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Jean-Marie Le Clézio: Ritournelle de la faim

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Jean-Marie Le Clézio Ritournelle de la faim

Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du , a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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Pour lui plaire, Éthel a acheté une méthode de russe. Elle s’entraînait le soir, dans son lit. Elle répétait « ia liou-bliou », et les leçons qui s’enchaînaient sans logique, mais elle ne gardait que ce qu’elle voulait, conjuguer le verbe aimer. Un jour, dans l’atelier de la rue Geoffroy-Marie, elle s’est lancée, elle a dit à Mme Chavirov : « Kak pajivaietie ? » Et comme la comtesse s’extasiait, Xénia s’est moquée, de sa voix très sarcastique : « Oui, Éthel parle très bien, elle sait dire Kak pajivaietie, et puis ia znaïou gavarit pa rousski, et aussi gdie toiliet ? » Éthel a senti son visage devenir très rouge, elle n’était pas sûre d’éprouver de la colère ou de la honte. Xénia maniait très bien l’offense et la caresse, elle avait appris cela depuis son enfance, pour survivre. Quelque temps après, au hasard de leurs promenades dans les rues de Paris, dans les jardins du Luxembourg, elle a donné une leçon particulière à Éthel, mais c’était particulier en effet, il n’y était question que d’amour, une suite de phrases sans aucune application pratique. Elle faisait répéter : ia doumaïou chto ana ievo lioubit, je crois bien qu’elle l’aime, ia znaïou chto on ieïo lioubit, je sais qu’il l’aime, et puis, lioubov, vlioubliommyï, vlioublionna, elle disait ces mots en glissant longuement sur la syllabe finale, et daragaïa, maïa daragaïa padrouga. Elle fermait à demi les yeux, disait : kharacho, mnie kharachooo… Elle se tournait vers Éthel : ty, davolnaïa ? Est-ce que tu es contente ?

En juillet, l’allée des Cygnes était loin de tout, perdue au milieu de la Seine. C’est là que Xénia donnait ses rendez-vous. Elle ne disait jamais, comme les autres filles : « Alors, à demain, à la même heure… » Elle tournait les talons et elle s’éloignait vite, à grands pas, elle disparaissait en un instant dans la foule de la rue de Rennes, du boulevard du Montparnasse. Éthel sortait tôt, l’air affairé : « Où vas-tu ? » demandait Justine, et elle restait évasive : « Faire des courses avec une amie. » Elle n’inventait pas de gros mensonges, elle ne parlait pas de leçons de piano, de répétitions à la chorale.

Elle arrivait sur l’île en descendant l’escalier du pont du métro aérien. Le matin, la longue allée était déserte, l’ombre des frênes très fraîche. Parfois, elle voyait une silhouette au loin, au bout de l’allée. Des hommes seuls, pas très rassurants. Elle marchait vers eux, d’un pas décidé, comme si elle n’avait pas peur. C’était Xénia qui lui avait appris : « Si tu marches comme ça, sans hésiter, c’est toi qui leur fais peur. Surtout, il ne faut pas ralentir, ne pas regarder. Tu fixes un point imaginaire, tu imagines que quelqu’un t’attend. » Ça devait réussir, puisque personne ne l’abordait.

Xénia l’attendait toujours au même endroit. Elle l’appelait l’arbre-éléphant, un très grand frêne enraciné dans la berge, dont les branches maîtresses étaient courbées au ras du fleuve, pareilles à des dents, à des trompes. Elles restaient là, debout, sans parler, à regarder l’eau verte et les cheveux bruns qui ondulaient dans le courant. Puis elles s’asseyaient sur un banc, à l’ombre des platanes, voyant glisser les péniches, celles qui remontaient la Seine en repoussant une vague jaune, celles amarrées de l’autre côté, le long du quai. Elles parlaient de partir. Xénia voulait le Canada, la neige, les forêts. Elle imaginait un grand amour avec un garçon qui posséderait des terres, un haras. En réalité, son grand amour, c’étaient les chevaux, comme ceux qu’on montait autrefois en Russie, dans le domaine de son père. Éthel parlait de Maurice, de la propriété d’Alma comme si cela existait encore. Elle racontait la collecte des fruits zako, les graines de baobab, et les baignades dans les ruisseaux froids, au milieu de la forêt. Elle en parlait comme si elle l’avait vécu, mais c’étaient les bribes qu’elle avait recueillies de la bouche de la tante Milou, de la tante Pauline, les éclats de voix d’Alexandre quand il parlait créole. Xénia n’écoutait pas vraiment. Parfois elle coupait court. Elle montrait la ville qui bouillait de l’autre côté du fleuve, le pont arqué où roulent les trains, la silhouette de la tour Eiffel, les immeubles. « Pour moi, c’est ici que tout se passe. Les souvenirs, ça me donne mal au cœur. Je veux changer de vie, je ne veux pas vivre comme une mendiante. »

Elle ne parlait pas encore de fiancé, de mariage. Mais sur son visage, on pouvait lire sa détermination. Il était clair qu’elle avait construit sa vie, qu’elle avait déjà tout arrêté d’avance. Elle ne laisserait personne troubler sa chance.

Conversations de salon

Le salon de la rue du Cotentin n’était pas très grand, mais chaque premier dimanche du mois, à midi et demi, il s’emplissait des visiteurs, parents, amis, relations de passage, qu’Alexandre Brun invitait à déjeuner et à passer l’après-midi. C’était un rituel auquel le père d’Éthel n’aurait pas voulu manquer. À Monsieur Soliman qui critiquait ces réunions, disant qu’elles fatiguaient sa nièce et qu’elles coûtaient cher, Alexandre répondait : « Mon cher, un avocat n’existerait pas sans ces mondanités, elles sont son terrain de chasse. » Monsieur Soliman haussait les épaules. Alexandre en arrivant de Maurice avait en effet accompli ses études de droit, mais il n’en avait rien fait. Il n’avait jamais plaidé et s’était contenté de faire des affaires, investissant l’argent de son héritage dans des projets fumeux, dans l’achat de parts et d’actions de sociétés en faillite. Mais il était artiste, bon chanteur, bon musicien, avait de la faconde, portait beau avec ses moustaches en croc et sa masse de cheveux noirs, ses yeux bleus, sa haute stature, et les réunions du dimanche étaient toujours un succès. Justine était très amoureuse de son mari et, pour ne pas lui faire de peine, Monsieur Soliman ne formulait pas ses critiques en public. Il évitait simplement les réunions du salon, prétextant une indisposition, une occupation, ou simplement un contretemps. Alexandre n’était pas dupe, mais il n’était pas homme à se laisser décontenancer. Il entretenait avec son oncle par alliance des relations distantes, courtoises, un peu ironiques, que ses façons exotiques, sa bonne humeur et surtout son accent créole rendaient très peu dramatiques.

Éthel avait toujours connu l’ambiance de ces réunions, cela faisait partie de sa vie familiale, du décor de son enfance. Petite, elle déjeunait vite, et se juchait sur les genoux de son père pour la partie la plus longue de l’après-midi, quand il s’asseyait dans son fauteuil de cuir pour discuter avec ses invités. Il fumait alors cigarette sur cigarette, qu’il roulait lui-même dans une petite machine. Éthel avait le privilège de prendre les pincées de tabac noir et de les serrer sur la bande de caoutchouc entre les rouleaux, puis de lécher soigneusement le bord de la feuille de papier Job — tout cela sous l’œil réprobateur de sa mère, qui n’osait rien dire, et parfois le sarcasme d’un invité : « Il ne faudra pas s’étonner plus tard si elle fume la pipe comme George Sand ou Rosa Bonheur ! » Alexandre ne se laissait pas démonter : « Et quel mal à cela ? Nous avons bien une locataire qui fume le cigare et met des pantalons ! » Mlle Decoux, une originale. Dans son atelier, au rez-de-chaussée de la rue du Cotentin, de l’autre côté du jardin, elle sculptait dans la pierre des silhouettes d’animaux, principalement des chiens et des chats. Son comportement et sa façon de s’habiller et sa tabagie offusquaient beaucoup de gens dans le quartier, mais elle était vive et gentille, et pour cela Monsieur Soliman n’avait pas hésité à l’héberger, même si elle ne payait pas très régulièrement son loyer. Parfois il emmenait Éthel rendre visite à Mlle Decoux. Dans la grande pièce éclairée par un jour pâle venant des verrières, Éthel circulait au milieu des animaux figés dans leur pose, chats à l’affût ou dormant, chiens fous, chiens assis, chiens couchés, les pattes avant bien droites devant eux, la tête dans une posture hiératique. Au milieu des statues, des formes furtives circulaient, couraient se cacher dans les coins, effleuraient les mollets d’Éthel par-derrière, une partie de la ménagerie vivante de Mlle Decoux, composée surtout de chats errants qu’elle recueillait et nourrissait, avant de les donner à qui en voulait.

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