Tonino Benacquista - Nos gloires secrètes

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Nos gloires secrètes: краткое содержание, описание и аннотация

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Un meurtrier anonyme, un poète vengeur, un parfumeur amoureux, un antiquaire combattant, un enfant silencieux, un milliardaire misanthrope.
Les personnages de ces six histoires ont un point commun : leur vie intérieure est bien plus exaltante que leur vie quotidienne. Et leur part d’ombre n’est rien en comparaison de leur part lumineuse.
Une vérité que l’on tait, un exploit que l’on cache, un passé inavouable. Lequel d’entre nous ne garde pas, enfouie au plus profond, sa gloire secrète ?

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Le soir même, il fait l’ouverture du journal télévisé. Ma femme l’admire presque de s’être livré de lui-même. Un comble ! Je sens dans son regard de la compassion pour cet usurpateur ! Comme s’il suffisait d’avoir une tête d’assassin ! Avec le bon éclairage, le bon angle, tout le monde a une tête d’assassin ! Le gros du travail n’est pas là ! J’ai envie de crier au monde son imposture. Je me sens dépossédé. JE suis le tueur de la rue des Cascades ! Ce meurtre, c’est moi ! Ce mystère est le mien ! Je suis détenteur d’un secret qu’un peuple entier voudrait percer. Si vous saviez, vous tous, que je fais partie du patrimoine ! Ce fumier vous raconte n’importe quoi, ne l’entendez-vous pas ? Il ne sait rien de cette souffrance que porte en lui l’homme qui a tué ! Il n’a rien fait pour se draper dans l’ombre sépulcrale du faucheur ! Tartuffe ! Mystificateur ! Le Meurtre de la rue des Cascades m’appartient, fumiste ! Chaque matin je me suis réveillé le ventre déchiré, chaque soir je me suis couché en pleurs, et tu voudrais me déposséder de tout ce que j’ai enduré ?

Je suis soulagé quand on annonce que le suspect a été relâché. La police a fini par me donner raison, ce pauvre type était fasciné par le Meurtre de la rue des Cascades depuis le premier jour, et en être l’auteur aurait donné un sens à sa vie. Mais n’est pas ce tueur légendaire qui veut ; l’usurpateur n’a pas su répondre aux questions pièges dont seuls les flics — et moi — avons les réponses. Pourtant, ce pourri-là fait école. Depuis, on compte, par an, une moyenne de trois prétendants au titre. Des fous, des désespérés, des obsessionnels, des fétichistes, tous ont une triste raison de vouloir me voler mon affaire mais, Dieu soit loué, personne ne passe les éliminatoires.

Un dimanche de l’été 76, en pleine canicule, je nous revois, ma petite famille et moi, remonter l’avenue des Champs-Elysées, un esquimau à la main. J’ai pourtant tout fait pour les laisser à la maison, mais quoi de plus suspect pour un père que d’aller au cinéma seul ? Devant les affiches, je lorgne vers un film policier, trop violent pour notre fils, dis-je. Mais le gosse veut à tout prix me suivre et, contre toute attente, sa mère ne s’y oppose pas. Je me retiens de leur crier : Tous les deux, je vous aime par-delà l’entendement, mais si vous pouviez, juste deux heures durant, me foutre la paix ! Je tente un dernier argument, qui porte : la salle où l’on projette mon film n’est pas climatisée. Ils s’en vont voir une comédie, et je prends mon ticket pour Meurtres en cascades , tiré du roman paru naguère.

Des toits à perte de vue, un désert d’ardoises. Une antenne plantée là, comme un cactus. Deux ombres se découpent dans la nuit, deux hommes hagards, convulsifs. L’un vitupère, l’autre s’épouvante. S’engage un duel sous la lune dont personne ne peut deviner l’issue. La mort attend, six étages plus bas, l’un des deux. La scène, fascinante, réveille en moi des pulsions irrésistibles, elle restitue un point essentiel : l’émergence subite d’une haine qui submerge deux êtres venant de se jurer une amitié éternelle. Un grain de sable a fait tourner la machine à l’envers, un rien, un regard, un silence mal interprété, un coup de fatigue, une gorgée de trop, mais plus question de revenir en arrière : le vaincu perdra tout.

À la suite de ce traumatisme, l’assassin d’un soir vire au psychopathe qui veut reproduire son crime. La puissance de cette première séquence ne se retrouvera plus, je redeviens un simple spectateur, curieux de détails sans importance quand apparaît le monstre ; on le voit se nourrir, se vêtir, se comporter en société : il est mon contraire en tout.

L’acteur qui jouait mon rôle n’a pas connu de carrière notable. Je l’ai revu il y a peu dans une publicité pour un fixateur d’appareil dentaire.

* * *

En 1979, j’ai quarante-six ans, et l’on a beau m’expliquer que c’est la fleur de l’âge, que je n’en suis qu’à la moitié du parcours, que j’ai une forme de jeune homme, que je gagne en maturité sans perdre en tonus, personne ne se doute qu’en réalité je suis vieux d’un millénaire. C’est comme si Caïn m’avait passé le flambeau depuis la nuit des temps pour représenter la grande communauté de ceux qui ont transgressé la loi suprême. Personne n’imagine la quantité d’énergie que me demande encore le Meurtre de la rue des Cascades . La dissimulation m’a usé, l’angoisse m’a couturé de l’intérieur, je me débats dans un questionnement éternel, je suis une énigme séculaire. Ceux qui ont tué pour défendre leur pays sont des héros, ceux qui ont tué pour se sauver eux-mêmes sont des rescapés, ceux qui ont tué par obéissance à une force impérieuse sont des irresponsables, ceux qui ont tué au nom d’une utopie sont des idéalistes, ceux qui ont tué par appât du gain sont des hors-la-loi, ceux qui ont tué par amour sont des passionnels. Pour mon grand malheur, aucune de ces catégories ne saurait m’accueillir dans ses rangs. J’aurais beau supplier petits et grands assassins de notre siècle, aucun ne tirerait la plus petite gloire à poser à mes côtés. Je n’ai pas tué de peur qu’un ivrogne me foute par terre, je n’ai pas tué pour 57 francs, je n’ai pas tué parce que la pleine lune m’a transformé en loup : j’ai tué pour rien, et ce rien m’a exténué. Dix-huit ans après les faits, je n’ai toujours pas su faire le deuil de ma victime. Et pourtant, à l’aube de cette décennie 80, la justice des hommes m’en donne le droit.

Car les hommes ont inventé l’oubli légal, une judicieuse façon de métaboliser la faute. Qui saura d’où vient la clémence des messieurs au col d’hermine ? J’apprends devant mon poste de télévision que j’ai désormais droit à ce qu’on me foute la paix. Le 11 avril 1979, une émission aujourd’hui disparue, « Les Dossiers de l’écran », consacre une soirée au Meurtre de la rue des Cascades . Après la diffusion du film sorti en salles quelques années plus tôt, on réunit sur un plateau divers intervenants, flics chargés de l’enquête, chroniqueurs judiciaires, et même un ancien concierge qui donne à ce bel aréopage un peu de vécu. Plusieurs millions de téléspectateurs attendent un scoop qui ne viendra jamais, excepté pour moi. Le commissaire de police qui résume toute l’affaire conclut en disant que l’enquête a duré huit ans avant que l’on y mette un terme en 1969, faute d’élément nouveau. Si l’on prend en compte les dix années révolues qui ont suivi, le Meurtre de la rue des Cascades fait officiellement l’objet d’une prescription.

Je suis libre.

La meute ne peut plus m’attendre au coin du bois. J’ai le droit de le crier sur les toits ! Oui, je peux à nouveau me promener sur les toits de Paris et m’y soûler la gueule ! J’apprends, dans mon fauteuil, que l’impunité existe bel et bien. Je n’irai pas en prison. Jamais. Si je m’écoutais, je foncerais en taxi rejoindre le plateau télé, y faire une entrée fracassante devant des millions de téléspectateurs, attirer toutes les caméras à moi, narguer le préfet de police, me présenter comme la clé du mystère, l’auteur en personne du fameux meurtre. Devenir, le temps d’une minute, l’homme le plus exposé de France, après avoir été le plus traqué, le plus effacé, le plus honni, le plus misérable. Me laver de ces années de ténèbres dans cette bourrasque de lumière.

Ma femme, qui tricote un chandail, jette alors un œil sur l’écran et gronde :

— Encore un salaud qui s’en tire bien.

Mon petit rêve de gloriole s’effondre. Je garderai donc ma joie pour moi. Moi qui si longtemps ai gardé ma peur.

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