Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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La maison des bains est un grand hangar de briques, construit tout à fait à côté de la rivière. C’est là qu’Aamma a emmené Lalla, quand elle est arrivée ici, à la Cité, pour la première fois, et Lalla n’avait jamais rien vu de semblable. Il n’y a qu’une grande salle, avec des baignoires d’eau chaude et des fours où on fait chauffer les pierres. C’est un jour pour les femmes, un jour pour les hommes. Lalla aime bien cette salle, parce qu’il y a beaucoup de lumière qui entre par les fenêtres, tout à fait en haut des murs, sous le toit de tôle ondulée. La maison des bains ne fonctionne que pendant l’été, parce que l’eau est rare, ici. L’eau vient d’une grande citerne construite en hauteur, et elle coule le long d’une canalisation à ciel ouvert jusqu’à l’établissement de bains, où elle cascade dans un grand bassin de ciment qui ressemble à un lavoir. C’est là qu’Aamma et Lalla vont se baigner ensuite, après le bain d’eau chaude, en se jetant de grandes jattes d’eau froide sur le corps, et en criant un peu, parce que ça les fait grelotter.

Il y a quelque chose aussi que Lalla aime bien ici. C’est la vapeur qui emplit toute la salle comme un brouillard blanc, et qui fait des nappes jusqu’au plafond, et qui s’échappe par les fenêtres en faisant vaciller la lumière. Quand on entre dans la salle, on suffoque pendant un instant, à cause de la vapeur. Puis on enlève ses vêtements et on les laisse pliés sur une chaise, au fond du hangar. Les premiers temps, Lalla avait honte, elle ne voulait pas se mettre toute nue devant les autres femmes, parce qu’elle n’avait pas l’habitude des bains. Elle croyait qu’on la regardait et qu’on se moquait d’elle, parce qu’elle n’avait pas de seins et que sa peau était très blanche. Mais Aamma la grondait, et l’obligeait à ôter tous ses vêtements, puis à relever en chignon ses longs cheveux, en les serrant avec un cordon de toile. Maintenant, ça lui est égal de se déshabiller. Même, elle ne fait plus attention aux autres. Au début, elle trouvait cela horrible, parce qu’il y avait des femmes très laides, et très vieilles, avec la peau fripée comme un arbre mort, ou bien des grosses, adipeuses, avec des seins qui ballaient comme des outres, ou bien d’autres qui étaient malades, qui avaient des jambes abîmées par des ulcères et des varices. Mais maintenant, Lalla ne les regarde plus de la même façon. Elle a pitié des femmes laides ou malades, elle n’a plus peur d’elles. Et puis, l’eau est si belle, si pure, l’eau tombée directement du ciel dans la grande citerne, l’eau est si neuve qu’elle doit guérir celles qui en ont besoin.

C’est comme cela, quand Lalla entre dans l’eau de la baignoire, pour la première fois après les longs mois de sécheresse : elle enveloppe son corps d’un coup, elle serre sa peau si fort, sur ses jambes, sur son ventre, sur sa poitrine, que Lalla s’arrête un instant de respirer.

L’eau est très chaude, très dure, elle fait venir le sang sous la peau, elle dilate les pores, elle envoie les ondes de sa chaleur jusqu’à l’intérieur du corps, comme si elle avait la force du ciel et du soleil. Lalla glisse dans le fond de la baignoire, jusqu’à ce que l’eau brûlante dépasse son menton et touche ses lèvres, puis s’arrête juste en dessous de ses narines. Alors elle reste un long moment comme cela, sans bouger, en regardant le plafond de tôle ondulée qui semble avancer sous la nuée de vapeur.

Puis Aamma vient avec la poignée de saponaire et la poudre de lave, et elle frotte le corps de Lalla, pour enlever la sueur et la poussière, sur son dos, sur ses épaules, sur ses jambes. Lalla se laisse faire, parce qu’Aamma sait très bien savonner et poncer ; ensuite elle va jusqu’au lavoir, et elle se plonge dans l’eau fraîche, presque froide, et l’eau resserre ses pores, lisse sa peau, tend ses nerfs et ses muscles. C’est le bain qu’elle prend avec les autres femmes, en écoutant le bruit de cascade de l’eau qui vient de la citerne. C’est cette eau-là que Lalla préfère. Elle est claire comme l’eau des sources de la montagne, elle est légère, elle glisse sur sa peau propre comme sur une pierre usée, elle rebondit dans la lumière, elle rejaillit en milliers de gouttes. Sous la fontaine d’eau, les femmes lavent leurs longs cheveux noirs alourdis. Même les corps les plus laids deviennent beaux à travers le cristal de l’eau pure, et le froid réveille les voix, fait résonner les rires aigus. Aamma jette de grandes brassées au visage de Lalla, et ses dents très blanches brillent sur son visage cuivré. Les gouttes étincelantes glissent lentement sur ses seins sombres, sur son ventre, sur ses cuisses. L’eau use et polit la peau, fait la paume des mains très douce. Il fait froid, malgré la vapeur qui emplit le hangar.

Aamma enveloppe Lalla dans une grande serviette, elle s’enroule elle-même dans une sorte de drap qu’elle noue sur sa poitrine. Ensemble, elles marchent vers le fond du hangar, là où leurs habits sont restés pliés sur des chaises. Elles s’assoient, et Aamma commence à peigner longuement les cheveux de Lalla, mèche par mèche, en les lissant bien entre les doigts de la main gauche pour ôter les lentes.

Cela aussi, c’est bien, comme dans un rêve, parce que Lalla regarde droit devant elle, sans penser à rien, fatiguée par toute l’eau, ensommeillée par la lourde vapeur qui monte avec peine jusqu’aux fenêtres où tremble la lumière du soleil, étourdie par le bruit des voix et par les rires des femmes, par les éclats de l’eau, par le ronronnement des fours où cuisent les pierres. Alors elle est assise sur la chaise de métal, ses pieds nus posés sur le ciment frais du sol, frissonnante dans sa grande serviette mouillée, et les mains adroites d’Aamma peignent inlassablement ses cheveux, les étirent, les lissent, tandis que les dernières gouttes d’eau coulent sur ses joues et le long de son dos.

Ensuite, quand tout est terminé, et qu’elles ont remis leurs habits, ensemble elles vont s’asseoir dehors, dans la chaleur du soleil couchant, et elles boivent de la menthe dans de petits verres ornés de dessins dorés, presque sans se parler, comme si elles avaient fait un long voyage et qu’elles étaient rassasiées de merveilles. La route est longue, pour revenir jusqu’à la Cité de planches et de papier goudronné, de l’autre côté de la rivière. La nuit est déjà bleu-noir, et les étoiles brillent entre les nuages, quand elles arrivent à la maison.

Il y a les jours qui ne sont pas comme les autres, les jours de fête, et c’est un peu pour ces jours-là qu’on vit, qu’on attend, qu’on espère. Quand le jour est proche, tout le monde ne parle plus que de cela, dans les rues de la Cité, dans les maisons, près de la fontaine. Tout le monde est impatient, et voudrait bien que le jour de la fête arrive plus vite. Quelquefois Lalla se réveille le matin, le cœur battant, avec de drôles de fourmillements dans les bras et dans les jambes, parce qu’elle croit que c’est aujourd’hui le jour. Elle se lève à toute vitesse, sans même prendre le temps de se passer les mains dans les cheveux, et elle sort dans la rue pour courir dans l’air froid du matin, alors que le soleil n’est pas encore apparu et que tout est gris et silencieux, sauf quelques oiseaux. Mais comme personne ne bouge dans la Cité, elle comprend que le jour n’est pas encore arrivé, et il ne lui reste plus qu’à retourner sous ses couvertures, à moins qu’elle ne décide d’en profiter pour aller s’asseoir dans les dunes pour voir les premiers rayons de soleil sur les crêtes des vagues.

Ce qui est long, et lent, ce qui fait vibrer l’impatience dans le corps des hommes et des femmes, c’est le jeûne. Parce que tous les jours qui précèdent la fête, on mange peu, seulement avant et après le soleil, et on ne boit pas non plus. Alors, à mesure que le temps passe, c’est comme un vide qui grandit à l’intérieur du corps, qui brûle, qui fait bourdonner les oreilles. Lalla aime bien jeûner pourtant, parce que, quand on ne mange pas et qu’on ne boit pas pendant des heures, et des jours, c’est comme si on lavait l’intérieur de son corps. Les heures paraissent plus longues, et plus pleines, car on fait attention à la moindre chose. Les enfants ne vont plus à l’école, les femmes ne travaillent plus dans les champs, les garçons ne vont plus à la ville. Tout le monde reste assis à l’ombre des huttes et des arbres, en parlant un peu et en regardant les ombres bouger avec le soleil.

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