Sachant cela, il est aisé de comprendre que, lorsque le marin devait se préparer dans l’urgence au combat, il lui fallait libérer dare-dare *l’entrepont en décrochant ou en mettant à bas son branle (d’où le branle-bas).
L’action simultanée de tous les marins provoquait une agitation certaine et une certaine pagaille, notions qu’évoque le branle-bas de combat d’aujourd’hui.
Et si les hamacs dans les entreponts n’existent plus depuis longtemps, le branle-bas est toujours présent dans la marine, qu’il soit du matin ou du soir, pour désigner les préparatifs de l’équipage au moment du lever ou du coucher.
La répétition, ce mercredi, du mariage du prince William et de Kate Middleton a donné lieu à un branle-bas de combat général dans le centre de Londres pour les organisateurs et les responsables de la sécurité.
L’Express — Article du 27 avril 2011
1. Très violemment.
2. Sans ménagement.
Autrefois, cette locution était employée avec des verbes comme « frapper », « taper » ou « cogner » (quelqu’un). Maintenant, on utilise plutôt « sauter » ou « tomber » (sur quelqu’un). Cette expression figure déjà dans le premier dictionnaire de l’Académie, en 1694, au sens de « sans aucune mesure, très violemment ». Mais sachant qu’on donne en général un coup avec le bras en extension, donc allongé, qu’est-ce qui peut justifier ce lien entre « violent » et « raccourci » ?
Le bras dont il est question ici n’est pas le membre supérieur qui, chez toute personne normalement constituée, part de l’épaule et se termine par la main, mais la manche, ancienne acception du mot (comme dans la locution « en bras de chemise »). Et l’expression ancienne « les bras retroussés » confirme l’allusion à ces manches qu’on retroussait, donc qu’on raccourcissait, avant de sauter sur le dos de l’adversaire. La seconde signification, plus récente, évoque plutôt la brutalité des propos.
Son péché mignon, l’anisette, la rendait non pas méchante, mais juste ; les soirs où elle s’était oubliée devant une bouteille de sa liqueur favorite, si Antoine lui cherchait querelle, elle tombait sur lui à bras raccourcis, en lui reprochant sa fainéantise et son ingratitude.
Émile Zola —
La fortune des Rougon — 1871
Avoir de l’influence, du pouvoir.
Prenez deux personnes de même taille, mais dont l’une a les bras un peu plus longs que l’autre. Mettez-les sous un cerisier chargé de fruits mûrs. Celui qui a les bras longs pourra se gaver de plus de cerises que son collègue puisque son rayon d’action étendu lui permettra d’en cueillir plus. Un bras long permet donc incontestablement d’avoir plus d’avantages.
Si l’image est très claire, le bras est depuis longtemps utilisé comme un symbole d’autorité, de puissance (le bras de la justice, par exemple). Et, bien entendu, plus ce bras est long, plus son rayon d’influence est grand.
D’ailleurs, lorsqu’elle écrivit « Voyez comme M mede La Fayette se trouve riche en amis… elle a cent bras, elle atteint partout », M mede Sévigné ne manquait pas de souligner l’importance du bras pour obtenir des avantages.
Avoir le bras long s’utilise généralement pour désigner quelqu’un qui a un réseau étendu de connaissances bien placées, réseau qui va lui permettre d’obtenir des avantages aussi bien pour lui-même que pour ses proches.
La fortune n’a pas les bras longs ; elle ne s’empare que de celui qui s’attache à elle.
Sénèque —
Lettres à Lucilius, LXXXII
Coûter très/trop cher.
Il est incontestable que, pour quiconque, le bras est une de ces parties du corps dont on aurait beaucoup de mal à se passer, contrairement aux amygdales ou à la vésicule biliaire, par exemple.
La préciosité de la chose est donc tout aussi évidente que pour coûter les yeux de la tête ou la peau des fesses *.
Cette expression propre au Canada français s’accompagne parfois de « et la moitié de l’autre ». Elle découle directement de to cost an arm and a leg , expression courante au Canada anglais et aux États-Unis.
Il n’y a malheureusement aucune certitude quant à l’origine de cette expression anglaise, popularisée au début du XX esiècle. Certains supposent qu’elle découle de la locution to give one’s right arm for something (donner son bras droit pour quelque chose) employée par celui qui, pour affirmer son intérêt pour quelque chose, dirait qu’il serait prêt à donner son bras droit en échange.
Mais en creusant, on trouve au moins trois autres explications plus ou moins tirées par les cheveux :
— la première pourrait venir de l’expression if it costs a leg ! employée au Far West par des cowboys cherchant à accomplir une impitoyable vengeance, même au prix d’une jambe perdue ;
— la deuxième viendrait du militaire américain qui, ayant ses galons cousus sur le haut du bras et ayant commis une faute grave, serait dégradé, perdrait un galon, donc « un bras » ;
— la dernière, fortement contestée, viendrait des anciens portraitistes des XVII eet XVIII esiècles qui ne peignaient pas les membres de leur sujet sans le versement d’une somme additionnelle. Les ouvrages antérieurs au XX esiècle qui évoquent cette expression ne l’utilisent qu’au sens propre.
Maman m’a offert cette trompette pour mes treize ans. Achetée chez Ron Midnight Music Store, cette Martin Committee d’occasion lui a coûté un bras.
Stanley Péan —
Le temps s’enfuit — La courte échelle — 2012
Attaquer avec une telle force, une telle pertinence qu’on ne peut rien y opposer.
Une brèche, chacun sait ce que c’est : une ouverture dans une enceinte, fortifiée ou non, qui permet donc une pénétration à l’intérieur de la zone qui n’est plus suffisamment protégée ; ce qui peut alors donner lieu à un cambriolage ou à une tuerie sauvage, entre autres, selon l’époque et le type d’enceinte, voire une inondation dans le cas d’une brèche dans une digue.
Et si, aujourd’hui, une pince coupante suffit à créer une brèche dans un grillage, autrefois, pour en ouvrir une dans une enceinte fortifiée, il fallait la « battre », à l’ancien sens militaire du terme, c’est-à-dire la heurter de coups répétés (charges de catapulte, boulets de canon, etc.).
Ainsi, le sens premier de « battre en brèche », expression attestée en 1701, était-il tout simplement d’attaquer un rempart ou une fortification avec l’artillerie.
Ce n’est qu’au XIX esiècle que son sens figuré est apparu, la cible attaquée violemment étant alors les arguments ou les idées d’une personne ou d’un groupe d’individus.
Des millions (223 !) d’armes à feu, et particulièrement des revolvers (76 millions), circulent librement dans ce pays où est régulièrement battu en brèche le monopole d’État sur la violence légitime.
Jean-Claude Ravet —
Relations — novembre 2000
Brusquement, sans détour.
Cette expression d’origine militaire date du XVII esiècle. Elle a remplacé la locution « pointe en blanc » où la pointe désigne l’endroit duquel on vise, dans le cas d’une arme à feu. Le blanc, c’est tout simplement la cible, dans le cas d’un entraînement au tir.
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