Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

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«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

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C’est son autre sujet, les Anglais. Anna leur voue une détestation profonde, irraisonnée, irrémédiable. Quand l’eau manque au couvent, c’est le voisin anglais qui a ouvert les vannes de sa piscine. Le prix du sucre, la misère, le fléau du tourisme, la sécheresse, les cyclones, toutes les calamités sont causées par les Anglais. «Ils sont arrogants. Ils sont méprisants. Ils sont insolents. Quand ils viennent à Maurice, ils affectent de ne pas comprendre le français. Il faut que nous leur parlions en anglais. Ils continuent à croire qu’ils sont les maîtres de l’univers.»

Une seule femme anglaise trouve grâce à ses yeux: Florence Nightingale. Anna a lu toutes ses lettres. «La seule qui ait osé tenir tête à Victoria, et dire le prix que l’Angleterre a fait payer à l’Inde pour la construction des chemins de fer. Les millions imposés au gouvernement de l’Inde, alors que le peuple mourait de faim et d’épidémies.»

Une des anecdotes qu’elle préfère, c’est l’annonce de l’invasion japonaise à Maurice pendant la dernière guerre. Jusque-là, la guerre était une chimère. Ça se passait ailleurs, même si on faisait grise mine, ou mine de s’engager. Puis il y a eu la nouvelle: les Japonais arrivent! Les uns s’enfermaient chez eux, avec des provisions de riz et de farine, après avoir cloué les volets. Les autres organisaient la résistance passive. Anna prétend même qu’il y en eut pour s’entraîner à prononcer quelques mots de bienvenue en japonais. Seuls les gens du peuple continuaient à vaquer à leurs occupations. Pour eux, c’était toujours le temps des restrictions.

Les Japonais ne sont jamais arrivés, mais la fin de la guerre fut marquée par une épidémie de grippe espagnole et de coqueluche qui tua en grand nombre. C’est alors que la vieille Yaya mourut. Elle fut enterrée dans le jardin du couvent, non loin de la maison que le Patriarche avait fait construire pour elle.

Chaque après-midi, je suis au rendez-vous. J’oublie tout le reste, l’enquête que je suis venu faire à Maurice, la recherche de Léon. Mais peut-être que c’est pour Anna que je suis venu, sans m’en douter.

Je voulais retrouver la trace des disparus, de Léon et de celle que j’ai appelée Suryavati, j’ai voulu voir de mes yeux ce qu’ils avaient connu, Médine, Anna, Mahébourg, Ville-Noire, et aussi Plate, l’îlot Gabriel. Maintenant je comprends que tout cela est vivant dans Anna. Elle a survécu à ce temps, et tout est dans son regard, dans sa voix, sa façon de se tenir bien droite, son vieux visage tanné perché très haut sur son cou maigre de tortue.

De temps à autre, des Indiennes viennent, lentes et drapées comme des reines dans leurs saris brillants. Elles parlent à Anna en créole, en bhojpuri, elles restent un moment, assises sur les chaises de jardin que Christina a apportées avec le thé. Elles viennent pour bavarder, parfois pour demander une aide, ou un peu d’argent. Pour une femme d’une cinquantaine d’années, en butte aux tracasseries de l’administration, Anna écrit de sa main une lettre: «C’est pourquoi, Monsieur le Directeur, je vous saurais gré infiniment si vous aviez la bonté de…» Elle sait manier ces circonlocutions sans peser. Et puis il y a le prestige du nom d’Archambau. «Qu’au moins il serve à quelque chose, ce nom, après tout.»

Ces visites ont un air d’ancienne majesté, comme s’il passait quelque chose du temps de la maison d’Anna, quand le Patriarche n’avait encore rien détruit, et qu’il restait sur cette partie de l’île la couleur chaude d’un bonheur qu’on croyait infini. Mon cœur bat plus fort, comme lorsque j’avançais sur la pente du volcan, sur Plate, et que je voyais s’ouvrir devant moi la baie des Palissades. C’est bien cela que je suis venu chercher à Maurice. Grâce à Anna, je touche enfin au souvenir de la Quarantaine, à cet instant où Jacques et Suzanne s’éloignent, tandis que Léon et Surya sont restés sur le rivage.

Le jour décroît, et le jardin est plongé dans une lumière d’or. C’est le moment du jour qu’Anna préfère. Elle appelle cela sa «poudre d’or». À Médine, à Anna, tout avait cette couleur. Les montagnes faisaient une ombre mauve. Jacques installait son chevalet face au Rempart, il peignait à l’aquarelle. Noël et Anna venaient regarder, et Jacques expliquait: «Si vous n’êtes pas sûrs de la couleur, clignez des yeux, et vous verrez l’or, et l’ombre mauve.»

J’ai gardé un seul tableau, celui que ma grand-mère Suzanne avait accroché dans sa chambre, au-dessus de son lit, et qui représente un coin de rivière, du côté de Beaux-Songes, avec au loin la ligne des montagnes, les pics des Trois Mamelles. Au premier plan, il y a deux silhouettes d’enfants, avec robes longues et chapeaux ronds identiques, comme si c’étaient des jumeaux. L’un est Noël, mon père, l’autre est Anna. Mon père blond comme du chaume, et Anna avec sa masse de cheveux noirs, pareille à une Indienne.

C’est l’heure avant les moustiques. Soudain Anna lève la main. «Écoute.» Loin, par-dessus les murs du couvent et les rues grouillantes de Mahébourg, portée par le vent faible de la fin de la journée, j’entends la voix du muezzin qui appelle les fidèles à la prière.

«Je ne pourrais jamais vivre dans un endroit où je n’entendrais pas cette voix», murmure Anna. Son visage est impassible, mais son regard rêve, sous l’émotion que diffuse le mince filet de voix du muezzin. «J’entendais cette voix autrefois, quand j’étais enfant, à Médine. C’était un vieil homme qui montait sur le toit de la sucrerie. Il avait une voix si claire qu’on l’entendait partout, dans les champs, dans le village, et jusque chez nous. C’était surtout la prière du soir que j’aimais. C’était très doux, rien que de l’entendre on se sentait mieux, on savait que Dieu écoutait.»

Dans le fond du jardin, dans l’ombre des plantains géants, je devine la silhouette de la folle. Elle nous guette. Elle marche en écrasant des tiges, et je vois Anna qui tressaille. Malgré ce qu’elle dit, aurait-elle peur? Quand l’heure du départ approche, la folle marche rageusement, elle passe derrière Anna, j’entends les insultes qui débordent de sa bouche pâteuse. Toujours le même refrain: «Archambau, charogne.»

Comment vivre sans Anna? Comment survivre? Ce soir, malgré ses recommandations, j’ai ouvert le vieux cahier d’écolier, où elle a écrit de son écriture un peu penchée l’histoire de Sita.

L’encre a pâli par endroits, le papier a jauni. C’est le papier de paille cassant du début du siècle, qui s’effrite sous les doigts. C’est un miracle que le cahier existe encore.

Qui est Sita? Anna n’écrit pas comme elle parle. Il n’y a rien de mordant, rien de destructeur dans ces pages. C’est l’histoire simple d’une jeune fille qui a grandi à Médine, d’une jeune fille qui a été sa meilleure, sa seule amie, son secret.

Ainsi commence l’histoire, par ces mots qui restent en moi comme la première phrase d’un roman qu’elle n’aura pas écrit: «J’avais une amie secrète.»

À personne, elle n’a dit cela. Chaque jour, après la classe et l’instruction religieuse dispensée dans la maison d’Anna par une institutrice française originaire de Bordeaux, Anna court à travers les champs de cannes, jusqu’à son rendez-vous.

Sita a le même âge qu’elle, mais à treize ans elle est déjà presque une femme. Elle est belle, Anna est éblouie. C’est d’abord à cause de sa beauté qu’Anna a voulu devenir son amie. L’après-midi, Sita est libre, elle n’a plus de corvées à la ferme, elle peut venir s’asseoir à l’ombre du grand multipliant, près de la sucrerie. Anna n’est plus la solitaire, la sauvage, enfermée dans la prison de cette maison trop grande, tandis que grondent l’orage, la menace d’expulsion, la reddition de comptes.

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