Daniel Pennac - Au bonheur des ogres

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Au bonheur des ogres: краткое содержание, описание и аннотация

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Côté famille, maman s'est tirée une fois de plus en m'abandonnant les mômes, et le Petit s'est mis à rêver d'ogres Noël.
Côté cœur, tante Julia a été séduite par ma nature de bouc (de bouc émissaire).
Côté boulot, la première bombe a explosé au rayon des jouets, cinq minutes après mon passage. La deuxième, quinze jours plus tard, au rayon des pulls, sous mes yeux. Comme j'étais là aussi pour l'explosion de la troisième, ils m'ont tous soupçonné.
Pourquoi moi ?
Je dois avoir un don…

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— Ça va, Théo, ça va, c’est passé, merci.

Ma voix sort d’un scaphandre microscopique qui gueule du plus profond de mon talon. Je fais signe à Théo de s’intéresser de nouveau à la tribune où les débats continuent. Les bouches s’ouvrent, les doigts se tendent. Lecyfre et Lehmann distribuent les autorisations. Je n’entends absolument plus rien, mais je vois. Je vois des dos attentifs et des nuques angoissées. Et pour la première fois, je réalise que je les connais tous, ces dos et ces nuques d’hommes et de femmes. J’ai même la sensation étrange de les connaître intimement. Je peux mettre un nom sur la plupart des doigts qui se lèvent. Depuis cinq mois que je godille dans les allées du Magasin, ils me sont rentrés par les yeux. Ils se sont installés en moi. Je les connais comme je connais les quelque vingt-quatre mille vignettes des albums de Tintin, et leurs vingt-quatre mille bulles, mémoire homéopathique qui fait l’admiration exclamative de Jérémy et du Petit.

Du coup, les quatre flics dispersés dans l’assistance me sautent aux yeux comme des morpions sur une feuille blanche. Rien ne les distingue pourtant des autres mâles de l’assemblée. Flics, vendeurs et cols blancs, même combat pour la gourmette et le pli du futal. C’est le regard qui change. Ces quatre-là regardent les autres et les autres regardent devant eux, pathétiquement, comme si la promesse d’une aube sans explosif pouvait sortir de la tribune syndicale. Les flics, eux, cherchent un tueur. Ils ont le regard psy. Leurs oreilles grandissent à vue d’œil. Ils sont les spéléologues de l’âme ambiante. Qui, dans l’assistance, en a chié au point de vouloir faire sauter la baraque ? Ils ne se posent pas d’autre question.

Ils peuvent se la poser longtemps…

Le tueur n’est pas dans la salle ! C’est une certitude qui s’inscrit en lettres de feu dans mon silence intersidéral.

Du coup, je me glisse doucement vers une porte latérale, sans même attirer l’attention de Théo. Je longe un couloir bardé d’extincteurs et hérissé de flèches indicatrices. Au lieu de suivre la direction « sortie », j’oblique sur la gauche et pousse la barre d’appui d’une porte qui cède sous la pression.

Toutes lumières allumées, le Magasin repose dans sa poudre d’or. Bien que le silence soit absolu dans ma tête, il me semble entendre en prime son grand silence à lui. Des escaliers roulants qui ne roulent pas, c’est plus que de l’immobilité. Des rayons regorgeant de marchandises sans aucun vendeur derrière, c’est plus que de l’abandon. Des caisses enregistreuses qui ne font pas entendre le tintement de leurs clochettes, c’est plus que du silence. Tout cela vu par un sourd, c’est un autre monde. Un monde où les bombes explosent sans laisser de traces.

— Tu cherches où poser la prochaine ?

Cette voix si profonde, qui m’indique que j’ai recouvré l’ouïe, je la connais bien. Il s’est accoudé près de moi. Nos deux regards se portent instinctivement sur le rayon des shetlands, tout en bas. Je finis par répondre :

— Il y a tant de façons de tuer, Stojil, ça me décourage…

Stojilkovitch, Serbe pour les gènes, veilleur de nuit de son état, et d’un âge que son sourire ne cherche pas à rendre respectable. La voix la plus grave du monde : Big Ben dans la nuit londonienne. Et qui me raconte une charmante histoire :

— J’ai connu un tueur d’Allemands, pendant la guerre, à Zagreb, quinze ou seize ans, figure d’ange, on l’appelait Kolia, il avait trouvé une dizaine de trucs infaillibles. Par exemple, il se baladait au bras d’une camarade enceinte qui poussait un landau, il abattait un officier à la sortie de la messe, d’une balle dans la nuque, et planquait le revolver tout fumant à côté du bébé endormi. Des choses de ce genre. Il en a descendu quatre-vingt-trois. Il n’a jamais couru. Il ne s’est jamais fait prendre.

— Qu’est-ce qu’il est devenu ?

— Fou. Au départ, il n’était pas fait pour tuer. A l’arrivée, il ne pouvait plus s’en passer. Une forme d’hystérie meurtrière très fréquente chez les partisans, et qui a passionné l’internationale psychiatrique d’après-guerre.

Silence. Mon regard erre un instant sur la balustrade de ferraille dorée qui clôture le rayon des nouveau-nés, là-bas, en face de moi, de l’autre côté du vide. Poussettes et landaus perdent de leur innocence.

— On pousse le bois, ce soir ?

« Pousser le bois », dans le langage de Stojil, est une invitation à jouer aux échecs. Jusqu’à minuit tous les mardis, c’est la seule infidélité que je fasse aux enfants. Pousser le bois, ce soir, dans le lumineux sommeil du Magasin, oui, c’est tout à fait le genre de calme dont j’ai besoin.

14

Je reçois le coup de plein flanc. Pas le temps de reprendre mon souffle qu’une autre attaque, frontale, cette fois, m’envoie au tapis. Je n’ai plus qu’à me mettre en boule, me rassembler au maximum, laisser pleuvoir, attendre que ça passe tout en sachant que ça ne passera pas. Et ça ne passe pas. Ça me tombe dessus de tous les côtés à la fois. L’image qui me vient alors est celle de ces marins américains dont le bateau s’est fait couler quelque part dans le Pacifique, vers la fin de la guerre. Les hommes à la mer s’étaient agglutinés, pour faire bloc, et flottaient en se tenant les coudes, comme une immense flaque humaine. Les requins avaient attaqué cette galette en commençant par les bords, grignotant, grignotant, jusqu’au cœur.

C’est exactement ce que Stojil est en train de me faire. Il a repoussé mes forces autour de mon roi et attaque de tous les côtés à la fois. Cette capacité qu’il a de jouer simultanément des diagonales et des perpendiculaires indique le Stojil des grands soirs. Tant mieux, d’ailleurs, car quand il ne voit pas, Stojil, il triche ! Le seul type au monde capable de tricher aux échecs. Toutes ses pièces chevauchent deux ou quatre cases, la vue de l’adversaire se brouille, le monde chavire, le moral tombe à zéro, car la vraie mort des valeurs, c’est un échiquier flou. Ce soir, pas besoin de ça. Il voit ! Il voit et j’admire. Toutes ses attaques se font à la découverte. Un cheval fait son bond de crabe et le fou jaillit par en dessous, aussi net et inattendu qu’une lame. Le cheval, en retombant, plante lui aussi sa fourchette dans sa part du gâteau. Si je gare ma jambe, on me bouffe le bras, si je rentre la tête, je meurs étouffé. Pas à dire, c’est le Stojil des grandes nuits. Et moi la taupe clignotante sous les projos du Hibou. Dans ma tête, la petite bille qui cherchait follement la sortie s’abandonne enfin à la fascination de la défaite.

— Ils sont sept.

Il n’a pas quitté l’échiquier des yeux. Rien que ce murmure de basse lointaine qui lui tient lieu de voix.

Ils sont sept ? Sept quoi ? Qui, sont sept ?

— Il y a six flics dans le Magasin, plus le nôtre, ça fait sept.

Le nôtre, un grand boutonneux à la bouche humide, dont les hochements de tête admiratifs ponctuent chaque coup de mon adversaire, se raidit imperceptiblement.

— Un chez Sainclair qui épluche les comptes, un par étage qui joue les ombres, et le nôtre, qui fait semblant de savoir jouer aux échecs.

Bouche Humide est trop scié pour se vexer.

— Comment le savez-vous ? Vous ne les avez pas vus entrer !

Sans lui répondre, Stojil enclenche le micro de miss Hamilton qui m’appelle dix fois par jour à la salle de torture, s’approche, et laisse gronder le fond de ses tripes.

— Deuxième étage, rayon disques, éteignez votre cigarette, s’il vous plaît.

M’est avis qu’au son de cette contrebasse céleste, le patrouilleur du deuxième étage doit se croire en communication avec Dieu le Père Lui-même.

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