Caryl Férey - Pourvu que ça brûle

Здесь есть возможность читать онлайн «Caryl Férey - Pourvu que ça brûle» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2017, ISBN: 2017, Издательство: Éditions Albin Michel, Жанр: Биографии и Мемуары, Публицистика, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Pourvu que ça brûle: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Pourvu que ça brûle»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

De la Nouvelle-Zélande à l'Australie en passant par l'Indonésie, la Jordanie, le Chili ou les Etats-Unis, un carnet de route très rock, l'autoportrait en noir et blanc de l'auteur de
et
, Caryl Férey, chantre du thriller engagé, avec qui la réalité devient fiction survoltée.
Caryl Férey a grandi en Bretagne, près de Rennes, une terre qu'il aime pour ses côtes déchiquetées, ses concerts dans les bistrots et ses tempêtes. Grand voyageur, il a bourlingué en Europe à moto et fait un tour du monde à 20 ans. Depuis, il n'a plus cessé de le parcourir. En 1998,
a marqué ses débuts d'auteur de polar. Suivront
(grand prix des lectrices de Elle policier, prix Quais du polar, etc.), adapté au cinéma, et
, paru en mars 2016.

Pourvu que ça brûle — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Pourvu que ça brûle», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Les parents de Poil-de-carotte, toujours prévenants, m’invitèrent un soir dans un bon restaurant de l’île. Désœuvré, j’étais malgré tout content de les voir, mais Thatcher arriva sur le tapis, l’amie intime de Pinochet qui avait brisé les syndicats et laissé mourir de faim Bobby Sands et les militants irlandais.

Le père de mon ami aimait beaucoup Margaret.

« I hate her ! » je lui balançai dans les gencives.

Après deux ou trois verres, je souhaitais même sa mort, à la vieille.

La serveuse arriva à point nommé pour nous proposer un dessert. C’était une Maorie aux traits un peu durs mais captivants, qui m’évoqua aussitôt la Hana de mon roman en déshérence. Prompte à répondre à mes questions, elle avoua nager tous les jours plusieurs kilomètres dans la baie, où elle croisait parfois des requins… Je lui fis parvenir une lettre le lendemain (« à l’attention de la fille qui nage avec les requins, de la part du type qui nage tout seul »), une invitation à l’ancienne, avant de me rapatrier à Auckland.

Mon mot sembla lui plaire puisque Nage-avec-les-requins débarqua en ville quelques jours plus tard. Tout aurait pu bien se passer et plus si affinités, Nage-avec-les-requins était jolie, et surtout maorie, mais je compris vite qu’elle n’aimait qu’une chose : le sport.

Le sport, le sport, le sport.

La création, le mouvement des choses, la politique, les animaux, la musique, l’amour, la question autochtone, Nage-avec-les-requins s’en battait l’œil.

Décidément tout allait de travers, dans les moindres détails. Après un mois « d’écrivain-voyageur de retour au pays de ses rêves », je comptais les jours qui me séparaient de mon départ.

L’écriture, les rencontres, les gens que je vénérais et que je n’aimais plus, je me sentais blessé, déçu, triste surtout. Quant aux Maoris, si j’avais trouvé de la documentation au musée d’Auckland qui leur était consacré, mes contacts s’étaient réduits à des regards masculins provocants et une désillusion féminine.

Heureusement, il y eut cette soirée au marae (lieu de rassemblement de la culture maorie) de West Coast Road, sur la route que jadis nous parcourions à dos de moto…

À l’Alliance française d’Auckland où je cherchais de l’aide, je rencontrai Christine, une dame assez âgée, ancienne prof qui avait pas mal bourlingué avant de diriger le Book Council en Nouvelle-Zélande. Mise au courant de mon enquête, Christine m’apprit qu’elle connaissait un chef maori, Pita Sharples, personnage controversé qui serait peut-être d’accord pour me rencontrer. Mais il fallait faire attention avec les Maoris, me prévint-elle, le sujet était délicat, notamment depuis les accords de Waitangi censés réparer les erreurs du passé. Le gouvernement néo-zélandais avait en effet fait repentance quelques années plus tôt concernant les spoliations de terres maories, et dégagé une enveloppe d’un milliard de dollars en guise de réparation et solde de tout compte. Maintenant que l’enveloppe était vide, les Maoris étaient sommés de se fondre dans la masse, cesser leurs revendications et se mettre au travail.

Le chef Pita Sharples était un de leurs principaux porte-parole.

Christine était anxieuse quand, quelques jours plus tard, elle me conduisit au marae de West Coast Road où nous avions rendez-vous. C’était la première fois en vingt ans qu’elle se rendait dans un marae — les Pakehas n’y étaient pas les bienvenus et elle appréhendait la rencontre. Oui, insista-t-elle au volant, la situation était très tendue avec la communauté maorie, la société néo-zélandaise était même au bord de l’explosion. Ça lui rappelait l’Algérie dans les années 1950, alors qu’elle était jeune prof là-bas : la même haine sourde, la même incompréhension. Confirmant les dires de Poil-de-carotte et de son père député en conserve, Christine m’assura que les Maoris remplissaient les prisons, formaient des gangs, cambriolaient les maisons et « violaient parfois les vieilles femmes dans leur lit », incapables de s’intégrer à la société.

« Tu ne parles pas de politique au chef, hein ? m’adjura-t-elle dans la voiture. Le sujet est brûlant, tu comprends ? »

Comme si j’avais traversé le monde pour parler tricot de peau…

On est arrivés en avance à West Coast Road. Le chef Pita Sharples n’était pas encore là mais son fils m’attendait, un solide gaillard au sourire plutôt décontracté. D’autres Maoris traînaient autour du marae , si bien qu’ils m’embarquèrent dans leur « entraînement ».

« Well … On s’entraîne à quoi ?

— Au haka , répondit le fils du chef. Il y en a un ce soir. »

Un haka ? J’eus beau leur assurer que je n’étais qu’un Pakeha écrivain et ignorant, les Maoris s’en fichaient — je ne savais pas encore que le wero est une coutume, sorte de marque de bienvenue invitant l’étranger à se mélanger à eux.

Christine définitivement trop vieille pour courir, c’est seul que je me mis à arpenter le site dans le sillage des guerriers autochtones. Maintenant que nous étions échauffés, on pouvait passer au haka à proprement parler : d’abord trois sauts à effectuer en direction de son « ennemi » (cent quarante kilos), suivis d’autres sauts savants. Je fis de mon mieux, tandis que Christine se tenait sagement sur sa chaise, craignant qu’on l’envoie comme un vieux ballon sous la mêlée.

Puis, après trois quarts d’heure de postures chorégraphiées et attaques diverses dans le vide, Pita Sharples arriva enfin.

Moi qui m’attendais à trouver un chef maori aux yeux de feu, colossal et fier, je trouvai un petit homme râblé au regard vif et brillant d’intelligence, qui aussitôt m’écrasa le nez en guise de bonjour — le hongi maori.

Nous nous éloignâmes pour discuter et ma première question concerna l’impact de la mondialisation sur la société maorie. Le chef saisit la balle au bond sans mâcher ses mots. Compétition de tous contre tous, arrangements entre puissants toujours plus puissants sur le dos des peuples, autochtones ou non. Enfin quelqu’un qui me comprenait ! Nous avons discuté de politique pendant une heure, comme deux vieux copains. Le regard du dangereux-maori-à-qui-il-ne-fallait-surtout-pas-parler-de-politique était rieur, son ton volontiers facétieux.

Pita Sharples m’expliqua que les tribus maories ne se faisaient plus la guerre comme jadis, sinon par hakas interposés : le tournoi national se profilant, ils s’entraînaient pour rester les meilleurs danseurs.

Le soir tombait sur le marae et, ravi de les laisser entre eux, je me tins à l’écart et observai la cérémonie, dirigée par leur chef.

Ce fut inoubliable. Cinquante Maoris, hommes et femmes, réunis sous la lune, dansant le haka avec une grâce et une fureur sauvages ; mes poumons aussi tremblaient tandis qu’ils avançaient vers moi, l’ennemi imaginaire, tirant la langue, chaque pas frappé sur le sol réveillant les morts, les ancêtres et la colère qui les animait ce soir encore. Ils finirent leur danse martiale à un mètre de mon visage, d’un même cri de rage qui déchira la nuit.

J’étais subjugué. Par le haka partagé avec eux, leurs faces grimaçantes sous la lune, la force de leurs voix immémoriales, puis leurs éclats de rire sitôt la danse achevée, et toutes leurs attentions envers moi, bienvenu du moment que je les respectais.

Christine quitta le marae avant moi, qui restai boire une bière avec mes nouveaux amis. Mais avant de partir, la vieille dame frileuse et apeurée me glissa, retournée par ce qu’elle venait de vivre :

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Pourvu que ça brûle»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Pourvu que ça brûle» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Caryl Férey - Plus jamais seul
Caryl Férey
Caryl Férey - Plutôt crever
Caryl Férey
Caryl Férey - Utu
Caryl Férey
Caryl Férey - Mapuche
Caryl Férey
Caryl Férey - Haka
Caryl Férey
Caryl Férey - Condor
Caryl Férey
Caryl Férey - Zulú
Caryl Férey
Отзывы о книге «Pourvu que ça brûle»

Обсуждение, отзывы о книге «Pourvu que ça brûle» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x