Jean-Marie Le Clézio - Désert
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- Название:Désert
- Автор:
- Издательство:Éditions Gallimard
- Жанр:
- Год:2011
- Город:Paris
- ISBN:978-2070376704
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
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Lalla attend quelque chose. Elle ne sait pas très bien quoi, mais elle attend. Les jours sont longs, à la Cité, les jours de pluie, les jours de vent, les jours de l’été. Quelquefois Lalla croit qu’elle attend seulement que les jours arrivent, mais quand ils sont là, elle s’aperçoit que ce n’étaient pas eux. Elle attend, c’est tout. Les gens ont beaucoup de patience, peut-être qu’ils attendent toute leur vie quelque chose, et que jamais rien n’arrive.
Les hommes restent assis souvent, sur une pierre, au soleil, la tête couverte d’un pan de manteau ou d’une serviette-éponge. Ils regardent devant eux. Qu’est-ce qu’ils regardent ? L’horizon poussiéreux, les chemins où roulent les camions, pareils à de gros scarabées de toutes les couleurs, et les silhouettes des collines de pierres, les nuages blancs qui avancent dans le ciel. C’est cela qu’ils regardent. Ils n’ont pas envie d’autre chose. Les femmes attendent aussi, devant la fontaine, sans parler, voilées de noir, leurs pieds nus posés bien à plat sur la terre.
Même les enfants savent attendre. Ils s’assoient devant la maison de l’épicier, et ils attendent, comme cela, sans jouer, sans crier. De temps à autre, l’un d’entre eux se lève et va échanger ses pièces de monnaie contre une bouteille de Fanta, ou contre une poignée de bonbons à la menthe. Les autres le regardent, sans rien dire.
Il y a des jours où l’on ne sait pas où on va, où l’on ne sait pas ce qui va arriver. Tout le monde guette dans la rue, et sur le bord de la route, les enfants en haillons attendent l’arrivée de l’autocar bleu, ou le passage des gros camions qui apportent le gas-oil, le bois, le ciment. Lalla connaît bien le bruit des camions. Quelquefois, elle va s’asseoir avec les autres enfants, sur le talus de pierres neuves, à l’entrée de la Cité. Quand un camion arrive, tous les enfants se tournent vers le bout de la route, très loin, là où l’air danse au-dessus du goudron et fait onduler les collines. On entend le bruit du moteur longtemps avant que le camion n’ait apparu. C’est un grondement aigu, presque un sifflement, avec de temps en temps un coup de klaxon qui résonne et fait des échos sur les murs des maisons. Puis on voit un nuage de poussière, un nuage jaune où se mêle la fumée bleue du moteur. Le camion rouge arrive à toute vitesse sur la route de goudron. Au-dessus de la cabine du chauffeur, il y a une cheminée qui crache la vapeur bleue, et le soleil brille fort sur le pare-brise et sur les chromes. Les pneus dévorent la route de goudron, il va en zigzaguant un peu à cause du vent, et chaque fois que les roues de la semi-remorque mordent sur les bas-côtés de la route, cela fait un nuage de poussière qui jaillit vers le ciel. Puis, il passe devant les enfants, en klaxonnant très fort, et la terre tremble sous ses quatorze pneus noirs, et le vent de poussière et l’odeur âcre de l’essence brûlée passe sur eux comme une haleine chaude.
Longtemps après, les enfants parlent encore du camion rouge, et ils racontent des histoires de camions, de camions rouges, de camions citernes blancs, et de camions-grues jaunes.
C’est comme cela, quand on attend. On va beaucoup voir les routes, les ponts et la mer, pour voir passer ceux qui ne restent pas, ceux qui s’en vont.
Il y a des jours qui sont plus longs que les autres, parce qu’on a faim. Lalla connaît bien ces jours-là, quand il n’y a plus du tout d’argent à la maison, et qu’Aamma n’a pas trouvé de travail à la ville. Même Selim, le Soussi, le mari d’Aamma ne sait plus où chercher de l’argent, et tout le monde devient sombre, triste, presque méchant. Alors Lalla reste dehors toute la journée, elle va le plus loin possible, sur le plateau de pierres, là où vivent les bergers, et elle recherche le Hartani.
C’est toujours comme cela ; quand elle a très envie de le voir, il apparaît dans un creux, assis sur une pierre, la tête enveloppée dans un linge blanc. Il surveille ses moutons et ses chèvres. Son visage est noir, ses mains sont maigres et puissantes comme les mains d’un vieillard. Il partage son pain noir et ses dattes avec Lalla, et il donne même quelques morceaux aux bergers qui se sont approchés. Mais il fait cela sans orgueil, comme si ce qu’il donnait n’avait pas d’importance.
Lalla le regarde de temps à autre. Elle aime son visage impassible, son profil d’aigle, et la lumière qui brille au fond de ses yeux sombres. Lui aussi, le Hartani, il attend quelque chose, mais il est peut-être le seul à savoir ce qu’il attend. Il ne le dit pas, puisqu’il ne sait pas parler le langage des hommes. Mais dans son regard on peut deviner ce qu’il attend, ce qu’il cherche. C’est comme si une partie de lui-même était restée au lieu de sa naissance, au-delà des collines de pierres et des montagnes enneigées, dans l’immensité du désert, et qu’il devait un jour retrouver cette partie de lui-même, pour être tout à fait un.
Lalla reste avec le berger tout le jour, seulement elle n’approche pas trop de lui. Elle s’assoit sur une pierre, pas très loin de lui, et elle regarde devant elle, elle regarde l’air qui danse et se bouscule au-dessus de la vallée desséchée, la lumière blanche qui fait des étincelles, et les cheminements lents des moutons et des chèvres au milieu des pierres blanches.
Lorsque ce sont des jours tristes, des jours d’angoisse, il n’y a que le Hartani qui puisse être là, et qui n’ait pas besoin de paroles. Un regard suffit, et il sait donner du pain et des dattes sans rien attendre en échange. Il préfère même qu’on reste à quelques pas de lui, comme font les chèvres et les moutons, qui n’appartiennent jamais tout à fait à personne.
Tout le jour, Lalla écoute les cris des bergers dans les collines, les coups de sifflet qui trouent le silence blanc. Quand elle retourne vers la Cité de planches et de papier goudronné, elle se sent plus libre, même si Aamma la gronde parce qu’elle n’a rien apporté à manger.
C’est un de ces jours-là qu’Aamma a conduit Lalla chez la marchande de tapis. C’est de l’autre côté de la rivière, dans un quartier pauvre de la ville, dans une grande maison blanche aux fenêtres étroites garnies de grillage. Quand elle entre dans la salle qui sert d’atelier, Lalla entend le bruit des métiers à tisser. Il y en a vingt, peut-être plus, alignés les uns derrière les autres, dans la pénombre laiteuse de la grande salle, où clignotent trois barres de néon. Devant les métiers, de petites filles sont accroupies, ou assises sur des tabourets. Elles travaillent vite, poussent la navette entre les fils de la chaîne, prennent les petits ciseaux d’acier, coupent les mèches, tassent la laine sur la trame. La plus âgée doit avoir quatorze ans, la plus jeune n’a probablement pas huit ans. Elles ne parlent pas, elles ne regardent même pas Lalla qui entre dans l’atelier avec Aamma et la marchande de tapis. La marchande s’appelle Zora, c’est une grande femme vêtue de noir, qui tient toujours dans ses mains grasses une baguette souple avec laquelle elle frappe les jambes et les épaules des petites filles qui ne travaillent pas assez vite, ou qui parlent à leur voisine.
« Est-ce qu’elle a déjà travaillé ? » demande-t-elle, sans même un regard pour Lalla.
Aamma dit qu’elle lui a montré comment on tissait, autrefois. Zora hoche la tête. Elle semble très pâle, peut-être à cause de sa robe noire, ou bien parce qu’elle ne sort jamais de son magasin. Elle marche lentement jusqu’à un métier inoccupé, où il y a un grand tapis rouge sombre points blancs.
« Elle va terminer celui-ci », dit-elle.
Lalla s’assoit, et commence le travail. Pendant plusieurs heures, elle travaille dans la grande salle sombre, en faisant des gestes mécaniques avec ses mains. Au début, elle est obligée de s’arrêter parce que ses doigts se fatiguent, mais elle sent sur elle le regard de la grande femme pâle, et elle reprend aussitôt le travail. Elle sait que la femme pâle ne lui donnera pas de coups de baguette, parce qu’elle est plus âgée que les autres filles qui travaillent. Quand leurs regards se croisent, cela fait comme un choc au fond d’elle, et il y a une étincelle de colère dans les yeux de Lalla. Mais la grosse femme vêtue de noir se venge sur les plus petites, celles qui sont maigres et craintives comme des chiennes, les filles de mendiants, les filles abandonnées qui vivent toute l’année dans la maison de Zora, et qui n’ont pas d’argent. Dès qu’elles ralentissent leur travail, ou si elles échangent quelques mots en chuchotant, la grosse femme pâle se précipite sur elles avec une agilité surprenante, et elle cingle leur dos avec sa baguette. Mais les petites filles ne pleurent jamais. On n’entend que le sifflement de la baguette et le coup sourd sur leurs dos. Lalla serre les dents, elle penche sa tête vers le sol pour ne pas voir ni entendre, parce qu’elle voudrait crier et frapper à son tour sur Zora. Mais elle ne dit rien à cause de l’argent qu’elle doit ramener à la maison pour Aamma. Seulement, pour se venger, elle fait de travers quelques nœuds dans le tapis rouge.
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