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Jean-Marie Le Clézio: Ritournelle de la faim

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Jean-Marie Le Clézio Ritournelle de la faim

Ritournelle de la faim: краткое содержание, описание и аннотация

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« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du , a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »

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Elle imaginait Xénia, habillée de bleu électrique, ses longs cheveux d’or cascadant sur ses épaules nues, ses mains si petites, si fines, gantées de noir jusqu’aux coudes, ses pieds chaussés de sandales en cuir, de spartiates, de souliers vernis comme pour les petites filles. Toutes les deux riaient, elles se levaient, elles marchaient sur le tapis de feuilles mortes comme si c’était le grand tapis rouge d’un hôtel de mode. Elles oubliaient tout, les difficultés de la vie pour Xénia, la pauvreté pour elle et sa sœur, leur vie de mendiantes. Pour Éthel, les disputes entre son père et sa mère, les ragots qui couraient sur la liaison de son père avec Maude, et Monsieur Soliman couché sur son lit, habillé comme s’il allait partir en voyage. Éthel avait entendu la bonne Ida raconter à sa mère qu’il avait demandé qu’on l’habille chaque matin et qu’on lace ses souliers, parce qu’il savait qu’il était en train de mourir.

Elles ont pris l’habitude de venir presque chaque jour, après l’école. Afin de rester avec Xénia, Éthel mentait un peu. Elle disait qu’elle allait chez son amie, pour l’aider à faire ses devoirs de français. Jamais Xénia ne l’avait invitée chez elle. À vrai dire, Éthel ne savait même pas où elle habitait. Une ou deux fois, elles avaient marché ensemble jusqu’à la rue de Vaugirard, et Xénia avait montré vaguement la descente : « Voilà, j’habite par là. »

Éthel comprenait qu’elle ne voulait pas qu’on sache l’état de leur détresse, leur logement pitoyable. Un jour qu’elle parlait de l’endroit où elle vivait, elle avait dit en ricanant un peu : « Tu sais, notre appartement c’est comme un hangar, c’est si petit qu’on roule les matelas chaque matin pour pouvoir marcher. »

Éthel avait honte d’être riche, d’habiter un grand appartement au rez-de-chaussée, d’avoir une chambre pour elle, avec une porte-fenêtre qui s’ouvrait sur un jardin fleuri. Elle enviait l’existence de Xénia, sa sœur avec qui elle dormait, leur logement étroit, les bruits de voix, et même l’inquiétude du lendemain. Elle imaginait l’atmosphère d’une vie d’aventures, les difficultés d’argent, la quête des moyens de survivre. Les après-midi au jardin de l’Armorique, c’étaient des moments privilégiés. Elles bavardaient, assises sur le banc vermoulu, sans sentir le froid. Quand il pleuviotait, elles ouvraient leurs ombrelles et se serraient l’une contre l’autre. Parfois, quand elle arrivait directement de chez elle, Xénia apportait du thé dans une bouteille enveloppée dans un chiffon de laine, et deux gobelets d’argent, sans doute un reste de la gloire de la famille Chavirov. Éthel goûtait le thé brûlant, un peu âcre, excitant. Elles avaient des rires, même des fous rires. Pour rendre la pareille, Éthel est venue un jour avec sa théière, dans le coffret chinois pour pique-nique, celle que la tante Willelmine avait rapportée de Maurice, et lui avait donnée. Xénia a admiré le capitonnage rouge, la théière chinoise, et les mignonnes tasses sans anses, mais le thé à la vanille était trop doux pour elle, elle a fait la grimace. « Tu n’aimes pas ? » a dit Éthel, le cœur serré. Xénia a eu un petit rire. « Ce n’est rien, c’est juste du thé. Si ça ne te fait rien, il vaut mieux que j’apporte le mien, comme d’habitude. » Éthel a oublié la déconvenue. Le « comme d’habitude » était du miel dans son cœur, cela voulait dire qu’on continuerait, elle en a ressenti une telle gratitude que des larmes ont débordé de ses yeux, et elle s’est détournée pour que Xénia ne s’en rende pas compte.

Par bribes, Xénia racontait sa vie. Éthel ne l’interrogeait pas. Elle savait que Xénia ne dirait que ce qu’elle avait décidé de révéler, que ce n’étaient pas des confidences, mais une sorte de don qu’elle faisait, pour sceller leur amitié. Une sorte de pacte. Elle parlait de la grande maison des Chavirov, à Saint-Pétersbourg. Des fêtes qu’ils donnaient, où tout le monde alentour pouvait venir, nobles et fermiers, des soldats, des artisans et des artistes. Elle en parlait avec feu, comme si elle y avait été et pourtant c’était avant sa naissance, avant la révolution, quand son père et sa mère étaient jeunes mariés. Alors ils croyaient à l’idéal, ils avaient confiance dans l’ère nouvelle. Ils pensaient qu’ils vivraient toujours. Xénia a apporté une photo, déjà jaunie et tachée, comme si le temps voulait effacer cette époque. Sur la photo, Éthel a vu un jeune homme avec des cheveux longs et une barbe romantique, très brun, vêtu d’un costume élégant. À côté de lui, c’était la mère de Xénia, une jolie femme blonde coiffée d’un lourd chignon, vêtue d’une robe longue blanche à plis et d’un corsage brodé comme les paysannes. « Elle s’appelle Martina, a dit Xénia. Son costume, c’est celui des filles de Vilnius, elle est lituanienne. » Derrière les jeunes mariés, on distinguait un décor de photographe, un temple grec, des jardins suspendus. Cela avait un air d’éternel été.

Xénia se livrait un peu. Elle qui présentait généralement un visage impassible, avec un sourire figé, et cet air de se surveiller et de ne jamais rien laisser échapper, soudain s’effondrait sur l’épaule d’Éthel, et sa voix devenue rauque, étouffée, ne contrôlait plus son accent. « C’est si dur de vivre… » Elle avait une ride qui creusait son front entre les sourcils, ses yeux bleu-gris s’embuaient. Avec une solennité imprévue : « La vie quelquefois est si difficile… » Éthel serrait sa main, l’embrassait. Elle savait qu’elle ne pouvait rien dire. Sa propre vie, le fossé qui se creusait chaque jour entre son père et sa mère, et les querelles à propos de l’argent, une menace diffuse et sensible d’aller vers le désastre, tout cela n’était rien à côté de ce qu’avait vécu Xénia, la mort tragique de son père, la fuite avec sa mère et ses sœurs à travers l’Allemagne, et enfin l’arrivée en France dans cette grande ville sombre et froide où il avait fallu vivre d’expédients. Est-ce qu’Éthel aurait aimé autant Xénia s’il n’y avait pas eu ce mystère en elle, dans son enfance, dans sa vie à chaque instant ? Elle découvrait cette faiblesse, elle s’en voulait, mais elle ne savait pas y résister. L’amour se nourrissait donc de ces chimères, ce sentiment pouvait être aussi impur ? Quelquefois elle avait l’impression d’être un jouet, le jouet de ses illusions, ou le jouet de cette fille, qui alternait la tristesse et la moquerie, le cynisme et la naïveté.

Peu à peu il devenait clair que Xénia prenait plaisir à dominer, à conduire sa relation avec Éthel comme un jeu. Un après-midi où elle s’était livrée, les yeux troublés de larmes, pour parler de sa mère qui travaillait dans un atelier de couture, et de sa sœur Marina qui était possédée d’une rage destructrice et menaçait de se suicider, Xénia, à la sortie des cours, semblait regretter sa faiblesse et battre froid à Éthel, évitait d’être seule avec elle, et partait dans la rue en donnant le bras à une autre fille. Éthel restait interdite, le cœur serré, s’interrogeant sur ce qu’elle avait pu dire, ou faire, pour mériter ce traitement.

Éthel rentrait chez elle, s’enfermait dans sa chambre, refusait de manger. « Qu’a-t-elle ? » demandait sa mère. Alexandre, d’un air entendu : « Il y a que ta fille est amoureuse, voilà tout. » Éthel avait capté la réflexion à travers la porte, et elle en était restée anéantie. Elle avait envie de crier : Mais vous ne savez rien, vous ne comprenez rien ! Plus tard, et les jours suivants, elle avait compris ce qui lui mordait le cœur. De la jalousie, simplement. Xénia avait mis ce poison en elle. Elle en ressentit du dépit, de la colère envers elle-même. De la jalousie, c’était donc ça ! Un sentiment banal. Le même qui rongeait sa mère, qui la faisait s’étrangler, à cause de la chanteuse Maude, un sentiment de midinette, de pauvre fille, de victime ! Cela l’étourdissait, lui donnait la nausée. Et puis, un jour, sans raison, à la sortie de l’école, Xénia était là de nouveau, qui l’attendait, jolie comme un ange, ses yeux couleur de mer, ses cheveux couleur de miel coiffés en un sage chignon retenu par un ruban de velours noir, vêtue d’une robe neuve avec une ceinture à paillettes, elle a embrassé Éthel : « Tu as vu ? Ma mère a réalisé le modèle que tu as créé ! » Éthel s’est sentie bête, ivre et bête, une coulée chaude est entrée dans son corps. Elle s’est reculée un peu pour admirer la robe de Xénia : « C’est vrai, elle te va très bien. » C’est tout ce qu’elle a trouvé à dire.

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