Daniel Pennac - Au bonheur des ogres

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Au bonheur des ogres: краткое содержание, описание и аннотация

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Côté famille, maman s'est tirée une fois de plus en m'abandonnant les mômes, et le Petit s'est mis à rêver d'ogres Noël.
Côté cœur, tante Julia a été séduite par ma nature de bouc (de bouc émissaire).
Côté boulot, la première bombe a explosé au rayon des jouets, cinq minutes après mon passage. La deuxième, quinze jours plus tard, au rayon des pulls, sous mes yeux. Comme j'étais là aussi pour l'explosion de la troisième, ils m'ont tous soupçonné.
Pourquoi moi ?
Je dois avoir un don…

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Je le connais, mon Stojil : le fait qu’on l’ait flanqué de sept condés le blesse profondément. Et puis une société qui se met à veiller les veilleurs, ça ne lui dit rien de bon, il a déjà connu ça…

Il revient tout de même à la partie, fait passer la ligne médiane au pion de son fou et annonce :

— Mat en trois coups.

Pas de doute. A l’étouffée. Décès par asphyxie. Bravo, Stojil. Le vainqueur se lève, traîne sa vieille carcasse jusqu’à cette lucarne d’opérateur d’où Miss Hamilton peut s’offrir un panoramique sur tout le Magasin. Timidement, Bouche Humide revient à la charge.

— Hein ? Comment saviez-vous que nous sommes sept ?

Le regard de Stojil plane seul, un long moment, dans le grand vide iridescent.

— Quel âge as-tu, petit ?

— Vingt-huit ans, monsieur.

A sa voix incertaine, Bouche Humide pourrait en avoir dix-huit. Mais quatre-vingt-huit à son crâne de piaf déshydraté.

— Qu’est-ce que faisait ton père, pendant la guerre ?

C’est un dialogue parallèle, les deux regards planant maintenant en escadrille dans le vaste silence lumineux.

— Gendarme, monsieur. A Paris.

Les yeux de Stojil plongent au plus profond du Magasin, et décrochent soudain pour amorcer une remontée tournoyante qui balaye chaque étage, l’un après l’autre, avant de rentrer en eux-mêmes, comme pour y faire leur rapport.

— Tu ne trouves pas que ça sent les pieds, ici ?

Le fils du gendarme allume ses oreilles. Mais le veilleur de nuit lui pose une main paternelle sur l’épaule.

— Ne t’excuse pas, ce sont les miens.

Et il ajoute :

— Parfum de sentinelle.

Alors, doucement, pesamment, Stojilkovitch se met à raconter sa vie au petit flic, en commençant par ses tout débuts de séminariste, quand, sentinelle de l’âme, il dressait autour du dogme la double muraille des Ave et des Pater, puis sa crise mystique, sa défroque, son entrée au Parti, sa guerre, les Allemands défilant là-bas, dans le creux des vallées, puis les armées Vlassov (un million d’hommes tous rectifiés à l’arme blanche à la fin des hostilités) chevauchant, tout en bas, sous l’œil immobile de la sentinelle Stojilkovitch (« gardienne des portes balkaniques de ton Europe, mon petit ! ») suivies bientôt par les hordes libératrices, Tatars aux dents aiguës, cavaliers Tcherkesses collectionneurs d’oreilles, Russes blancs collectionneurs de montres, et qui auraient bien aimé les franchir eux aussi, les portes balkaniques, mais c’était compter sans la vigilance de la sentinelle Stojilkovitch, drapée dans les effluves de ses sudations pédestres.

— Une sentinelle ne regarde jamais ses pieds, mon petit, jamais !

C’est beau. Le Magasin prend tout à coup des proportions de Grand Cañon. Stojil veille sur le monde.

— Je n’en ai pas laissé passer un seul ! Et c’est heureux, parce que si j’en avais laissé passer un, mon petit, ce seraient des roubles que boufferaient aujourd’hui tes caisses enregistreuses. Et elles ne rendraient pas la monnaie.

Ma parole, vu de profil, Stojil a vraiment l’air d’un aigle, à présent. Pas de première fraîcheur, certes, mais c’est tout de même quelque chose à côté du jeune poulet qui le dévore des yeux !

— Alors, tu comprends, quand on me donne une bonbonnière à garder, je peux encore y repérer huit charançons.

— Sept, s’excuse Bouche Humide, nous ne sommes que sept.

— Huit. Le huitième est entré il y a cinq minutes et aucun d’entre vous ne s’en est aperçu.

— Quelqu’un est entré dans le Magasin ?

— Par la porte du cinquième qui donne sur le couloir de la cantine. Elle ne verrouille pas ; j’ai rédigé trois rapports là-dessus.

Bouche Humide n’attend pas la fin de la réponse, il se rue sur le micro et l’information explose dans le silence du Grand Cañon. Sur quoi, il nous quitte comme un pet pour foncer vers la porte en question.

Les six autres flics, surgissant de leurs comptoirs respectifs, en font autant. Nous admirons quelques secondes, puis, passant son bras autour de mes épaules, Stojil me ramène à l’échiquier.

— Il faut sortir tes pièces et tenir le centre, Ben, sans quoi tu te feras toujours étouffer. Regarde, ton cheval noir et ton fou blanc n’ont même pas bougé.

— Si je sors trop vite, tu forces les échanges et tu finis par me baiser avec tes pions, à la yougo.

— Il faut aussi que tu apprennes à jouer avec tes pions, ce sont eux qui font la différence, en fin de compte.

Nous en sommes là de notre cours de stratégie lorsque s’ouvre la porte de la cabine et qu’entre Julius en personne, Julius frétillant, rigolard, tout jouasse de retrouver son maître, comme tous les mardis à la même heure de la nuit. Je ne lui ai jamais refusé ce plaisir. C’est encore la joie des retrouvailles quand la porte s’ouvre une seconde fois en coup de vent :

— Dites, le veilleur, vous n’auriez pas…

Le flic, qui interrompt sa question en découvrant Julius, est énorme, tout en poitrail, les tifs plantés au ras des sourcils très touffus, très noirs : un pur produit des studios Mack Sennett.

— Nom de Dieu qu’est-ce que ce clébard fout ici ?

— C’est mon chien, dis-je.

Mais la Loi ne veut pas nous faire jouir plus longtemps de sa surprise. Lui, son truc, c’est plutôt la terreur, roulements d’yeux et grincements de dents.

— Qu’est-ce que c’est que cette taule, bordel, où les veilleurs tapent le carton et où n’importe qui peut se balader la nuit avec son clebs ?

J’improvise une explication à la gloire du noble jeu d’échecs et pour la défense des vieilles habitudes, mais il me la coupe au hachoir :

— Qu’est-ce que vous foutez ici ?

J’annonce que Bouche Humide m’en avait donné l’autorisation.

— Tirez-vous.

Voilà, c’est l’autorité simple. Et, comme de toute façon Julius et moi allions le faire, on se barre.

Retour à six pattes au Père-Lachaise.

— Par où partez-vous ?

J’annonce mon itinéraire : la porte bousillée des coursives.

— Mon cul ! Par la porte de service, comme tout le monde !

Changement de cap. Julius et moi descendons l’escalator qui en cinq révolutions nous crachera au rayon des jouets. Dans mon dos, j’entends l’humaniste gueuler :

— Pasquier, raccompagne ce rigolo et sa poubelle !

Et encore :

— Il schlingue, ce clebs !

Pasquier, qui est déjà sur mes talons, me murmure à l’oreille.

— Je suis désolé, vraiment…

Je reconnais la voix enfantine de Bouche Humide.

— La hiérarchie, mon vieux, vous êtes tout excusé.

Devant moi, Julius se farcit prudemment les marches de l’escalator immobile, d’une hauteur pour lui inhabituelle. Son gros cul oscille entre les parois de formica. De quoi faire rêver plus d’un berger. Ravi de retrouver enfin la terre plane du rez-de-chaussée, il se retourne, et, sautillant sur ses quatre pattes, m’offre sa petite danse jubilatoire. C’est vrai qu’il schlingue. Il faudra que je le lave.

C’est lorsque nous atteignons le rayon des jouets que la chose se produit. Qui restera jusqu’à nouvel ordre le souvenir le plus pénible de ma vie. Le chien qui a repris son pas de sénateur se fige soudain. Bouche Humide et moi manquons nous casser la gueule en lui rentrant dedans. Sous le choc, Julius bascule et tombe sur le flanc, raide comme un cheval de bois. Les yeux sont révulsés. Une bave épaisse coule à flots de ses babines noires retroussées en un rictus d’apocalypse. Sa langue est si profondément enroulée dans sa gorge que toute respiration est impossible. Gonflé à éclater, mon pauvre Julius. Oui, un cadavre de cheval longtemps après la bataille. Je me jette sur lui, je plonge mon bras dans sa gueule distendue et tire sur cette langue comme si je voulais l’arracher. Elle cède enfin, se tend dans un craquement, et soudain, les yeux de mon chien retrouvent leur place. Mais l’expression que j’y lis me fait bondir en arrière. C’est alors qu’il commence à hurler, un hurlement lointain de sirène, qui monte, et qui, en s’amplifiant, remplit tout le volume du Magasin d’une terreur à réveiller les morts. Toutes les terreurs du monde en un seul interminable hurlement de chien fou.

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