Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

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«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

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Pourquoi m’a-t-elle accepté, moi, et non pas les autres? Quand j’ai raconté à cette cousine installée à Londres que j’allais à Maurice pour rencontrer la tante Anna, elle a poussé de hauts cris: «Anna? Elle ne te recevra même pas!» Elle a dit qu’elle était devenue folle, qu’elle ne sortait du couvent que pour aller empoisonner les chiens du quartier. Elle a ajouté que si elle n’était pas la petite fille du Patriarche, il y a longtemps qu’on l’aurait enfermée.

Je connais sa réputation de folie. Mon père m’avait raconté l’épisode de son invitation à une réception au Réduit, en l’honneur d’une princesse de la famille royale d’Angleterre. Anna avait fait répondre que, même si la princesse venait chez elle à Quatre-Bornes, elle n’aurait sans doute pas le temps de la recevoir. La petite-fille du chef de la Synarchie, anobli par le roi, dont le nom figurait sur une rue de Curepipe, répondant ainsi à une invitation officielle! On en avait ri, mais on ne lui avait pas pardonné.

Elle ne m’a posé aucune question. Elle est sûrement au courant de tout ce qui me concerne, mes études de médecine, mon mariage avec Andréa et puis mon divorce difficile, cette vie un peu à vau-l’eau, à Paris, en Afrique, en Amérique centrale. Mon père lui écrivait tous les mois, une longue lettre sur du papier machine, et depuis toujours elle lui répondait, exclusivement sur aérogramme, parce qu’elle a peur qu’on ne décolle les timbres pour les voler. Quand mon père est mort, il y a deux ans, elle a envoyé à ma mère un de ces aérogrammes, où elle déguisait sa peine sous l’humour. Elle a cessé aussi d’expédier le journal Le Ceméen, où elle soulignait les événements qui lui semblaient marquants. C’était comme si le dernier lien qui m’unissait à Maurice s’était rompu.

À quatre heures, Christina apporte le thé sous la varangue. En mon honneur, elle a sorti le coffret à thé de style chinois, dernier souvenir de la maison d’Anna, une boîte en osier capitonnée de satin rouge dans laquelle sont rangées la théière à col de cygne et les tasses de vieux saxe ornées de dragons. Anna m’a fait observer que le bec de la théière a été cassé en deux endroits et habilement recollé. «Ça s’est passé un peu avant ton arrivée. J’ai fait comme si je n’avais rien vu.»

Le thé est fort, couleur d’encre, âpre, sans ce parfum de vanille qu’on y met dans les hôtels pour faire exotique. Comme je demande à Anna le nom de cette variété, elle dit, avec son ironie coutumière: «Ça s’appelle dité. Je vais chez le Chinois, et je lui dis: donne-moi én’ paqué dité.»

Je sais qu’elle aime bien ces moments. Le soleil décline, les petites filles ont mis des tabliers et des chapeaux de paille pour arroser le jardin. Le pavillon d’Anna est au bout du terrain, face au levant. C’est son grand-père qui l’a fait construire, pour qu’il serve de refuge à la vieille Yaya, sa nourrice. Maintenant c’est Anna qui l’occupe. À sa mort, il reviendra aux bonnes sœurs.

Elle parle un peu du temps jadis, là-bas, à Médine. C’est si loin qu’il me semble que tout cela s’est passé dans un autre monde, au cœur de l’Inde, ou en Chine. Elle raconte les parties de pêche avec mon père, dans l’anse de Tamarin, dans la rivière du Rempart. Garçons et filles dans l’eau jusqu’à mi-cuisse, les filles tenant leur longue robe relevée pour servir de filet aux chevrettes. «Tu ne me croiras pas, ton père était frileux et craintif comme une fille, je l’arrosais et il se mettait à pleurer!» Elle habitait la maison de la Comète avec son père et la nourrice. Sa mère était morte quand elle était encore un bébé, comme mon arrière grand-mère Amalia, d’une pneumonie. C’est la vieille Yaya qui l’a élevée. Le Patriarche ne venait pas souvent. Il restait à Port-Louis, dans son bureau de la rue du Rempart, d’où il gérait la sucrerie, les affaires. Il avait mis toutes les terres en fermage, et percevait après la coupe la moitié des revenus, en échange du service du moulin. Il payait tout: la main-d’œuvre, les sacs, le transport jusqu’aux quais et les entrepôts. Pour être sûr que ses terres ne reviennent jamais à la descendance d’Antoine, il avait tout hypothéqué. Les champs, l’usine, et même les maisons d’Anna.

C’est comme cela qu’un beau jour la propriété avait été saisie et vendue à la banque dont il était le principal actionnaire, à la condition qu’il puisse habiter la maison d’Anna jusqu’à sa mort. Mais de son propre fils, et d’Anna, il ne s’était pas soucié. C’était comme si le monde devait s’arrêter après lui.

Anna ne m’a jamais parlé de tout cela. C’est de l’histoire ancienne. À la mort de mon père, j’ai retrouvé parmi sa correspondance le récit qu’elle avait fait de leur départ de la maison d’Anna. C’était en été, à la veille d’un cyclone. Sous un ciel d’encre, mon grand-père et mon père avaient chargé leurs affaires dans le char à bancs, parce qu’il ne restait même plus de voiture. Suzanne était déjà dans la maison de Floréal, attendant sous la varangue, dans la chaleur lourde de la tempête. La route de Médine à Floréal était longue, les chevaux avaient du mal à gravir la côte vers Beaux-Songes. Le vent soufflait sur les jeunes cannes, ils croyaient qu’ils n’arriveraient jamais. Les pics des Trois Mamelles étaient des crocs noirs plantés dans la masse des nuages, l’horizon zébré d’éclairs, on aurait dit que la nuit tombait. Anna partait avec eux, son père était déjà malade, enfermé dans la maison de Floréal. Anna et mon père se serraient l’un contre l’autre, comme s’ils étaient frère et sœur, augmentant ensemble leur peur. Dans sa lettre, Anna lui disait: «Tu te souviens? Nous croyions arriver en enfer.»

À présent, il ne reste rien de tout cela. Juste quelque chose d’endurci, de noué à l’intérieur, comme la peau qui recouvre une ancienne blessure. Quelque chose sur son visage de vieille Indienne, dans ses iris vert d’eau. Et cet humour amer, quand j’ai dit que j’allais à Médine: «Il n’y a plus rien là-bas!»

Anna préfère parler de ses contemporains. Elle détaille leurs manies, leurs défauts, leur folie des grandeurs. Les Archambau ont eu bien des vices, mais jamais celui de s’inventer une noblesse! Quelqu’un avait proposé au vieil oncle (il venait juste d’être siré par le roi Edouard VII) d’acheter un titre de noblesse. Il aurait eu droit à ajouter Du Jardin à son nom! «Du Jardin! aurait-il persiflé. Pourquoi pas de l’Étable, ou de l’Écurie!»

Anna a une façon bien à elle de résumer l’origine de la plupart des petits nobles de Maurice. Quand ils venaient faire inscrire leurs noms sur les registres de la Compagnie, à Lorient, on leur demandait: «Ton nom? — Nicolas. — Ton lieu de naissance? — Kerbasquin.» Le scribe notait sur le rôle: Nicolas de Kerbasquin.

Elle se moque de leurs châteaux, de leurs fêtes, de leurs domestiques créoles qu’ils déguisent en valets Louis XV, avec gants blancs et perruques poudrées, de leurs bals et de leurs courses, de leurs campements et de leurs «chassés» — qu’elle appelle des boucheries.

Elle a une anecdote comique pour chacun. Quand elle a su que j’avais l’intention de visiter la maison de corail de Robert-Edward Hait, elle m’a raconté sa rencontre avec le poète alors qu’elle avait vingt ans. Un jour, dans le train vers Port-Louis, un homme un peu gros s’est assis devant elle, s’est présenté, et a commencé à faire le galant. Anna l’a arrêté tout de suite: «Monsieur, inutile. Sachez que je ne vous épouserai jamais.»

Du reste, les grands hommes l’indiffèrent ou l’exaspèrent, à l’exception du Père Duval, qui sauvait les esclaves, et du Mahatma Gandhi qu’elle regrette de n’avoir pas rencontré lorsqu’il est venu à Maurice, en 1903 (mais elle avait à peine douze ans!), habillé en «engagé» du sucre. «Mais ce sont les Anglais qui ont intrigué pour que sa venue reste secrète, pour que les Mauriciens soient tenus à l’écart.»

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