Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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Lalla écoute de toutes ses forces, les yeux fixés sur les flammes qui dansent et qui crépitent, devant les tourbillons de fumée qui montent vers le ciel bleu. Les guêpes continuent leur vol ivre, elles traversent les flammes comme des projectiles, elles tombent sur le sol, leurs ailes brûlées. Lalla écoute aussi leur musique, la seule vraie musique de la Cité des planches et du papier goudronné.

« Personne ne savait que cela devait arriver, dit Aamma. Mais quand cela est arrivé, tout le monde a pleuré, et moi j’ai ressenti le froid, comme si j’allais mourir aussi, et tout le monde était triste à cause de toi, parce que tu étais trop jeune pour savoir. Plus tard, c’est moi qui t’ai emmenée, quand mon père est mort et que j’ai dû venir ici à la Cité, pour vivre avec le Soussi. »

Il reste encore beaucoup de temps avant que les morceaux de viande aient fini de boucaner, alors Aamma continue à parler, mais elle ne dit plus rien de Lalla Hawa. Elle parle d’Al Azraq, celui qu’on appelait l’Homme Bleu, qui savait commander au vent et à la pluie, celui qui savait se faire obéir de toutes les choses, même des cailloux et des buissons. Elle parle de la hutte de branches et de palmes qui était sa maison, seule au milieu du grand désert. Elle dit qu’au-dessus de l’Homme Bleu, le ciel se peuplait d’oiseaux de toutes sortes qui chantaient des chansons célestes, pour s’unir à sa prière. Mais seuls les hommes dont le cœur était pur savaient trouver la maison de l’Homme Bleu. Les autres s’égaraient dans le désert.

« Est-ce qu’il savait parler aux guêpes, aussi » demande Lalla.

« Aux guêpes, et aux abeilles sauvages, car il était leur maître, il connaissait les paroles qui les apprivoisent. Mais il connaissait aussi le chant qui envoie les nuées de guêpes, d’abeilles et de mouches sur les ennemis, et il aurait pu détruire une ville tout entière s’il l’avait voulu. Mais il était juste, et il ne se servait de son pouvoir que pour faire le bien. »

Elle parle aussi du désert, du grand désert qui naît au sud de Goulimine, à l’est de Taroudant, au-delà de la vallée du Draa. C’est là, dans le désert, que Lalla est née, au pied d’un arbre, comme le raconte Aamma. Là, dans le pays du grand désert, le ciel est immense, l’horizon n’a pas de fin, car il n’y a rien qui arrête la vue. Le désert est comme la mer, avec les vagues du vent sur le sable dur, avec l’écume des broussailles roulantes, avec les pierres plates, les taches de lichen et les plaques de sel, et l’ombre noire qui creuse ses trous quand le soleil approche de la terre. Aamma parle longtemps du désert, et tandis qu’elle parle, les flammes baissent peu à peu, la fumée devient légère, transparente, et les braises se couvrent lentement d’une sorte de poussière d’argent qui frissonne.

« … Là-bas, dans le grand désert, les hommes peuvent marcher pendant des jours, sans rencontrer une seule maison, sans voir un puits, car le désert est si grand que personne ne peut le connaître en entier. Les hommes vont dans le désert et ils sont comme des bateaux sur la mer, nul ne sait quand ils reviendront. Quelquefois, il y a des tempêtes, mais pas comme ici, des tempêtes terribles, et le vent arrache le sable et le jette jusqu’au ciel, et les hommes sont perdus. Ils meurent noyés dans le sable, ils meurent perdus comme les bateaux dans la tempête, et le sable garde leur corps. Tout est si différent dans ce pays, le soleil n’est pas le même qu’ici, il brûle plus fort, et il y a des hommes qui reviennent aveuglés, le visage brûlé. La nuit, le froid fait crier de douleur les hommes perdus, le froid brise leurs os. Même les hommes ne sont pas comme ici… Ils sont cruels, ils guettent leur proie comme le renard, ils s’approchent en silence. Ils sont noirs comme le Hartani, vêtus de bleu, le visage voilé. Ce ne sont pas des hommes, mais des djinns, des enfants du démon, et ils ont commerce avec le démon, ils sont comme des sorciers… »

Alors Lalla pense de nouveau à Al Azraq, à l’Homme Bleu, le maître du désert, celui qui savait faire naître l’eau sous les pierres du désert. Aamma aussi pense à lui, et elle dit :

« L’Homme Bleu était comme les hommes du désert, puis il a reçu la bénédiction de Dieu, et il a quitté sa tribu, sa famille, pour vivre seul… Mais il savait les choses que savent les gens du désert. Il avait reçu le pouvoir de guérir avec ses mains, et Lalla Hawa avait elle aussi ce pouvoir, et elle savait interpréter les rêves, et dire l’avenir, et retrouver les objets perdus. Et quand les gens savaient qu’elle était de la lignée d’Al Azraq, ils venaient lui demander conseil, et quelquefois elle leur disait ce qu’ils demandaient, et quelquefois elle ne voulait pas répondre… »

Lalla regarde ses mains, et elle cherche à comprendre ce qu’il y a en elles. Ses mains sont grandes et fortes, comme celles des garçons, mais la peau est douce et les doigts sont effilés.

« Est-ce que j’ai aussi ce pouvoir, Aamma ? »

Aamma se met à rire. Elle se lève et elle s’étire.

« Ne pense pas à cela », dit-elle. « Maintenant la viande est prête, il faut la mettre dans le plat. »

Quand Aamma s’en va, Lalla retire le treillis, et elle étend les lanières de viande sur le grand plat de terre, en grignotant un morceau par-ci, un morceau par-là. Depuis que le feu s’est apaisé, les guêpes sont revenues en grand nombre, elles vrombissent très fort, elles dansent autour des mains de Lalla, elles s’accrochent dans ses cheveux. Lalla n’a pas peur d’elles. Elle les écarte doucement, et elle leur lance encore un morceau de viande boucanée, puisque pour elles aussi, c’est le jour d’exception.

Ensuite, elle va vers la mer, elle suit le chemin étroit qui conduit jusqu’aux dunes. Mais elle ne va pas jusqu’à l’eau. Elle reste de l’autre côté des dunes, à l’abri du vent, et elle cherche un creux dans le sable, pour s’allonger. Quand elle a trouvé un coin où il n’y a pas trop de chardon, ni de fourmis, elle s’étend sur le dos, les bras le long du corps, et elle reste les yeux ouverts sur le ciel. Il y a de gros nuages blancs qui circulent. Il y a le bruit lent de la mer qui racle le sable de la plage, et c’est bien de l’entendre sans la voir. Il y a les cris des goélands qui glissent sur le vent, qui font clignoter la lumière du soleil. Il y a les bruits des arbustes secs, les petites feuilles des acacias, le froissement des aiguilles des filaos, comme de l’eau. Il y a encore quelques guêpes qui vrombissent autour des mains de Lalla, parce qu’elles sentent l’odeur de la viande.

Alors Lalla essaie à nouveau d’entendre la voix étrangère qui chante, très loin, comme d’un autre pays, la voix qui monte et descend souplement, claire, pareille au bruit des fontaines, pareille à la lumière du soleil. Le ciel, devant elle, se voile peu à peu, mais la nuit met très longtemps à venir, parce que c’est la fin de l’hiver et le commencement de la saison de la lumière. Le crépuscule est gris d’abord, puis rouge, avec de grands nuages pareils à des crinières de flamme. Lalla reste allongée dans son creux de sable, entre les dunes, sans quitter le ciel et les nuages des yeux. Elle entend réellement, à l’intérieur du bruit de la mer et du vent, dans les cris aigus des mouettes qui cherchent leur plage de la nuit, elle entend la douce voix qui répète sa complainte, la voix claire mais qui tremble un peu comme si elle savait déjà que la mort va venir l’éteindre, la voix pure comme l’eau qu’on boit sans se rassasier après les longs jours de feu. C’est une musique qui naît du ciel et des nuages, qui résonne dans le sable des dunes, qui s’étend partout et qui vibre, même dans les feuilles sèches des chardons. Elle chante pour Lalla, pour elle seulement, elle l’enveloppe et la baigne de son eau douce, elle passe la main dans ses cheveux, sur son front, sur ses lèvres, elle dit son amour, elle descend sur elle et donne sa bénédiction. Alors Lalla se retourne et cache son visage dans le sable, parce que quelque chose se défait en elle, se brise, et les larmes coulent silencieusement. Personne ne vient poser sa main sur ses épaules, et dire : « Pourquoi pleures-tu, petite Lalla ? » Mais la voix étrangère fait couler ses larmes tièdes, elle remue au fond d’elle des images qui étaient immobiles depuis des années. Les larmes coulent dans le sable et font une petite tache sous son menton, collent le sable à ses joues, à ses lèvres. Puis, tout d’un coup, il n’y a plus rien. La voix au fond du ciel s’est tue. La nuit est venue, maintenant, une belle nuit de velours bleu sombre où les étoiles brillent entre les nuages phosphorescents. Lalla frissonne, comme au passage de la fièvre. Elle marche au hasard, le long des dunes, au milieu du clignotement des lucioles. Comme elle a peur des serpents, elle retourne sur l’étroit chemin où il y a encore la marque de ses pieds, et elle va lentement vers la Cité où la fête continue.

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