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Jean-Marie Le Clézio: Ritournelle de la faim

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Jean-Marie Le Clézio Ritournelle de la faim

Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du , a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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Quelque chose a changé dans le ton. Ou est-ce Éthel qui est devenue soudain, à l’adolescence, plus attentive à ce qui se disait dans le salon des Brun ? Un durcissement, aurait-on dit, une âpreté. Alexandre avait toujours eu sa marotte de la révolution anarchiste, du Grand Soir où Paris serait mis à feu et à sang, où on pendrait les bourgeois et les propriétaires à la lanterne des carrefours. C’était même, du plus loin qu’Éthel se souvînt, un sujet de plaisanterie dans la famille. Quand il s’ennuyait, ou à la suite d’une de ses disputes avec Justine, il frappait à la porte de la chambre d’Éthel : « Fais ton sac, demain nous partons à la campagne, ça va être le Grand Soir. » Elle essayait de résister : « Mais l’école, papa ? » Lui, péremptoire : « Je ne tiens pas à être dans Paris quand ça va brûler. » Ils allaient toujours au même endroit, une petite maison de campagne qu’Alexandre louait à l’année à côté de la forêt, à La Ferté-Alais. Il allait voir voler les avions. Dans le jardin de la maison, il avait construit, avec l’aide d’un menuisier local, du nom de Bijart, la maquette d’un dirigeable à ailes qui, selon ses dires, rendrait définitivement caduc le plus lourd que l’air. « Des billevesées, avait grommelé Monsieur Soliman, un jour qu’Éthel lui parlait des plans de son père. Voilà à quoi il passe son temps, au lieu de travailler. » Éthel n’en avait plus jamais parlé. Mais elle aimait bien aller au champ d’aviation, sa main dans la main de son père, et marcher dans la boue au milieu de ces étranges machines aux ailes levées, avec leurs hélices immobiles. Elle connaissait tous leurs noms, Latécoère, Breguet, Hotchkiss, Paleron, Voisin, Humber, Ryan, Farman. Un jour avec son père, elle a vu le Caudron-Renault piloté par Hélène Boucher. C’était quelques mois avant sa mort, en juin ou juillet 1934. Un avion qui lui a paru géant avec son museau de requin et ses ailes courtes, et son unique hélice d’aluminium. Éthel rêvait de rencontrer Hélène, de faire comme elle. Alexandre a eu un sourire. « On ira à Orly la voir voler, c’est promis. » Mais ils n’y sont jamais allés, peut-être est-ce le temps qui a manqué.

On sentait une sorte de hâte, comme si on se dépêchait d’en finir. Mais de finir de quoi ? Éthel écoutait les adultes parler, remuer leurs idées. Cela se passait après le repas, quand la bonne Ida venait de desservir. Alexandre organisait le débat à la façon d’une pièce de théâtre. D’un côté les Mauriciens-Réunionnais, de l’autre les étrangers, les Parisiens, ou assimilés. La question portait sur l’actualité, mais tout de suite la conversation débordait, c’était un affrontement de personnalités, d’idéologies, de professions de foi. Éthel aurait voulu tout écrire, tant elle trouvait cela insensé, ridicule.

« Kerenski l’a compris, il l’a dit, mais personne ne l’écoute. Il sait de quoi il parle, il était là au début, quand les bolchevistes ont pris le pouvoir.

— La révolution était inévitable. Mais seul Kerenski pouvait en faire quelque chose, dompter la bête. C’était leur Mirabeau.

— Oui, mais les Mirabeau, on sait ce qui leur arrive.

— Évidemment tout le monde l’a laissé tomber, on s’en lave les mains, c’est comme à Locarno. »

Suivaient des brouhahas, des moments où tout le monde criait en même temps. Puis des silences épais. Éthel regardait sa mère qui cherchait un moyen de reprendre sur un ton plus neutre. Qui lançait des amorces : « … Moi, ce qui m’inquiète, c’est plutôt le présent, le prix de la vie, les augmentations. » Elle était contrecarrée immédiatement par Talon : « Les augmentations, ça n’est pas inquiétant, c’est un bon signe économique, madame. La vérité, ce qui doit vous inquiéter, c’est la déflation, la diminution du prix de la vie. Regardez dans votre cabas quand vous faites votre marché, s’il y a davantage de fruits, de légumes et de viande, et pour le même prix, ce n’est pas le moment de vous réjouir, mais de vous inquiéter. »

Là, le colonel Rouart, la générale Lemercier et les autres se récriaient. Il y avait ceux qui disaient : « Tout augmente ! » Et ceux qui déploraient le flottement, les risques de dévaluation, le chômage. La tante Pauline, dans un moment de calme, reprenait : « C’est donc le bon moment pour acheter. On dit que, sur la Côte d’Azur, les hôtels particuliers des beaux quartiers près de la gare se vendent à prix de famine ! » Justine : « Oui, la Côte d’Azur, vous avez vu le dessin dans Aux Écoutes ? Un journaliste demande à un hôtelier : Comment est la saison ? L’hôtelier lui répond : Pas brillante. Que voulez-vous, tous nos clients sont en prison ! » Mais cela ne suscitait même pas un rire. C’est à peu près à cette époque qu’Éthel a entendu prononcer le nom de Hitler. Au début ils disaient Adolf Hitler, comme ils disaient Aristide Briand, ou Pierre Laval. Parfois même, Chemin disait, elle l’avait remarqué : le chancelier, ou bien le chef de l’État allemand. Puis, peu à peu, sans doute à mesure qu’il s’installait au pouvoir et qu’il devenait une figure mondialement connue, ils disaient simplement : Hitler. De temps à autre, même, elle entendait Chemin, ou le colonel Rouart, et même sa femme, une grande femme aux traits anguleux et coiffée d’un chapeau à voilette, qu’on appelait la colonelle, dire : « Le Führer », qu’elle prononçait comme « fureur », et Éthel s’était demandé si le mot avait le même sens en allemand.

« Hitler a dit… » « Hitler a fait… » Un soir, Justine avait allumé le poste de T. S. F. dans le salon, et cette voix étrange s’était fait entendre, haut perchée, un peu rauque, qui faisait un discours, par instants couverte par le bruit des applaudissements ou par de la friture, il n’était pas facile de distinguer. Comme Éthel s’arrêtait pour écouter, sa mère a dit : « C’est Hitler. » Elle avait ajouté, ce qui avait fait un peu ricaner Alexandre : « J’ai horreur de cette voix, ça me donne des frissons… » Une voix comme une autre, a pensé Éthel, elle a même trouvé que cette voix ressemblait étrangement à celle de Chemin.

Plus tard, quand tout aura sombré, Éthel essaiera de se souvenir de ces après-midi du dimanche dans le salon de ses parents, et le silence du présent fera ressortir encore davantage le bruit de ces réunions, les exclamations des tantes, leurs rires, le tintement des petites cuillers dans les tasses de café, et jusqu’aux « instants musicaux » qu’Alexandre avait institués, et qui émaillaient les conversations. Les sonates de Schumann, les morceaux de Schubert, de Grieg, de Massenet, de Rimski-Korsakov. Éthel attendait avec impatience ces parenthèses, elle s’asseyait au piano et elle jouait pour accompagner son père à la flûte, ou au chant. Alexandre Brun avait une belle voix de baryton et, quand il chantait, son accent mauricien s’estompait, se fondait dans la musique et elle pouvait imaginer l’île des origines, le balancement des palmes dans les alizés, le bruit de la mer sur les récifs, le chant des martins et des tourterelles au bord des champs de cannes. La cathédrale engloutie devenait un vaisseau sombré au large, dans la baie du Tombeau peut-être, et la cloche qu’on entendait était celle de la dunette sur laquelle un marin fantôme sonnait les quarts. Une fois ou deux, dans son enfance, la belle Maude avait fait une apparition, entre deux pièces chantées, vêtue d’une robe éclatante, bleu pétrole ou noir de nuit, portant des créoles d’or aux oreilles, auréolée de son opulente chevelure rousse qui cachait, à ce qu’on disait, de petites pinces pour tirer la peau de ses tempes. Elle avait une jolie voix quand elle chantait des airs d’Aïda ou d’ Iphigénie, mais déjà sa carrière était sur le déclin, elle ne se produisait plus guère qu’en province et, pour joindre les deux bouts, travaillait dans les ateliers de costumes pour le théâtre. Éthel avait compris très tôt la place qu’elle avait occupée dans la vie de son père. Cela remontait au temps d’avant sa naissance, mais les conséquences de cette histoire duraient encore. Il y avait eu des vagues, et même de la tempête, et le navire du mariage de ses parents avait été plusieurs fois sur le point de sombrer. Puis le temps avait tout recouvert d’huile, et seuls quelques frissons passagers pouvaient encore troubler cette surface très lisse. Maude avait disparu pendant des années, Éthel avait entendu parler de son aventure avec un banquier, de son voyage. Quand elle était entrée dans le salon des Brun sans s’être fait annoncer, il y avait eu un instant de stupeur. Éthel, le cœur battant, attendait la voix haute et fine de Maude, même si celle-ci, sur les notes trop hautes, faisait un « flat » ou s’effilochait. Alexandre Brun, par une sorte d’agrément tacite, n’avait jamais chanté en public avec elle.

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