Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Dix-huit années qui m’avaient séparé d’elle, de son regard, de cette flamme sombre qui brillait dans ses pupilles, de sa beauté si parfaite qu’elle était éternité, vérité. Le temps était passé comme dans un rêve, parce que c’était ma vie réelle, dans ces villes, avec ces gens, mon métier, mes amis, mes maîtresses, mes voyages qui n’avaient pas de réalité, simples reflets dans les yeux de la bohémienne, indifférents et brûlants, plus forts qu’aucune lumière de bal. C’est pour cela que mon cœur battait avec cette frénésie, comme s’il cherchait à briser la prison de sa cage. Maintenant le pont du regard de la bohémienne m’unissait à l’autre versant de moi-même, et abolissait l’irrégulière frontière du temps. J’étais moi-même, enfin, de nouveau moi-même. Rien n’avait changé en moi, j’étais cet enfant de treize ans qui rentrait chez lui après la classe, montant le boulevard en portant ses livres et ses cahiers entourés d’un élastique. Le long du boulevard (la route qui allait vers l’Italie, où passaient les poids lourds, les autocars, les autos dans un nuage continu de gaz brûlés) je montais vers le haut de la colline, vers le col. Un peu après un grand virage où les pneus grinçaient, je voyais ce bâtiment de sept étages au bord de la route, un peu semblable à un grand paquebot vide. Je ne l’aimais pas, et pourtant c’était lui qui attirait mon regard. Les étages supérieurs, comme le pont des navires de luxe, étaient vides, aveugles. Parfois un rideau tremblait dans le vent contre l’espagnolette, je voyais un visage, un pâle visage de fantôme. Mais c’étaient les étages inférieurs, ou, pour mieux dire, le sous-sol qui attirait mon regard. Là, sous la terre, vivaient des gens que je ne faisais qu’entrevoir, qui grouillaient dans leurs cellules si sombres que la lumière des ampoules électriques nues brillait même à midi. Il y avait de la musique, des odeurs de cuisine, des voix d’enfants, des rires, des pleurs, des mots dans une langue inconnue, dure et violente, ou bien douce parfois, pareille à de la musique.

Elle est là, maintenant, tout près de moi, si près que je pourrais la toucher. Elle me regarde de ses yeux profonds, brillants, de son regard que je ne peux éviter, dont je ne peux me soustraire, de son regard qui m’interroge. Puis j’entends sa voix. Elle me parle. Elle dit des mots, j’entends sa voix basse, un peu rauque, son accent étrange — espagnol, russe, portugais ? Elle dit, venir, paraître, souvenir, comme cela, en roulant les r et en accentuant la dernière syllabe. Elle se tourne vers sa mère, cette vieille au regard de sorcière qui mendie de table en table, elle lui parle dans sa langue inconnue, où je reconnais en effet des mots d’espagnol, gracia, alabad, ou malpais, je ne sais plus. Est-ce de moi qu’elle parle ! La vieille m’a regardé brièvement, d’un regard chargé de haine, et s’est détournée pour continuer sa progression entre les tables des noceurs indifférents.

C’est son regard que j’ai reconnu. C’est lui qui me ramène longtemps en arrière, à cette maison blanche au bord du boulevard. Je reviens de l’école, l’hiver, montant lentement le boulevard de corniche, et dès que j’ai passé le virage — un grand bâtiment sale où est écrit, en lettres arrondies d’avant-guerre un mot, un nom que je n’oublierai jamais, qui alors a pour moi quelque chose de magique, de vaguement menaçant, un nom écrit ainsi :

JUDEX

J’aperçois la maison blanche où vivent les étrangers, dans leur sous-sol sombre. Chaque fois que je passe près d’elle, mon cœur bat plus vite, à cause de ces voix, de ces bruits, des visages de femme qu’on entr’aperçoit dans les soupiraux, ou d’un enfant dont la voix pleure en sourdine, pas comme les enfants des riches, mais doucement, et longtemps, longtemps. Un après-midi, comme je monte la côte, peut-être plus vite qu’à l’ordinaire, sans m’y attendre, elles sont là : au pied de la maison blanche, dans la petite allée qui mène à l’entrée du sous-sol, une étroite bande de terre saupoudrée de ces hideux gravillons blancs que les propriétaires répandent dans les jardinets de la colline, elles sont là : la vieille femme vêtue de noir, au regard de sorcière, assise sur une chaise de paille, et devant elle, debout, maigre dans ses habits noirs, immobile comme si elle attendait vraiment quelqu’un, ou quelque chose, la petite fille. Son visage est très pâle, mangé par son épaisse chevelure noire, par ses yeux immenses, brillants. Comme j’avance, elle se tourne un peu vers moi, et elle me regarde, et comme aujourd’hui, son regard m’envahit et me libère, me change. Mais je ne devrais pas parler d’aujourd’hui, puisque aujourd’hui n’existe pas. C’est son regard d’alors, brûlant, fiévreux dans son visage pâle, ce regard de détresse, d’interrogation aussi, cet appel, cette annonciation qui n’ont pas cessé, année après année. Il est resté en moi, semblable à une lumière qui brûle dans la nuit, qui ne cesse pas de brûler. Je crois que je me suis arrêté un instant sous ce regard. Jamais je n’avais imaginé que ce regard pouvait exister, ici, dans cette maison, je veux dire dans le malheur de ce souterrain sans lumière, dans la prison où l’on disait que vivaient les esclaves. Debout au milieu de l’allée, la petite fille vêtue de noir était immobile, elle ne faisait pas attention aux autres gens qui se hâtaient sur le trottoir. C’était moi seulement qu’elle regardait, comme si j’étais celui qu’elle avait attendu (moi comme si elle m’avait attendu), moi seulement qu’elle avait choisi. Combien de temps suis-je resté arrêté sur le bord du trottoir, attaché à son regard sombre et mystérieux d’enfant, le cœur battant vite, ne sachant plus rien d’autre ? Je ne sais plus, et aujourd’hui je me demande si j’ai vraiment cessé d’être là. Mais je m’en souviens maintenant, après toutes ces années qui n’ont plus aucun sens, je me souviens d’être venu, encore et encore, à chaque instant, guettant l’heure où la jeune bohémienne quitterait l’ombre humide du sous-sol pour rester avec son aïeule sur le sentier de gravillons. Le soleil d’hiver éclairait ses vêtements, ses cheveux, allumait un reflet plus chaud sur la peau de son visage. Un jour, la chaise était vide, et la petite fille était assise à la place de sa grand-mère, et quand elle me vit, elle se leva, et courut presque vers moi, puis s’arrêta, peut-être effrayée de ce geste. « Est-ce qu’elle est malade ? » J’ai demandé cela, je crois. Elle répondit aussitôt : « Non, ce n’est pas cela. Elle a dû faire une course en ville. » Elle répondait, et ces paroles insignifiantes, elle les disait de sa voix claire comme si c’étaient les mots les plus importants du monde. Et pour moi, ils étaient importants, en effet, et je sentais autre chose qui passait au dehors des mots, dans son regard, dans la lumière, dans la beauté de son visage, de son front, de ses cheveux, et ses épaules et son corps fragile dans la robe noire. « Et vous, où allez-vous ? » Je me souviens aussi de la honte qui m’avait empêché de dire que cette route que je suivais, chaque jour, était celle qui allait de la maison de ma grand-mère au lycée, route dérisoire et banale, qui enlevait toute nécessité à notre rencontre, en faisait un banal accident sur le chemin des écoliers. Alors je ne lui disais jamais : « Je vais au lycée » mais : « Je vais là-bas », ou « Je dois aller par là. » Et elle ne me demandait pas ce que c’était, ce « là-bas ». En revanche, j’étais heureux de pouvoir lui dire que je montais chez ma grand-mère, que j’allais chez ma grand-mère, pour déjeuner, ou pour passer la nuit, parce que je me sentais plus proche d’elle, comme elle, qui vivait avec sa grand-mère (mais cette vieille en noir n’avait rien de comparable avec ma grand-mère, si douce et tendre, elle était dure et effrayante, et les jours où elle était assise sur la chaise, je me contentais de faire un sourire des yeux, et la petite fille en noir me suivait du regard, n’osant pas bouger elle non plus, ni rien dire, seulement avec cette expression d’inquiétude et cet appel dans son regard sombre, qui me poursuivait et faisait battre mon cœur longtemps après que j’avais passé le second virage).

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