Chapter 5 (“Phenomenology and Negativity”) explores the relationship phenomenology entertains with negativity. Daniel Sobota analyzes the importance of the problem of negation in the philosophy of the early phenomenologist Johannes Daubert, whereas Tomas Sodeika claims that the concept of Gelassenheit developed by Heidegger in his later thought can be read as a kind of negative knowledge. Finally, Frederik-Emil Friis-Jakobsen claims that Levinas is to be read not only with regards to his contribution to ethics, but also as a thinker of knowledge which, according to the author, relies on a double negativity.
Chapter 6 (“Structures of Negativity in Adorno”) focuses on Adorno’s concept of negativity. Giovanna Caruso points out that Adorno did not intend to dismiss concepts and terms as such but only their function of subsuming things. Instead, Adorno tried to use concepts in a not subsuming way, gathering them around things to express what cannot be expressed in a direct and conceptual way. Christian Rößner compares Adorno and Levinas in their attempt to think the absolute. Both philosophers tried to abandon the notion of totality. Leonie Wellmann deals with Adorno as a critic of the language of positive as well as negative knowledge. Thus, Adorno’s language criticism creates the basis of any postmetaphysical metaphysics.
Chapter 7 (“Negative Epistemic Procedures and Philosophy of Education”) covers epistemic issues of negative knowledge as well as the field of philosophy of education. In his paper Pierre Livet compares different epistemic procedures which are all based in negativity although stemming from various fields such as oriental sageness, negative theology, logic, or phenomenology. Galit Caduri focusses on Karl Popper’s criterion of refutation and its positive impact on philosophy of education. The author argues that reasonable doubt should be the fundamental attitude in doing philosophy of education. Philipp Thomas suggests a new concept of philosophy within the education context, namely philosophy as transformative practice in contrast to philosophy as scientific practice within the purely academic context. As an example of the transformative potential of philosophy he mentions negative knowledge in twentieth century philosophers such as Merleau-Ponty, Adorno, and Wittgenstein.
Horkheimer Max (1947): The Eclipse of Reason . Oxford: Oxford University Press
Kierkegaard Søren (1971): Furcht und Zittern. Der Begriff Angst. Die Krankheit zum Tode . Düsseldorf: Diederichs
Marion Jean Luc (2015 [2010]): Negative Certainties . Chicago: Chicago University Press
Nietzsche Friedrich (1999 [1878]): Menschliches, Allzumenschliches I und II. Kritische Studienausgabe 2. München: DTV
Rentsch Thomas (2012): Negativität und Transzendenz. Religionsphilosophische und ästhetische Studien . Berlin: De Gruyter
Rentsch Thomas (2005): Gott . Berlin: De Gruyter
Waldenfels Bernhard (2012): Hyperphänomene. Modi hyperbolischer Erfahrung . Frankfurt/M.: Suhrkamp
CHAPTER 1
Ontologies and Metaphysics of Negativity
Connaissances négatives et autolimitation critique du savoir
Réflexions sur l’héritage métaphysique grec
Jean-Marc Narbonne
L’héritage métaphysique grec se caractérise par sa diversité, son ouverture et sa retenue. Le caractère non autoritaire et relativement apolitique du sacré polythéiste grec – même si des cultes civiques existaient bel et bien en Grèce antique – a été relevé par nombre de spécialistes. Sur le plan des spéculations philosophiques, une même diversité et retenue s’observent, tant et si bien que l’idée de connaissances négatives ou restrictives ou minimales s’avère consubstantielle à la pensée grecque elle-même, et on peut aller jusqu’à dire que c’est sur son exemple ou sur sa lancée que nombre de tentatives contemporaines s’interprètent et se comprennent.
Il faut songer qu’il existe quelque chose comme un art grec de n’être pas tellement avisé sur la nature intrinsèque de l’arrière-monde, digne encore aujourd’hui d’être médité, exercé et élargi.
« Philosophy is not a Matter of Faith, but Reason, Men ought not to affect (as I conceived) to derive its Pedigree from Revelation, and by that very pretence seek to impose it Tyrannically upon the minds of Men, which God hath here purposely left Free to the use of their own Faculties, that so finding out Truth by them, they might enjoy that pleasure and Satisfaction, which arises from thence ».
Ralph Cudworth, The True Intellectual System of the Universe (1678), 12–13
Je voudrais commencer le présent exposé en lisant un extrait du fameux satiriste Lucien de Samosate, lequel va comme suit :
TIMOCLÈS : Tu peux voir si ce syllogisme est conséquent et si tu peux le faire chavirer : « S’il y a des autels, il y a des dieux ; or il y a des autels, donc il y a des dieux. » Que réponds-tu à cela ? DAMIS : À condition de commencer par rire tout mon soûl, je vais te répondre […]. C’est que tu ne te rends pas compte que tu as accroché ton ancre – et une ancre sacrée – à un fil ténu. En liant l’existence des dieux à l’existence des autels, tu crois avoir fait là ton amarrage solidement. Ainsi donc, puisque tu affirmes ne pouvoir rien citer de plus sacré que cela, partons maintenant ! TIMOCLÈS : Tu reconnais donc que tu as perdu, en partant le premier ? DAMIS : Oui, Timoclès ; car comme ceux qui subissent des violences de la part de certains, nous te voyons réfugié auprès des autels. Eh bien, au nom de l’ancre sacrée je veux faire maintenant un pacte avec toi, sur les autels mêmes, de ne plus débattre de ces questions1.
L’extrait que je viens de lire est tiré d’un des essais les plus célèbres et les plus provocants que Lucien de Samosate ait écrit, le Zeus tragique , dont voici l’intrigue résumée : un stoïcien (Timoclès), défenseur de l’idée de providence, est opposé à un épicurien (Damis) qui en conteste l’existence, et cela devant un public de dieux, y incluant Zeus, inquiet à juste titre du dénouement du débat, tant la finesse des raisonnements critiques de Damis l’emporte sur les arguties de Timoclès.
À la lecture de l’essai, il apparaîtrait en effet que c’est bien Damis qui s’impose comme le vainqueur de la joute qui l’oppose à Timoclès, les dieux eux-mêmes se révélant penauds devant la tournure des événements. Or Damis, curieusement, au lieu de profiter de son succès et de clamer haut et fort sa supériorité – l’idée même de l’existence possible d’une providence divine se trouvant battue en brèche –, s’arrête avant l’affront final en renonçant au fond à la victoire qui se trouve pourtant à portée de sa main : il laisse à son belligérant le refuge qu’il s’est trouvé, aussi factice peut-être soit-il, dans l’idée que le doute qu’il a fait naître eu égard aux croyances divines de ce dernier lui suffit, qu’au-delà de cela, si quelqu’un souhaite trouver refuge en tel ou tel dogme, en tel ou tel autel, qui serait-il, lui Damis, pour y faire obstacle ?
Après tout, dans l’incertitude qui est celle toute naturelle du sceptique vis-à-vis de l’existence des dieux (j’y reviendrai), à défaut d’avoir davantage de raisons de pencher d’un côté plutôt que de l’autre, l’opinion populaire qu’ils existent, attestée par tant et tant d’autels, n’équivaut-elle pas à une sorte de preuve, indirecte certes, mais pratique et concrète tout de même, de leur existence ? Ainsi en Protagoras 322 a de Platon, la construction d’autels est-elle donnée par Protagoras lui-même, dans le mythe qu’il raconte sur l’origine des cités, comme une conséquence de la participation au lot divin qui est le propre de l’homme :
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