Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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« Est-ce que je t’ai déjà parlé de Balaabilou ? »

Lalla secoue la tête. Elle est heureuse parce que c’est tout à fait le moment d’entendre une histoire, comme cela, sur la plage, en regardant le feu qui fait clapoter la poix dans la marmite, la mer très bleue, en sentant le vent tiède qui bouscule la fumée, avec les mouches et les guêpes qui vrombissent, et pas très loin, le bruit des vagues de la mer qui viennent jusqu’à la vieille barque renversée sur le sable.

« Ah, donc, je ne t’ai jamais raconté l’histoire de Balaabilou ? »

Le vieux Naman se met debout pour regarder la poix qui bout très fort. Il tourne lentement le bâton dans la marmite, et il a l’air de trouver que tout va bien. Alors il donne une vieille casserole au manche brûlé à Lalla.

« Bon, tu vas remplir ça avec de la poix et tu vas me l’apporter là-bas, quand je serai près de la barque. »

Il n’attend pas la réponse et il va s’installer sur la plage à côté de son bateau. Il prépare toutes sortes de pinceaux faits avec des chiffons noués sur des bouts de bois.

« Viens ! »

Lalla remplit la casserole. La poix bouillante fait éclater des petites bulles qui piquent, et la fumée brûle les yeux de Lalla. Mais elle court en tenant la casserole pleine de poix devant elle, à bout de bras. Les enfants la suivent en riant et s’assoient autour de la barque.

« Balaabilou, Balaabilou… »

Le vieux Naman chantonne le nom du rossignol comme s’il cherchait à bien se souvenir de tout ce qu’il y a dans l’histoire. Il trempe les bâtons dans la poix chaude et il commence à peindre la coque de la barque, là où il y a des tampons d’étoupe, entre les jointures des planches.

« C’était il y a très longtemps », dit Naman ; « ça s’est passé dans un temps que ni moi, ni mon père, ni même mon grand-père n’avons connu, mais pourtant on se rappelle bien ce qui s’est passé. En ce temps-là, il n’y avait pas les mêmes gens que maintenant, et on ne connaissait pas les Romains, ni tout ce qui vient des autres pays. C’est pourquoi il y avait encore des djinns, en ce temps-là, parce que personne ne les avait chassés. Donc, en ce temps-là, il y avait dans une grande ville de l’Orient un émir puissant qui n’avait pour enfant qu’une fille, nommée Leila, la Nuit. L’émir aimait sa fille plus que tout au monde, et c’était la plus belle jeune fille du royaume, la plus douce, la plus sage, et on lui avait promis tout le bonheur du monde… »

Le soir descend lentement dans le ciel, il fait le bleu de la mer plus sombre, et l’écume des vagues semble encore plus blanche. Le vieux Naman plonge régulièrement ses pinceaux dans la casserole de poix et les passe en les roulant un peu le long des rainures garnies d’étoupe. Le liquide brûlant pénètre dans les interstices, dégouline sur le sable de la plage. Tous les enfants et Lalla regardent les mains de Naman.

« Alors il est arrivé quelque chose de terrible dans ce royaume », continue Naman. « Il est arrivé une grande sécheresse, un fléau de Dieu sur tout le royaume, et il n’y avait plus d’eau dans les rivières, ni dans les réservoirs, et tout le monde mourait de soif, les arbres et les plantes d’abord, puis les troupeaux de bêtes, les moutons, les chevaux, les chameaux, les oiseaux, et enfin les hommes, qui mouraient de soif dans les champs, au bord des routes, c’était une chose terrible à voir, et c’est pour cela qu’on s’en souvient encore… »

Les mouches plates viennent, elles se posent sur les lèvres des enfants, elles vrombissent à leurs oreilles. C’est l’odeur âcre de la poix qui les enivre, et la fumée aux lourdes volutes qui tourbillonne entre les dunes. Il y a des guêpes aussi, mais personne ne les chasse, parce que quand le vieux Naman raconte une histoire, c’est comme si elles devenaient un peu magiques, elles aussi, des sortes de djinns.

« L’émir de ce royaume était triste, et il a fait convoquer les sages pour prendre leur conseil, mais personne ne savait comment faire pour arrêter la sécheresse. Alors est venu un voyageur étranger, un Égyptien, qui savait la magie. L’émir l’a convoqué aussi, et lui a demandé de faire cesser la malédiction sur le royaume. L’Égyptien a regardé dans une tache d’encre, et voici qu’il a eu peur tout à coup, il s’est mis à trembler et a refusé de parler. Parle ! disait l’émir, parle, et je ferai de toi l’homme le plus riche de ce royaume. Mais l’étranger refusait de parler, Seigneur, disait-il en se mettant à genoux, laisse-moi partir, ne me demande pas de te révéler ce secret. »

Quand Naman s’arrête de parler pour plonger ses pinceaux dans la casserole, les enfants et Lalla n’osent presque plus respirer. Ils écoutent les craquements du feu et le bruit de la poix qui bout dans la marmite.

« Alors l’émir s’est mis en colère et il a dit à l’Égyptien : parle, ou c’en est fait de toi. Et les bourreaux s’emparaient de lui et sortaient déjà leurs sabres pour lui couper la tête. Alors l’étranger a crié : arrête ! Je vais te dire le secret de la malédiction. Mais sache que tu es maudit ! »

Le vieux Naman a une façon très particulière de dire, lentement : Mlaaoune, maudit de Dieu, qui fait frissonner les enfants. Il s’interrompt un instant, pour passer ce qui reste de poix dans la casserole. Puis il la tend à Lalla, sans dire un mot, et elle doit courir jusqu’au feu pour la remplir avec de la poix bouillante. Heureusement, il attend qu’elle revienne pour continuer l’histoire.

« Alors l’Égyptien a dit à l’émir : n’as-tu pas fait punir autrefois un homme, pour avoir volé de l’or à un marchand ? Oui, je l’ai fait, a dit l’émir, parce que c’était un voleur. Sache que cet homme était innocent, a dit alors l’Égyptien, et faussement accusé, et qu’il t’a maudit, et c’est lui qui a envoyé cette sécheresse, car il est l’allié des esprits et des démons. »

Quand le soir vient, comme cela, sur la plage, tandis qu’on entend la voix grave du vieux Naman, c’est un peu comme si le temps n’existait plus, ou comme s’il était revenu en arrière, à un autre temps, très long et doux, et Lalla aimerait bien que l’histoire de Naman ne finisse jamais, même si elle devait durer des jours et des nuits, et qu’elle et les autres enfants s’endormaient, et quand ils se réveilleraient, ils seraient encore là à écouter la voix de Naman.

« Que faut-il faire pour arrêter cette malédiction, demanda l’émir, et l’Égyptien le regarda droit dans les yeux : sache qu’il n’y a qu’un seul remède, et je vais te le dire puisque tu m’as demandé de te le révéler. Il faut que tu sacrifies ta fille unique, celle que tu aimes plus que tout au monde. Va, donne-la en pâture aux bêtes sauvages de la forêt, et la sécheresse qui frappe ton pays s’arrêtera. Alors l’émir s’est mis à pleurer, et à crier de douleur et de colère, mais comme il était homme de bien, il a laissé l’Égyptien partir librement. Quand les gens du pays ont appris cela, ils ont pleuré aussi, car ils aimaient Leila, la fille de leur roi. Mais il fallait que ce sacrifice se fasse, et l’émir a décidé de conduire sa fille dans la forêt, pour la donner en pâture aux bêtes sauvages. Pourtant il y avait dans le pays un jeune homme qui aimait Leila plus que les autres, et il était décidé à la sauver. Il avait hérité d’un parent magicien un anneau qui donnait à celui qui le possédait le pouvoir d’être transformé en animal, mais jamais il ne pourrait retrouver sa forme première, et il serait immortel. La nuit du sacrifice est arrivée, et l’émir est parti dans la forêt, accompagné de sa fille… »

L’air est lisse et pur, l’horizon une ligne sans fin. Lalla regarde le plus loin qu’elle peut, comme si elle était changée en mouette, et qu’elle volait droit devant elle au-dessus de la mer.

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