José Gómez - Planète à louer

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Planète à louer: краткое содержание, описание и аннотация

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Dans un futur indéterminé, une guerre nucléaire totale est sur le point d’éclater. Afin de sauver la Terre, des espèces extraterrestres en prennent possession, après avoir fait montre de leur force en annihilant l’Afrique. Ils y imposent des règles draconiennes visant à rétablir l’équilibre écologique. Un siècle plus tard, notre planète est redevenue un paradis, un « monde souvenir », où les riches xénoïdes viennent faire du tourisme. Mais derrière l’image d’Épinal, les conditions de vie des Terriens sont loin d’être idylliques.
Buca, la prostituée, Moy, l’artiste métis ou Alex, le scientifique de génie, tous n’aspirent qu’à une seule chose : fuir… partir… s’exiler… quitter la Terre… par tous les moyens!

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Intéressé et surpris de découvrir une telle connaissance et une telle maîtrise de son langage complexe chez un simple agent d’entretien, le scientifique, qui s’appelait Jourkar – vous pouvez vérifier, si vous voulez – s’est lancé dans un échange technique avec moi.

Je vous ai déjà dit qu’en général je ne me débrouille pas bien avec les abstractions et les théories, mais en l’occurrence il s’agissait de mon propre artefact…

En moins d’une minute, Jourkar avait rassemblé autour de moi les trois quarts de la délégation. Pour sa part, le guide – qui, grâce au ciel, ne m’avait pas reconnu avec mon uniforme et mes postiches de plasti-peau – se demandait probablement quel genre de blagues salaces cet agent de nettoyage racontait aux xénoïdes.

Sa surprise a dû être totale lorsque, risquant le tout pour le tout, j’ai connecté l’appareil pour faire une démonstration aux scientifiques. Par chance, muet de stupéfaction, il a mis plus d’une minute à retrouver ses moyens et à saisir son vocodeur pour faire part à ses supérieurs de ce qui se passait. Bien évidemment, le générateur d’interférences que je portais dans ma poche a empêché son communicateur personnel de fonctionner.

Il a encore mis trente secondes à se décider à nous abandonner et courir à la recherche d’hommes de la Sécurité Planétaire pour les informer de l’incident. Et, non pas par une chance extraordinaire mais grâce au lieutenant Dabiel. D’ailleurs, bien que nous soyons amis, il m’avait soutiré quelques milliers de crédits pour prix de son aide, mais grâce à lui il s’est écoulé encore deux minutes avant que des gardes n’arrivent.

Ce temps a été plus que suffisant pour que j’ôte mon maquillage, montrant mon vrai visage aux savants xénoïdes, et peaufine ma démonstration.

Une fois l’appareil activé, j’ai construit en quelques secondes un petit cube qui flottait à cinquante centimètres du sol. Et lorsque j’ai terminé mon œuvre de « maçonnerie énergétique », stabilisant vibratoirement tout le système, sa consommation de puissance était à peine supérieure à celle d’une lampe de poche. J’ai même réussi, en jouant avec les propriétés topologiques de la bande de Möbius et la bouteille de Klein, à multiplier par dix l’espace interne de ma « construction », par rapport à ce que la géométrie purement euclidienne aurait permis d’obtenir.

Bien évidemment, étonnés par une telle démonstration de talent – toute modestie mise à part – Jourkar et les autres m’ont immédiatement promis une invitation officielle pour assister aux CCCIXe Rencontres. Ils se sont engagés à exercer toutes les pressions possibles pour que les organismes terriens correspondants comprennent qu’il était tout à fait souhaitable, pour ne pas perturber leurs relations avec le reste de la galaxie, de me permettre d’assister à l’événement sans entraves ni obstacles.

Ensuite, j’ai pris congé, détruit mon petit cube, déposé l’uniforme d’agent d’entretien, la serpillère et le seau dans un coin et je suis retourné à mon laboratoire… vingt secondes avant que l’alarme générale ne résonne dans le Centre.

Le lieutenant Dabiel et plusieurs nano-caméras – dont je connaissais l’existence depuis leur installation et qu’il m’avait été facile de faire fonctionner en boucle – ont été témoins je ne n’avais pas quitté mon travail un seul instant.

Les responsables du Centre n’ont toujours pas compris ce qui s’était passé ce jour-là. Ils ont encore moins compris lorsque l’invitation est arrivée, un mois plus tard. Jourkar et les autres s’étaient débrouillés pour tenir leur promesse. Leur holo-vidéo comportait tant de logotypes et de codes de priorité que, plus qu’une invitation, il s’agissait d’un ordre au gouvernement terrien de me permettre d’assister à l’événement… ou il en subirait les conséquences.

Tous les responsables du Centre sont venus m’interroger. Plusieurs pontes de la Sécurité Planétaire, aussi. Et pas seulement de la Section Spéciale du Centre. Comment les xénoïdes avaient-ils eu vent de mon existence et de mes travaux, malgré le secret rigoureux auquel j’étais soumis ? Et, bien sûr, je ne savais rien.

J’ai continué à ne rien savoir lorsqu’ils ont analysé la courbe de mes ondes cérébrales alors qu’ils me reposaient les questions. La neurologie n’est pas un de mes points forts, mais je m’étais préparé à affronter le détecteur de mensonges. Il ne m’a pas été très difficile de construire le nano-interféromètre cohérent de fréquences cérébrales, et de le manipuler avec un contrôle sublingual, pour qu’ils ne soupçonnent rien.

Et pourtant, ils étaient méfiants. Ne l’auriez-vous pas été ? Il n’était pas logique qu’un scientifique humain assiste à un événement d’astrophysique de premier ordre sans pouvoir raconter, après coup, ce qu’il y avait vu… De fait, cela ne s’était encore jamais produit dans ce domaine. Lorsque les humains sont invités à des manifestations scientifiques en dehors du Système solaire, ceux-ci traitent généralement de sociologie, de psychologie ou d’histoire.

Mais l’invitation était si impérative qu’ils ont dû vaincre leurs réticences et me donner l’autorisation de venir à Ningando.

Ils n’ont pas capitulé facilement. Depuis le début, je savais que je ne viendrais pas seul, mais accompagné par toute une délégation humaine, malgré le coût astronomique.

Je suis arrivé avec un cortège fourni. Soixante-dix pour cent d’agents secrets de la Sécurité Planétaire chargés de me surveiller, et qui ne comprendraient rien à ce qui se dirait, et trente pour cent de physiciens médiocres chargés de participer laborieusement au congrès, tout en veillant à ce que je n’aille pas révéler des données secrètes qu’ils ignoraient eux-mêmes. Ces derniers, au moins, bien qu’ils soient au service de la police scientifique tout en la haïssant, allaient être enchantés de tout ce qu’ils allaient voir. Ils se moquaient bien que leurs mémoires soient bloquées avant leur départ pour la Terre, et certainement effacées par notre Sécurité Planétaire à leur arrivée.

Pendant tout ce temps, j’ai dissimulé la satisfaction que mon plan se déroule parfaitement derrière mon habituel masque de confusion face à l’inconnu. Je n’ai pas eu à fournir beaucoup d’efforts : depuis que je suis arrivé à l’astroport, je suis totalement terrifié.

Je n’ai pas ouvert les yeux une seule fois durant le voyage du lanceur jusqu’à l’hyper-vaisseau en orbite. J’avais entrepris la plus grande expérience de ma vie, en risquant tout. Et bien que j’aie la possibilité de renoncer au dernier moment, une voix en moi murmurait : « Alex, il n’y a pas de retour en arrière possible. »

Lorsque je suis arrivé à Ningando, j’ai su que j’avais gagné. Avec l’aide de Jourkar, j’ai pu tromper facilement mes cerbères et venir jusqu’ici. Maintenant… tout dépend de vous. J’ai joué cartes sur table : je ne veux pas retourner sur Terre, et c’est mon dernier mot.

« Qu’est-ce qui vous a poussé à vous présenter ici et demander la citoyenneté adoptive cétienne ? »

Avant tout, que ce soit bien clair : je ne suis pas le meilleur candidat pour donner un avis objectif sur la politique du gouvernement terrien envers ses scientifiques. Bien que je n’aie jamais été considéré comme un « vrai scientifique » puisque je ne possède aucun doctorat, j’ai quelques diplômes de premier cycle. Et, la plupart du temps, les professeurs paraissaient plus avides d’apprendre de moi que de m’enseigner leur matière.

On me considère pratiquement comme un « idiot savant ». Vous connaissez le terme ? Je suis un électron libre, incapable de faire partie du moindre groupe d’experts ou de la plus petite équipe scientifique, du fait de mes méthodes de travail instinctives et hétérodoxes. Je suis apprécié, et bien traité… Mais ni compris ni aimé. Je suis seul. Totalement seul, comme j’ai essayé de vous l’expliquer un peu plus tôt. Et cet état de fait a cessé de me convenir.

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