Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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L'interne m'a dit: «Qu'est-ce qui t'a fait ça?» Je savais qu'ils sont souvent des informateurs pour la police. J'avais mal, je me sentais faible, mais j'ai dit que ça allait bien. J'ai dit: «Oh rien, c'est juste un accident en voulant allumer du feu.» Il a eu l'air de me croire et j'ai seulement demandé un taxi pour rentrer à Crémat.

Après cela, il fallait que je m'en aille. Ramon Ursu n'a rien dit mais Éléna est venue dans la caravane. Elle a pris mes affaires, elle les a rangées dans mon sac. Elle m'avait donné un pull neuf, en laine rouge et noir. Elle me regardait durement, comme si elle me haïssait. Malko et Juanico jouaient au ballon dans la rue défoncée. J'ai dit à Éléna: «Et Juanico?» Elle a fait signe qu'il restait ici, avec eux. Je crois qu'elle avait raison, que c'était à cause de moi que ça ne se passait pas bien. C'était moi qui portais la poisse. A l'entrée, un groupe de Gitans discutait autour de carcasses de métal, comme des chasseurs qui auraient dépecé une proie. C'était tôt le dimanche, l'usine de broiement ne fonctionnait pas. J'ai mis le sac en bandoulière sur l'épaule gauche, à cause des brûlures. Le ciel était bien bleu, il y avait des hirondelles qui striaient l'espace, et j'entendais clairement leurs cris. J'ai pris un bus jusqu'à la gare, il me restait assez d'argent pour acheter un passage sur le prochain train pour Paris.

14

Avant l'été, cette année-là, il y a eu beaucoup de changements. D'abord, je me suis présentée au bac littéraire, en candidate libre, et comme il était à prévoir, j'ai raté. J'ai rendu copie blanche en maths, en histoire. En français, à l'oral, l'examinatrice ne voulait pas croire que j'étais libre. Elle examinait mon passeport, elle regardait mon dossier, et elle disait: «Cessez de me mentir. Où avez-vous fait vos études?» Et puis: «Où est votre liste?» Enfin, comme si elle avait honte de s'être mise en colère, elle m'a dit: «Sur qui voulez-vous faire votre explication?» J'ai dit, sans hésiter: «Aimé Césaire.» Ça n'était pas au programme, mais elle était étonnée, elle m'a dit: «Eh bien, je vous écoute.» J'ai récité par cœur le passage de Cahiers d'un retour au pays natal cité par Frantz Fanon:

Et pour ce Seigneur aux dents blanches

Les hommes au cou fr êle

re çois et perçois fatal calme triangulaire

et à moi mes danses

mes danses de mauvais n ègre…

jusqu'à:

Lie, lie-moi fraternit é âpre

puis m'étranglant de ton lasso d'étoiles

monte, colombe

monte

monte

monte

Je te suis, imprim ée en mon ancestrale

cornée blanche

monte lécheur de ciel

et le grand trou noir o ù je voulais me noyer

Vautre lune

C'est là que je veux pêcher maintenant la langue mal éfique

de la nuit en son immobile verrition!

En philo, le sujet, cette année-là, c'était l'homme et la liberté, quelque chose comme ça, et j'avais écrit fiévreusement un devoir fleuve de vingt pages, où je citais continuellement Frantz Fanon et Lénine, la phrase où il disait: «Quand il ne restera plus sur la terre aucune possibilité d'exploiter autrui, qu'il ne restera plus ni propriétaires fonciers, ni propriétaires de fabriques, qu'il n'y aura plus de gavés d'un côté et d'affamés de l'autre, quand tout cela sera devenu impossible, alors seulement, nous mettrons la machine de l'État à la ferraille.»

Voilà comment j'avais raté. J'avais écrit tout sans me reposer, sans me relire, comme une débâcle, puis j'avais jeté le tas de feuilles sur le bureau du surveillant, et j'étais partie sans me retourner. Je n'ai même pas cherché mon nom dans le journal, je savais d'avance qu'il n'y serait pas.

À Paris, tout était à la fois pareil, et différent. Chez Béatrice, il faisait doux, la grande fenêtre du salon brillait de belle lumière, et Johanna avait grandi, ses cheveux avaient poussé. Elle avait toujours ses yeux pareils à des agates, ce regard insistant, inquiet.

Je restais avec elle toute la matinée, pendant que Raymond était à son cabinet d'avocats, et Béatrice à son journal. Le lierre était plein d'oiseaux, je tenais Johanna près de la fenêtre ouverte, pour qu'elle entende leurs gazouillis.

J'avais décidé de partir. Grâce au professeur du Centre culturel, et à un colonel de l'Usis qui en pinçait pour moi, j'ai obtenu le visa d'échange, et l'hébergement chez Sara Libcap, à Boston. J'ai même inscrit mon nom sur la loterie qui distribue les cartes de résident aux États-Unis, puisque le quota des Africains était bon cette année-là. Il ne me manquait que l'argent. Plutôt que de vendre les croissants de lune de mes ancêtres, j'ai emprunté 25 000 à Béatrice. J'avais un peu honte, mais c'était question de vie ou de mort, ou à peu près. J'avais l'impression que Béatrice et Raymond m'avaient donné cet argent pour que je sorte de leur vie une fois pour toutes, pour qu'il n'y ait plus rien qui relie Johanna à sa vraie mère.

Je n'ai même pas eu vraiment à faire des adieux. La cave de la rue du Javelot était fermée. À son retour de Moorea, Yves, l'ami de Nono, avait donné des instructions et le syndic avait fait changer la serrure. Je suis passée devant en taxi, un après-midi, et ça m'a fait une impression bizarre de voir la porte en métal peinte en vert jardin, avec le numéro 28 écrit à la peinture noire sur les parpaings, comme si c'était un garage, ou un placard à compteurs, ou n'importe quoi de ce genre, et que personne n'y avait jamais vécu, et qu'il n'y avait jamais eu cette nuit où Pascale Malika était née. C'était étrange, tout avait l'air à l'envers. Sortis du tunnel, j'ai dit au taxi: «Retournez en arrière.» Il m'a regardée dans le rétroviseur. J'ai répété: «S'il vous plaît, je voudrais repasser par là.» On a roulé lentement, le taxi avait allumé ses veilleuses. J'ai regardé l'endroit où la Mercedes de Martial Joyeux avait attendu Simone presque toute la nuit. Il y avait des taches d'huile sur la chaussée, comme des taches de sang. Peut-être qu'elle était morte. Il lui criait toujours qu'il la tuerait, si elle voulait le quitter, il la tuerait. Mais elle était sa prisonnière. Jamais elle ne pourrait s'échapper. C'était pour ça qu'elle mettait de la poudre dans sa narine et qu'elle mangeait des cachets. C'était sa façon de s'en aller.

Le taxi m'a laissée boulevard Barbès, devant le gymnase de Nono. J'ai monté l'escalier entre le magasin de fripes et le vendeur de sonos. À l'étage, la porte du gymnase était fermée, mais il y avait un brouhaha de voix. J'ai frappé au carreau, longtemps, jusqu'à ce qu'on vienne. C'était un grand type en survêtement, un Arabe, que je ne connaissais pas. J'ai demandé: «Où est Nono?»

Il m'a fait répéter. Il a crié vers le fond du gymnase: «Tu connais Nono?» Il me barrait le passage, il m'empêchait de regarder. Un homme de quarante ans est venu. Il était grand, il avait le teint mat, un nez fort, les cheveux bouclés, grisonnants, il ressemblait à M. Delahaye. Je ne sais pas pourquoi, j'ai tout de suite deviné que c'était lui, Yves Le Guen, l'ami de Nono. Il m'a regardée un long moment sans rien dire. Il m'avait sûrement reconnue lui aussi. Mais il n'exprimait rien, ni sympathie ni dégoût, et pourtant j'avais partagé Nono avec lui. Il a fait un geste de la main pour dire que c'était fini, que tout était fini. J'ai lu sur ses lèvres, plus que je ne l'ai entendu, il parlait à voix presque basse. «Il n'est plus ici. Nono ne vient plus ici. Il a perdu son match, il est fini, il ne boxe plus ici, il ne boxera plus jamais.» J'ai crié presque: «Où est-il? Est-ce que vous savez où je peux le trouver?» L'homme a haussé les épaules. «Je n'en ai aucune idée. Peut-être qu'il est retourné en Afrique. Peut-être qu'on l'a expulsé. Il est foutu.»

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