Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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Mais j’ai arrêté là ma lettre. Je l’ai froissée en boulette, je l’ai jetée, et je suis parti sous la pluie, dans toutes ces rues combles, ces rues où il n’y avait personne.

Pâle, maigre, dans sa robe noire. Zinna ne bougeait plus de l’appartement, dans l’immeuble neuf en haut de la colline. Quand Tomi est revenu là, après toutes ces années, il a eu peur, parce que c’était devenu si vide. Rien n’avait changé vraiment, mais c’était l’abandon, la solitude. Zinna dormait sur un matelas de plage qu’elle déroulait chaque soir à même le sol, et qu’elle roulait le matin pour le cacher dans un placard. Autour d’elle, sur de grandes feuilles de papier, elle dessinait avec des feutres de couleur d’étranges dessins faits d’étoiles et de cercles concentriques. « Ce sont des visages, tu les vois bien, Gazelle ? Il y a tellement de visages, tout le temps, ils mangent ta vie, ils mangent tes yeux. »

Elle avait un pick-up en mauvais état, genre Teppaz, sur lequel elle passait à longueur de journée de la musique douce, des bongos, du xylophone, des steelbands. Elle faisait du thé. Elle le préparait à la mode de son pays, dans une théière en fer-blanc avec un chapeau pointu surmonté d’un bouton rouge en forme de cerise confite. Elle fumait beaucoup, des cigarettes anglaises, ou de l’herbe, de la Marie-Jeanne. Avec Tomi, clic ne parlait presque pas. Elle avait de temps en temps un drôle de rire étouffé. Elle avait des rides amères autour de la bouche. Tomi n’osait plus se serrer contre elle, comme autrefois. Il n’osait plus prendre sa main. Il y avait si longtemps, peut-être qu’elle ne s’intéressait plus à lui. Il était trop grand.

Elle avait dû commencer à se shooter quand elle vivait avec Orsoni. Un jour, Tomi est entré, elle était en peignoir, dans la salle de bains, penchée sur le lavabo. Tomi a cru d’abord qu’elle s’était blessée. « Qu’est-ce que tu as ? Tu t’es fait mal ? » Elle s’est retournée, elle avait cette drôle d’expression sur son visage, de la souffrance, de la peur. C’était horrible. Tomi est resté immobile. Elle est passée devant lui, le sang coulait le long de son bras, dégoulinait sur le carrelage blanc. Elle faisait une vilaine grimace. « Je me suis ratée. » Elle s’est littéralement laissée tomber par terre, contre un mur. Son peignoir était ouvert sur sa poitrine nue, Tomi voyait nettement ses côtes. Puis une sorte de nuage est passé sur son visage, elle respirait profondément, comme quelqu’un qui a plongé.

Tomi n’a pas parlé de ça. Il ne voulait pas y penser. Il sentait la honte, la colère. C’était à cause des places où les gens traînent la nuit, à cause des coins de porte, des couloirs vides, des filles paumées, des gosses qui reniflent la colle entre deux voitures. C’était un vide qui aspirait, qui engouffrait.

Quand il avait retrouvé Zinna, après toutes ces années, ça n’était pas le hasard. Un moment il l’avait cru. Elle marchait dans la rue, vers lui, avec ces lunettes noires qui mangeaient sa figure. Son cœur s’était mis à bondir dans sa poitrine. Il avait appelé : « Zinna ! » Il avait couru jusqu’à elle. Elle l’avait serré contre elle. Mais il était si grand maintenant que c’était le visage de Zinna qui s’appuyait contre sa poitrine. Un moment il avait cru que tout allait recommencer comme autrefois, quand ils marchaient sur la plage au milieu des mouettes, ou quand ils s’asseyaient sur une tombe, et qu’elle parlait du Mellah.

Mais Zinna n’allait plus à la plage. La lumière du soleil l’éblouissait, lui donnait le vertige. Elle ne sortait que le soir, pour acheter des cigarettes, des trucs à manger, de la bière. Elle portait tout le temps ses lunettes noires et des robes à manches longues.

Plusieurs fois par semaine, elle allait la nuit du côté de la gare. Elle cherchait les petits dealers. Rosette disait « la femme blanche », avec un ricanement de mépris. Tomi connaissait bien Rosette. Jamais il n’aurait voulu travailler pour lui. Zinna allait le chercher dans les bars autour de la gare. C’était à vomir. Tomi tombait dans un trou noir. Tout devenait faux, mensonge, grimace. Les vieux souvenirs étaient des bobards, tout disparaissait devant le nouveau visage de Zinna, cet air âpre qu’elle avait parfois, ce regard affamé, comme quelqu’un qui se perd, qui trompe les autres. Non, ce n’était pas le hasard qui l’avait guidée. Le hasard, c’était comme la musique, ça ne pouvait plus exister avec cette faim qui rongeait son cœur. À quel moment avait-elle commencé sa chute ? Tomi essayait de se souvenir de son corps, de ses bras, de la saignée des coudes, de ses pupilles. Peut-être qu’elle avait déjà commencé, quand ils se voyaient chaque jour sur le chemin de l’Opéra. Orsoni la tenait déjà, il l’avait déjà liée, sur son maudit Dedalus, avec cette gouape de Pugnale, tous ces fêtards, ces gens à la dérive, qui allaient de port en port, à Trieste, à Venise, à Istanbul.

Une fois, elle a parlé des cinq ans pendant lesquels elle avait vécu sur le bateau d’Orsoni. Elle a parlé de l’Italie, de la Grèce. Elle racontait tout ça comme si elle l’avait imaginé. Tomi était assis, pas comme autrefois sur la plage, mais sur le parquet de la grande pièce vide, devant la fenêtre, en regardant le soleil suivre sa courbe au-dessus des immeubles. Il avait envie de se serrer contre elle, comme il faisait alors, pour sentir son cœur battre et entendre sa voix résonner dans sa poitrine. Mais il avait mal, à cause de la jalousie, parce qu’il haïssait cet homme puissant qui avait pris Zinna à son piège. Pourtant, il aimait l’entendre parler de ses voyages, de la mer : « Tu sais, Gazelle, toujours les dauphins faisaient la course avec notre bateau. Je me mettais tout à fait à l’avant, contre le mât, on allait vers la Grèce, la mer était lisse, calme, sombre, belle. Quand les dauphins sortaient de l’eau, tout près, ça faisait un bruit, tu ne peux pas imaginer, ça donnait le frisson. Ensuite, le bateau est arrivé devant la ville d’Athènes, on voyait toutes les maisons, les immeubles, les collines avec les temples. Les dauphins alors sont repartis en arrière, ils n’aimaient pas le bruit de la ville. Ils sont retournés vers le centre de la mer… »

Elle n’avait plus d’argent. Elle n’avait que la clef de cet appartement, Orsoni avait payé pour un an. Rosette ne voulait plus la fournir. Partout on savait qu’Orsoni l’avait laissée tomber. Dans un bar, près de la gare, quand il avait fini de décharger les camions, Tomi avait rencontré Rosette. Rosette lui avait dit : « Qu’est-ce que tu fous avec cette fille ? Elle est paumée, elle va finir chez les dingues. » Tomi l’avait repoussé d’une bourrade. Il haïssait Rosette, il haïssait le monde entier. Dans les rues, il courait jusqu’à la nuit. Il travaillait à la gare, puis il allait dans les bars qui ne fermaient pas. Il y avait des clochards, des somnambules. Tomi ne voulait pas rentrer dans l’appartement. Il appréhendait de voir Zinna assise contre son mur, si pâle, les yeux si vides.

Un médecin lui avait donné des médicaments, ça la calmait, elle n’avait pas l’air de souffrir, mais son regard n’accrochait plus la lumière. Tomi lui apportait de la nourriture, du pain, des fruits. Elle ne touchait à rien. La seule chose qu’elle acceptait, c’étaient les oranges. Tomi les coupait en deux, après avoir enlevé l’écorce. Elle suçait la pulpe. Elle était si faible qu’elle devait s’appuyer au mur pour marcher dans l’appartement. Tomi l’accompagnait partout, même pour l’asseoir sur la cuvette des W.-C. Elle se laissait faire comme un enfant. La nuit, il l’allongeait sur le matelas de plage, il l’enveloppait dans une couverture. Elle grelottait de froid. Lui était si fatigué qu’il s’endormait le matin, couché par terre, la tête appuyée sur son coude. Quand il se réveillait, à midi, son cœur battait, il avait peur que Zinna ne soit morte. Il lui parlait, il répétait : « Zinna, réveille-toi, Zinna, Zinna, s’il te plaît ! « Jusqu’à ce qu’elle entrouvre ses paupières et qu’elle le regarde. Mais elle ne parlait pas.

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