Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Elle apparaissait tous les jours au même endroit, dans la ruelle qui longe l’Opéra, et au bout on voyait le soleil briller sur la mer, et les mouettes chassées par le vent. Tomi avait passé la plus grande partie de sa vie à Vaujours, il ne savait pas qu’il y avait des oiseaux sur la mer, ni ce vent, ni cette lumière. Zinna était si étrange. C’était comme si elle sortait de la mer. Elle avait toujours ce manteau gris, le même qu’elle portait à son arrivée, en débarquant du bateau. Le matin, à cause du froid, elle serrait ses cheveux dans un châle noir, et son visage paraissait pâle, ses yeux étaient encore plus lointains, transparents.

Chaque jour, Tomi venait là, dans cette ruelle, il attendait qu’elle apparaisse. Il ne voulait rien voir d’autre de cette ville. Il ne voulait plus parler aux autres garçons, ni même à Lucien la Belette. Il regardait le manège des dealers, sur la petite place, qui attendaient la venue de Rosette. Puis il retournait vers la ruelle, parce que c’était l’heure où Zinna sortait de l’Opéra.

La ruelle était un corridor glacé. Les filles, les jeunes garçons s’en allaient vite. Personne ne faisait attention à Tomi. Il y avait aussi ce bar, avec des tourniquets de cartes postales et des souvenirs en coquillages. Tomi les regardait indéfiniment, en tournant le dos au vent.

Vers midi, les élèves sortaient en se bousculant, ils jaillissaient par la petite porte de l’Opéra, ils couraient dans la ruelle. Ils étaient habillés en anoraks et en jeans. Certains portaient des instruments de musique dans des étuis, des violons, des clarinettes. Il y avait de grandes filles sveltes aux cheveux courts, des jeunes filles avec des chignons de danseuses, en collant noir sous leurs manteaux. Tomi aimait bien les voir sortir de l’Opéra. Ils allaient chez eux. Ils avaient des parents qui les attendaient dans des voitures, il faisait si froid que les échappements faisaient des nuages de fumée. Si Tomi n’avait pas eu Zinna à attendre, il serait mort de froid, là, dans cette ruelle. Il ne savait même pas pourquoi il l’attendait. Il n’imaginait pas qu’il pourrait ne pas la voir, ne pas rencontrer son regard, son sourire. Il n’essayait pas de comprendre. Peut-être qu’il pensait qu’elle était la femme de ménage, qu’elle nettoyait les sols de l’Opéra, avec de l’eau de Javel, quand les élèves en anorak étaient partis.

Elle est entrée dans l’Opéra. C’était la fin de l’après-midi, un samedi, je m’en souviens. Il n’y avait presque personne dans la bâtisse, seulement le concierge sourd, et quelques élèves attardés. Dès que je suis entré, j’ai entendu sa voix. C’est étrange, c’est comme si je l’avais reconnue tout de suite, avant même de l’avoir vue. C’était une voix, comment dire ? irréelle, céleste. J’étais attiré par sa voix comme si on me tirait en avant. J’allais à travers les couloirs, j’ouvrais les portes les unes après les autres, sur toutes ces salles vides. Tout à fait en haut des escaliers, au bout du couloir, il y avait une porte entrouverte. C’était une pièce dont les volets étaient toujours fermés, avec des fenêtres tournées vers la mer comme des yeux d’aveugle.

Je l’ai vue. Elle était debout, vêtue de sa robe informe, avec ces escarpins blancs à talons hauts qui donnaient l’impression que ses jambes étaient arquées. Sur une chaise, près de la porte, il y avait l’affreux manteau gris qu’elle avait plié avec soin, comme si elle était chez le docteur.

Ce que j’ai vu surtout, c’est son visage. Elle était tournée de trois quarts, et la lueur de l’ampoule électrique nue faisait une sorte de flamme au-dessus de sa tête. Elle chantait, seule devant le piano fermé, cet air de Don Giovanni, Donna Elvira, mi tradi quell’ alma ingrata, et tout était différent. Son regard maintenant était tourné vers moi, le vert de ses iris me brûlait, jamais je n’avais ressenti une telle émotion. Zinna chantait, comme si c’était pour moi, comme si elle était enfin arrivée jusqu’à moi, et que j’étais venu là où je devais, en suivant le fil de sa voix, à travers la solitude et l’amertume de ma vie.

C’est d’elle que je veux me souvenir, de sa voix surnaturelle. Comment était-elle arrivée ? Je ne sais pas, je ne l’ai jamais su. Il me semblait que c’était elle que j’attendais, depuis toujours, que c’était elle pour qui j’avais vécu, le Conservatoire, les répétitions interminables, l’ennui de ces salles grises où j’enseignais le violoncelle, les concerts de routine. Je ne sais pas pourquoi, j’ai pensé à mon grand-père Chaïm. Il me semble qu’il l’a connue, elle, il me semble que c’est par lui qu’elle est venue jusqu’à moi, parce qu’il ne peut pas y avoir de hasard.

C’est étrange, je lui ai parlé tout de suite de mon grand-père Chaïm, qui était premier violon à l’Opéra de Mostaganem. Elle avait l’air si jeune, presque une enfant, malgré ses habits démodés. « Que voulez-vous, mademoiselle ? » J’ai demandé cela d’abord, un peu rudement, parce que je ne voulais pas qu’elle se doute de mon émotion. Elle m’a dit qu’elle voulait apprendre à chanter, suivre des cours de chant. J’ai pensé la renvoyer au secrétariat, pour une inscription, j’ai failli dire — ou peut-être l’ai-je dit vraiment. — « vous savez, je suis très occupé, je ne peux rien faire pour vous ». Depuis que les huissiers ont emporté le piano Steinway de Juliette pour payer les créanciers, je n’ai pas d’autre endroit où pratiquer. Zinna, elle est restée à la même place, sous l’ampoule électrique. Je lui ai demandé où elle avait appris à chanter, je lui ai dit : « Chantez encore, je vous écoute. » Elle a chanté un air de Lucie de Lammermoor, et un air de l’ Italiana in Algeri, et j’ai compris ce que j’avais su tout de suite, quand je montais l’escalier à sa recherche, que c’était bien elle que j’avais attendue depuis toujours, pour qui j’avais vécu la musique. Sa voix était facile et légère, elle entrait en moi, elle réveillait les plus anciens souvenirs. Après, elle m’a raconté qu’elle avait appris toute seule, autrefois, au Mellah, en écoutant les disques de son oncle Moché. Quand ils avaient dû partir, son oncle était mort, et elle avait quitté son père. Elle travaillait pour vivre, elle faisait des ménages, elle gardait des enfants. Elle n’avait jamais quitté son manteau gris.

C’est comme cela qu’elle était entrée dans ma vie. Chaque jour, en fin d’après-midi, quand l’Opéra était désert, elle venait dans la chambre aux volets fermés, pour une leçon de musique.

Ensemble on répétait les grands airs, Faust, Roméo et Juliette, La Bohème, surtout les italiens, elle savait toutes les paroles, sans les comprendre, Aïda, la Traviata, Il Trovatore. Elle avait une belle voix. Quelquefois on chantait ensemble, le passage qu’elle préférait, c’était dans Don Giovanni :

« Là ci darem la mano, là mi dirai di si.

Vedi, non è lontano,

partiam, ben mio, da qui… »

Et Zinna :

« Vorrei, e non vorrei, mi tréma un poco il cor, felice, è ver, sarei, ma puo burlarmi ancor, ma puo burlar mi ancor ! »

Surtout, l’air d’Anna :

« Non mi dir, bell’idol mio, che son io crudele con ti, tu ben sai quant io t’amai… »

Je voulais savoir des choses sur elle, je voulais connaître sa vie. Un jour, je lui ai posé des questions : « Est-ce que tu vis seule ? Est-ce que tu as quelqu’un ? » Elle m’a regardé de son regard froid, méfiant. Puis elle a cessé de venir, et je me suis aperçu que j’avais plus besoin d’elle, qu’elle de mes leçons, et ça m’avait fait mal, honte, ça m’avait empêché de dormir. J’avais besoin de l’entendre chanter Là ci darem la mano. C’était risible et insupportable. Moi, Jean André Bassi, violoncelliste à l’Opéra, à cinquante ans passés, marié à Juliette, tellement solitaire, vivant dans ce grand appartement vétuste de la rue de l’Opéra.

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