Jean-Marie Le Clézio - Désert

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - Désert» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2011, ISBN: 2011, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Désert: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Désert»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

Désert — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Désert», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

« Un jour, oh, un jour, le corbeau deviendra blanc, la mer s’asséchera, on trouvera le miel dans la fleur du cactus, on fera un lit avec les branches de l’acacia, oh, un jour, il n’y aura plus de venin dans la bouche du serpent, et les balles des fusils ne porteront plus la mort, mais ce sera le jour où je quitterai mon amour… »

Lalla écoute la voix qui murmure dans le feu, sans voir le visage d’Aamma, comme si c’était la voix de sa mère qui arrivait jusqu’à elle.

« Un jour, oh, un jour, le vent ne soufflera plus dans le désert, les grains de sable deviendront doux comme le sucre, sous chaque pierre blanche il y aura une source qui m’attendra, un jour, oh, un jour, les abeilles chanteront pour moi une chanson, car ce jour-là j’aurai perdu mon amour… »

Mais la voix d’Aamma a changé maintenant, elle est plus forte et légère, elle monte haut comme la voix de la flûte, elle résonne comme les clochettes de cuivre ; ce n’est plus sa voix, maintenant, c’est une voix toute neuve, la voix d’une jeune femme inconnue, qui chante à travers le rideau des flammes et des fumées, pour Lalla, pour elle seulement.

« Un jour, oh, un jour, il y aura le soleil dans la nuit, et l’eau de la lune laissera ses flaques dans le désert, quand le ciel sera si bas que je pourrai toucher les étoiles, un jour, oh, un jour, je verrai mon ombre danser devant moi, et ce sera le jour où je perdrai mon amour… »

La voix lointaine glisse sur Lalla comme un frisson, l’enveloppe, et son regard se trouble tandis qu’elle regarde les flammes danser dans la lumière du soleil. Le silence qui suit les paroles de la chanson est très long, et Lalla peut entendre au loin les bruits de la musique et les rythmes des tambours de la fête. Elle est seule à présent, comme si Aamma était partie, la laissant avec la voix étrangère qui chante la chanson.

« Un jour, oh, un jour, je regarderai dans le miroir et je verrai ton visage, et j’entendrai le son de ta voix au fond du puits, et je connaîtrai la marque de tes pas dans le sable, un jour, oh, un jour, je connaîtrai le jour de ma mort, car ce sera le jour où je perdrai mon amour… »

La voix devient plus grave et sourde, pareille à un soupir, elle tremble un peu dans la flamme qui vacille, elle se perd dans les volutes de fumée bleue.

« Un jour, oh, un jour, le soleil sera obscur, la terre s’ouvrira jusqu’au centre, la mer recouvrira le désert, un jour, oh, un jour, mes yeux ne verront plus la lumière, ma bouche ne pourra plus dire ton nom, mon cœur cessera de souffrir, car ce sera le jour où je quitterai mon amour… »

La voix étrangère s’éteint en murmurant, elle disparaît dans le feu et la fumée bleue, et Lalla doit attendre longtemps, sans bouger, avant de comprendre que la voix ne reviendra plus. Ses yeux sont pleins de larmes et son cœur lui fait mal, mais elle ne dit rien, tandis qu’Aamma recommence à découper des lanières de viande, et à les placer sur le treillis de bois, au milieu de la fumée.

« Parle-moi encore d’elle, Aamma. »

« Elle savait beaucoup de chansons, Lalla Hawa, elle avait une jolie voix, comme toi, et elle savait jouer de la guitare et de la flûte, et danser. Puis, quand ton père a eu cet accident, elle a changé tout d’un coup, et elle n’a plus jamais chanté ni joué de la guitare, même quand tu es née, elle n’a plus voulu chanter, sauf pour toi, quand tu pleurais, dans la nuit, pour te bercer, pour t’endormir… »

Les guêpes sont venues, maintenant. L’odeur de la viande grillée les a attirées, et elles sont venues par centaines. Elles vrombissent autour du foyer, en cherchant à se poser sur les lanières de viande. Mais la fumée les chasse, les étouffe, et elles traversent le feu, ivres. Certaines tombent dans les braises et brûlent d’une brève flamme jaune, d’autres tombent par terre, assommées, à demi brûlées. Pauvres guêpes ! Elles sont venues pour avoir leur part de la viande, mais elles ne savent pas s’y prendre. La fumée âcre les saoule et les rend furieuses, parce qu’elles ne peuvent pas se poser sur le treillis de bois. Alors elles vont droit devant elles, aveuglées, stupides comme des papillons de nuit, et elles meurent. Lalla leur jette un morceau de viande, pour calmer leur faim, pour les éloigner du feu. Mais l’une d’elles frappe Lalla, la pique au cou. « Aïe ! » crie Lalla, qui l’arrache et la jette au loin, tout endolorie mais pleine de pitié, parce qu’elle aime bien les guêpes dans le fond.

Aamma, elle, ne fait pas attention aux guêpes. Elle les écarte à coups de chiffon, et elle continue à tourner les lanières de viande sur le treillis, et à parler :

« Elle n’aimait pas beaucoup rester à la maison… » dit-elle ; sa voix est un peu étouffée, comme si elle racontait un très vieux rêve. « Elle partait souvent, avec toi accrochée dans son dos par un foulard, et elle allait loin, loin… Personne ne savait où elle allait. Elle prenait l’autobus et elle allait jusqu’à la mer, ou bien dans les villages voisins. Elle allait dans les marchés, près des fontaines, là où il y avait des gens qu’elle ne connaissait pas, et elle s’asseyait sur un caillou et elle les regardait. Peut-être qu’ils croyaient qu’elle était une mendiante… Mais elle ne voulait pas travailler à la maison, parce que ma famille était dure avec elle, mais moi je l’aimais bien, comme si elle avait été ma sœur. »

« Parle-moi encore de sa mort, Aamma. »

« Ce n’est pas bien de parler de cela, un jour de fête », dit Aamma.

« Ça ne fait rien, Aamma, parle-moi quand même du jour de sa mort. »

Séparées par les flammes, Aamma et Lalla ne se voient pas bien. Mais c’est comme s’il y avait un autre regard, qui touchait l’intérieur de leur corps, à l’endroit où cela fait mal.

Les volutes grises et bleues de la fumée dansent, s’ouvrent et se referment comme les nuages, et sur le treillis de bois vert, les lanières de viande sont devenues très brunes comme du vieux cuir. Ailleurs, il y a le soleil qui décline doucement, la marée qui monte avec le vent, le chant des criquets, les cris des enfants qui courent dans les rues de la Cité, les voix des hommes, la musique. Mais Lalla ne les entend guère. Elle est tout entière dans le chuchotement de la voix qui raconte la mort de sa mère, il y a très longtemps.

« On ne savait pas ce qui allait arriver, personne ne le savait. Un jour, Lalla Hawa s’est couchée, parce qu’elle se sentait très fatiguée, et elle avait un grand froid dans tout son corps. Elle est restée comme cela plusieurs jours sans manger, sans bouger, mais elle ne se plaignait pas. Quand on lui demandait ce qu’elle avait, elle disait seulement, rien, rien, je suis fatiguée, c’est tout. Alors c’est moi qui m’occupais de toi, qui te donnais à manger, parce que Lalla Hawa ne pouvait même plus se lever de sa couche…

Mais il n’y avait pas de médecin au village, et le dispensaire était très loin, et personne ne savait ce qu’il fallait faire. Et puis un jour, c’était le sixième jour, je crois, Lalla Hawa m’a appelée, et sa voix était très faible, et elle m’a fait signe d’approcher, et elle m’a dit seulement : je vais mourir, c’est tout. Sa voix était étrange, et son visage était tout gris, et ses yeux brûlaient. Alors j’ai eu peur, et je suis sortie de la maison en courant, et je t’ai emmenée le plus loin que j’ai pu, à travers la campagne, jusqu’à une colline, et je suis restée là tout le jour, assise sous un arbre, pendant que tu jouais à côté. Et quand je suis revenue à la maison, toi tu dormais, mais j’ai entendu les voix de ma mère et de mes sœurs qui pleuraient, et j’ai rencontré mon père devant la maison, et il m’a dit que Lalla Hawa était morte… »

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Désert»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Désert» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «Désert»

Обсуждение, отзывы о книге «Désert» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x