Caryl Férey - Petit éloge de l'excès

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Petit éloge de l'excès: краткое содержание, описание и аннотация

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« Je n’invente rien, c’est dans le dictionnaire étymologique : le mot est d’abord employé pour désigner un acte qui dépasse la mesure, un dérèglement. Je vous passe les détails mais, à la fin, l’emploi du mot au sens de « très grand », et de son adverbe au sens de « très » ou « tout à fait » et cela sans idée d’excès, est fréquent. L’excès non seulement résiste aux règles imposées par les pauvres types sus-nommés, mais permet aussi de nous multiplier, de nous essayer à toutes les sauces, tous les possibles, de grandir en somme. Tant pis si on est excessivement mauvais. Il n’y a à perdre que des illusions, des résidences secondaires, des voitures, des slips de bain. »

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Brel m’a servi de père quand le mien travaillait, un modèle performant quoique plein de trous, un père fantasmé idéal en somme, un qu’on aurait du mal à prendre en exemple tant ses défauts et ses faiblesses étaient étalés là, mais quelqu’un qui vous guide, le temps de grandir, et vous envoie direct dans les fleurs si vous vous accrochez à sa tige.

Une indépendance souveraine, une discipline de fer, un dur au mal traversé de folies de part en part ; le programme qu’il me mitonnait serait chargé comme une mule de guérilleros, avec un vent de fortune carrée : tiens-toi fort à la barre, je me suis dit, tiens-toi fort à ta barre…

J’ai toujours eu peur de la mort en apnée, de la noyade : aujourd’hui, je flotte.

Merci mon vieux.

La mort de ma vie

Je suis mort le 3 février 1989 à Auckland, Nouvelle-Zélande. Un soir. Franchement, je ne m’y attendais pas du tout.

Expérimentant alors les théories du grand écart, je m’étais fait exempter de l’armée (…) avant de rejoindre mon ami Vincent qui, depuis trois mois, végétait à l’autre bout du monde, dans le bush néo-zélandais — sa tante, mariée à un pompier kiwi, habitait une maison sur pilotis au milieu des fougères et des pongas géants…

Suivant ses traces jusqu’aux antipodes, j’avais commencé par perdre mon unique bagage entre Washington et Los Angeles (on le retrouverait une semaine plus tard du côté de Dallas), si bien qu’après un périple à travers le Pacifique, j’arrivai en Nouvelle-Zélande vers minuit, les mains dans les poches.

J’avais prévenu Vincent un mois auparavant sans donner de date précise, et de Tahiti n’avais pas réussi à le joindre : il était temps, me dit-il après un moment d’incrédulité, il allait se coucher.

Vincent vint me chercher à moto, une 500 SR qui deviendrait notre canasson au pays du long nuage blanc.

Nous avions vingt ans, aucune attache spécifique en France et une furieuse envie d’en découdre avec le monde. La Nouvelle-Zélande était magnifique, les plages quasi désertes malgré l’été, les prairies d’un vert Manufrance. Seulement après un mois de recherches et autant de baignades solitaires, nous étions passablement démoralisés.

Les portiers des bars maoris nous refoulaient, expliquant qu’on risquait de se faire manger si on entrait, chez les pakehas (Blancs d’origine européenne) la télé braillait sous les yeux amorphes de buveurs peu avenants, les jeunes semblaient n’avoir jamais existé, nulle part, et les jolies filles sur les trottoirs étaient si rares que c’en devenait risible — mal fagotée, grassouillette, la peau laiteuse rougie par le soleil austral, les dents pour ainsi dire sens dessus dessous, la Néo-Zélandaise laissait de glace le Latin de base.

En fait de rencontres, nous côtoyions les insectes du bush, des fous de Bassan et des reines d’Angleterre à chaque coin de rue… De guerre lasse, on commençait à parler d’Australie quand, un lundi midi, nous garâmes notre cheval à moteur devant le Debrett Hotel, et son Corner Bar, que nous prîmes d’abord pour un salon de thé.

Le barman s’appelait Kieren, un jeune homme à l’esprit vif qui étudiait le droit à l’université d’Auckland, mais aussi le mandarin et un peu le français. Éminemment sympathique. Le bar était vide à cette heure : nous commandâmes une bière, puis deux, avant que Kieren ne dégotte une bouteille poussiéreuse du haut de son étagère, une bouteille de Pernod.

— What the fucking hell is it ?

— Its e tipikeul french alco-hol !

Curieux de nature, le jeune barman remplit nos trois verres, à ras bord : avec ou sans glace ?

Kieren apprit ce jour-là le mot « dégueulasse », nous qu’il fallait persévérer pour déjouer les apparences. À quatre heures de l’après-midi nous étions bien entendu complètement soûls, si bien que Kieren déclara que, désormais, et cela jusqu’à la fin de notre présence en Nouvelle-Zélande, le bar nous était ouvert.

Moi qui étais parti avec deux mille balles en poche, ça faisait de sérieuses économies.

Le Debrett devint ainsi notre Q.G., où Vincent et moi passâmes dès lors toutes nos soirées. Vint le 3 février 1989.

Comme tous les soirs, une foule joyeuse et bruyante se pressait au comptoir où Kieren faisait notre promotion ; je me tenais près de la baie vitrée qui donnait sur la rue tandis que Vincent parlait avec deux rouquins en cravate, quand je croisai un visage parmi la foule : le visage d’une fille qui dès l’instant me rompit la rétine.

Comme si elle m’avait senti, la fille en question se tourna vers moi et, sans hésiter une seconde, fendit les rangs. Le monde entier disparut sous ses pas. Elle se planta devant moi et dit :

— J’ai mon sac juste derrière toi…

C’était faux, mais je ne l’écoutais pas : ces yeux verts, défoncés, cet incendie… Ce n’était pas moi qui parlais, c’était à peine ma bouche, j’étais un torrent électrique balancé à la baille, le cœur dans la gorge et les cordes pendues :

— Tu es la plus belle fille que j’ai jamais vue de ma vie, dis-je dans un rêve noir.

Elle sourit, visiblement touchée par tant de bêtise.

— Je m’appelle Francesca, répondit-elle.

Je ne voyais rien dans ses yeux verts, que l’infini cassé.

La foudre m’avait frappé méchamment, j’en étais mort debout, pulvérisé aux quatre coins de l’aire de jeu, et l’ange noir qui me faisait face était effectivement le plus bel animal que je verrais jamais, une beauté sauvage à se rouler dans les ronces, rousse auburn sexy en mille, une élégance strummerienne et une intelligence fine noyée sous des litres d’alcool…

— Il y a une fête du côté de Ponsonby, dit-elle. Tu veux venir ?

Venir ? Mais, Francesca, il était tout bonnement hors de question que nous vivions une seconde de plus l’un sans l’autre, accroché à tes lèvres, je culbuterai le monde et ses alentours, non, que ce soit terrible ou sublime, il est hors de question que je te quitte, ne serait-ce qu’un jour… J’étais frappé malade, déjà certain que j’allais le payer cher tant le danger émanait de la splendeur qui m’était destinée.

Le coup de foudre, et le trident dans la nuque.

— Hey Vincent ! criai-je à la foule. Il y a une fête à Ponsonby !

Ponsonby, Tombouctou, la lune, Francesca partout.

Vincent, qui souriait à tout le monde au bout de deux bières, était partant. Je fis d’abord la fine bouche devant ses nouveaux amis rouquins sous prétexte qu’ils portaient des cravates, mais l’un d’eux, qui parlait un excellent français, venait de nous inviter à naviguer trois jours parmi les îles sur le voilier de son grand-père…

Et Ponsonby, tu y penses des fois ?

Nous suivîmes Francesca jusqu’au quartier branché de la ville, une maison ouverte aux quatre vents où une population hétéroclite fumait et buvait avec un acharnement familier. Francesca m’expliqua qu’elle sortait depuis deux mois avec Ross, un mec aussi beau que lent du cerveau, qui ne lisait jamais un livre et d’ailleurs ne comprenait rien à elle, ni au reste…

— Avec les Européens c’est différent, ajouta-telle dans un sourire à fendre les pierres.

J’étais l’impact entre la bûche et la hache, renversé du sol au plafond.

Pourquoi ne l’ai-je enlevée dans l’instant ?

Pourquoi ne l’ai-je pas embarquée sur la moto de Vincent pour une ligne droite plein gaz dans le mur chromé que la vie nous présentait ?

J’écrivais moi ! Avec les pieds pour le moment mais ce n’était qu’une question de ténacité, le temps jouait pour moi, pour nous, si si, j’étais l’homme qu’il lui fallait, un Européen en plus, je la comprenais mieux que quiconque, je la comprendrais mieux que quiconque, j’étais son reflet dans ma glace, l’inverse si elle préférait, Francesca, Francesca, est-ce possible…

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