Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or

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«Quem vel ximimati in ti teucucuitla michin.»Ce proverbe nahuatl pourrait se traduire ainsi:«Oh poisson, petit poisson d'or, prends bien garde à toi! Car il y a tant de lassos et de filets tendus pour toi dans ce monde.»Le conte qu'on va lire suit les aventures d'un poisson d'or d'Afrique du Nord, la jeune Laïla, volée, battue et rendue à moitié sourde à l'âge de six ans, et vendue à Lalla Asma qui est pour elle à la fois sa grand-mère et sa maîtresse. A la mort de la vieille dame, huit ans plus tard, la grande porte de la maison du Mellah s'ouvre enfin, et Laïla doit affronter la vie, avec bonne humeur et détermination, pour réussir à aller jusqu'au bout du monde.

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Ce qui était bien, c'étaient les caravanes. Devant chaque maisonnette, les nomades avaient une ou deux caravanes, certaines sans roues, montées sur des briques. C'est dans une des caravanes que Ramon Ursu nous a logés, avec ses trois enfants, de l'âge de Juanico et plus jeunes, Malko, Georg et Éva. Le soir, on dérou- lait les sacs de couchage, les couvertures et on dormait à même le plancher de la caravane, serrés les uns contre les autres pour ne pas avoir froid.

Ramon Ursu était un grand type costaud, avec des cheveux et des sourcils très noirs, qui s'employait comme tâcheron dans les chantiers en construction. Il parlait très mal le français, mais Juanico a dit qu'il ne parlait pas mieux le roumain. Il ne parlait pas, voilà tout. Le soir, quand il revenait du travail, il s'asseyait sur le bord du lit, dans l'unique chambre de la maison, et il regardait la télévision en fumant.

Quand il a vu arriver Juanico, il n'a pas eu l'air étonné. Peut-être qu'il nous attendait, qu'on l'avait prévenu. Ramon Ursu vivait dans la maisonnette avec une grande femme blonde, au visage rouge, Éléna. Éva était sa fille, mais Georg et Malko étaient d'une autre femme qui avait abandonné Ramon.

Le matin, de bonne heure, avec Juanico et les garçons, nous allions à la décharge. Juanico appelait ça «travailler».

Les bennes arrivaient les unes derrière les autres, dans la grande salle du broyeur. Les garçons du camp étaient là, de chaque côté, et dès que le monceau d'ordures était par terre, ils se précipitaient comme des rats, avant que la pelleteuse n'attrape le chargement et l'expédie dans les mâchoires d'acier.

J'avais déjà vu des dépotoirs, à Tabriket, mais je n'avais jamais rien vu de tel. L'air était saturé d'une poussière fine, âcre, qui piquait les yeux et la gorge, une odeur de moisi, de sciure, de mort. Dans la pénombre, les camions manœuvraient, phares allumés, avertisseurs de recul qui couinaient, et du plafond tombaient des jets de lumière qui dessinaient des colonnes dans la poussière. Quand les mâchoires entraient en action, cisaillaient les pièces de bois, les branches, les sommiers, le bruit était assourdissant.

Juanico, Malko et Georg fouillaient les décombres et apportaient leurs trouvailles jusqu'à moi. Des chaises estropiées, des casseroles cabossées, des coussins crevés, des planches hérissées de clous rouillés, mais aussi des habits, des chaussures, des jouets, des livres. C'étaient surtout les livres que Juanico m'apportait. Il ne regardait pas les titres. Il les posait sur un muret, à côté de moi, près de l'entrée du hall, et il repartait en courant accueillir une nouvelle benne.

Il y avait de tout. Des vieux Reader's Digest, des Historia périmés, des livres de classe d'avant la guerre, des romans policiers, des Masques, des Bibliothèques vertes, roses, des collections Rouge et or, des Séries noires. Je m'asseyais sur le muret, dans le vent, je lisais des pages. La Harpe d'herbes, par exemple:

«Quand donc ai-je entendu parler pour la première fois de la harpe d'herbes?

«Bien avant l'automne où nous allâmes habiter dans l'arbre; quelque automne auparavant, dirons-nous, et comme de juste, ce fut Dolly qui m'en parla; il n'y avait qu'elle pour inventer un nom pareil, une harpe d'herbes.»

Je lisais n'importe quoi: dans cette sorte d'enfer de la décharge, il me semblait que les mots n'avaient pas la même valeur. Ils étaient plus forts, ils résonnaient plus durablement. Même les titres des romans qu'on jette après les avoir lus, La Mante religieuse, La Porte qui s'ouvre, La Porte d'or, La Porte étroite, et pourtant une phrase saute aux yeux et reste imprimée dans votre mémoire comme:

«Pourquoi un jour prend-on le large?»

Ou bien cette page, échappée d'un vieux livre, miraculeusement intacte au milieu de la montagne de scories:

La grande plaine est blanche
Immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son. Toute la vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Oh! La terrible nuit pour les petits oiseaux!
Un vent glac é frissonne et court par les allées.
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas,
Ils sont l à, tout tremblants, sans rien qui les protège.
De leur œil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

Après, c'était devenu un refrain, entre Juanico et moi. De temps en temps, dans la rue, ou bien quand on était enfoncés dans nos sacs de couchage, sur le plancher de la caravane, il commençait avec son drôle d'accent: «La terrible nuit pour les petits oiseaux!» Ou bien c'était moi qui disais: «Pas un bruit! Pas un son!» Je crois que c'était la seule fois de sa vie qu'il avait récité de la poésie!

Chaque matin, j'accourais à la décharge avec les gosses. C'était un jeu. J'étais exaltée à l'idée de ce qu'on allait trouver. Les bennes montaient et descendaient la collinette, pareilles à de gros insectes. Les tonnes d'ordures étaient déversées, raclées, pilées, broyées, et la poussière âcre montait sur toute la vallée, montait jusqu'au centre du ciel, tissant une grande tache brune dans le bleu de la stratosphère. Comment ne le sentaient-ils pas dans le reste de la ville? Ils jetaient leurs déchets, puis ils les oubliaient. Comme leurs déjections. Mais la poudre fine comme un pollen retombait sur eux, chaque jour, sur leurs cheveux, sur leurs mains, sur leurs parterres de roses. On trouvait de tout dans les décombres. Un matin, Malko est venu, tout fier. Il tenait dans ses mains un jouet, un chameau en cuir cousu, monté par son méhariste en costume rouge et turban blanc, sabre à la ceinture.

Il y a eu une bagarre, aussi, un groupe d'Espagnols, des grands de vingt ans, chemises à fleurs, un bandana autour des cheveux. Ils nous ont insultés parce que Malko et Georg parlaient roumain. Ils sont venus voir ce qu'on avait trouvé, une roue de vélo, des casseroles, des tringles de rideaux, du fil de fer rouillé, des bouts de tôle, une machine à écrire, un parapluie noir impeccable, des bottes. Ils ont regardé mes livres, des romans d'espionnage, un bouquin de poèmes en italien, de Leopardi ou D'Annunzio. L'un d'eux feuilletait les bouquins, les rejetait avec dédain. Il m'a attrapée d'un mouvement par la nuque et il a essayé de m'embrasser. Je l'ai repoussé, et Juanico a sauté sur lui, s'est pendu à son cou en lui faisant une clef. Ils se sont battus avec une violence extraordinaire, roulant dans les détritus, mais sans un cri, juste avec des han! chaque fois qu'ils se frappaient à coups de poing, à coups de pied. Alors, les camions ont cessé de tourner, et les gens se sont attroupés pour regarder la bagarre. Malko et Georg se battaient contre un Espagnol, Juanico contre un autre. Et moi qui criais comme une folle, ma tignasse hérissée par le vent, mon blouson à lanières couvert de poussière, et la paire de bottes que j'avais repérée à côté de moi sur le muret.

Puis un employé de la décharge, un vieux, qui disait toujours des choses racistes sur les Noirs, les Arabes et les Gitans, a pris la lance d'arrosage qui sert à nettoyer l'aire de cette décharge, et il nous a arrosés d'eau glacée, si fort que Juanico a glissé sur le dos, comme un cafard, et que tous mes livres se sont envolés en lambeaux.

C'est ça qui m'a eue, ce jet d'eau glacée, dur comme un fouet, qui détruisait tous mes livres. Je haïssais ce type. J'ai crié: «Salaud! Cochon! Fumier!» Et j'ai continué avec mon répertoire en arabe, et c'était la dernière fois que je suis allée à la décharge.

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