Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Printemps et autres saisons: краткое содержание, описание и аннотация

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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C’était vraiment l’été, même les nuits étaient chaudes. À peine levé, j’étais dehors. Mon père et ma mère se moquaient de moi, peut-être qu’ils se doutaient de quelque chose. Ils imaginaient un flirt, une fille du quartier, la fille des voisins du dessous. Marie-Jo, très pâle, avec de beaux cheveux blonds. Ils ne savaient pas.

Nous nous voyions chaque jour. Nous partions ensemble, au hasard des rues, vers la mer, ou bien, vers les collines, pour échapper au bruit des voitures. Nous restions assis sous les pins, à regarder la ville blanche, brumeuse. Dès dix heures du matin, il faisait si chaud que ma chemise collait à mon dos. Je me souviens de l’odeur de Zobéïde, jamais je n’avais senti une telle odeur, piquante, violente, qui me gênait au début, puis que j’aimais, que je ne pouvais plus oublier. Une odeur qui voulait dire quelque chose de sauvage, un désir, et ça faisait battre mon cœur plus fort. J’avais seize ans, ce mois-là, en juin, et bien qu’elle n’eût que deux ans de plus que moi, j’avais l’impression de ne rien savoir, d’être un enfant. C’était elle qui décidait tout, quand elle me verrait, où on irait, ce qu’on ferait et ce qu’on dirait. Elle savait où elle allait. La chaleur de l’été, les rues, les pins au soleil, cela pesait et enivrait, cela faisait perdre la mémoire. Un jour, je lui ai dit :

« Pourquoi tu veux me voir ? Qu’est-ce que tu veux ? »

« Comme ça. Pour rien. Parce que j’en ai envie. »

Elle me regardait avec moquerie. Je ne savais pas ce que je voulais d’elle. Simplement regarder son visage, ses veux sombres, toucher sa peau, tenir son corps dans ses vêtements blancs, sentir son odeur.

Quelquefois, nous allions nous baigner, tôt le matin, ou vers le soir, quand la plage se vidait. Sous ses habits, Zobéïde avait un minuscule bikini noir. Elle entrait dans l’eau d’un seul coup, et elle nageait longtemps sous l’eau, puis elle ressortait, avec ses cheveux noirs qui flottaient autour d’elle. Dès qu’elle revenait sur la plage, elle les réunissait en torsade pour les essorer. Sa peau était luisante, métallique, toute hérissée par le froid. Elle allumait une cigarette américaine, et nous regardions la mer battre le rivage, pousser les détritus. Le ciel était voilé de brouillard, avec le soleil rouge. Je me souviens que je lui ai parlé de Venise. « Oui, ça doit être comme ça à Venise. » Mais j’ai pensé que c’était peut-être comme ça dans son pays, en Syrie, au Liban, ou peut-être en Égypte, ce pays dont elle ne parlait jamais, comme si elle n’était née nulle part.

Un après-midi, nous étions allongés sur les aiguilles de pin, dans la colline, nous nous sommes embrassés pour la première fois. Moi, je faisais cela vite et maladroitement, comme au cinéma, mais elle, tout de suite m’a embrassé avec violence, sa langue bougeant dans ma bouche comme un animal. J’étais effrayé, subjugué, c’était le contact le plus étroit que j’avais jamais eu avec un être humain. Elle a fait cela trois ou quatre fois, puis elle a détourné son visage. Elle riait un peu, elle disait, en se moquant de moi : « Je suis le diable ! » Je ne la comprenais pas. J’étais ivre, il me semblait que j’avais le goût de sa salive dans ma bouche, la lumière de l’après-midi était éblouissante. Entre les fûts des arbres, je voyais la ville blanche, et la vapeur qui montait peu à peu de la mer, les scintillements des milliers de voitures, dans les ornières des rues. Zobéïde est partie en courant à travers les bosquets. Elle jouait à se cacher derrière les arbres, derrière les rochers. Il y avait d’autres couples, dans les clairières, et des voyeurs embusqués. En haut de la colline, les voitures passaient lentement. Zobéïde montait encore plus haut, elle se cachait dans des creux, contre des vieux murs. J’entendais son rire quand je m’approchais. Je la désirais, et j’avais peur qu’elle ne s’en rende compte. Quand la nuit tombait, nous redescendions vers la ville, par des escaliers jonchés de graines de cyprès. Les oiseaux du soir poussaient de drôles de cris angoissés. En bas, nous nous séparions brutalement, sans rien dire, sans nous fixer de rendez-vous, comme si nous ne devions jamais nous revoir. C’était son jeu, elle ne voulait rien qui la retienne. J’avais peur de la perdre.

C’est à cette époque qu’elle m’a donné sa photographie. Elle l’a mise dans la vieille enveloppe jaune, elle me l’a donnée : « Tiens, c’est pour toi. Je veux que tu la gardes pour moi. » J’ai dit bêtement, solennellement : « Je la garderai toute ma vie. » Mais cela ne l’a pas fait rire. Ses yeux brillaient étrangement, avec fièvre. Je comprends maintenant, quand je regarde la photo, c’était elle qu’elle donnait. Comme si elle n’avait jamais eu d’autre vie, d’autre visage. Alors c’est tout ce qui me reste d’elle.

Il y a les derniers instants, marqués en moi, malgré l’invraisemblance, la confusion, qui font que je crois quelquefois les avoir rêvés, quand je suis avec Zobéïde sur le toit de cet immeuble abandonné, la nuit, à regarder les étoiles de la ville. Comment est-ce que cela a été possible ? Je n’ai jamais pu retrouver l’immeuble, je n’ai jamais compris ce qui m’est arrivé cette nuit-là, comment tout cela s’est passé. Je suppose que Zobéïde avait tout prévu, sans vraiment y penser, à sa façon, je veux dire qu’elle savait sûrement qu’on ne devait pas se revoir. Elle avait sûrement décidé bien avant cette nuit-là qu’elle partirait, qu’elle laisserait tout ce qu’elle connaissait, et que sa mère silencieuse devrait aller travailler là où on voudrait d’elle, et qu’elle ne rentrerait plus dans le petit appartement des combles de Happy days. Pourtant, c’est le souvenir de cette nuit qui me semble le plus extraordinaire, très proche du monde de la photo d’école, je crois que c’est cette nuit-là que j’ai été le plus près d’elle. Sur la plage, nous avons regardé les feux d’artifice du 14 juillet. Il faisait chaud et humide, les nuages des fusées traînaient comme de la brume au-dessus de la mer. Et tout à coup, sur la plage, il y a eu cette bagarre. Dans l’obscurité, des hommes se battaient, des Arabes d’un côté, des militaires du contingent de l’autre. La foule nous a portés vers eux, nous a fait tomber sur les pierres. Les visages grimaçaient dans les éclats de lumière, j’entendais les déflagrations qui résonnaient sur toute la ville. Il y avait des cris de femmes, des insultes, et je cherchais Zobéïde, puis j’ai reçu un coup de poing sur la tempe, et j’ai vacillé, sans tomber. J’ai entendu la voix de Zobéïde qui m’appelait, elle a crié mon nom une seule fois « Daoud ! » et je ne sais pas comment, elle a pris ma main et m’a entraîné au loin, sur la plage. Nous nous sommes arrêtés près du mur de soutènement. Je tremblais sur mes jambes. Zobéïde m’a serré contre elle, et nous avons cherché les escaliers, pour nous enfuir. Nous avons traversé la foule avant que les lumières ne reviennent, et nous avons couru à travers les rues, sans savoir où nous allions, zigzaguant entre les voitures.

Au bout de cette course, nous nous sommes arrêtés devant cet immeuble en construction, une carcasse de béton vide et silencieuse au milieu d’un terrain vague. Par des échelles, nous sommes montés d’étage en étage, jusqu’en haut. Le toit était comme un désert, avec des gravats, des scories, des bouts de fer. Le vent soufflait très fort, le vent de la mer, le vent qui use les falaises. Zobéïde s’est assise contre une cheminée, un réservoir, je ne sais plus, et elle m’a fait asseoir à côté d’elle. C’était vertigineux. Il y avait le bruit du vent qui chargeait par intermittence, le bruit du vent venu du fond du ciel noir, par-dessus les toits des maisons, par-dessus les rues et les boulevards.

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