Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

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«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

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Il y eut, sur la côte ouest de Maurice, beaucoup de victimes ensevelies sous les charpentes ou tuées par la chute des arbres. Quantité de bateaux de pêche furent coulés, ou jetés sur le rivage, certains projetés jusqu’à cent mètres à l’intérieur des terres par le raz-de-marée.

C’est ce cyclone qui marque le déclin de la propriété d’Anna, et la folie destructrice du Patriarche, le début de sa lente agonie. Parfois il me plaît d’imaginer que Léon et Suryavati — (puisque c’est le nom que je lui ai choisi, en souvenir de la princesse du Cachemire pour qui Somadeva écrivit l’ Océan des contes, la première version des Mille et une nuits ) — ont disparu pour toujours dans ce déchaînement du ciel et de la mer, retournés en quelque sorte à la solitude du lagon de Gabriel où ils s’étaient rencontrés.

Je pense à l’enfant que Suryavati portait dans son ventre, l’enfant conçu sur l’île, né la même année qu’Anna et que Noël. Comme une image oubliée de ma famille, un reflet, un frère ou une sœur inconnus. À cause de cet enfant, je ne peux pas admettre que Léon et Surya aient disparu dans le cyclone. Il me semble qu’un jour, au hasard de la vie, je dois rencontrer sa descendance, que je saurai la reconnaître.

Pareil à l’enfant que j’ai vu le lendemain de mon arrivée, sous la pluie, par la fenêtre du bus au carrefour de Rose-Belle, dans les bras de sa mère, tandis qu’avec son père ils allaient à la recherche d’un abri pour la nuit, d’un travail, d’une bonne étoile.

Tout à coup, tandis que je regarde le cahier jauni que m’a donné Anna, dans l’avion qui vole au-dessus de l’Océan, je découvre cette certitude:

Sita, la jeune fille indienne dont Anna était amoureuse, et qui est sortie un jour de sa vie sans retour, c’est elle, l’enfant de Surya et de Léon, conçue dans le désert de l’îlot Gabriel. La rencontre de Sita et d’Anna n’était pas le résultat du hasard. Elle était préméditée depuis leur naissance. Il est probable qu’elles ne l’ont jamais dit. Mais Sita le savait, et c’est pourquoi après s’être mariée elle ne devait plus la revoir. Anna l’a-t-elle su, l’a-t-elle deviné? Sinon, pourquoi aurait-elle gardé ce cahier tout au long de sa vie, comme son souvenir le plus précieux? Pourquoi me l’aurait-elle donné? En me donnant ce cahier, elle m’apportait, à sa manière ironique et profonde, la réponse à tout ce que je suis venu demander à Maurice.

On ne connaît pas encore Kalki, mais il doit venir.

Il sera d’abord Bala Krishna, l’enfant qui ne marche pas encore, et joue à quatre pattes par terre, une boule de beurre rance à la main.

Personne ne sait quand il viendra, ni qui il sera, mais il devient de plus en plus évident que sa venue est proche, qu’il recevra bientôt le pouvoir. Parfois je rêve à cet enfant brun aux yeux très doux, assis par terre, peut-être dans le marché de Mahébourg, et qui se renverse en tétant son gros orteil, et qui brille comme un soleil dans la nuit des songes.

Ai-je poursuivi une chimère? Aujourd’hui, au bout de ce voyage, je n’ai rien, comme avant. L’île Plate n’est qu’un rocher abandonné, semé de tombes sans noms, avec ce môle en ruine et le lagon où les pêcheurs emmènent les touristes des hôtels pour une journée de robinsonnade. L’eau limpide continue à couler, à chaque jusant, sur l’architecture engloutie des coraux. Parfois on rencontre l’ombre inquiétante du tazor, comme un chien de garde. Et les pailles-en-queue volent toujours en cercles lents autour du piton du sémaphore, pour veiller sur leurs nids.

Les derniers jours d’Anna ont été attristés par la disparition de Christina, sa jolie liane de cuivre pour qui elle cueillait des fleurs d’hibiscus — «la fleur Madame Langlais». Elle est partie du couvent, leurrée par la vie facile, par le miroir des bars-boxons des grands hôtels où les méchants loups dévorent la chair des petites filles.

Quelques semaines seulement après notre séparation, Anna est tombée sur le carreau de sa chambre, comme tant de vieux, en se cassant le col du fémur. C’est la folle qui l’a trouvée, qui a donné l’alerte. Il paraît qu’elle n’avait jamais tant pleuré. Quand on emportait Anna, elle s’accrochait à la civière en criant: «Manman!»

Le docteur Muggroo qui m’a écrit — j’étais la seule adresse qu’elle avait donnée — a résumé très bien sa fin:

Anna a refusé tous les soins. Elle a cessé de manger, et rien de ce qu’on a fait n’a pu changer sa décision. Elle est morte trois semaines plus tard, dans la nuit, sans bruit. Elle avait quatre-vingt-neuf ans.

Marseille, fin août 1980

C’est à lui que je pense, encore. Je m’en souviens, j’avais dix ou onze ans, ma grand-mère m’avait parlé de ce qui s’était passé, ce soir-là, dans le bistrot de Saint-Sulpice, elle m’avait lu des passages du Bateau ivre, je lui ai demandé: «Mais ton Rimbaud, est-ce que c’est comme un oncle pour moi?» Je croyais qu’on l’avait caché, chassé, juste parce qu’il était un voyou, qu’il était parti en abandonnant tout le monde, comme Léon.

Alors j’ai voulu aller sur le dernier lieu où il avait vécu, comme on va sur un caveau de famille. Pour voir ce qu’il avait vu, sentir ce qu’il avait senti. C’était encore le plein été à Marseille. À neuf heures du matin, à la descente du train, l’air brûlait, il y avait sur la ville comme une odeur d’incendie.

Je n’ai pas voulu prendre un taxi. Sur le plan, j’ai essayé de retrouver la route qu’il avait suivie, dans la voiture à cheval, de la gare Saint-Charles jusqu’à la Conception. Il y avait de larges avenues, des tunnels. Rien de tout cela n’existait.

J’ai suivi la longue rue Saint-Pierre qui sinue à travers ce que les Allemands ont laissé debout du vieux Marseille. Des immeubles vétustés, à trois étages, des fenêtres grillées, des entrées de portes cochères. Dans les bars obscurs, l’odeur de l’anis, la musique orientale. Il me semblait que j’entendais le long des maisons le cliquetis des sabots du cheval qui tirait la voiture aux rideaux fermés vers l’hôpital. Peut-être qu’il était déjà inconscient. C’est une route qu’il connaît bien, c’est la troisième fois qu’il la suit. La première fois en débarquant de l’ Amazone, le vendredi 20 mai, puis exactement deux mois plus tard, pour reprendre le train du nord. Et maintenant… J’avance le long de la rue étroite, comme si je touchais au but, que tout allait s’éclairer. Comme si j’allais trouver le Disparu, une trace, un signe, une fleur tremblotant dans le vent d’une cour, un arbre sous lequel il s’est assis, un nom gravé sur une pierre. Chaque maison, chaque fenêtre, chaque porte est témoin.

Au bout de la rue, jouxtant l’ancienne prison des bagnards transformée en archives ou en musée, l’hôpital dresse ses grands murs de béton blanc coulés sur la poussière de la démolition. Il ne subsiste plus rien de l’ancien hôpital. J’ai erré sans but dans les couloirs, dans ce qui reste du jardin entre deux parkings. J’ai lu l’inscription: «Ici, le poète… termina son aventure terrestre.» L’amphithéâtre Arthur-Rimbaud. Dans la salle des pas perdus, un Arabe vêtu d’un jogging-pyjama, pieds nus dans des sneakers blancs, écoute son transistor. Son visage est émacié, creusé par la souffrance. Il porte lui aussi une petite moustache, et ses cheveux sont coupés très court, comme un bagnard. Il écoute sa musique, et son regard est doux, rêveur, comme s’il était loin d’ici, dans les Aurès. «Allah Kerim!»

Et lui, l’autre, a-t-il boitillé jusqu’aux grands platanes de l’entrée, appuyé sur sa béquille, pour s’asseoir à l’ombre fraîche? A-t-il marché, appuyé au bras d’Isabelle, en se mordant la lèvre pour ne pas crier, jusqu’au bout du jardin, pour regarder la mer au loin, entre les toits de la ville et les collines, confondue à la taie laiteuse du ciel?

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