Adrien Goetz - Webcam

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Gossec, pionnier de l’art conceptuel, est un mythe vivant. Marié à un top model, il orchestre depuis son château la canonisation médiatique de son centième anniversaire. Alors qu’il rédige ses mémoires, son fils est assassiné. Une chasse à l’homme s’engage dans le monde des galeries, des collectionneurs et des journalistes, jusque sur les rivages les plus secrets de la Méditerranée. Mais la vraie partie se joue sur le web…
Adrien Goetz est maître de conférences en histoire de l’art à l’université Paris IV-Sorbonne. Après un premier roman remarqué,
dont le héros était un créateur contemporain imaginaire, il a fait revivre trois flamboyantes figures d’artistes du XIX
 siècle dans
et fait paraître deux autres romans :
(2004) et
(2006).
« Webcam est un premier roman dense et ludique. Qui jette un regard acerbe sur les multiples miroirs de notre société. »
Elle

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« Je déclare, je répète, enregistrez-le, que je ne reconnaîtrai pas cette série. Vous n’allez tout de même pas croire, et faire croire, que j’ai pu peindre un tableau où l’on voit une petite fille se faire violer. Sortez. »

Elle reprend ses photos et fait comme si elle allait partir. Voilà ce que j’attendais. L’office de décembre manqué, la parution à l’eau. Ma mesquinerie est comblée. Mais sur le fond, je suis inquiet, Manette aussi. Si un faussaire est au travail et a compris comment faire, il n’y a pas de raison qu’il s’arrête.

Je contrôle les cours. C’est Manette qui est mon principal vendeur pour les toiles. Elle ne sait pas comment débuter l’enquête. Elle veut aller à Washington. Je vais appeler Rex — le clébard fidèle rédige la préface générale du catalogue —, il a peut-être entendu parler de quelque chose. Si ça continue, on va voir apparaître des toiles de plus en plus ignobles. On va me doter d’une œuvre pornographique et pédophile. Je n’y pourrai rien. Tout le monde sait, dans le milieu, que le « catalogue raisonné » doit paraître. Une fois que j’aurai donné le bon à tirer, ce sera fini. Les œuvres oubliées ne paraîtraient qu’en annexe, au moment de l’éventuelle réimpression, d’où une décote évidente. Pour que les tableaux flambent après ma mort, ce qui ne va pas tarder, il faut qu’on les trouve dans le livre paru de mon vivant. Ils ont donc encore quinze jours-trois semaines pour sortir du bois. Je vais appeler personnellement la dizaine de grands marchands susceptibles de vendre un Gossec aujourd’hui, histoire de savoir si on ne leur a rien proposé ces derniers temps. La liste que j’ai trouvée dans les papiers de Virgile, tiens donc. Puis je ferai appeler par le patron des assurances Bata-Via, il m’aime bien, il fera ça pour moi : « Je veux un Gossec, important, avec un vrai sujet fort, pas un paysage, une scène, trouvez m’en un à n’importe quel prix. » Comme il vient d’acheter le Château-Haut-Moulin-des-Galettes, et que tous les journaux d’affaires en ont parlé, je n’aurai plus qu’à attendre tranquillement la réponse. Le cher vieux Charles Bata, né à Montceau-les-Mines — bienfaiteur du Louvre, avec son nom gravé sur la plaque, à côté des entreprises japonaises —, qui ne peut pas s’empêcher de m’appeler « mon cher comte ». Brave cruche.

Tout cela ne serait rien. Je veux me battre. Les faussaires composent aussi un bon fumier, ils font ma publicité, ils forment le goût des gens. Je les balaye d’un revers de main. Plus embêtant : cette peinture techniquement assez mauvaise, d’une facture approximative, mal composée, m’inquiète.

La scène représentée me détruira. Le personnage de gauche a exactement l’attitude de celui que j’avais peint, pour moi seul, dans une nuit de folie — mais la fille n’était pas comme cela, sous lui, elle le provoquait à l’autre bout de la toile. Et lui, je l’avais représenté complètement habillé. Elle seule était nue. Et le couteau, posé sur la table entre eux. Et le décor du fond, c’est encore celui de la « chambre-poubelle ».

Un homme adulte avec une fillette. Si l’on commence à me sortir des histoires de pédophilie, à mon âge, à moi qui suis plus respectable qu’un archevêque — justement, lance Manette, le clergé, belle référence. Elle se ressert de fromage. Nous faisons elle et moi le bilan de cette première journée de guerre.

Je l’ai expliqué posément à la chèvre savante : il est impossible que ces trois tableaux puissent m’être attribués. Manette, chignon impeccable, lunettes sales, en convient, avec un sourire doucereux de bonne sœur qui en a vu quelques-unes, des petites pensionnaires à leur toilette — car nul ne parle jamais de la pédophilie lesbienne, pourtant si répandue en tout temps. Mais son sourire s’est figé : Nitouche la Belge pense qu’il s’agit d’une série cohérente, achetée à la même personne, et que sortir ces trois images salaces, ou artistiquement nulles, du catalogue revient à désattribuer toute une série de tableaux de cette époque. Je triomphe. Vous voyez bien que ce n’est pas mon style, ce sont mes personnages, mes tics, mais ce n’est pas composé. Voilà comment on reconnaît un faux : tous les détails peuvent correspondre, mais l’idée générale ne peut pas être de l’artiste. Elle ne me laisse pas le temps d’achever. Elle me demande si je puis vraiment me souvenir de quelques toiles peut-être faites en une nuit, après un dîner bien arrosé à Montparnasse il y a quarante ans. Manette me semble vraiment laide : comment fait Pierre, son jeune amant, est-ce qu’elle le paye ? Mais il a lui-même la réputation de gagner des fortunes. Est-ce qu’elle serait encore plus riche que tout le monde ? Depuis le temps qu’elle me vend. Ou alors c’est lui qui est pervers. Il faudra que je les invite ensemble à passer quelques jours, pour en avoir le cœur net. On leur collera une petite caméra dans la tringle à rideaux.

Je raconte à Manette la fin de l’entretien avec Dieulafoi. Je l’ai pris de haut : je me souviens du moindre trait sorti de ma main depuis que j’ai appris à dessiner, je me souviens de toutes les œuvres que j’ai aimées dans les musées. Je commence à lui réciter le catalogue de la pinacothèque d’Empoli en Toscane. Elle m’arrête, croit que je délire, revient à la charge. Je comprends que si elle est butée à ce point c’est que l’on a dû user envers elle d’arguments très convaincants pour qu’elle me fasse reconnaître ces trois enfants qui ne sont pas de moi. Je fais le sénile. Je la raccompagne. Je lis dans ses yeux : elle pense que je sais que les tableaux sont vrais, mais inacceptables. Elle pense sans doute que j’ai peur, peur que cette immondice, dans le livre, n’infeste mon œuvre. Je n’arrive pas à la convaincre. « Plusieurs témoignages confirment que vous avez fait, après la guerre, un tableau un peu bizarre, que vous avez voulu cacher, que Rex lui-même n’a jamais vu. Est-ce faux ? Je crois simplement que ce tableau réapparaît. Vous devriez avoir la simplicité de le reconnaître. »

D’un coup, je sens l’odeur de la mer. Ma Méditerranée. J’ai envie de partir. De tout quitter. J’entends le rythme des phrases que j’aime dans les tragédies de Racine. Et je dois continuer, à cent ans, à faire la guerre à ce monstre. Je joue gros. Je me rends compte que je risque de tout perdre. Manette, à table, sent la catastrophe et prend du café avant le dessert.

Je sais que ces tableaux n’ont pas été faits par moi. Plus je démens, plus la Dieulafoi doit se dire qu’elle comprend trop bien pourquoi je nie. Je me trouble, pour la première fois devant elle. « Penseriez-vous que pour le plaisir sot d’ajouter un peu de soufre à ma carrière je fusse prêt à jouer mon humanité ? » Le mot la surprend. Je pense, sans le dire : « Sacrifier ma postérité, brûler mes vaisseaux. » Je me souviens des déclarations de don José Salamango, l’abbé des pauvres, à Lima, canonisé de son vivant par la planète entière, le cher homme que j’avais rencontré une année à Ascot, et qui, une semaine avant sa mort, ruine ses chances en déclarant que le pape n’est jamais infaillible et que l’Église se trompe quand elle promet le Paradis. Suprême élégance de certains vieillards. Peut-être que lui, le vrai Paradis lui suffisait et qu’il n’avait pas grand-chose à faire de la canonisation par ses pairs. C’est le vrai saint, celui qui se grille lui-même à la fin.

Je ne saurais en dire autant. Je suis mort, mort à jamais. Je dois éviter que la chèvre accepte ces toiles. Que Nahoum les voie. Qu’elles sortent un jour après ma disparition. Je dois empêcher que celui qui les a faites, et qui sait si bien s’y prendre, en produise d’autres. Je dois savoir qui est derrière cela : faire de l’argent d’abord, me flinguer ensuite dans les médias, ou me faire chanter maintenant. Je vais finir comme Marc Dutroux ou M. l’abbé Vadeboncœur. Et Picasso ? On les a bien regardés, ses tableaux érotiques ? On a cherché l’âge des filles ? Il pouvait tout se permettre. Je garde les doubles des clichés pour les faire scanner et agrandir. Je ne peux pas m’empêcher, malgré moi, d’avoir quelques tableaux du passé qui me reviennent, quelques souvenirs d’il y a quarante ans, que ces fausses images arrivent à ressusciter. Comme si je les avais déjà vues, ou plutôt comme si je sentais confusément le poids de la main qui les a tracées.

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