Expression souvent utilisée à propos de personnes insolentes ou imbues d’elles-mêmes qu’on veut faire taire, on a tendance à lui préférer maintenant « clouer le bec *».
Pis moi, j’aimerais bien faire du ski, mais c’est surtout pour être avec mes amies, d’ajouter ma fille. Toujours le mot pour me rabaisser le caquet celle-là (mais je l’aime tant !).
Mario Boulianne — « La musique à la rescousse » —
Le Droit , 10 septembre 2008
Être largement en tête.
Être « en tête » d’un groupe, que ce soit dans un défilé ou dans un classement, par exemple, cela signifie bien « occuper la première place », « tête » ayant ici le sens datant du XVI esiècle de « place de ce qui est à l’avant d’un ensemble qui progresse ».
Quant au verbe « caracoler », il est dérivé de l’espagnol caracol qui signifie « escargot ». Le mot « caracole » a d’abord désigné une spirale (rappelant la coquille du mollusque) [14] On avait ainsi l’escalier en caracole pour ce qu’on appelle aujourd’hui « un escalier en colimaçon ».
, puis les voltes et demi-voltes qu’exécute un cavalier avec sa monture. Le verbe « caracoler » désigne donc, depuis le début du XVII esiècle, l’action des cavaliers qui enchaînent les caracoles, en tournant sur eux-mêmes.
Des mouvements agiles de la caracole, le verbe a pris le sens élargi de « aller à cheval de manière vive » et même un autre sens encore plus éloigné applicable à un régime sans selle, puisqu’il signifie également « courir en sautant, en gambadant ».
C’est donc l’image du fringant cavalier qui fait parader sa monture en tête d’un défilé ou celle du joyeux bonhomme qui court en gambadant loin devant sa troupe qu’évoque la locution où un gagnant « caracole » largement en tête des autres membres de son groupe.
Le sénateur républicain, 72 ans, a largement remporté jeudi les primaires de son parti dans l’État de New York et, avec 393 délégués, caracole largement en tête pour l’investiture à la convention de San Diego.
Libération — Article du 9 mars 1996
Complètement silencieux.
Avez-vous déjà entendu un véritable poisson vivant vous dire quelques mots ? Si oui, alors il fallait vite l’embrasser pour qu’il se transforme en prince ou en princesse. Mais dans la majorité des cas, la réponse est négative car, pour l’instant, tous les poissons sont muets.
Alors s’il n’est pas étonnant qu’un poisson soit utilisé dans une telle comparaison, pourquoi est-ce la carpe qui a eu l’insigne honneur de représenter le genre, et ce, depuis 1612 ? C’est d’autant plus étrange qu’on a d’abord utilisé la forme plus logique « muet comme un poisson » (chez Rabelais, par exemple).
Alain Rey évoque deux possibilités : la première viendrait d’Antoine Furetière qui a écrit, à propos de la carpe, qu’elle n’a pas de langue ; et comme qui n’a pas de langue ne peut parler… La seconde viendrait simplement du fait que la carpe est un poisson qui sort fréquemment la tête hors de l’eau, la bouche ouverte et qui, par timidité sûrement, ne prononce pourtant jamais un mot.
Curieuse comme une pie, Léa, mais muette comme une carpe. Les autres domestiques avaient bien essayé de lui tirer les vers du nez, mais ils en avaient été pour leurs frais. La gamine se fermait comme une huître.
Daniel Bondon —
Le fils du garde-chasse — Cheminements — 2003
Profite bien du moment/du jour présent.
La formule latine complète est Carpe diem quam minimum credula postero qu’on peut traduire par « cueille le jour [et sois] la moins curieuse [possible] de l’avenir ». Nous la devons au poète latin Horace qui l’écrivit dans le dernier vers d’un poème qui résume ce qui précède. Ce dernier veut persuader Leuconoé, jeune fille qui souhaite vivre longtemps, que c’est le présent qui importe et que, même s’il est très probable qu’il lui reste encore de nombreuses années à vivre, elle doit pleinement profiter du présent, mais en gardant une saine discipline de vie et en ne remettant pas au lendemain les choses à faire.
Aujourd’hui, le carpe diem est davantage vu comme une incitation à jouir du moment présent sans contraintes ni retenue.
[…] j’ai trop peu de temps à vivre pour perdre ce peu. Horace a dit : « Carpe diem, cueillez le jour ». Conseil du plaisir à vingt ans, de la raison à mon âge.
François-René de Chateaubriand —
Mémoires d’outre-tombe — 1849
1. À terre, mort ou blessé.
2. Abandonné dans une situation difficile.
Cette expression, qui existe depuis le tout début du XVII esiècle, s’accompagne généralement d’un verbe comme « être », « rester », « envoyer » ou « laisser ».
Depuis 1160, le carreau désigne un pavé plat de terre cuite servant à recouvrir un sol. Par association d’idées, le terme sert aussi à désigner toute surface couverte par des carreaux. Et c’est parce qu’une personne blessée ou tuée à l’intérieur d’une habitation gisait sur le carreau que notre expression est née. Actuellement, elle s’utilise aussi dans des situations moins extrêmes, par exemple pour exprimer qu’une personne est en difficulté.
Une croyance tenace sur l’origine de cette expression indique qu’elle serait venue du carreau de la mine, lieu où les mineurs étaient autrefois appelés pour descendre dans les puits, ceux qui n’étaient pas retenus étant laissés de côté ; et ce serait de cet état de personne laissée pour compte que l’expression aurait évolué vers une personne blessée ou tuée. Mais, avant que l’expression existe sous sa forme actuelle, au XV esiècle on disait déjà « estre tué sur le carrel », qui signifiait « être tué dans la rue », le carrel ou carreau désignant alors une rue pavée.
Sains et blessés prennent la fuite, cinq cadavres seulement restent sur le carreau.
Pétrus Borel —
Champavert — 1833
1. Être riche et le montrer.
2. Mener un grand train de vie.
Pour comprendre l’origine de cette expression, il suffit de remonter de quelques siècles, à l’époque où le fait d’avoir son propre carrosse (et donc l’attelage et le cocher, sans compter les éventuels laquais) était autrement plus un signe de richesse que ne l’est aujourd’hui le fait de posséder une voiture. Celui qui se déplaçait ostensiblement avec son carrosse faisait étalage de son aisance financière. Cette locution est née à la fin du XVII esiècle sous la forme « avoir de quoi faire rouler un carrosse ». C’est au début du XVIII equ’elle a pris la forme actuelle d’une expression qu’il faut comprendre comme « rouler (avec son propre) carrosse ».
J’ai fait comme tant d’autres, j’ai cru que la richesse remplaçait le bonheur. Le bonheur ! je ne savais pas, je n’ai même jamais su ce que c’était. On m’a dit que c’était, avant tout, de rouler carrosse, de porter des diamants et d’avoir loge à l’Opéra.
George Sand —
Antonia — 1863
1. Laisser la libre initiative.
2. Donner les pleins pouvoirs pour accomplir une tâche.
La signification de cette carte blanche est attestée depuis 1451. Il faut la voir comme une feuille sur laquelle toutes les consignes de la mission sont clairement écrites. Et comme elle est désespérément blanche, c’est une indication qu’on peut faire ce que l’on veut, utiliser tous les moyens, y compris, si le contexte et l’humeur s’y prêtent, les plus cruels, retors ou illégaux.
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