Caryl Férey - Petit éloge de l'excès

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Petit éloge de l'excès: краткое содержание, описание и аннотация

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« Je n’invente rien, c’est dans le dictionnaire étymologique : le mot est d’abord employé pour désigner un acte qui dépasse la mesure, un dérèglement. Je vous passe les détails mais, à la fin, l’emploi du mot au sens de « très grand », et de son adverbe au sens de « très » ou « tout à fait » et cela sans idée d’excès, est fréquent. L’excès non seulement résiste aux règles imposées par les pauvres types sus-nommés, mais permet aussi de nous multiplier, de nous essayer à toutes les sauces, tous les possibles, de grandir en somme. Tant pis si on est excessivement mauvais. Il n’y a à perdre que des illusions, des résidences secondaires, des voitures, des slips de bain. »

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— Je viens souvent au Debrett, me lança-t-elle en guise d’au revoir, avant de partir au bras de son Ross.

— J’y serai.

J’y serais tous les jours.

J’y serais depuis et jusqu’à la nuit des temps.

J’étais amoureux au-delà de l’amour, cinglé au-delà de la dinguerie. Ça faisait presque mal tant de présence absente…

Le week-end en bateau arrivant, c’est le cœur noir que je découvris les îles merveilleuses.

J’y serais.

J’y serais tous les jours…

Oui mais voilà, pas elle.

Une semaine passa.

Puis deux.

Francesca, Francesca, Vincent commençait à en souper de mon ange noir-brillant, d’autant que comme nous étions devenus populaires et exotiques, les filles se précipitaient au Debrett pour expérimenter du Frenchie dans le parc voisin. Je faisais contre mauvaise fortune bon corps, attendant fébrilement chaque soir sa venue.

Je n’avais de fleurs que dans les yeux, mais Madeleine ne venait pas.

Je m’amusais quand même, anéanti.

Et puis soudain Francesca réapparut.

Elle traversa le brouillard que je craignais définitif et vint se poser contre moi, accoudé depuis des siècles au comptoir où Kieren noyait mon désespoir dans l’humour et la joie. Une apparition, encore plus belle et mystérieuse que dans mes souvenirs. Je lui offris un vase de bière qui ne me coûtait rien sinon ses fulgurances dorées, ses yeux d’émeraude qui m’envoyaient par le fond.

Francesca était le sang dans mes veines, son électricité me traversait les fibres, revenait vers elle dans un élan compulsif qui nous tirait l’un à l’autre, je pouvais presque la prendre dans mes bras sans la toucher, et toujours ce parfum d’autodestruction qui flottait au-dessus de nous, qui n’en avions que faire…

On se croyait protégés de tout : des guerres, du mensonge, des assureurs.

On se croyait seuls au monde et le monde passé par-dessus bord.

On croyait tout ça et bien d’autres choses encore, mais nous n’étions pas protégés des copains de Ross : pour la plupart Maoris, ils étaient chargés de surveiller ma merveille adorée.

Si Vincent, rude gaillard de la campagne bretonne, passait en Nouvelle-Zélande pour un gringalet à gros tarbouif, je passais quant à moi pour ainsi dire inaperçu sous les montagnes de muscles polynésiens. Des petits renards comme moi, ils en bouffaient crus à l’apéro.

L’un d’eux m’attrapa par le cou et, l’avant-bras dans la gorge, commença à me tirer vers la porte. Francesca eut beau protester je partais à la dérive, impuissant, je la voyais s’éloigner à mesure qu’on m’arrachait à elle, on n’avait que nos yeux pour s’agripper et du désespoir en bloc opératoire.

On me ficha dehors.

Je voulus crier mais le bras du colosse qui me tenait envoyait valdinguer ma glotte : les mots s’en revenaient bredouilles, allaient se perdre dans la rue, vers d’autres agonies…

— Dégage ! Et tourne plus autour d’elle : pigé, bastard ?!

Ils pouvaient toujours me cogner, je ne sentirais rien : j’étais déjà mort, et plusieurs fois encore.

Mais les Maoris montaient la garde, des troncs dans les bras, et leurs regards cannibales me conseillaient de passer mon chemin…

Je ne revis plus Francesca.

Je cherchai mon ombre et ne la trouvai pas, guettai les signes, n’importe quoi.

En vain.

Je ne la reverrais pas.

Les semaines passaient et la date fatidique approchait, celle qui marquait la fin de notre séjour en Nouvelle-Zélande : nous devions partir, la chose était entendue, nous n’étions ni britanniques, ni affiliés au Commonwealth, nous n’avions ni travail ni argent, le permis de séjour de Vincent expirait et je me voyais mal rester deux mois de plus ici dans l’unique espoir de retrouver mon fantôme…

En attendant, Francesca fantasmée constituerait l’héroïne féminine de mon futur roman Haka [2] Folio Policier n o 286. : Eva, en tout point semblable à Francesca, une femme « née vingt-six ans plus tôt, qu’on avait posée quelque part comme un objet précieux dont on se lasse, et qu’on avait fini par oublier. Eva. Rompue à tous les plaisirs, elle s’était résolue à vomir sa libido sur un fils à papa les poches pleines et la tête creuse, sorte de James Dean sans drame qui l’avait menée à l’est de nulle part… ».

Ross.

J’imaginai Francesca/Eva un soir, lors d’une garden-party chez le procureur du district, tombant sur un séduisant dealer de poudre, John, un peintre épileptique qui convoquait ses modèles sur la plage isolée de Kare Kare, connue pour ses vagues et ses courants mortels. Plus tard, soupçonné du meurtre d’une fille ayant servi de modèle, John s’introduirait jusqu’au lit conjugal où, dans un coup de folie, il tuerait le mari d’Eva, avant de balancer le corps par la fenêtre et filer avec la belle cinglée jusqu’à son refuge en bord de mer… Là, il pourrait la peindre quand elle dort, derrière sa vitre teintée, les veines ouvertes… Des tableaux de sang…

Francesca me faisait délirer marteau.

Mais futur personnage de roman ou non, il fallait poursuivre notre tour du monde. Nous étions déchirés comme on peut l’être à vingt ans, et n’avions pas du tout envie de quitter le pays : Vincent avait rencontré Sue, une charmante kiwi, après plusieurs mois nous avions des amis qui se battaient pour nous faire découvrir les plus beaux coins du pays, nous avions nos entrées au Sirene, la boîte de nuit où je passais mes nerfs sur d’autres filles, bref, nous voulions devenir néo-zélandais.

Vincent refusant de perdre la raison, le départ était fixé pour le dimanche.

Le samedi midi, lors de notre traditionnel french meal (il suffisait de cuisiner n’importe quoi pour que les kiwis trouvent ça just fantastic !), je tentai une dernière fois de corrompre mon ami :

— Allez Vincent ! On s’en fout ! On repart pas : on reste. Allez ! Même en clandestins, on s’en fout ! Allez !… Vincent !

Mais j’avais beau avoir le cœur crevé, Vincent ne voulait pas risquer l’expulsion. Francesca m’était perdue à jamais…

Nous passâmes notre dernier soir en Nouvelle-Zélande, lui dans les bras de sa Sue, moi au Sirene, où je dansais de tristesse, en transe. Vers trois heures, je marchais au hasard d’une allée quand je vis une silhouette onduler devant moi : cette silhouette… Les câbles électriques qui jaillissent de son dos, qui m’accrochent, toutes ces étincelles… Bon Dieu : Francesca.

Je croyais rêver mais je ne rêvais pas. Elle se retourna alors que j’arrivais dans son dos, aussi surprise de nous retrouver là, et sourit. Je balayai fébrilement l’horizon, réalisai qu’elle était seule et la tirai vers un des box de la boîte, déserté par miracle.

Le temps s’était rétréci, contracté, un trou noir. Je ne sais pas combien de temps nous avons passé à parler tous les deux, comme si on se connaissait déjà : une heure ? dix minutes ? Je la vois, elle est là, qui me dit d’un coup tout ce qu’on ne se dira qu’une fois, irréelle et pourtant mienne. Je la buvais à petites lapées, suçotais le diamant de son visage de l’autre côté de la table, effleurant sa main que mon amour caressait, en vain.

Car ils revinrent.

Ils voulaient les clés, les gredins, il était tard et qu’est-ce qu’elle fichait encore avec moi — putain, encore moi ! Ils avaient pourtant été clairs, non ? Je cherchais quoi ? À retraverser le monde les pieds devant et la tête dans l’avion suivant ?

Les copains de Ross attrapèrent Francesca, qui un instant leur échappa : elle posa ses lèvres sur les miennes, avant d’être happée par les chiens de garde…

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