côté d'Austerlitz comme après un orage, comme après une volée de cloches. J'ai pris ça comme un augure.

Le dernier jour avant de prendre l'avion pour Boston, j'ai erré du côté de la rue Jean-Bouton, comme si réellement il y avait quelque chose à trouver là, hormis quelques filles perdues, les dealers à deux sous, et l'hôtel meublé de Mlle Mayer. J'espérais vaguement que Marie-Hélène allait sortir de l'immeuble, qu'elle viendrait vers moi et qu'elle me serrerait très fort, et qu'il y aurait Nono dans sa cuisine, tout nu en train déjouer son jumbé. Il pleuvait, les gouttes picotaient des mares noires, rien n'avait changé et, pourtant, c'était dans une autre vie, très loin. Un car de police est passé très lentement, et je suis repartie en me dépêchant, le visage tourné de côté, pour qu'on ne voie pas à quel point j'étais noire. Malgré le passeport de Marima et la lettre du service de l'immigration de l'ambassade des États-Unis qui m'annonçait que mon nom avait été tiré au sort, j'avais le cœur qui battait comme si on allait me jeter dehors. Alors je pensais qu'il n'y avait pas un seul endroit pour moi au monde, que partout où j'irais, on me dirait que je n'étais pas chez moi, qu'il faudrait songer à aller voir ailleurs.

15

L'été à Boston, on étouffait. Il y avait une vapeur au-dessus de la ville, où les gratte-ciel disparaissaient. Sara Libcap habitait un petit appartement de deux chambres dans une bâtisse en brique rouge près de la rivière Charles, du côté de B.U. Le matin, elle enseignait la musique dans un collège religieux, et le soir, elle chantait dans une boîte de jazz avec son ami Jup qui était pianiste.

Les premiers temps c'était bien, je n'avais jamais senti une telle impression de liberté. C'était comme du temps du fondouk et des princesses, sauf qu'ici il n'y avait personne qui me faisait rechercher. Je prenais le tramway, j'allais où je voulais, j'étais dehors toute la journée, à Back Bay, à Haymarket, à Arlington, au port. J'allais à Cambridge à pied, en longeant la rivière, et en prenant la passerelle. Pendant que Sara allait donner ses cours, c'était moi qui faisais le ménage. Je lavais et je rangeais la vaisselle, je préparais de quoi manger pour midi et pour le soir. Sara n'avait rien demandé, mais ça me semblait naturel en échange du logement, comme chez Béatrice. Sauf que Sara ne me donnait pas d'argent, ni Jup non plus. Ils ne me demandaient jamais combien j'avais dépensé pour leur acheter à manger, et moi je n'osais pas le leur réclamer. Mais je voyais mes économies fondre et, sans carte verte, je n'avais pas la possibilité de travailler. Je guettais la boîte aux lettres chaque jour, dans l'espoir de voir enfin une enveloppe à en-tête du service de l'immigration. Et chaque jour, j'étais un peu plus énervée, j'avais l'impression d'un piège qui se refermait doucement, sans que je puisse rien faire.

Sara et Jup, eux, vivaient au jour le jour. Ils n'avaient jamais deux sous devant eux. C'était Sara qui payait le loyer de l'appartement avec son salaire de professeur de musique et, pour le reste, les soirées avec les amis, les restaurants, les fringues, c'était l'argent du piano-bar. Je crois qu'ils se dopaient aussi. De temps en temps, ils m'invitaient. Ils m'emmenaient au club C.T. Wayo, à Back Bay, que Jup appelait Black Bay parce que c'était là qu'on entendait le meilleur jazz.

Sara aimait bien me montrer à ses amis. Elle me déguisait comme elle, avec des collants noirs, chemise noire et béret, ou bien elle tressait mes cheveux en petites nattes, comme le faisaient les princesses au fondouk. Elle était fière de moi, elle disait que je ne ressemblais à personne, que j'étais une vraie Africaine. C'était ce qu'elle disait à ses amis: Marima, elle est d'Afrique. Les gens disaient «ah?» ou «oh!», ils posaient des questions stupides, du genre: «Quelle sorte de langue on parle là-bas?» Et je répondais: «Là-bas? Mais on ne parle pas là-bas.» Au début, je me prêtais au jeu de Sara, puis ça commençait à m'ennuyer sérieusement, ces questions, ces regards, et leur ignorance de tout. Dans le bar, la musique cognait trop fort, un rythme lourd qui résonnait dans mon ventre, j'avais beau appuyer ma main sur ma bonne oreille, le bruit de la basse entrait dans mon corps, me faisait mal. Je buvais de la bière, de la Margarita, de la Cuba libre, je buvais la lumière et la fumée. J'étais saoule, comme Houriya quand elle revenait de faire la noce.

Peut-être que j'aimais ça, ou peut-être pas. C'était nouveau, je me sentais comme si on avait changé mon corps. J'étais devenue très mince, presque maigre, j'avais les yeux fiévreux, je sentais de l'électricité dans mes doigts, jusqu'au bout de mes cheveux. Je sentais l'alcool qui gonflait mes articulations, qui les rendait plus souples. J'allais de groupe en groupe, Jup me tenait par la taille. Il parlait fort, et vite, je ne comprenais pas ce qu'il disait. Et Sara riait d'une drôle de façon, un rire grave qui devenait de plus en plus aigu, qui roulait comme une cascade.

Sara Libcap aimait bien raconter mon histoire, comment on s'était connues, l'hôtel Excelsior, ou Concorde, je ne savais plus, la statue de la femme nue entre deux murs comme s'il y avait eu un tremblement de terre. Et moi assise tous les soirs sur le bord de l'estrade, comme une petite fille sérieuse, pour l'écouter chanter Mahalia Jackson et Nina Simone. Elle était ma grande sœur, elle m'avait trouvée, moi qui n'avais personne au monde, moi qui pouvais jouer de la darbouka et chanter – elle est merveilleuse – et elle m'avait fait venir chez elle, ici, à Boston, dans cette ville pourrie, cette ville de connards d'Anglos, où personne, surtout personne avec du talent, ne pourrait jamais arriver à faire sortir quoi que ce soit de l'ornière de fange dans laquelle il fallait bien vivre.

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