Autour de la table, il y avait Pascal, agent commercial récemment marié et fier de l’être. Pascal, c’était un peu le boute-en-train du groupe, celui qui ne se fait pas prier pour une bonne blague salace.
Benoit Demeaux —
Le client roi — Éditions Praelego — 2009
1. Le vin.
2. La bouteille de vin.
3. La boisson (alcoolisée).
Lorsqu’on cherche l’origine d’une expression, il arrive souvent qu’on en trouve une des premières attestations chez Jean de La Fontaine (souvent inspiré par Ésope) ou Rabelais. C’est en effet dans Le cinquième Livre (1546) que Rabelais évoque la dive bouteille ; le personnage appelé Bacbuc parle à Panurge (oui, l’homme aux moutons !) en évoquant avec ferveur la « divine boisson » contenue dans une bouteille.
Et si vous avez bien lu ce qui précède, vous avez vu le mot « divine ». Car « dive » est tout simplement une autre forme de ce qualificatif divin qui nous vient du latin divus . Si on trouve encore « dive » dans certaines formes poétiques (la dive cueillette pour « les vendanges » chez Balzac, par exemple), le mot n’est quasiment plus utilisé que dans cette expression.
Dans les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne, le vin est à l’honneur dans le cadre de plusieurs salons consacrés à la dive bouteille.
Le Point — Article du 19 novembre 2000
62. Ruer dans les brancards
1. Se révolter, se rebiffer.
2. Refuser de continuer un travail.
Quand on vous parle brancard, vous imaginez tout de suite des infirmiers qui transportent un malade dont on se demande quelle mouche l’a piqué pour qu’il s’agite comme un forcené sur son brancard au point d’en chuter et d’aggraver son mal, au lieu d’attendre calmement d’être emmené jusqu’au lieu où il sera soigné.
Mais c’est oublier qu’au XV esiècle, les brancards étaient deux longs bouts de bois prolongeant vers l’avant la caisse d’une voiture, et entre lesquels était placé le cheval chargé de déplacer la charge que son maître devait transporter d’un endroit à un autre ou les passagers que le chariot contenait. Et lorsque l’animal en avait assez d’être exploité ou qu’il réclamait sa pitance, il décochait des ruades, se cabrait ou ruait entre/dans ses brancards.
La crise de Palestine connaît depuis les frappes une évolution assez brutale. Après avoir cédé en grinçant des dents aux pressions de Washington, Tel-Aviv est en train de ruer dans les brancards. M. Sharon a fait savoir le 4 octobre que les États-Unis ne calmeraient pas les Arabes aux dépens d’Israël.
Pierre-Henri Bunel —
Menaces islamistes : ces terroristes qui dévoient l’Islam — Éditions Carnot — 2001
63. Salut, vieille branche !
Formule de salutation familière.
Toutes les personnes un tant soit peu polies savent à peu près ce qu’est un salut et dans quelles circonstances il s’utilise.
Le qualificatif « vieux » ou « vieille » s’emploie familièrement avec une personne qu’on connaît de longue date, le vieux ayant alors un côté affectif lié à la qualité et à la durée de la relation, bien plus qu’à l’âge de la connaissance.
Reste le plus intrigant : pourquoi « branche » ?
Une explication parfois proposée est liée à l’argotique « se brancher avec quelqu’un » pour signifier « entrer en relation ». Issue du monde des électriciens, l’image est compréhensible à partir du moment où vous savez brancher une prise électrique et établir une relation forte entre la prise mâle et la prise femelle (sans sous-entendu sexuel obligatoire). Partant de là, les éléments « branchés » peuvent être appelés des branches . Et ces branches/individus qui sont branchés ou se connaissent depuis longtemps deviennent l’un pour l’autre de vieilles branches.
Mais si l’explication semble tenir la route, elle ne résiste pas à l’analyse chronologique : en effet, « vieille branche » est attesté depuis le milieu du XIX esiècle, avant que l’usage de l’électricité ne se répande dans les foyers, alors que « se brancher » date d’un siècle plus tard.
Il ne nous reste donc plus qu’à tenter de découvrir ailleurs le poteau rose. Le lexicographe Gaston Esnault indique que c’est en 1400 qu’apparaît le terme « poteau » pour désigner un ami proche, ce poteau-là donnant bien plus tard la formule courte « pote » toujours utilisée de nos jours. Et si, bizarrement, le mot avec cette acception semble ensuite ne plus être utilisé avant de réapparaître au milieu du XIX esiècle, l’explication tout de même couramment donnée est que le poteau est quelque chose sur lequel on peut s’appuyer, tout comme on peut « s’appuyer » sur un ami fidèle.
Mais quel rapport avec notre branche, me direz-vous ? Eh bien, il semblerait que ce soit lié à une utilisation du même type de métaphore : l’ami peut nous empêcher de tomber (dans des travers divers ou dans la dépression, par exemple) comme on peut s’accrocher à une branche solide pour ne pas se casser la figure.
— Salut vieille branche ! dis-je en faisant la bise à mon ancienne complice.
— Salut ! Bassou… Alors raconte, comment ça va ? s’enquit Salima avec son éternel sourire charmeur.
Lahssen Eoukich —
Prince du désert — Éditions L’Harmattan — 1998
64. Scier la branche sur laquelle on est assis
S’attaquer à une situation dont on bénéficie pourtant ou à des personnes dont on tire pourtant profit.
La métaphore est facile à comprendre si on se représente un idiot qui, devant couper une grosse branche à son point de départ, s’installe à califourchon sur celle-ci, forcément sur la partie qui va tomber au sol et qu’il va inévitablement accompagner dans sa chute.
On peut imaginer qu’est tout aussi idiot celui qui s’arrange pour perdre des avantages dont il profitait pleinement. Mais si on creuse un peu, hormis un acte plus ou moins irréfléchi, il peut parfaitement y avoir des raisons légales, de morale ou d’éthique qui justifieraient pleinement ce genre de comportement en apparence idiot.
Comme le fait de scier quelque chose correspond souvent à un acte de destruction, « scier (la branche) » veut dire, depuis le XIX esiècle, « détruire la situation (de quelqu’un) ». Il aura suffi, au XX esiècle, d’y ajouter le complément « sur laquelle on est assis » pour que l’action s’applique à soi-même.
La seule plus-value incontestable de la Francophonie, c’est la langue française, dit Abdou Diouf en citant Léopold Senghor, père de la Francophonie. Il ne faut surtout pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Nous avons une langue en partage, mais si on la laisse mourir à petit feu, à la fin, nous ne serons plus unis par rien. Quelle sera alors notre légitimité ?
Michel Dolbec — « Abdou Diouf vante l’engagement francophone du Québec » — La Presse canadienne, 8 octobre 2012
65. Un branle-bas de combat
Une grande agitation dans les préparatifs d’une opération (souvent menés dans l’urgence et le désordre).
Si, de nos jours, cette expression s’utilise régulièrement dans un contexte non guerrier, c’est bien dans le cas de préparation au combat qu’elle est apparue à la fin du XVII esiècle, plus précisément dans la marine.
Pourquoi le branle-bas ou, plus précisément, qu’est-ce qu’un branle ? Dans le sujet qui nous intéresse, un branle est un hamac comme ceux qu’on retrouvait en quantité, accrochés dans les entreponts des grands voiliers d’autrefois, pour que les marins puissent y dormir [11] D’ailleurs, c’est bien parce que ces hamacs avaient un mouvement oscillatoire qui suivait les balancements du navire, qu’ils ont pris ce nom, puisque le mot « branle » désignait autrefois ce type de mouvement.
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