Frédéric Dard - 28 minutes d'angoisse

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28 minutes d'angoisse: краткое содержание, описание и аннотация

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Stefan Bookitco est un tueur. Professionnel. Le genre qui peuple les cimetières.
Ce jour-là, à New York, sa mallette sous le bras, il va « exécuter » son contrat : un chef de réseau nazi. Il ignore la raison pour laquelle ses supérieurs ont décidé la mort du bonhomme. Ça n'est pas ses oignons.
Bukhauser, le chef de réseau, est liquidé proprement. Les ennuis commencent quand il faut balancer la secrétaire par la fenêtre et que ses cris alarment la population horrifiée. Toute la police de la ville se lance à sa poursuite.
Après avoir revêtu l'uniforme d'un flic, Stefan prend en otage Miss Moor, une jolie rousse. Les commanditaires du contrat savent qu'il ne faut pas laisser à Stefan la moindre chance de se faire prendre par les agents du FBI. Il en sait trop. Pour le faire taire définitivement, ils lancent à ses trousses Mallory, le plus coriace de leurs tueurs, après Stefan. Ce dernier s'éprend de la ravissante Miss Moor dont l'obstination et la fougue qu'elle déploie à aider son ravisseur ne doivent rien au hasard. Parviendra-t-il à semer la police et Mallory, le tueur fauve ?
Une folle traque qui durera jusqu'à la dernière de ces vingt-huit minutes d'angoisse…

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— Nous devons attendre ici, dit-il à son copain. Le lieutenant Adam va nous rejoindre avec une équipe de la brigade fluviale. M’est avis que ça va être coton pour la repêcher de nuit, la guimbarde.

— Ma foi, dit l’autre, qu’ils se débrouillent, c’est pas notre job.

Les deux policiers allumèrent une cigarette et se mirent à faire les cent pas.

CHAPITRE XII

Stefan attendit un instant, la poitrine haletante par suite de l’effort qu’il venait de produire. Son sang bouillonnait comme lave en fusion.

« Je les ai eus, pensait-il allègrement. Ils nous croient noyés… »

Puis il se demanda ce qu’il était advenu de Maud. Elle ne devait pas être loin. Cinq mètres à peine les séparaient l’un de l’autre ; pourtant ils ne pouvaient bouger sans risquer de révéler leur présence.

Stefan était encore libre, mais combien précaire était cette liberté. Il se trouvait à la merci d’un éternuement.

Et puis un tas de flics allaient rappliquer ; on repêcherait la voiture, on s’apercevrait qu’elle était vide. Les fédés feraient une battue. Qui sait ? Peut-être amèneraient-ils des chiens…

— J’aperçois la bagnole ! s’exclama soudain l’un des deux hommes.

Il s’était dressé et désignait à son camarade un point noir en aval.

— Tu crois que c’est la voiture ? fit le second policier.

— Tu parles que c’est elle ! Le courant l’entraîne. Zieute : elle dérive doucement.

— C'est ma foi vrai ! On la suit ?

— O.K.

Ils jetèrent leurs cigarettes et se mirent à suivre la berge.

— Bon Dieu ! fit encore l’un d’eux. Il est violent, ce courant, Jim. Comment qu’il la tarabuste, cette auto, elle plonge, remonte, tourne…

Stefan ne put entendre la suite, car les deux flics étaient déjà hors de portée.

Il héla à mi-voix :

— Maud !

— Oui, souffla la jeune fille.

— Ah bon, tu es là…

Il ressentit un grand soulagement. La présence de la jeune femme lui manquait ; maintenant, il ne pouvait plus se passer d’elle.

— Ils se sont éloignés, dit-il. Faudrait en profiter pour mettre les bouts avant que les autres se radinent.

En rampant il se dirigea vers le point d’où partait la voix de Maud.

Elle était à plat ventre sur un humide tapis de feuilles mortes.

— Ne te relève surtout pas, chuchota le tueur.

Il expliqua :

— Les buissons sont bas et clairs en cette saison ; de loin ils pourraient nous voir.

À quatre pattes ils s’éloignèrent de la rivière.

Stefan avançait le premier. Lorsqu’ils eurent parcouru de la sorte une centaine de mètres et mis un grand nombre de buissons entre eux et la voiture des cops , il se releva et tendit la main à sa compagne.

— Allez ! fit-il. Il s’agit de tricoter avant qu’ils ne se soient aperçus de notre ruse. Ils vont faire un drôle de cirque quand ils découvriront que la bagnole est vide.

Pliés en deux, ils foncèrent à travers champs. Heureusement pour eux, la nuit tombait rapidement, épaisse et brumeuse.

Le rêve serait que l’on ne repêchât pas la voiture avant le lendemain. Ce sursis devrait être suffisant pour leur permettre de s’en tirer.

Il se fit bientôt un grand remue-ménage sur les lieux de l’accident.

— Il était temps, exulta Stefan.

Essoufflée par leur galopade, Maud ne put répondre que par un hochement de tête.

* * *

La nuit était complètement tombée lorsqu'ils parvinrent devant une masure abandonnée.

C’était une vieille bicoque qui avait dû servir de rendez-vous de chasse. Elle ne se composait que de deux pièces aux murs lézardés. Le toit éventré béait. Stefan l’avait aperçue alors qu’ils venaient de contourner un village.

Tous deux étaient épuisés.

— On va se reposer un moment dans cette crèche, décida-t-il.

Ils entrèrent et se laissèrent tomber sur des branchages morts.

Ni l’un ni l’autre ne pouvait plus parler. La fatigue et l’émotion leur avaient fait perdre l’usage de leurs jambes et les laissaient sans voix.

Maud ôta ses chaussures. Elle frissonnait. Lorsqu’ils avaient quitté l’immeuble, elle n’avait pas pensé à prendre un manteau.

— Froid ? demanda Stefan.

Elle ne répondit pas, détourna la tête et se mit à pleurer.

— Tiens, fit-il en déboutonnant sa vareuse.

Il la lui mit de force sur les épaules.

— Chiale pas, on s’en est tiré, non ?

— Pour le moment…, dit-elle, désabusée.

Il éclata :

— Sûr, pour le moment ! Dans la vie, il n’y a que ça qui compte : le moment.

— Qu’allons-nous faire ?

— La frontière !

— Elle est loin… Tu comptes y aller à pied ?

— Dieu merci, il y a encore des bagnoles sur les routes.

— Les routes sont surveillées, en ce moment. Tu ne crois pas que tu devrais suspendre un peu tes coups de main ?

— Alors ?

— Nous avons découvert une retraite, restons-y planqués…

— Longtemps ?

— Le temps qu’on y voie clair, que le vent tourne. Il faut attendre que l’actualité nous lâche.

Il se dit qu’elle avait raison.

— Et manger ? objecta-t-il. Je commence à avoir faim, moi. Pas toi ?

— Si. Mais puisque tu as de l’argent, je vais aller au village chercher des provisions.

— On te remarquera.

— On cherche un homme accompagné d’une femme, on ne recherche pas une femme seule. Il me suffit de modifier un peu ma coiffure. Je me ferai passer pour une automobiliste tombée en panne un peu plus loin. J’achèterai de quoi voir venir.

— Tu prendras du whisky, lui dit-il.

— Alors, on reste ici ?

— On reste.

CHAPITRE XIII

Katz passa le journal à Baumann. Celui-ci lut l’article et le fit lire à Mallory.

Un bon quart d’heure s’écoula de la sorte sans qu’aucun des trois hommes ne proférât une parole.

— On dirait que c’est liquidé, dit Mallory lorsqu’il eut achevé sa lecture.

A priori , fit Katz.

Le géant roux leva un sourcil.

— Je comprends pas ce que vous voulez dire : le journal est catégorique, la bagnole a été prise en chasse par les bourres, et à un moment donné Stefan a eu un coup de volant malheureux. Le taxi a défoncé le garde-fou d’un pont, il est tombé dans la sauce… La rivière était en crue… Bon Dieu, ce pauvre Stefan qui avait horreur de l’eau !

— On n’a pas retrouvé son corps, objecta Baumann.

— Dame, il a réussi à ouvrir la portière, seulement le courant l’a arraché de son siège…

— Ça pourrait s’être passé ainsi, reconnut Katz, c’est du reste la version de la police. Mais la fille qui l’accompagnait a disparu, elle aussi. Je trouve étrange qu’on n’ait retrouvé le corps d’aucun des deux.

— On les retrouvera, assura Mallory qui tenait à ce qu’on change de sujet.

Katz et Baumann échangèrent un regard entendu.

— Rien n’est moins sûr, Mallory.

— Ah ?

— Vous savez fort bien que Stefan était un chauffeur hors pair ?

Mallory haussa les épaules.

— Lorsqu’ils ont la police au panier, les chauffeurs hors pair deviennent nerveux et il leur arrive des pépins, comme à tous les conducteurs nerveux.

Mais il sentait ses chefs solidement retranchés dans leur point de vue. Il sortit une cacahuète de sa poche et l’écrasa du bout des doigts.

— Oh, ça va, jeta-t-il enfin. Vous voulez que je m’occupe de la question, hé ? Bon, qu’est-ce que je dois faire ?

— Ce que nous vous avions ordonné de faire hier.

— Vous êtes bons ! protesta Mallory.

Un regard appuyé de Katz lui fit rentrer ses objections.

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