Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons

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Cinq saisons, cinq nouvelles, cinq femmes ; Libbie-Saba, Zobéïde, la bohémienne aux roses, Gaby et Zinna. Une par nouvelle. Une par saison. Cinq femmes vues ou entrevues, rêvées, pour tenter de dire la fragilité, l'étrangeté et la recherche de l'amour, la recherche de soi-même, l'errance et l'appartenance, la mémoire ou l'oubli, le temps qui ne passe pas et les lieux anciens qui s'enfuient.

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J’ai continué à monter. Je suis passée devant l’appartement des gitans, devant celui de la vieille Ida, qui est un peu folle. Partout, il y avait des bruits de voix, des radios, l’odeur de la nourriture. La minuterie s’est éteinte comme toujours, un peu avant que je n’arrive au sixième, et j’ai continué à tâtons. Sous la porte, il y avait un rai de lumière électrique. Je n’ai plus eu qu’à frapper. Je ne voulais pas entendre le bruit de la clef dans la serrure.

« ’Chkoun ? »

J’ai dit bêtement :

« Moi. »

Je pensais : si elle crie, si elle dit quelque chose de désagréable, je m’en vais pour toujours. J’irai à l’autre bout du monde, même au Canada.

Mariem a ouvert la porte. Je ne voyais pas bien son visage à cause de l’ampoule électrique. Elle m’a paru si frêle, si petite. Elle avait des lunettes que je ne connaissais pas. Elle avait son tablier à fleurs roses et bleues qui lui donnait l’air d’une petite fille. Elle n’arrivait pas à parler. Elle a fait un pas vers moi, elle m’a serrée contre elle, et nous sommes entrées ensemble par la porte étroite, comme si nous dansions. Elle disait mon nom, elle disait aussi « ya kbidti », c’est drôle, ça veut dire « mon petit foie ». Tout d’un coup, j’ai été très fatiguée. Je me suis assise sur la chaise, devant la table en formica, et j’ai commencé à pleurer, pendant qu’elle m’apportait un verre de thé brûlant, je crois bien que j’ai mêlé mes larmes au breuvage amer.

Fascination

Elle est apparue de nouveau, cette nuit. Pourquoi de nouveau ? Est-ce que je l’avais vraiment déjà vue, ailleurs, dans un autre temps ? Est-ce que je l’avais seulement rencontrée ? Pourquoi ai-je eu alors cette impression, ce coup au cœur, quand elle est entrée, cette nuit, dans cette salle immense, accompagnée de cette vieille au regard de sorcière, toutes deux vêtues de noir comme les tziganes, et qu’elle a commencé à traverser le restaurant, sans souci pour l’émoi qu’elle provoquait, son beau visage dédaigneux éclairé et capté par les jeux de lumière et d’ombre venus des plafonniers ? Pourquoi alors ai-je senti sa présence, avant même de l’avoir vue, de les voir toutes deux, quand elles avaient poussé la porte vitrée, venues du mystère de la nuit dans cette ville terrible, comme réfugiées dans cette salle immense au bruit de volière ? Oui, j’ai senti cela en moi, comme un regard étranger, comme un mouvement de l’air sur ma peau, un danger presque, et elles entraient dans cette salle, immense et étrangère, elles deux dans les mouvements lents des plis de leurs robes noires, elle si jeune et belle, au visage étincelant, elle si vieille et noire, froissée, sèche et ratatinée, avec ce regard fermé, durci, comme l’ombre d’orbites vides. Mais pourquoi mon cœur battait-il plus vite, plus fort, comme si cet instant avait une importance extrême, et rien de ce que je vivais, rien de ce que j’avais vécu n’étaient au hasard ? Je me suis levé un peu de ma chaise, je crois, comme pour partir, ou pour aller au-devant d’elle, je ne sais plus. Je les regardais avancer à travers l’immense salle, suivant une ligne en diagonale, elle devant, impassible, s’arrêtant devant chaque table, suivie de la vieille qui se voûtait, et dont le regard courait plus vite qu’elle, cherchant quelque chose qu’elle ne parvenait pas à retenir. Quand elles sont arrivées au fond de la salle, alors seulement j’ai compris ce qui les avait attirées dans cette salle de restaurant qui n’était pas pour elles. À chaque arrêt, la vieille tirait à demi de son cabas une rose déjà à moitié fanée, et la proposait aux dîneurs, qui détournaient leur visage avec ennui, avec dégoût peut-être. Ou bien était-ce la beauté presque inconcevable de la jeune gitane, son visage sombre, ses yeux ardents et absents, sa bouche éclatante, ses longs cheveux noirs libres sur ses épaules, ses mains aux poignets si fins, tout son corps souple et léger dans cette longue robe noire de satin usé, dansante comme une ombre, c’était elle qui obligeait les gens à détourner leur regard, à fuir dans l’abri d’une conversation fausse, d’une indifférence feinte, ou même, à quelques reprises, d’une colère révélatrice. Oui, plusieurs fois, je vis des femmes, et un homme, au moment d’être sollicités par la vieille mendiante, les chasser d’un geste véhément, élevant une voix que la peur rendait aigre et criarde. Les saltimbanques continuaient à avancer à travers la grande salle, qui peu à peu devenait silencieuse et vide. C’est-à-dire que moi, assis à ma table au centre de la salle, je ne voyais plus les autres convives, je n’entendais plus le brouhaha de leurs voix. Au contraire, je percevais de façon presque insupportable chaque mouvement des deux femmes, et il me semblait que j’entendais chaque son de leur voix, ou plutôt, la voix monotone et geignarde de la vieille au regard de sorcière, et le silence dédaigneux de la belle jeune femme qui marchait devant elle, et s’arrêtait elle aussi de table en table, mais sans se retourner, le regard fixé au loin, dans le vague, et brillant d’un éclat dur, presque effrayant. Moi, mon cœur battait de plus en plus fort dans ma poitrine, et je sentais la sueur mouiller mes paumes. De quoi avais-je peur ? En quoi les deux bohémiennes (car maintenant je ne pouvais plus douter qu’elles fussent bohémiennes, à leur robe longue, à leurs cheveux défaits, au noir charbonneux des yeux de la jeune femme, au visage en lame de couteau de la vieille mendiante) pouvaient-elles me menacer ? Pourtant, c’était ainsi : je ressentais cette scène comme si elle n’avait de sens que pour moi, parce que j’y étais. Comme si les deux femmes en noir n’étaient pas entrées dans la salle de ce restaurant pour vendre leurs fleurs, mais pour me chercher.

Quand j’ai eu compris cela, mon cœur s’est mis à battre plus vite et plus fort. La peur, ou maintenant, la colère, qui obscurcissait mon esprit, m’obligeait à rester, à regarder. Je ne pouvais pas attendre qu’elles aient poursuivi leur recherche comme cela, de table en table. Je ne pouvais plus le supporter. J’allais crier, peut-être, en frappant sur ma table, crier : « Ici ! Regardez-moi ! Je suis ici ! ici ! » Quand la jeune femme a tourné la tête vers moi, comme si elle avait senti mon regard durci, obscurci, qu’elle avait deviné mon cri muet. Elle s’est tournée tout entière vers moi. Elle était alors d’une beauté éblouissante. Sous la lumière du plafonnier qui l’éclairait comme un projecteur sur une scène de théâtre, son visage était net et éblouissant, pareil à une sculpture, mais avec quelque chose d’ardent et de vivant dans son regard sombre, dans le dessin de ses lèvres, dans l’éclat de ses pommettes. Elle avait saisi son poignet gauche dans sa main droite, et elle le serrait dans un geste d’impatience et il me semblait, malgré la distance, que je voyais sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration, au même rythme que la mienne !

Alors, tout d’un coup, mon appréhension était partie. Je ne sentais plus ni colère, ni peur, ni impatience même. Je sentais l’ivresse plutôt, parce que cette femme inconnue me regardait, plongeait son regard dans le mien. Je n’avais jamais vécu cela nulle part, jamais je ne m’étais senti autant perdu par le gouffre d’un regard. En moi, c’était plus qu’en moi, c’était dans toute cette salle, et au-delà, dans cette ville anonyme dans la nuit, des choses, des images passaient, s’en allaient, glissaient pour remplir un autre monde, une autre vie. Pour cela, je restais debout, immobile, pour cela, j’étais gagné peu à peu par un incompréhensible et stupide bonheur. Combien de temps est-ce que cela a duré ? Je ne sais plus, je ne pourrai jamais le dire. Des heures et des jours, j’ai été debout dans cette salle de bal, où les habitants se mouvaient pareils à des fantômes, tandis que la vieille folle remontait de table en table en secouant une sébile aigriarde, ou en geignant, marmonnant des imprécations ou des prières. Des heures, des jours, le regard sombre de la jeune bohémienne a flambé comme un cierge, et j’ai senti glisser loin de moi les désirs, les chaleurs, les choses. Tout ce que j’avais vécu pendant ces dix-huit ans où je n’avais pas été là, où j’avais oublié, ces dix-huit ans sans signification ni vérité, où j’avais existé comme en rêve, faiblement, sans rien retenir ni chercher, au jour le jour, dix-huit années d’errances vaines, d’amours volages, de restaurants, de bals vides, de voyages anonymes où les plans sont des labyrinthes et les projets d’avenir des mascarades et des leurres.

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