Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Il y avait Sara. Je l'ai vue pour la première fois, un peu par hasard, dans ce bar de l'hôtel Concorde sur la Promenade. J'aimais bien cet hôtel, à cause d'une grande femme de bronze qui essayait de s'échapper de deux blocs de béton. Je suis entrée dans le hall pour demander qui l'avait faite, et le portier m'a dit le nom du sculpteur, Sosnovski, il l'a écrit pour moi sur un papier. Et c'était la fin de l'après-midi, j'avais laissé Juanico, parce qu'il n'était pas très sortable, avec ses T-shirts dégueulasses les uns sur les autres et sa tignasse ébouriffée – et je ne parle pas de son odeur. Et au fond du hall, j'ai entendu la musique. C'est curieux, parce que, en général, à cause de mon oreille gauche, je n'entends pas la musique de si loin. Mais là, le son arrivait jusqu'à moi, lourd et bas, avec des vibrations qui couraient sur ma peau, dans mon ventre.

J'ai marché à travers le hall, guidée par le son. Un instant, mon cœur a battu, parce que j'ai cru que j'avais retrouvé Simone, que c'était elle, là, debout au fond du bar, en train de chanter Black is the color of my true love's haïr.

Pour bien l'entendre, je me suis assise tout près d'elle, sur la marche du podium, et quand elle m'a vue, elle m'a souri comme si elle me connaissait, et je crois que c'est à son sourire que j'ai dû de ne pas être renvoyée par le barman, qui devait regarder de travers cette drôle de petite Noire avec tant de cheveux crépus, et vêtue en jean et veste de cuir à lanières.

J'ai écouté toutes les chansons, jusqu'à la nuit. Dans le bar, les gens bavardaient en buvant leur scotch, des couples se faisaient, se défaisaient. Il y en a même qui ont dansé. Mais moi je buvais les mots et la musique, je regardais la longue silhouette de la jeune femme, sa robe fourreau noire qui moulait son corps, son visage, ses cheveux coupés court.

Après, elle m'a parlé. J'avais du mal à comprendre, j'essayais de lire sur ses lèvres. Au bar, elle a bu un verre de Perrier, elle m'a dit qu'elle s'appelait Sara, qu'elle était de Chicago. Elle m'appelait «Sister Swallow», je ne sais pas pourquoi. Elle aussi, elle m'a dit: «/ love your haïr.» Elle m'a écrit son nom et son adresse sur une enveloppe, parce qu'elle partait bientôt. Moi, j'ai écrit mon nom, mais pour l'adresse, je ne savais pas. Alors, j'ai mis l'adresse de Béatrice.

Le pianiste avait recommencé à jouer. Elle est retournée sur le podium. Je suis restée jusqu'à la fin, à la nuit. Un grand type brun est venu la chercher. Il avait un complet, un pardessus vert et une écharpe blanche, comme au cinéma. Il a emmené Sara, elle glissait vers la sortie en ondulant et, en passant, elle m'a souri encore, de son sourire éclatant sur sa face noire. Elle semblait une star, une déesse, une fée.

Après, je suis revenue chaque jour, de cinq à neuf heures du soir, et je m'asseyais dans mon coin, au bord du podium. Si un garçon m'avait dit quelque chose, j'avais ma réponse prête: «C'est ma sœur.» Mais elle avait dû les prévenir, et personne ne m'a rien demandé.

Sara a chanté pour moi tout le mois de mai. Il y avait des orages, la pluie était magnifique. La mer mauvaise, verte, superbe. Juanico venait chaque jour avec moi, sur la plage, ou sur la grande digue aux blocs de béton jetés. Mais ça n'était pas trop un endroit pour une fille. Un jour, j'attendais Juanico, un homme est venu, il m'a montré son sexe circoncis. Il avait un regard étrange, perdu, et je n'ai même pas eu envie de lui crier, comme autrefois, au vieux du cimetière: « Sir halatik.» Des pêcheurs aussi, dans leur barque, comme s'ils relevaient leurs filets, mais ils me faisaient des gestes obscènes, ils criaient des insanités que je ne comprenais pas. Juanico était en colère. «Enfants de putain, je vous crèverai!» Il sautait de roche en roche, il gesticulait, il faisait mine de leur jeter des pierres.

Trop souvent, c'était ça qui me tuait. Il n'y avait pas un endroit paisible dans le monde, nulle part. Quand on trouvait un coin isolé, une anfractuosité, une grotte, une placette oubliée, il fallait toujours qu'il y ait un signe obscène, une merde, ou un voyeur.

Alors, chaque après-midi, j'étais au rendez-vous, pour écouter la musique de Sara, qui glissait comme une caresse.

Et chaque après-midi, on se parlait, à l'intermède. Enfin, on ne se parlait pas vraiment, parce qu'elle ne savait pas le français, et que je n'entendais pas bien ce qu'elle disait. Elle souriait. Elle disait, chaque fois: « Sister Swallow, I love your hair.» C'était devenu une rengaine.

Je restais jusqu'à la fin, et chaque soir, son ami venait la chercher, et elle passait devant moi sans rien dire, comme si on ne se connaissait pas, juste ses yeux qui s'amusaient, un petit sourire qui éclairait sa figure, et sa démarche ondulante, vers la porte de l'hôtel, vers la nuit. J'ai été amoureuse de Sara tout ce mois-là.

À cette époque-là, j'ai commencé à avoir des ennuis avec deux garçons du camp Crémat, deux frères, Dany et Hugues; Dany avait des cheveux bruns et bouclés, Hugues était grand et roux. Des Indiens. C'était comme ça que je les appelais, à cause de leurs chemises à fleurs, de leurs bandanas dans les cheveux, et leur voiture, une Chrysler avec laquelle ils faisaient des rodéos. Juanico, Malko et moi, nous étions montés dans leur voiture. Ils tournaient dans les rues, au hasard, en faisant hurler les pneus, ils poussaient des youyous. C'était fou. Les rues défilaient à toute allure, le vent froid s'engouffrait par les fenêtres ouvertes, je crois que c'est ça qui les enivrait, mais ils avaient fumé avant, tout l'après-midi, ils avaient les yeux rouges.

Je n'avais pas peur. Je n'ai jamais su avoir peur de gens comme Dany et Hugues, il me semble que je vois toujours les enfants en eux, les gosses qu'ils ont été, insolents, drôles, faibles.

Dany avait juste vingt ans, et son frère dix-huit, comme moi. Un peu avant la nuit, ils ont arrêté la Chrysler dans le parking d'un grand magasin de bricolage, du genre Bricoltou, Maison verte, je ne sais plus. On est descendus de voiture, et les deux frères ont commencé à parcourir les rayons du magasin, comme deux sauvages, avec leurs cheveux sur leurs épaules, leurs chemises à fleurs ouvertes dans le froid, et les gens restaient figés, engoncés dans leurs doudounes, ils les suivaient du regard, comme si deux loups couraient dans les rangées. Eux parlaient fort, en espagnol, ils s'appelaient d'un bout à l'autre du magasin, ils riaient, leurs dents étincelaient dans leurs visages sombres. Puis on repartait, on roulait au hasard, le long du fleuve, jusqu'à la montagne, on traversait des agglomérations endormies, déjà noyées dans une brume que trouait mal le halo jaune des réverbères.

On faisait des choses folles. On allait dans un cimetière, et on écoutait les tombes pour entendre respirer les morts. Dany était un peu dingue, je crois. L'oncle de Juanico nous avait prévenus: «N'allez pas avec eux, ils vous feront des ennuis.» J'aimais bien Hugues, je m'asseyais à l'avant, entre les deux frères. On s'arrêtait pour boire, et je flirtais un peu avec Hugues, pendant que Malko et Juanico fumaient dehors, assis sur le capot. Mais Dany a voulu m'embrasser, et comme je le repoussais, il est devenu furieux. Une veine saillait sur son front, ses yeux étincelaient. Il a pris un petit flacon d'essence à briquet dans la boîte à gants, il m'a aspergée et il a mis le feu. J'ai senti un grand souffle, comme une gifle, et je me suis retrouvée dehors en hurlant, avec ma poitrine et mes mains qui brûlaient. C'est Hugues qui a éteint le feu. Il m'a enveloppée dans son blouson, il m'a roulée par terre, il m'a donnée des coups de poing. J'étais hébétée, je ne comprenais pas. Pendant ce temps, Dany et Hugues se battaient, s'insultaient. Juanico et Malko regardaient sans bouger. Je crois qu'ils n'avaient pas bien compris. Moi, quand j'ai compris, je suis partie, j'ai traversé la route, et je les ai laissés là. J'ai été ramassée presque tout de suite par un automobiliste qui m'a conduite aux urgences. Il avait l'air gentil, il voulait rester, mais je l'ai remercié, je lui ai dit que ce n'était rien, juste un petit accident. L'interne de service m'a fait un pansement, j'étais brûlée aux seins, au cou, sur les bras.

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