Karine Giébel - Les morsures de l'ombre

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Les morsures de l'ombre: краткое содержание, описание и аннотация

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Une femme rousse, plutôt charmante. Oui, il se souvient. Un peu… Il l’a suivie chez elle… Ils ont partagé un verre, il l’a prise dans ses bras… Ensuite, c’est le trou noir. Quand il se réveille dans cette cave, derrière ces barreaux, il comprend que sa vie vient de basculer dans l’horreur. Une femme le retient prisonnier. L’observe, le provoque, lui fait mal.
Rituel barbare, vengeance, dessein meurtrier, pure folie ?
Une seule certitude : un compte à rebours terrifiant s’est déclenché.
Combien de temps résistera-t-il aux morsures de l’ombre ?
Ça ressemble a un jeu. Le premier qui bouge a perdu. Dans ce roman noir magistral et tendu à l’extrême, Karine Giébel nous entraîne dans un huis clos glaçant au cœur de la folie. Un livre dont on ne ressort pas indemne.

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— Oui, trois maîtresses différentes. N’est-ce pas, Benoît ?

— Et alors ? En quoi ça te regarde ?

— Tout ce qui te concerne me regarde ! Je veux te connaître… Tout connaître de toi.

— C’est pour ça que je suis là ? C’est ça que je dois payer ? Mes infidélités ?

Elle part à rire.

— Non ! Non, Benoît ! Que tu fasses cocue ton épouse m’est égal, je t’assure ! Mais ça signifie quelque chose, quand même…

Il est de plus en plus blême.

— Ça veut dire que tu es un sacré bon menteur !

Il décide de contre-attaquer, de ne pas se laisser piétiner sans réagir.

— Ça dépend comment on voit les choses… On peut dire que je suis un sacré bon amant !

— Oh… bien sûr, on peut dire ça ! Sauf que je n’en suis pas persuadée…

— Tu veux que je te montre ?!

— Non, ça ne m’intéresse pas !

— C’est peut-être ça, ton problème.

Là, il l’a touchée de plein fouet. Son visage se durcit sous la gifle. Il insiste, appuie là où ça fait mal.

— C’est ça, Lydia ? Tu as des problèmes avec les hommes ? Ou alors tu n’aimes pas les types comme moi, ceux qui trompent leur femme ? Peut-être parce qu’un homme t’a blessée ? C’est ça, Lydia ? T’as été cocue, un mec a brisé ton joli petit cœur et t’as décidé de te venger sur les infidèles…

Elle plisse légèrement les yeux. Prête à mordre.

— Réponds, Lydia !… Qu’est-ce qui t’arrive ? T’es plus prolixe, d’habitude !

— Tu t’égares, Benoît…

— Au contraire, j’ai comme l’impression que je brûle, là !

Son visage retrouve l’aspect du marbre.

— Je n’ai aucun problème avec les hommes.

— J’en crois pas un mot… T’es une tordue !

— Explique-moi pourquoi tu ressens le besoin de collectionner les maîtresses, Benoît…

— Va te faire foutre !

— Si tu m’expliques, je t’apporte un truc à manger… Et un café chaud, aussi. Et puis je te donne tes fringues propres.

— Le chantage, maintenant ? Manquait plus que ça !

— La vie est ainsi faite : on doit donner pour recevoir. Remarque, moi j’ai mangé à ma faim, je ne suis pas pressée… J’ai tout mon temps !

Il met les mains au fond de ses poches, lui jette un regard assassin. Son estomac le torture. Autant que cette fille.

— Tu veux savoir quoi ?

— Pourquoi tu trompes Gaëlle.

Elle connaît même le prénom de son épouse…

— Elle est plutôt jolie, pourtant !

— Elle est très jolie.

— Alors pourquoi ?

— Apporte-moi à bouffer et je te dirai…

— Ah non ! Ce ne sont pas les règles, commandant !

— Les règles ? Y a pas de règles !

— Si, les miennes. Les seules en vigueur, ici. Tu parles et ensuite, tu manges.

Il n’a pas l’intention de se laisser humilier. Alors il se tait. Tente de résister. C’est tellement difficile ! Mais sa fierté est à peu près tout ce qu’il lui reste. Il se pose sur sa couverture ; comme s’il boudait dans son coin.

— Tu refuses de me répondre ?

— Je t’emmerde.

— Hum… Je vois que tu as encore beaucoup à apprendre…

— Je t’emmerde !!

— Peut-être que Gaëlle n’est pas très douée au lit… C’est ça, Benoît ?

— Je t’interdis de parler de ma femme, espèce de folle ! vocifère Benoît.

— Et tu vas faire quoi ? Me passer à tabac ? A distance ?!

Elle éclate de rire, face à ses poings serrés. Inutiles.

— Je crois que tu dois apprendre à me respecter, commandant.

— C’est ça, oui… !

Elle s’empare de quelque chose sur une étagère. Il identifie immédiatement son flingue, frise la crise cardiaque. Elle le braque, il se lève doucement, fixant le canon du revolver.

— Tu le reconnais, n’est-ce pas ? Au cas où tu en douterais, je sais m’en servir… J’ai pris des leçons !

— Tirer sur des cibles et sur un homme, c’est pas la même chose…

— Un homme ? Et où vois-tu un homme, ici ?! Moi, je ne vois qu’un tas de merde qui fait dans son froc…

Il avale sa salive, reste immobile.

— Tu sais ce que ça peut te coûter d’abattre un flic ?

— Ça m’est égal… Et de toute façon, jamais ils ne me retrouveront !

Il essaie encore.

— Si tu me descends, tu perds ton jouet, Lydia…

— Qui parle de te descendre ?…

Elle baisse le calibre.

— Je commence par les jambes. Qu’est-ce que t’en dis ? Si je t’explose un genou, ça ne te tuera pas… ça te fera juste souffrir le martyre !

Elle enlève le cran de sûreté. Pétrifié contre le mur, cloué au pilori, Benoît ne bouge plus, ne respire même plus. Comme si le moindre battement de cils pouvait déclencher l’irréparable.

— Déshabille-toi, ordonne-t-elle.

— Hein ?

— Vire tes fringues ! Vite ! Sinon je tire !

— Lydia, écoute, je…

— Ta gueule ! Vire tes fringues !

— OK, calme-toi…

Il s’exécute, enlève sa chemise, son jean. S’arrête là, en espérant que ça lui suffira.

— C’est bien, commandant. Je vois que tu commences à comprendre ! Amène tes vêtements par ici. Jette-les de l’autre côté de la grille… La couverture aussi ! Sans oublier le manteau !

Il obéit encore, tandis qu’elle le tient toujours enjoué.

— Voilà ! Maintenant, en plus d’avoir faim, tu vas te geler !… Tu es si mignon, en caleçon !

Elle retourne s’asseoir, pose le flingue sur ses genoux, allume une clope. Benoît a reculé à nouveau jusqu’au mur. Il a eu tellement peur qu’il a oublié d’avoir froid.

Elle l’observe un moment, apparemment ravie du spectacle.

— J’ai envie d’un thé bien chaud, raille-t-elle. Je te laisse…

Elle l’abandonne, il retombe par terre. Se recroqueville sur le béton sale et gelé.

Maintenant il a froid. Comme jamais encore il n’a eu froid de toute son existence.

Le souffle glacé de la mort, sans doute.

— Il est comment, Benoît Lorand ?

Djamila hausse les épaules. Elle ne se sent pas très à l’aise aux côtés de ce type qu’elle ne connaît même pas. Ils roulent en direction d’Osselle, le patelin où crèchent les Lorand. C’est elle qui tient le volant, elle préfère.

— C’est un bon flic, répond-elle de façon évasive.

— Et en tant qu’homme ? insiste Fabre.

— Eh bien… C’est un type sûr de lui…

Fabre descend tout juste du TGV en provenance de la capitale, n’a même pas eu le temps d’être présenté à l’équipe de Lorand.

Même pas eu le temps de découvrir sa magnifique chambre d’hôtel.

— Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?! ajoute Djamila face au regard insistant de son nouveau coéquipier.

— J’ai comme l’impression que… que vous ne le portez pas dans votre cœur, capitaine… Je me trompe ?

Ce mec lui tape déjà sur les nerfs. Comme ça, sans raison valable. La cinquantaine, petit, rondouillard, plutôt banal. Voire carrément moche. Elle n’a pas tiré le gros lot ! Ils auraient pu m’en envoyer un jeune et bien roulé…

En plus, celui-ci a la malchance de se prénommer Auguste. Plus personne n’est affublé de ce prénom ridicule !

— Bof… Disons que c’est le genre de mec que j’apprécie pas tellement. Présomptueux, voire prétentieux, imbu de sa personne… Qui roule des mécaniques, si vous voyez ce que je veux dire !

— Je vois ! rigole Fabre. Bon, dites-moi un peu les pistes que vous avez explorées jusqu’à présent…

— J’ai pris l’enquête aujourd’hui ! Vous savez, sa femme nous a signalé sa disparition hier matin, on n’a pas vraiment eu le temps d’entamer des recherches. Ses hommes sont en train de répertorier tous les types qu’il a serrés et qui viennent de sortir de taule.

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