Karine Giébel - Jusqu'à ce que la mort nous unisse

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Jusqu'à ce que la mort nous unisse: краткое содержание, описание и аннотация

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La montagne ne pardonne pas. Vincent Lapaz, guide solitaire et blessé par la vie, l'apprend aujourd'hui à ses dépens : la mort vient de frapper, foudroyant un être cher. Simple accident ? Vincent n'en croit rien : la victime connaissait le parcours comme sa poche. C'est un meurtre. Avec l'aide d'une jeune gendarme, Vincent mène l'enquête, de crevasses en chausse-trapes, déterrant un à un les secrets qui hantent cette vallée. Et Lapaz non plus n'est pas du genre à pardonner…
« Ce livre est un captivant suspense psychologique avec, en toile de fond, les décors majestueux de la montagne. »
Jean-Paul Guéry — Le Maine libre

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— Servane, j’aimerais qu’on joue franc jeu tous les deux… Je ne sais pas très bien à quoi m’en tenir avec vous. Vous m’avez beaucoup aidé ces derniers temps et je vous en suis reconnaissant. Mais j’aimerais savoir si vous… Enfin, si vous ressentez quelque chose pour moi.

— D’accord, jouons franc jeu : je vous apprécie beaucoup mais c’est tout. Je n’ai aucune autre intention à votre égard.

— Bien… Au moins, c’est clair !

— Ça vous contrarie ?

— Non, pas du tout… À vrai dire, ça me soulage !

— Quelle délicatesse ! souligna-t-elle en riant.

— Pardon, je ne voulais pas vous vexer… Vous êtes charmante, mais pas vraiment mon genre !

— Vous préférez les allumeuses déjà mariées ? demanda-t-elle avec défiance.

— Décidément, depuis ce matin, je n’arrête pas d’en prendre pour mon grade !

— Désolée…

— C’est pas grave ! Vous n’avez pas tout à fait tort… Disons que je recherche des aventures sans lendemain, rien de plus.

— C’est dommage.

— C’est comme ça. À quoi bon construire quelque chose ? À quoi bon s’engager ?

— Vous êtes cynique, Vincent. Mais c’est certainement parce que…

— Stop, ordonna-t-il. Je ne veux pas d’une psychanalyse à deux balles !

— OK, je me tais.

— Et vous ? Vous êtes célibataire ?

La question sembla la mettre mal à l’aise.

— Oui, je n’ai personne en ce moment…

— À la caserne, personne qui vous plaît ?

— Non. De toute façon, je ne veux pas mélanger le boulot et les sentiments ! C’est le meilleur moyen d’attirer les emmerdes…

— Voilà qui est sage !

Vincent régla les consommations et ils quittèrent le bar sous une pluie désormais battante. Ils coururent jusqu’au pick-up et s’engouffrèrent à l’intérieur.

— Quel temps de merde ! constata Servane.

— Vous n’aimez pas la pluie ? Moi j’adore ça ! dit Vincent en démarrant.

Servane attrapa la lettre anonyme rangée dans la boîte à gants.

— J’ai hâte de savoir à qui ces deux terrains appartiennent ! dit-elle.

— Je m’en occuperai demain. Et je vous appelle dès que j’ai l’info…

— C’est parce que vous avez besoin de moi pour l’enquête que vous êtes revenu me chercher ? insinua-t-elle d’un air malicieux.

— Évidemment ! Vous savez bien que je ne suis qu’un sale opportuniste !

L’ambiance était presque détendue maintenant. Ils rejoignirent rapidement l’office du tourisme d’Allos qui venait juste de fermer ses portes.

— Voilà, madame est arrivée !

— Mademoiselle, rectifia Servane. Merci pour la balade !

— De rien. Et puis vous aviez payé ! D’ailleurs, la prochaine fois, venez sans vous inscrire… Vous serez la bienvenue.

— Merci, c’est sympa…

Elle ouvrit la portière mais se tourna à nouveau vers lui.

— Au fait, ajouta-t-elle, Vertoli vous a dit pour l’incident du bar… ?

— Oui, acquiesça Vincent.

— Je suis étonnée qu’Hervé Lavessières ne porte pas plainte contre vous, avoua-t-elle.

— Pas moi. Vous savez, la mentalité ici est un peu particulière…

— Ce qui signifie… ?

— Qu’il me réserve un chien de sa chienne, comme on dit !

— Il va se venger ? s’inquiéta la jeune femme.

— Sans doute… Disons que s’il peut me foutre son poing dans la gueule, il le fera à la première occasion !

— J’espère que non… Bon, j’y vais. Vous m’appelez, hein ?

— Promis. Mes hommages à Vertoli !

— Je n’y manquerai pas ! À bientôt !

Elle s’éloigna en direction de sa voiture, Vincent reprit le chemin de l’Ancolie. Il n’appellerait pas cette Nathalie, ce soir. Il ne l’appellerait certainement jamais, de toute façon. Mais peut-être reprendrait-elle contact avec lui.

Sans importance.

Cette nuit, elle tromperait son mari. Et même si ce n’était qu’en rêve, cela avait quelque chose d’excitant. De rassurant, même.

En arrivant à l’Ancolie, il eut la surprise de trouver Nadia assise devant le chalet, à peine abritée de la pluie.

— Bonsoir, Nadia… Qu’est-ce que tu fais là ?

Elle ne répondit pas, lèvres tremblantes, visage ravagé. Il l’aida à se relever en la prenant par la main.

— Viens te mettre au chaud, dit-il en ouvrant la porte. Viens…

À l’intérieur, il la débarrassa de son blouson trempé.

— Tu veux un thé ou un café ? proposa-t-il.

Elle secoua la tête, visiblement incapable de parler.

— Qu’est-ce que tu as, Nadia ?

— Tu savais pour Pierre et…

Elle n’arrivait pas encore à le dire. Trop de colère et de douleur dans cette phrase. Quant à Vincent, il s’était pétrifié en face d’elle.

— Tu savais, n’est-ce pas ? répéta-t-elle avec violence. Tu savais que cette salope de Ghis baisait avec Pierre ? Tu le savais, hein ?

— Non, Nadia. Je… Je l’ai appris il y a quelques jours.

— Te fous pas de ma gueule ! Forcément que tu le savais !

— Je t’en prie, Nadia, calme-toi ! implora-t-il en essayant de la prendre dans ses bras.

Elle le repoussa brutalement, commença à faire les cent pas autour de la table du salon.

— Quels salauds ! Vous vous êtes bien foutus de ma gueule, hein ? L’épouse modèle ! La femme dévouée et crédule !

— Arrête, Nadia… Je ne savais pas, je te le jure… Je l’ai appris alors que Pierre était déjà mort. C’est Servane qui me l’a révélé.

— Servane ?

— La fille de la gendarmerie. Elle a vu Pierre et Ghislaine à Saint-André et elle est venue se confier à moi.

— Et je peux savoir pourquoi tu ne m’as rien dit ?

— Parce que je ne voulais pas te blesser davantage. Tu souffrais déjà tellement… J’ai pensé qu’il était inutile d’en rajouter.

Nadia cessa enfin de tourner en rond pour s’effondrer sur le canapé. Vincent s’assit à côté d’elle. Quelques secondes plus tard, il l’attira contre lui et elle se laissa faire.

— Pourquoi il m’a fait ça ? gémit-elle. Pourquoi ?

— Je ne sais pas, avoua Vincent. Il ne m’en a jamais parlé… Et toi, comment tu l’as appris ?

— En écoutant les messages sur son portable… Ghislaine en a laissé un le jour où il est mort… Elle… Elle lui proposait une rencontre durant le week-end parce que Julien partait voir sa mère… Apparemment, Pierre venait de la plaquer, elle voulait essayer de… Elle voulait renouer avec lui… Quelle pourriture ! Et dire qu’elle venait passer des après-midi entières à la maison ! Je vais lui arracher les yeux ! Je vais la crever !

— Calme-toi, Nadia… Je comprends ce que tu ressens…

— Non, tu peux pas comprendre !

— Si, je peux… Je te rappelle que ma femme s’est tirée avec un autre mec.

— C’est vrai… Pardonne-moi, Vincent.

— Tu sais, je crois que Pierre t’aimait plus que tout… Cette histoire avec Ghislaine n’était certainement qu’une aventure sans lendemain… La preuve, tu dis toi-même qu’il venait de rompre.

— Je ne sais pas, Vincent… Je ne sais plus… Il venait de rompre, mais après combien de jours ? Ou combien de mois…

Elle se mit à pleurer contre son épaule et pendant une fraction de seconde, il se surprit à détester son meilleur ami. Une fois encore. Comme si sa mort n’était pas un supplice suffisant. Il caressait machinalement les cheveux de Nadia, essayant de la réconforter du mieux qu’il pouvait. Elle sécha enfin ses larmes.

— Où sont les enfants ? s’inquiéta Vincent.

— Chez leur grand-mère.

— Tu veux rester ici, cette nuit ?

Elle accepta d’un signe de tête.

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