Arkadi Strougatski - Stalker

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Stalker: краткое содержание, описание и аннотация

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Des Visiteurs sont venus sur Terre. Sortis d’on ne sait où,ils sont repartis sans crier gare. Dans la Zone qu’ils ont occupéependant des années sans jamais correspondreavec les hommes, ils ont laissé traînerdes objets de toutes sortes. Objets-pièges. Objets-bombes. Objets-miracles. Objets que les stalkers viennent pillerau risque de leur vie,comme une bande de fourmis coloniseraitsans rien y comprendre les détritus abandonnéspar des pique-niqueurs au bord d’un chemin. Les hommes ne sont-ils doncque des fourmis pour les Visiteurs ? De ce roman étonnant, le cinéaste soviétique Tarkovskya tiré un film admirable.

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Ayant terminé les saucisses, j’allumai une cigarette et commençai à calculer en gros combien Ernest gagnait sur nous. Je ne connais pas les prix pour la gratte en Europe, mais j’avais entendu dire vaguement que, par exemple, une « creuse » vaut pas loin de deux mille cinq, tandis qu’Ernie ne nous donne que quatre cent. Les « piles » y coûtent au moins cent ronds, et nous, on n’en reçoit que vingt dans le meilleur des cas. Le reste doit être dans le même style. Il est vrai que transporter la gratte en Europe n’est pas gratuit, c’est sûr. Il faut mouiller les uns, mouiller les autres, le chef de station, lui aussi, est certainement entretenu par eux… Bref, en réfléchissant bien, Ernest ne gagne pas des fortunes : quinze ou vingt pour cent, pas plus, et s’il se fait prendre, c’est dix ans garantis…

Là, je ne sais quel type poli interrompit mes pieuses méditations. Je ne l’entendis même pas entrer. Il surgit près de mon coude droit et demanda :

« Vous permettez ?

— Quelle question ! dis-je. Je vous en prie. »

Un type petit, maigrichon, avec un nez pointu et un nœud papillon. J’avais déjà vu sa photo quelque part, seulement je ne me souvenais pas où. Il escalada un tabouret et dit à Ernest :

« Un bourbon, s’il vous plaît ! » Et, aussitôt, à moi : « Excusez-moi, mais il me semble vous connaître. Vous travaillez à l’Institut international, n’est-ce pas ?

— Oui, dis-je. Et vous ? »

Il tira habilement de sa poche une carte de visite et la posa devant moi. Je lus : « Alois Makno, agent plénipotentiaire du Bureau d’émigration. » Bien sûr que je le connaissais. Il se collait aux gens pour les pousser à quitter la ville. Quelqu’un avait terriblement besoin que nous quittions tous la ville. Déjà, vous voyez, à Harmont il ne restait que la moitié de l’ancienne population. Mais non, il leur fallait déblayer complètement le terrain. Je repoussai la carte de l’ongle et lui dis :

« Non, merci beaucoup. Ça ne m’intéresse pas. Voyez-vous, je rêve de mourir dans ma patrie.

— Pourquoi donc ? demanda-t-il vivement. Excusez mon indiscrétion, mais qu’est-ce qui vous retient ici ? »

Comme si j’allais lui dire pour de vrai ce qui me retenait ici…

« Comment donc ! dis-je. Les doux souvenirs de l’enfance. Le premier baiser dans le jardin municipal. Maman, papa. Comment je m’étais saoulé la première fois dans ce bar. Le poste de police cher à mon cœur… » Là, je sortis de ma poche un mouchoir sale et le serrai contre mes yeux. « Non, dis-je. Pour rien au monde ! »

Il rit, lampa son bourbon et prononça d’un ton méditatif :

« Vous autres, Harmontois, je n’arrive pas à vous comprendre. La vie dans votre ville est dure. Le pouvoir est entre les mains des organisations militaires. L’approvisionnement laisse à désirer. La Zone est à deux pas. Vous vivez comme sur un volcan. À n’importe quel moment, il peut éclater une épidémie ou quelque chose de pire… Je comprends les vieillards. Il leur est difficile de quitter leur nid. Mais vous… Quel âge avez-vous ? Vingt-deux, vingt-trois ans, pas plus… Comprenez bien, notre Bureau est un organisme de bienfaisance, nous ne retirons de notre activité aucun profit. Simplement, nous voudrions que les gens quittent cet endroit diabolique et réintègrent la vraie vie. N’oubliez pas que nous garantissons la prime de déménagement, l’emploi dans le nouvel endroit et aux jeunes comme vous, la possibilité de faire des études… Non, je ne comprends pas.

— Ainsi, dis-je, personne ne veut partir ?

— On ne peut pas dire personne… Certains acceptent, surtout les gens qui ont une famille. Mais les jeunes et les vieux… Que trouvez-vous à cette ville ? C’est un trou, la province… »

Là, j’explosai.

« Monsieur Alois Makno ! dis-je. Tout est vrai. Notre ville est un trou. Elle a toujours été un trou et elle le reste. Seulement maintenant, c’est un trou dans l’avenir. À travers ce trou nous pomperons de telles choses dans votre monde minable que tout y sera changé. La vie sera autre, juste, chacun aura ce qu’il voudra. Le voilà, votre trou. À travers ce trou viennent des connaissances. Et quand nous posséderons la connaissance, nous ferons en sorte que tout le monde soit riche, nous volerons jusqu’aux étoiles, et partout où on veut. Voilà comment il est, notre trou… »

Là, je coupai net, car je vis qu’Ernest m’observait avec un étonnement démesuré. Je me sentis mal à l’aise. En général, je n’aime pas répéter les paroles des autres, même si elles me plaisent. D’autant plus que dans ma bouche ça sonne tout tarabiscoté. Quand c’est Kirill qui parle, on n’en a jamais assez, on oublie même de fermer son bec. Quant à moi, on dirait que j’expose la même chose, mais ça ne fait pas le même effet. Il se peut que c’est parce que Kirill n’a jamais déposé sa gratte sous le zinc d’Ernest. Bon, passons…

Là, mon brave Ernie se rattrapa et me versa rapidement au moins six doigts, histoire de « Reprends tes esprits, mon gars, mais qu’est-ce qui t’arrive aujourd’hui ? ». Quant à M. Makno au nez pointu, il lampa à nouveau son bourbon et dit :

« Oui, bien sûr… Des batteries éternelles, la “panacée bleue”… Mais croyez-vous véritablement que tout sera comme vous venez de le dire ?

— Ce que je crois ne vous regarde pas, dis-je. Je parlais de la ville. Pour moi, c’est autre chose : qu’est-ce que j’irais chercher chez vous, en Europe ? Votre ennui ? On se crève dans la journée, on regarde la télé le soir…

— Mais pourquoi obligatoirement l’Europe ?

— Ah ! Laissez ! dis-je, partout c’est la même chose. En Antarctique, en plus, il fait froid. »

Mais voilà ce qui est surprenant : quand je lui exposais tout ça, je croyais de toutes mes tripes à ce que je lui disais. En ce moment, notre Zone, cette salope de vermine, cette meurtrière m’était cent fois plus chère que toutes leurs Europe et Afrique réunies. Pourtant, je n’étais pas encore ivre, tout simplement, en l’espace d’un instant, j’imaginai comment, exténué après une journée de travail, je revenais dans un troupeau de crétins comme moi, comment on me pressait de tous côtés dans leur métro et que j’en avais ras le bol de tout ça et que je n’avais envie de rien.

« Et vous, quel est votre avis ? demanda le nez pointu à Ernest.

— Moi, j’ai mon affaire, répondit pesamment Ernest. Ne me prenez pas pour un morveux ! J’ai mis tout mon argent dans cette affaire. Parfois, le commandant d’armes vient chez moi, un général, tu comprends ? Pourquoi m’en irais-je d’ici ?… »

M. Aloïs Makno se mit à lui bourrer le crâne de je ne sais pas quoi avec des chiffres, mais je ne l’écoutais plus. Je bus une bonne gorgée de mon verre, tirai de ma poche une poignée de petite monnaie, dégringolai du tabouret et mis le juke-box à pleine puissance. Il y avait la chanson Ne reviens pas si tu n’es pas sûr. Elle me fait un très bon effet après la Zone… Le juke-box se mit donc à tonner et à hurler, je pris mon verre et me dirigeai vers le coin du « bandit manchot » régler mes vieux comptes. Le temps s’envola comme un oiseau… J’étais en train de paumer mon dernier nickel et voilà que se pointent sous la voûte hospitalière Richard Nounane et Cirage. Cirage a déjà la dalle en pente, ses yeux tournent, il cherche à qui donner une beigne, quant à Richard Nounane, il le tient par le bras et le distrait en lui racontant des histoires. Beau couple ! Cirage est énorme, noir comme la botte d’un officier, bouclé, les bras jusqu’aux genoux, et Dick petit, tout rond, tout rose, tout innocent, tout juste s’il n’irradie pas la lumière divine.

« Ah ! cria Dick, en me voyant. Red est là ! Viens, Red !

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