Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante

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Pendant l'été 1943, dans un petit village de l'arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu'alors sereine, elle va connaître la peur, l'humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.
Comme dans 
, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans 
le récit d'un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d'être captifs de la guerre, tant que l'idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

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Je me souviens aussi un jour, avec maman, nous étions allées nous promener du côté de Berthemont, nous avions suivi le torrent soufré au-dessus de l’hôtel en ruine. Déjà mon père était parti, il avait rejoint les gens des maquis, c’était mystérieux. Il y avait eu un échange de billets que mon père lisait à la hâte et qu’il brûlait tout de suite, et maman s’était habillée à la hâte. Elle m’avait prise par la main, on avait marché vite sur la route déserte, le long de la rivière, jusqu’à l’hôtel abandonné. Par un petit escalier d’abord, puis le long d’un sentier étroit, on avait commencé à escalader la montagne, maman marchait vite, sans s’essouffler, et j’avais du mal à la suivre, mais je n’osais rien dire parce que c’était la première fois que j’allais avec elle. Elle avait cette expression d’impatience que je ne retrouve plus aujourd’hui, ses yeux brillaient de fièvre. Nous marchions très haut maintenant, sur une pente couverte d’immenses herbages, et partout autour de nous c’était le ciel. Je n’étais encore jamais allée si haut, si loin, et j’avais le cœur qui battait fort, de fatigue, d’inquiétude. Puis nous étions arrivées en haut de cette pente, et là, au pied des sommets, il y avait une vaste plaine d’herbes, semée de cabanes de bergers en pierres sèches noires. Maman était allée jusqu’aux premières cabanes, et quand nous étions arrivées, mon père était apparu. Il était debout au milieu des grandes herbes, il ressemblait à un chasseur. Il avait des habits déchirés et salis, et il portait un fusil en bandoulière. J’avais du mal à le reconnaître, parce que sa barbe avait poussé et son visage était tanné par le soleil. Comme d’habitude, il m’a soulevée et il m’a serrée contre lui très fort. Et puis avec maman il s’était allongé dans l’herbe, près de la cabane de pierres, et ils avaient parlé. Je les entendais parler, et rire, mais je restais un peu à l’écart. Je jouais avec les cailloux, je m’en souviens, je les jetais sur le dos de ma main comme des osselets.

Je peux entendre encore leurs voix et leurs rires, cet après-midi-là, sur la pente d’herbages immenses, avec le ciel qui nous entourait. Les nuages roulaient, dessinaient des volutes éblouissantes sur le bleu du ciel, et j’entendais les rires et les éclats de voix de mon père et de ma mère, à côté de moi, dans les herbes. Et c’est là, à ce moment-là, que j’ai compris que mon père allait mourir. L’idée m’est venue, et j’avais beau l’écarter, elle revenait, et j’entendais sa voix, son rire, je savais qu’il suffisait que je me retourne pour les voir, pour voir son visage, ses cheveux et sa barbe brillant au soleil, sa chemise, et la silhouette de maman, couchée contre lui. Et tout d’un coup, je me suis jetée sur le sol, et je mordais ma main pour ne pas crier, pour ne pas pleurer, et malgré cela je sentais les larmes qui glissaient hors de moi, le vide qui se creusait dans mon ventre, qui s’ouvrait au-dehors, un vide, un froid, et je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il allait mourir, qu’il devait mourir.

C’est cela que je dois oublier, dans ce voyage, comme disait l’oncle Simon Ruben, « Il faut oublier, il faut partir pour oublier ! »

Ici, au fond de la baie d’Alon, tout semble si loin, comme si c’était arrivé à quelqu’un d’autre, dans un autre monde. Le vent du nord souffle fort dans la nuit, et je suis serrée contre maman, la couverture dure de Simon Ruben remontée jusqu’aux yeux. Il y a si longtemps que je n’ai pas dormi. Tout mon corps me fait mal, mes yeux brûlent. Le bruit de la mer me rassure, même si c’est la tempête. C’est la première fois de ma vie que je couche au bord de la mer. Par la fenêtre du wagon, debout dans le couloir à côté de maman, avant d’arriver à Marseille, je l’ai vue dans le crépuscule, un instant étincelante, ridée par le vent. Tout le monde était du même côté du wagon pour voir la mer. Ensuite, dans le train qui roulait vers Bandol, j’ai essayé de l’apercevoir, le front collé à la vitre froide, bousculée par les cahots et les virages. Mais il n’y avait rien d’autre que le noir, les éclairs de lumière, et les lampes lointaines qui dansaient comme les feux des navires.

Le train s’est arrêté à la gare de Cassis, et beaucoup de gens sont descendus, des hommes et des femmes enveloppés dans leurs manteaux, certains avec de grands parapluies comme s’ils allaient marcher sur les boulevards. J’ai regardé au-dehors, pour essayer de voir si le Berger était descendu avec eux, mais il n’était pas sur le quai. Ensuite le train s’est ébranlé lentement, et les gens étaient debout sur le quai, ils s’éloignaient pareils à des fantômes, c’était triste et un peu drôle à la fois, pareils à des oiseaux fatigués, éblouis par le vent. Est-ce qu’ils vont à Jérusalem, eux aussi ? Ou bien est-ce qu’ils vont au Canada ? Mais on ne peut pas le savoir, on ne peut pas le demander. Il y a des gens qui écoutent, des gens qui voudraient savoir, pour nous empêcher de partir. Simon Ruben a dit cela, quand il nous a accompagnées sur le quai de la gare : « Ne parlez à personne. Ne demandez rien à personne. Il y a des gens qui vous écoutent. » Dans le Livre du Commencement, il a glissé un papier avec le nom et l’adresse de son frère, à Nice, Meubles Édouard Ruben, descente Crotti, c’est là qu’on doit dire qu’on va, si la police nous arrête. Ensuite nous sommes arrivées à Saint-Cyr, et tout le monde est descendu. Sur le quai de la gare, un homme nous attendait. Il a rassemblé tous ceux qui devaient partir, et on a commencé à marcher sur la route, guidés par la lumière de sa torche électrique, jusqu’au port d’Alon.

Maintenant, nous sommes sur la plage, à l’abri du cabanon en ruine, nous attendons l’aube. Peut-être que d’autres cherchent à voir, comme moi. Ils se redressent, ils regardent devant eux, ils cherchent à voir dans le noir la lumière du bateau, ils scrutent le fracas de la mer pour entendre les voix des marins qui appellent. Les pins géants grincent et craquent dans le vent, leurs aiguilles font le bruit des vagues sur une étrave. Le bateau qui doit venir est italien, comme Angelo Donati. Il s’appelle le Sette Fratelli, ce qui veut dire Sept Frères. Quand j’ai entendu ce nom pour la première fois, à Paris, j’ai pensé aux sept enfants perdus dans la forêt dans le conte du Petit Poucet. Il me semble qu’avec ce nom-là, rien ne peut nous arriver.

Je me souviens quand mon père parlait de Jérusalem, quand il racontait ce que c’était que cette ville, le soir, comme une histoire, avant de dormir. Ni lui, ni maman n’étaient croyants. C’est-à-dire qu’ils croyaient en D…, mais ils ne croyaient pas à la religion des Juifs, ni à aucune autre religion. Mais quand mon père parlait de Jérusalem, au temps du roi David, il racontait des choses extraordinaires. Je pensais que ça devait être la plus belle et la plus grande ville du monde, pas comme Paris en tout cas, car il n’y avait sûrement pas là-bas des rues noires ni d’immeubles vétustes, ni de gouttières crevées, ni d’escaliers qui sentaient mauvais, ni de ruisseaux où couraient les armées de rats. Quand vous dites Paris, il y a des gens qui pensent que vous avez de la chance, une si belle ville ! Mais à Jérusalem c’était sûrement autre chose. Comment était-ce ? Je n’arrivais pas bien à l’imaginer, une ville comme un nuage, avec des dômes et des clochers et des minarets (mon père disait qu’il y avait beaucoup de minarets), et des collines tout autour, plantées d’orangers et d’oliviers, une ville qui flottait au-dessus du désert comme un mirage, une ville où il n’y avait rien de banal, rien de sale, rien de dangereux. Une ville où on passait son temps à prier et à rêver.

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