Karine Giébel - Juste une ombre

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Juste une ombre: краткое содержание, описание и аннотация

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Tu te croyais forte. Invincible. Installée sur ton piédestal, tu imaginais pouvoir régenter le monde.
Tu manipules ? Tu deviendras une proie.
Tu domines ? Tu deviendras une esclave.
Tu mènes une vie normale, banale, plutôt enviable. Tu as su t’imposer dans ce monde, y trouver ta place.
Et puis un jour…
Un jour, tu te retournes et tu vois une ombre derrière toi.
À partir de ce jour-là, elle te poursuit. Sans relâche.
Juste une ombre.
Sans visage, sans nom, sans mobile déclaré.
On te suit dans la rue, on ouvre ton courrier, on ferme tes fenêtres.
On t’observe jusque dans les moments les plus intimes.
Les flics te conseillent d’aller consulter un psychiatre. Tes amis s’écartent de toi.
Personne ne te comprend, personne ne peut t’aider. Tu es seule.
Et l’ombre est toujours là. Dans ta vie, dans ton dos.
Ou seulement dans ta tête ?
Le temps que tu comprennes, il sera peut-être trop tard…
Tu commandes ? Apprends l’obéissance.
Tu méprises ? Apprends le respect.
Tu veux vivre ? Meurs en silence…
Karine Giébel a reçu le Prix Marseillais du Polar en 2005 pour
, son premier roman ; le prix Intramuros, le prix Polar SNCF et le prix Derrière les murs pour
.
Meurtres pour rédemption Ses livres sont traduits dans plusieurs pays, et, pour certains, en cours d’adaptation audiovisuelle.
Juste une ombre

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— Je sais pas… Je sais pas !

— N’ouvre pas les yeux, ordonne à nouveau le flic. Pas encore.

Il balade ses lèvres sur sa peau, le sang afflue jusqu’au cerveau de Cloé. Juste derrière ses paupières, un ciel rouge barré d’éclairs.

— Moi, j’ai aimé ça, révèle Gomez. Et j’avais hâte de recommencer !

Énorme coup de tonnerre.

Cloé ouvre les yeux et plonge directement dans ceux d’Alexandre. Comme dans un bain de lave en fusion.

— C’est toi ? murmure-t-elle avec effroi.

— Qui veux-tu que ce soit ?

Il sourit, sa poigne se referme sur la gorge de Cloé.

— Mon Dieu ! gémit-elle.

— Ton dieu, c’est moi.

La peur devient plus forte que l’envie. Elle tente de le repousser, de s’enfuir. Il la plaque sur le matelas et pèse de tout son poids sur elle. Ses doigts se sont transformés en lames qui lacèrent sa peau.

Elle hurle, se débat. Il la mord jusqu’au sang, lui arrache des morceaux de chair.

Bientôt, la douleur est si forte qu’elle exige le silence.

Bientôt, Cloé ne peut même plus crier.

Abandonner, s’abandonner. Lui donner ce qu’il désire.

Son corps en pâture, son âme en sacrifice.

Mourir entre ses mains en oubliant qu’un jour elle a aimé vivre.

Chapitre 43

Gomez passe son jean et quitte la chambre en fermant la porte derrière lui.

Dans le salon, il récupère son blouson en cuir, l’enfile à même la peau et s’exile sur le perron.

Appuyé sur la rambarde en pierre, il savoure la fraîcheur nocturne pendant de longues minutes, un léger sourire sur les lèvres.

Il se sent bien. Étrangement apaisé.

Pourtant, il était sûr que ça lui ferait mal.

L’air est électrifié, l’orage continue de gronder au loin. Un éclair sabre parfois le ciel laiteux, y laissant une évanescente cicatrice.

Finalement, Alexandre s’assoit sur la première marche et allume une Marlboro.

Il y a si longtemps qu’il n’avait pas éprouvé pareille sérénité… Et même s’il sait que ça ne durera pas, puisqu’il sait que ça ne pourra pas durer, il profite de chaque seconde de cette rémission aussi miraculeuse qu’éphémère.

En évitant de penser à ce qui viendra ensuite.

Chapitre 44

Quand Cloé se réveille, elle est étonnée.

D’avoir réussi à dormir. Sans somnifère, sans alcool. Juste en fermant les yeux.

Il est tôt, le jour n’est encore qu’une promesse. La seule dont on sait qu’elle sera tenue.

Alexandre a quitté la chaleur des draps. Assis dans un fauteuil, il la regarde. Avec une intensité dont seuls ses yeux sont capables.

Cloé se redresse lentement, pressant les draps sur son corps. Elle tremble, une sueur froide perle au creux de ses reins.

— Tu rêvais de moi ? suppose Alexandre.

Dans les premières lueurs de l’aube, sa voix est mate, presque inhumaine.

Cloé tremble de plus en plus, face à cette silhouette immobile qui se mélange à l’ombre.

— Ou peut-être que tu rêvais de lui…

Il se déplie avec grâce, la rejoint en moins d’une seconde. Cloé repousse les draps avant de bondir hors du lit. Mais entre elle et la porte, il y a Alexandre. Qui la fixe bizarrement.

Il pose un pied par terre, elle recule jusqu’à heurter le mur.

— Je te fais peur ?

Il l’enlace, pose ses lèvres à la naissance de son cou. Elle suffoque, son cœur agonise.

— Qu’est-ce qui se passe, Cloé ?

Il écarte une mèche de cheveux qui lui barre le visage, observe la terreur qui grandit démesurément dans ses yeux.

— C’est toi ? gémit la jeune femme.

— Oui, c’est moi, répond Alexandre en souriant tendrement. Qui veux-tu que ce soit ?

— Mon Dieu !

Elle s’effondre dans ses bras, il l’empêche de tomber, la dépose sur le lit.

— Dis-moi ce qui t’arrive, s’inquiète Gomez. Parle-moi…

— Tu vas me tuer ?

Le flic la regarde, sidéré. Puis, d’un seul coup, il comprend.

— Comment tu peux croire une chose pareille ? reproche-t-il d’une voix sourde.

— J’ai rêvé que c’était toi… Ça semblait si vrai ! Tu me mordais jusqu’au sang, tu m’étranglais…

Gomez ramasse ses fringues qui traînent sur le tapis, quitte la chambre sans ajouter un mot. Alors qu’il s’enferme dans la salle de bains, Cloé enfouit son visage dans l’oreiller et se met à hurler, à taper du poing sur le matelas.

Ce n’était qu’un cauchemar. Si réel, pourtant.

Elle l’a blessé, à nouveau. Il va l’abandonner, à nouveau.

Alors, elle se précipite jusqu’à la salle de bains, entre sans frapper. Il est déjà sous la douche mais elle se jette à l’eau sans hésiter. Suspendue à son cou, elle l’embrasse à n’en plus finir. S’excuse, à n’en plus finir.

— Tu es complètement folle ! dit Alexandre.

— Oui !

Elle éclate de rire, il la serre contre lui.

Un instant, aussi fugace que délicieux, il oublie qu’un jour il a eu envie de mourir.

Comment as-tu osé, mon ange ?

Il a posé les mains sur toi… Et tu t’es laissé faire.

Tu te donnes de grands airs mais tu n’es qu’une salope, une traînée.

Une moins que rien.

Personne n’a le droit de te toucher, pourtant. Personne, à part moi.

Tu le sais, mais tu as voulu me blesser.

C’est réussi, je l’avoue ! Bravo, mon ange : ma fureur est désormais sans limite.

Il va donc falloir que je te rappelle les règles.

Je vais te montrer ce qu’il en coûte de me désobéir. De me tromper, de me trahir.

Tu veux me provoquer, peut-être ? Me défier ? Pour voir de quoi je suis capable, sans doute.

Tu verras, mon ange.

Bientôt, je te le promets.

Chapitre 45

Gomez décroche alors qu’il est au volant.

— C’est moi, annonce Maillard d’une voix sèche. Amène-toi, faut que je te voie.

— Je comptais justement passer, révèle Alexandre. Mais j’ai un truc à faire avant…

— Tout de suite ! exige le commissaire. Tu viens immédiatement, c’est compris ?

Alexandre regarde l’heure sur le tableau de bord. La psychiatre de Laura ne consulte que le matin, il ne voudrait pas la rater. À peine 9 h 45, c’est jouable. Et ce n’est pas le moment de contrarier Maillard qui a déjà l’air de s’être levé du pied gauche.

— OK, j’arrive.

Le divisionnaire raccroche sans autre forme de politesse, Gomez place le gyrophare sur le toit et exécute un demi-tour au beau milieu d’un boulevard.

Qu’est-ce qu’il me veut, alors que je suis en vacances ?

Soit l’IGS a pris une décision, soit Maillard a eu vent de l’enquête qu’il mène en douce. Quoi qu’il en soit, l’entrevue risque d’être explosive.

Une quinzaine de minutes plus tard, Alexandre gare sa voiture devant l’hôtel de police et grimpe directement jusqu’au bureau du patron.

— Salut, dit-il.

Le commissaire fixe son subordonné avec une colère évidente. Mais Alexandre a l’habitude.

— Qu’est-ce qui se passe ? demande-t-il en se posant sur une chaise.

— Tu es bien en congé ? attaque Maillard. Je ne me trompe pas ?

Alexandre soupire et sort son paquet de cigarettes de la poche de sa chemise.

— C’est toi qui m’as foutu en congé, je ne vois pas pourquoi tu me poses la question.

— Alors tu peux m’expliquer ce que tu fabriques avec cette fille ?

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