Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Alors Zinna était déjà la maîtresse d’Orsoni. Tomi le savait. Rosette parlait de ça, un jour, dans le bar où il se pavanait. Tomi le haïssait. Mais il ne voulait pas y penser. Peut-être qu’il avait peur de ce qui allait arriver.

Si belle, Zinna, dans sa robe écarlate, quand elle entrait dans le hall de l’hôtel Martinez, accompagnée du clignotement des flashes des photographes, traversant la foule jusqu’au grand escalier, et la lumière brillait sur ses épaules, embrasait sa chevelure, allumait les diamants de son diadème, le seul cadeau qu’elle avait accepté d’Orsoni. Un peu en retrait, comme entraîné dans son sillage, Orsoni, son visage jaune, ses cheveux coupés en brosse, cet air de bonté apaisée que montrent parfois les fripouilles et les politiciens parvenus au sommet de leur carrière, et qui n’ont plus rien à désirer que le reflet d’honorabilité que leur font miroiter les journalistes.

Ils étaient présents, justement, en un ballet incessant de photographes qui accompagnaient Zinna dans sa marche triomphale. Comme elle souriait sans répondre, c’était à l’homme d’affaires qu’ils adressaient leurs questions : « Maître ! S’il vous plaît ! Un mot sur vos projets ! Quelle est votre position dans l’affaire Darnay ! Maître ! » Orsoni, d’un geste impatient, chassait ces insectes puis, condescendant, avant de franchir le seuil prestigieux : « Messieurs ! Hic non est locus. » Et il disparaissait dans le hall de l’hôtel, tandis que les reporters éberlués se répétaient la formule en l’écorchant.

Zinna, nul n’aurait pu reconnaître ce qu’elle était, cinq ans auparavant, quand elle entrait par la petite porte de l’Opéra, vêtue de son manteau redingote gris, avec ce regard transparent et lointain des enfants perdus. Aujourd’hui, dans le hall de l’hôtel, son regard était du métal dur, et la lumière brillait sur son visage et sur ses épaules comme sur une coque.

C’était elle que je voulais voir. Depuis qu’elle était partie, un jour, sans dire où elle allait, je l’avais cherchée. Après la maladie de Juliette, j’étais dans un état de choc, je ne savais plus ce que je faisais. J’errais dans les rues, la nuit, dans l’espoir d’apercevoir Zinna, au hasard, comme un éclair, dans une voiture qui passe, dans un reflet. J’avais même demandé à une agence de filature (l’air goguenard du détective quand il examinait la photo). J’avais mis des annonces dans les journaux. Et un jour, dans un magazine de mode, sur cette photographie. Semaine après semaine, j’avais remonté la piste. Dès que les leçons de musique étaient finies, ou bien entre midi et trois heures, entre les répétitions, j’allais à l’hémérothèque. C’était la fin avril, le concours approchait. Il y avait une chaleur lourde dans l’air, quelque chose d’électrique, les orages éclataient en fin d’après-midi, inondant la chambre qui était restée vide depuis le départ de Zinna. Depuis que Juliette était revenue de l’hôpital, elle était sans courage. Avec elle, je ne parlais jamais de ce qui s’était passé, ni de cet après-midi où j’étais entré dans la chambre de Zinna. C’était si lointain, c’était vieux comme un rêve à demi oublié.

Le festival lyrique approchait. Il fallait que tout soit fini avant, que je sache tout. Zinna serait là. Tout le monde parlait d’elle, et d’Orsoni. C’était lui qui avait propulsé Zinna, comme d’autres avant elle. L’argent, les relations, le monde du spectacle s’était ouvert devant elle. La nouvelle déesse avait commencé son ascension. Dans la salle sombre de l’hémérothèque, je ne pouvais détacher mon regard de la photo de l’Opéra de Vienne, ces anneaux de lumières entourant la scène, et l’étoile ouverte sur le plafond. C’était cela dont Zinna avait rêvé, sûrement, autrefois, quand elle travaillait dans la solitude de la pauvreté, quand elle montait l’escalier jusqu’à la chambre aux volets fermés. Elle ne pensait pas aux femmes qu’Orsoni avait façonnées avant elle, celles à qui il avait tout appris, jusqu’à leur propre nom, et qui ensuite étaient tombées : retournées à leurs machines à écrire, à leurs séances de pose, à leurs expédients, ou bien plus bas encore, devenues entraîneuses, strip-teaseuses, taxi-girls. Et maintenant, on parlait aussi, à mots couverts, de celles qui étaient tombées vraiment. Après ces mois de fête, la rupture avait été insupportable, elles n’avaient pas supporté le vide. On parlait d’elles comme d’absentes, comme de mortes.

C’était cela qui me serrait le cœur. Au lieu de préparer les concours, les répétitions, avec une hâte fébrile je feuilletais tout l’après-midi les quotidiens, les revues, à la recherche de Zinna, fuyant jour après jour sur des traces incertaines.

Elle apparaissait, tout au début, sur le yacht de Maître Orsoni, le Dedalus . Le Spiegel la montrait, de profil, avec un riche industriel allemand, lors de l’inauguration d’un hôtel à Amsterdam. Dans une revue suédoise, elle était photographiée devant un voilier de compétition construit par les chantiers de Turku, en Finlande. Sur certaines de ces photos, en retrait, toujours souriant de son air rassurant d’honnête homme, je repérais la figure d’Orsoni. À côté de lui, on distinguait son lieutenant, un jeune Italien du nom de Pagnoli, qui, selon ce que disait la rumeur, était attaché à son maître par des liens qui n’avaient rien d’amicaux. Pagnoli avait défrayé la chronique quelques années auparavant, lors de l’assassinat du sénateur Rabam, un psychiatre proche du pouvoir, poignardé dans sa baignoire comme Marat. Pagnoli avait été le suspect numéro un, puis l’accusé au centre d’un procès retentissant, avant d’être innocenté par un non-lieu arraché à la force du poignet par Maître Orsoni. Depuis, les journalistes malintentionnés avaient changé son nom en Pugnale, et l’on disait qu’il était devenu le factotum de celui qui l’avait sauvé de la prison.

Dans La Stampa , j’avais lu un bref article sur le rôle que Zinna devait tenir dans la version filmée de l’ Otello de Verdi, mis en scène par Ettore Scola et coproduit par Orsoni. Le film devait être tourné à Vienne, à Rome et en Tunisie. L’été suivant, elle apparaissait à Venise, à Bologne, à Rome. C’était vide, terrifiant, son visage illisible, ses yeux absents. Maintenant, sur la plupart des clichés, elle portait d’immenses lunettes noires qui mangeaient son visage, et une robe noire qui la faisait paraître encore plus mince, plus frêle. C’était un tourbillon qui l’emportait à travers le monde, dans la nuit, de lumière en lumière, brûlant son visage, ses yeux, sa voix.

Au bout de sa route, il y avait le festival où j’étais venu. Je l’ai vue, un instant, perdu dans la foule qui se pressait aux marches de l’hôtel. Je voulais crier son nom, mais ma gorge restait nouée. De toute façon, est-ce qu’elle m’aurait entendu ? Juste un éclair, sa robe rouge sombre, l’éclat de feu de sa chevelure, la blancheur irréelle de ses épaules. Son visage lisse, lointain, fatigué comme celui d’une enfant. Les photographes me bousculaient, me repoussaient en arrière. Déjà d’autres femmes arrivaient, montaient les marches de l’hôtel, les flashes crépitaient. J’avais la nausée. Dans un café, près de la gare, alors que la pluie recommençait à tomber, j’ai commencé à écrire une lettre. Je voulais la remettre au concierge de l’hôtel. Sur la feuille blanche, ne sachant pas quoi écrire, j’ai mis les premiers mots du duettino qu’elle chantait avec moi, autrefois, dans la chambre aux volets fermés, tandis que je l’accompagnais au piano :

« Là ci darem la mano, là mi dirai di si
Vedi, non è lontano, partiam, ben mio, da qui.
— Vorrei, e non vorrei, mi tréma un poco il cor,
felice, è ver, sarei, ma puo burlarmi ancor… »

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