Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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Quand on n’a pas mangé pendant des jours, le ciel paraît plus propre aussi, plus bleu et lisse au-dessus de la terre blanche. Les bruits résonnent plus, ils durent, comme si on était à l’intérieur d’une grotte, et la lumière semble plus pure et plus belle.

Même les jours sont plus longs, c’est difficile à expliquer, mais depuis le moment du lever jusqu’au crépuscule, on dirait parfois qu’il s’est passé un mois tout entier.

Lalla aime bien jeûner comme cela, quand le soleil brûle et que la sécheresse envahit tout. La poussière grise laisse un goût de pierre dans la bouche, et il faut sucer de temps en temps les petites herbes au parfum de citron, ou bien les feuilles âpres de la chiba, mais en faisant bien attention à cracher sa salive.

Quand c’est le temps du jeûne, Lalla va voir tous les jours le Hartani, dans les collines de pierres. Lui aussi reste sans manger et sans boire tout le jour, mais cela ne change rien à sa façon d’être, et son visage reste toujours de la même couleur brûlée. Ses yeux brillent fort dans l’ombre de son visage, ses dents luisent dans son sourire. La seule différence, c’est qu’il s’enveloppe complètement dans son manteau de bure, pour ne pas perdre l’eau de son corps. Il reste comme cela, immobile au soleil, debout sur une jambe, l’autre pied appuyé sur son mollet au-dessous du genou, et il regarde au loin, vers les reflets de l’air qui danse, vers le troupeau de moutons et de chèvres.

Lalla s’assoit à côté de lui sur une pierre plate, elle écoute les bruits qui viennent de tous les côtés de la montagne, les cris des insectes, les sifflements des bergers, et aussi les bruits de craquements de la chaleur qui dilate les pierres, et le passage du vent. Elle a tout son temps, parce que pendant la période du jeûne, il n’y a plus besoin d’aller chercher de l’eau ou du bois mort pour faire la cuisine.

C’est bien d’être dans toute cette sécheresse pendant qu’on jeûne, parce que c’est comme une souffrance aiguë qui est tendue de toutes parts, comme un regard qui ne cesse pas. La nuit, la lune apparaît au bord des collines de pierres, toute ronde, dilatée. Alors Aamma sert la soupe de pois chiches et le pain, et tout le monde mange vite ; même Selim, le mari d’Aamma, celui qu’on appelle le Soussi, se hâte de manger, sans mettre d’huile d’olive sur son pain comme d’habitude. Personne ne dit rien, il n’y a pas d’histoires. Lalla voudrait bien parler, elle aurait des tas de choses à dire, un peu fébrilement, mais elle sait que ça n’est pas possible, car il ne faut pas troubler le silence du jeûne. Quand on jeûne, c’est comme cela, on jeûne aussi avec les mots et avec toute la tête. Et on marche lentement, en traînant un peu les pieds, et on ne montre pas les choses ou les gens du doigt, on ne siffle pas avec la bouche.

Les enfants oublient de temps en temps qu’on jeûne, parce que c’est difficile de se contenir tout le temps. Alors ils éclatent de rire, ou bien ils partent en courant à travers les rues, en soulevant des nuages de poussière et en faisant aboyer tous les chiens. Mais les vieilles leur crient après et leur jettent des pierres, et ils s’arrêtent de courir au bout d’un moment, peut-être aussi parce qu’ils manquent de forces à cause du jeûne.

Cela dure si longtemps que Lalla ne se souvient plus très bien comment c’était avant que le jeûne commence. Puis, un jour, Aamma part vers les collines pour acheter un mouton, et tout le monde sait que le jour approche. Aamma part seule, parce qu’elle dit que Selim le Soussi n’est pas capable d’acheter quoi que ce soit de bon. Elle s’en va sur l’étroit sentier qui serpente vers les collines de pierres, là où vivent les bergers. Lalla et les enfants la suivent de loin. Quand elle arrive aux collines, Lalla regarde si le Hartani est là, mais elle sait bien que c’est inutile : le berger n’aime pas les gens, et il s’en va quand ceux de la Cité viennent acheter les moutons. Ce sont les parents adoptifs du Hartani qui tondent les moutons. Ils ont fabriqué un corral avec des branches plantées dans la terre, et ils attendent, assis à l’ombre.

Il y a d’autres marchands de moutons, des bergers aussi. Il y a une drôle d’odeur de suif et d’urine qui plane sur la terre sèche, et on entend les cris aigus des bêtes prisonnières de leurs enclos de branches. Il y a beaucoup de monde qui vient de la Cité, quelquefois même de la ville ; ils ont laissé leur auto à l’entrée de la Cité, là où la route se termine, et ils sont venus à pied par le sentier. Ce sont des gens du Nord, à la peau jaune, des messieurs habillés en complet veston, ou bien des paysans du Sud, des Soussi, des Fassi, des gens de Mogador. Ils savent qu’il y a beaucoup de bergers par ici, ils connaissent parfois des parents, des amis, et ils espèrent trouver une belle bête à bon prix, faire une affaire. Alors ils sont debout devant les enclos, et ils discutent, ils font des gestes, ils se penchent pour mieux voir les moutons.

Aamma traverse le marché sans se presser. Elle ne s’arrête pas, elle fait seulement le tour des enclos, elle regarde vite, mais elle voit tout de suite ce que valent les bêtes. Quand elle a regardé tous les enclos il n’y a pas de doute qu’elle a déjà choisi le mouton qu’il lui faut. Alors elle va voir le marchand, et elle lui demande son prix. Et comme elle veut ce mouton-là, et pas un autre, elle ne marchande presque pas, et elle donne tout de suite l’argent au propriétaire. Elle a pris la précaution d’apporter une corde, et un berger passe la corde autour du cou du mouton. C’est fait, il ne reste plus qu’à ramener le mouton à la maison. C’est l’aîné d’Aamma, celui qu’on appelle Bareki, qui a l’honneur de ramener le mouton. C’est un mouton grand et fort, avec une toison jaune sale qui sent fort l’urine, mais Lalla a quand même un peu pitié de lui quand il passe, le front bas et les yeux effrayés, parce que le garçon tire de toutes ses forces sur la corde qui l’étrangle. Ensuite, on attache le mouton derrière la maison d’Aamma, dans un réduit de vieilles planches qui a été fait spécialement pour lui, et on lui donne à manger et à boire tout ce qu’il veut pour les jours qui lui restent à vivre.

Alors, un beau matin, quand Lalla se réveille, elle sait tout de suite que c’est le jour de la fête. Elle le sait sans que personne ait eu à le lui dire, simplement en ouvrant les yeux et en voyant la lueur du jour. Elle est debout en une seconde, dans la rue, avec les autres enfants, et déjà la rumeur de la fête commence à courir dans l’air, à monter au-dessus des maisons de planches et de papier goudronné, comme le bruit des oiseaux.

Lalla court sur la terre encore froide, aussi vite qu’elle peut, elle va à travers champs, le long du sentier étroit qui conduit à la mer. Quand elle arrive en haut des dunes, le vent de la mer la frappe d’un seul coup, si violemment que ses narines se ferment et qu’elle titube en arrière. La mer est sombre et brutale, mais le ciel est encore d’un gris si doux, si léger, que Lalla n’a plus peur. Elle se déshabille vite, et sans hésiter, elle plonge la tête la première dans l’eau. La vague qui déferle la recouvre, cogne sur ses paupières et dans ses tympans, pénètre dans ses narines.

L’eau salée emplit sa bouche, coule dans sa gorge. Mais Lalla n’a pas peur de la mer, ce jour-là, elle boit l’eau salée à grandes gorgées, et elle sort de la vague en vacillant, comme ivre, aveuglée par le sel. Ensuite elle retourne dans la vague, et elle nage longuement, parallèlement au rivage, ses genoux raclant le sable quand la mer se retire, puis portée en haut de la vague qui se gonfle autour d’elle.

Alors la mouette toute blanche que Lalla aime bien passe lentement au-dessus de sa tête, en criant un peu. Lalla lui fait signe, et elle crie au hasard des noms, pour la faire venir :

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