Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Le jour se lève. Pour la première fois, je peux penser à ce qui va venir. Bientôt, le bateau italien sera là, dans le port d’Alon que je commence à voir. Il me semble que je sens déjà le mouvement de la mer. La mer va nous emporter jusqu’à cette ville sainte, le vent va nous pousser jusqu’à la porte du désert. Jamais je n’ai parlé de D… avec mon père. Il ne voulait pas qu’on en parle. Il avait une façon de vous regarder, très simple et sans hésitation, qui vous empêchait de poser des questions. Après, quand il n’avait plus été là, cela n’avait plus d’importance. L’oncle Simon Ruben avait dit à maman, un jour, est-ce qu’il ne fallait pas commencer à songer à l’enseignement, il voulait dire, la religion, pour rattraper le temps perdu. Maman a toujours refusé, sans dire non, mais en disant seulement, on verra plus tard, parce que ce n’était pas la volonté de mon père. Elle disait que cela viendrait en son temps, quand je serais en âge de choisir. Elle aussi, elle croyait que la religion, c’était une affaire de choix. Même, elle ne voulait pas qu’on m’appelle par mon nom juif, elle disait : Hélène, puisque c’était aussi mon nom, celui qu’elle m’avait donné. Mais moi je m’appelais de mon vrai nom, Esther, je ne voulais plus d’autre nom. Un jour mon père m’avait raconté l’histoire d’Esther, qui s’appelait Hadassa, et qui n’avait ni père ni mère, et comment elle avait épousé le roi Assuérus, et qu’elle avait osé entrer dans la grande salle où se trouvait le roi, pour demander qu’on épargne son peuple. Et Simon Ruben m’avait parlé d’elle, mais il disait qu’il ne fallait pas prononcer le nom de D…, ni l’écrire, et pour cela, je croyais que c’était un nom qui ressemblait à la mer, un nom immense et impossible à connaître tout entier. Alors, maintenant, je sais que c’est vrai. Il faut que je traverse la mer, que j’aille de l’autre côté, jusqu’à Eretz Israël et Jérusalem, il faut que je trouve cette force. Jamais je n’aurais cru que c’était aussi grand, jamais je n’aurais pensé que c’était une telle porte à franchir. La fatigue, le froid m’empêchent de penser à autre chose. Je ne peux penser qu’à cette interminable nuit, qui maintenant s’achève dans l’aube grise, au vent dans les arbres géants, à la mer qui fait son bruit entre les pointes des rochers. Je m’endors dans cet instant, serrée contre maman, écoutant le vent battre la couverture comme une voile, écoutant le bruit incessant des vagues sur la plage de sable. Je rêve peut-être que, lorsque j’ouvrirai les yeux, le bateau sera là, sur la mer étincelante.

Je suis assise dans une anfractuosité de rocher, à côté du grand arbre mort. Je fais le guet. Devant moi, la mer est bleue éblouissante, elle me fait mal. Les rafales de vent passent au-dessus de moi. Je les entends arriver sur les feuilles des buissons et dans les branches des pins, cela fait un bruit liquide qui se mêle au fracas des vagues sur les rochers blancs. Dès que je me suis réveillée, ce matin, j’ai couru vers la pointe du port d’Alon, pour mieux voir la mer.

Le soleil maintenant brûle mon visage, brûle mes yeux. La mer est si belle, avec sa houle lente qui vient de l’autre bout du monde. Les vagues cognent contre la côte en faisant un bruit d’eau profonde. Je ne pense plus à rien. Je regarde, mes yeux parcourent sans se lasser la ligne nette de l’horizon, scrutent la mer balayée par le vent, le ciel nu. Je veux voir arriver le bateau italien, je veux être la première, quand son étrave fendra la mer vers nous. Si je ne restais pas ici, à la pointe, devant l’entrée de la baie d’Alon, il me semble que le bateau ne viendrait pas. Si je détournais un instant mon regard, il ne nous verrait pas, il continuerait sa course vers Marseille.

Il doit venir maintenant, je le sens. La mer ne peut pas être si belle, le ciel ne peut pas s’être libéré des nuages sans raison.

Je veux être la première à crier, quand le navire arrivera. Je n’ai rien dit à maman, quand je l’ai laissée sur la plage, encore enveloppée dans la couverture américaine. Personne n’est venu avec moi. C’est moi la vigie, j’ai le regard aussi sûr et aussi aiguisé que celui des Indiens dans les romans de Gustave Aymard. Comme j’aimerais que mon père soit avec moi en ce moment ! De penser à lui, de l’imaginer assis à côté de moi sur les rochers, scrutant la mer étincelante, cela fait battre plus vite mon cœur, et me remplit d’une sorte de vertige qui trouble ma vue. La faim, la fatigue y sont peut-être aussi pour quelque chose. Il y a si longtemps que je n’ai pas dormi, pas vraiment mangé ! Il me semble que je vais tomber en avant, dans la mer sombre enivrante. Je me souviens, c’est comme cela que j’ai regardé la montagne nuageuse où mon père devait venir. Chaque jour, à Festiona, je quittais la chambre de la pension, et j’allais jusqu’en haut du village, là où je voyais toute la vallée et toute la montagne, l’arrivée du chemin, et je regardais, regardais, si longtemps, si fort que j’avais l’impression que mon regard allait forer un trou dans la paroi rocheuse.

Mais je ne peux pas me laisser aller. Je suis la vigie. Les autres, dans le creux de la baie d’Alon, sont assis sur la plage, ils attendent. Maman, quand je suis partie, ce matin, m’a serré la main, sans rien dire. Le soleil qui avait apparu lui avait redonné des forces. Elle a souri.

Je veux voir le bateau italien. Je veux qu’il vienne. La mer est immense, bouillante de lumière. Le vent violent arrache aux crêtes des vagues l’écume et la rejette en arrière. Les lames puissantes viennent de l’autre bout du monde, elles cognent les rochers blancs, elles se bousculent en entrant dans le goulet étroit du port d’Alon. L’eau bleue tournoie à l’intérieur de la baie, creuse des tourbillons. Puis elle s’étale sur les grèves.

À côté de moi, il y a le tronc de l’arbre mort. Il est blanc et lisse comme un os. J’aime bien cet arbre. Il me semble que je l’ai toujours connu. Il est magique, grâce à lui rien ne va nous arriver. Les insectes courent sur le tronc usé par la mer, entre les racines. L’odeur des pins vient dans le vent, rendue vivante par la chaleur du soleil. Le vent avance, la mer tourne. Je crois que nous sommes au bout du monde, à la limite, où on ne peut plus retourner en arrière. Si le bateau n’arrivait pas, maintenant, je crois que nous mourrions tous.

Les villes noires, les trains, la peur, la guerre, tout est resté derrière nous. Quand nous avons marché cette nuit à travers les collines, sous la pluie, guidés par la lumière de la torche électrique, nous étions en train de franchir la première porte. C’est pour cela que tout était si dur, si fatigant. La forêt des pins géants, au fond de la baie d’Alon, le bruit du vent qui faisait craquer les branches, le vent froid, la pluie, et puis ce mur en ruine contre lequel nous nous sommes blottis comme des animaux égarés dans la tempête.

J’ouvre les yeux, la mer et la lumière me brûlent jusqu’au fond de mon corps, mais j’aime cela. Je respire, je suis libre. Déjà je suis portée par le vent, par les vagues. Le voyage a commencé.

J’ai erré tout ce jour, à travers les rochers de la pointe. La mer, toujours à côté de moi, la ligne de l’horizon dans ma tête. Le vent souffle encore, le vent couche les troncs des arbres, agite les buissons. Dans les creux, il y a du houx, de la salsepareille. Près de la mer, il y a des bruyères, avec de toutes petites fleurs roses marquées d’un œil noir. Les odeurs, la lumière, le vent donnent le vertige. La mer bat.

Sur la plage du port d’Alon, les émigrants sont assis, les uns à côté des autres, ils mangent. Un instant, je m’assois à côté de maman, sans cesser de guetter le trait qui sépare le ciel de la mer, entre les deux pointes de rocher. Les yeux me brûlent, mon visage est en feu. J’ai le goût du sel sur mes lèvres. Je mange à la hâte les provisions que maman a sorties de sa valise, une tranche de pain américain très blanc, un bout de fromage, une pomme. Je bois beaucoup, à même la bouteille de limonade. Puis je retourne dans les rochers, à la place de la vigie, près de l’arbre mort.

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