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Jean-Marie Le Clézio: Ritournelle de la faim

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Jean-Marie Le Clézio Ritournelle de la faim

Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du , a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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Et puis, tout d’un coup, elles sont devenues les meilleures amies du monde. Elles ne se quittaient plus, elles étaient toujours ensemble. Quand elle se levait, le matin, avant l’heure, Éthel sentait son cœur gonflé de bonheur à l’idée de rencontrer Xénia dans la journée. Elle en oubliait tout. Les tantes se plaignaient : « Tu ne viens plus nous voir, tu n’es pas fâchée, j’espère ? » Elle passait un peu le samedi après-midi, après l’éducation religieuse, avant la leçon de piano. Elle entrait en coup de vent dans le vieil appartement de Monsieur Soliman, à présent occupé par la tante Willelmine, elle embrassait la vieille dame, grignotait un biscuit, sirotait le thé à la vanille, puis s’en allait en descendant l’escalier quatre à quatre, pour ne pas avoir à attendre l’ascenseur. Elle séchait le cours de piano pour retrouver Xénia sur le boulevard des Italiens. Elles allaient lécher les vitrines. Xénia faisait plus grande que son âge, elle tirait une certaine vanité d’être remarquée par les hommes, alors qu’Éthel trouvait cela parfaitement ridicule. « Mais tu as vu celui-là, tu as vu comme il t’a regardée ? Ce vieux dégoûtant ! » Tout à coup, elle se mettait en colère : « Eh bien ce monsieur-là, je vais lui dire deux mots ! Enfin, tu te rends compte, il t’a croisée et maintenant il est derrière nous, comme un petit chien ! Il n’a rien de mieux à faire ! » Xénia avait un petit sourire satisfait qui n’arrangeait rien. Elle parlait de toutes ces choses avec un peu de condescendance, elle laissait entendre qu’elle en savait long sur les hommes, sur ce qu’ils valent en général, sur leur frivolité. Un jour, elle a même dit à Éthel : « Au fond, tu es très naïve. » Éthel s’est sentie mortifiée, elle voulait répondre, mais elle n’a pas su quoi dire. Ce n’était pas vrai qu’elle était naïve, a-t-elle pensé. Il lui aurait fallu parler de la relation entre son père et sa mère, de leurs disputes, de Maude, de la place que cette femme avait tenue dans sa famille, de la ruine qui était entrée. Mais tout cela était si peu de choses à côté du destin tragique des Chavirov, elle n’aurait jamais osé se comparer à Xénia.

Éthel tenait trop à son amitié. C’était un miracle. Toutes les filles, à l’école, devaient en être jalouses. Sa beauté, son mystère, ce nom de Xénia qu’elle prononçait avec un ch très doux, ce nom de Chavirov, qui faisait songer au naufrage de son histoire. Pour elle, pour lui plaire, Éthel avait changé son caractère. Elle plutôt pessimiste, renfermée, transformait sa personne au moment de rencontrer Xénia. Elle se faisait drôle, légère, insouciante. Elle jouait à être naïve, puisque c’était la qualité que lui reconnaissait son amie. Elle avait noté dans un carnet des idées, des historiettes, des choses entendues à la maison, ou dans la rue. Elle devait en parler avec Xénia, lui demander son avis. Les trois quarts du temps, Xénia n’écoutait pas. Elle regardait Éthel, l’air de penser à autre chose. Ou bien elle coupait : « Tu compliques trop la vie. » Elle ajoutait, avec un petit ricanement qui faisait mal — mais il ne fallait surtout pas qu’elle le trahît : « Tu sais, Éthel, la vie réelle est déjà bien assez difficile comme ça, on n’a pas besoin d’en remettre. » Éthel baissait la tête, elle acceptait. « Tu as raison, toi tu vois tout de suite les choses comme elles sont. C’est pour ça que je suis ton amie. »

C’était venu depuis un certain temps. Pour se rassurer, pour s’exprimer, Éthel disait maintenant très souvent ce mot. Elle qui l’avait prohibé de son vocabulaire depuis longtemps, comme si seul Monsieur Soliman avait eu droit à ces sentiments — l’amitié, l’amour, l’affection. Un jour, elle avait osé. Après une longue journée passée ensemble, à marcher dans les rues, puis sur l’allée des Cygnes, devant la Seine, par une soirée de printemps où l’air est doux. Elle regardait à la dérobée le profil de Xénia, son front haut, son petit nez aux ailes délicates, le duvet blond sur sa nuque, au-dessous du chignon, et la bouche aux lèvres ourlées et très rouges, et les cils qui faisaient une ombre sur ses joues, elle a senti un élan amoureux au fond d’elle-même, irrésistible et délicieux comme un frisson, et elle a dit très vite, sans réfléchir : « Tu sais, Xénia, je n’ai jamais eu d’amie comme toi. » Xénia n’a pas bougé pendant de longues secondes, peut-être qu’elle n’avait pas entendu. Puis elle s’est tournée vers Éthel, et le bleu gris de ses iris ressemblait à la couleur d’une mer très au nord, très lointaine. Elle a dit : « Moi non plus, chérie. » Et pour casser la solennité un peu ridicule de cet aveu, elle a ricané. « Je ne sais pas si tu as remarqué, mais nous sommes exactement dans l’endroit où les amoureux font leurs grandes déclarations ! » Et tout de suite après, elle s’est mise à parler de la couturière chez qui sa mère travaillait, une grande femme un peu hommasse, avec un nom en is — Éthel a cru qu’elle pouvait être grecque, Karvélis, mais en réalité elle était lituanienne — et qui était connue pour ses mœurs. « Enfin, tu vois ce que je veux dire, non ? ajoutait Xénia, non, c’est vrai tu ne connais pas ces choses-là, toi, je veux dire, une femme qui n’aime pas trop les hommes, une femme qui sort avec les femmes. »

Elle gesticulait un peu, et Éthel a remarqué à quel point les mains de Xénia étaient soignées, des mains de poupée aux doigts très fins, les ongles roses passés au lisseur en peau de chamois. Pourquoi racontait-elle tout cela à propos de Karvélis ? Un jour, cette femme était entrée dans la cabine où Xénia se déshabillait après avoir essayé une robe, elle avait effleuré son épaule et chuchoté : « Si tu veux, nous pourrions être (là Xénia enflait la voix et faisait rouler les r à la russe) de trrrès trrrès bonnes amies ! »

Mme Karvélis était devenue le sujet préféré de leurs plaisanteries. Sous un dehors de jeune fille délicate, aristocratique, Xénia cachait un bon sens réaliste, et même un esprit grivois qui aurait certainement choqué Justine et Alexandre, et qu’Éthel trouvait extrêmement drôle. Rien ne lui échappait. Ni les œillades de M. Borna, le surveillant, ni la démarche énamourée de Mlle Jeanson, la prof de français. Un jour qu’elle s’était affublée d’un long châle en soie couleur parme pour marcher dans la cour de l’école, Xénia a donné une bourrade à Éthel : « Tu as vu, son châle dépasse de sa veste au niveau de ses fesses ! » Elle ne riait jamais aux éclats, elle avait toujours une petite voix grinçante pour raconter des histoires auxquelles Éthel avait du mal à résister. « Quand elle marche, regarde bien, ça lui fait comme une queue qui court après son gros derrière ! »

Plusieurs fois, Éthel est allée voir Xénia à l’atelier de couture où travaillait la comtesse Chavirov. C’était à l’autre bout de Paris, rue Geoffroy-Marie, non loin de la rue La Fayette, au deuxième étage d’un immeuble, toute une aventure. Une des premières fois qu’Éthel est arrivée là, la famille Chavirov était au complet, la maman courbée sur son bâti, en train de piquer, et les filles qui tournaient devant une glace déguisées en princesses. L’atelier était sombre, extrêmement en désordre, des cartons et des coupons de tissus empilés sur le sol. Mme Kar-vélis travaillait à une table, à première vue on aurait pu la prendre pour une employée de la comtesse. Xénia avait besoin d’un public, et quand Éthel est arrivée, elle s’est déchaînée. Elle se moquait ouvertement de Karvélis, elle l’attirait par la main, dansait autour d’elle en faisant froufrouter une longue robe de demoiselle d’honneur en organdi blanc. Marina tournait aussi, un peu en retrait, comme si elle dansait devant une glace, et le long appartement résonnait de leurs rires et de leurs applaudissements. Éthel regardait la scène avec fascination. C’était dérisoire et dramatique à la fois, un tourbillon de folie emportait ces filles et leur faisait défier la tristesse et l’accablement de leur destinée. Mme Chavirov n’avait pas bougé. Elle s’était arrêtée de coudre et elle regardait le spectacle, son visage un peu gris immobile et sans expression. À un moment, Xénia est venue jusqu’à Éthel et l’a entraînée dans la danse, son corps très cambré, plaçant les mains d’Éthel contre sa taille comme si elle était le cavalier, et l’enlaçant de son bras droit, la main posée sur son épaule. Éthel sentait son corps dur, les sangles du corset, et le parfum léger de ses cheveux, mélange entre soufre et cologne, un peu piquant, un peu écœurant. À la fin de la danse, elle a embrassé Éthel sur la joue, non pas légèrement, mais d’une embrassade fougueuse, presque brutale. Ce baiser sur le bas de la joue, tout près du coin des lèvres, a fait frémir Éthel. Tout cela était du jeu, de la provocation. Tenant toujours Éthel par la main, Xénia s’est inclinée devant Karvélis, et de sa voix un peu rauque, pas très élégante, elle a dit : « J’ai une annonce à faire ! » Et comme Marina et la comtesse semblaient n’avoir pas entendu, elle a répété en forçant la voix : « Ahum, ahum ! Mesdames, j’ai une annonce à faire… Éthel et moi avons décidé de nous fiancer ! » C’était immensément drôle, Éthel debout, un peu guindée dans sa jupe et son chemisier sombres, ses cheveux bruns tirés en chignon, ses pieds à plat dans des chaussures strictes sans talons, et Xénia époustouflante dans ses voiles et ses volants blancs, ses pieds mignons dans des escarpins dorés, pareille à une mariée. Plus tard, dans la rue, marchant du côté de Rivoli, puis vers le pont du Carrousel, Xénia expliquait la vie à Éthel : « Moi, je n’ai pas de problème avec Sapho, tout ce que je demande, c’est qu’elle n’ait pas envie de moi, tu comprends ? » Éthel se retenait d’ouvrir de grands yeux. « Bien sûr, je comprends. » Tout d’un coup, elle découvrait un monde caché, la raison de cette gêne légère qu’elle ressentait lorsqu’elle se trouvait seule avec Mlle Decoux dans son atelier de sculpteur, imprégné de l’odeur du tabac et de la sueur. Cette femme épaisse aux petits yeux noirs comme des olives, et qui était toujours si familière, la tenait par le bras et l’embrassait avec une force très masculine. Elle hésitait à en parler. « Cette artiste, mon grand-oncle lui loue un atelier à côté, elle fume le cigare… » Xénia n’écoutait pas vraiment. « Fumer, ça ne veut rien dire. Est-ce qu’elle vit avec une femme ? » Éthel devait admettre qu’elle n’en savait rien. « Elle a beaucoup de chats, elle sculpte des animaux, des… » « C’est une folle alors », a tranché Xénia. Et elles n’en ont plus jamais reparlé.

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