Daniel Pennac - La fée carabine

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« Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c'est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ? »
Ainsi s'interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, cœur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d'un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l'innocence même (« l'innocence m'aime ») et pourtant… pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale.

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— Vous voyez, cette gigantesque taupinière, les filles ? qu’il se met à gueuler. Cette poussée souterraine de l’imagination architecturale contemporaine, vous la voyez ? « OUIIII », fait le chœur des vierges. « Et vous savez à quoi ça sert ? » « NOOON ! » « Eh bien ça sert à faire tourner de jeunes maniaques en rond sur des vélocipèdes hypermodernes mais qui n’en restent pas moins des machines antédiluviennes : à pédales ! »

— Il parle vraiment comme ça, ce Stojilkovicz ? demanda Pastor.

— Encore mieux, gamin, avec un somptueux accent serbo-croate, et je ne suis pas du tout sûr qu’elles comprennent la moitié de ce qu’il leur sort ; mais ne m’interromps pas, écoute la suite.

— C’est un crime, cela, mesdames ! hurle Stojilkovicz. Parce que vous savez ce qu’il y avait, là, avant cette boursouflure ?

— NOOOON !

— Il y avait un petit entrepôt de pinard, oh ! trois fois rien, un modeste Gamay, qui titrait ce qu’il pouvait, mais qui était tenu par le couple le plus extraordinairement généreux que j’aie jamais connu !

* * *

Le cœur de la veuve Hô avait cessé de battre, et le cœur de l’inspecteur Van Thian s’était pétrifié dans le cœur de la veuve Hô. Il entendait là l’histoire de ses propres parents.

— Elle, la femme, s’appelait Louise, continuait Stojilkovicz, et tout le monde l’appelait Louise la Tonkinoise. Elle avait profité d’un bref séjour d’institutrice au Tonkin pour comprendre qu’il ne fallait pas jouer plus longtemps la farce coloniale. Elle était rentrée, portant dans son giron un Tonkinois minuscule, son mari, et tous les deux ensemble, ils avaient repris le petit entrepôt du père de Louise. Pinardière, elle était née, pinardière elle vivrait, ce devait être sa merveilleuse destinée ! Et la plus charitable des pinardières ! Providence des étudiants fauchés et autres paumés de l’Histoire que nous étions, nous autres, Yougoslaves. : « Chez Louise et Thian », les filles, c’était notre refuge quand nous n’avions plus un rond, notre paradis quand nous pensions avoir perdu nos âmes, notre village natal quand nous nous sentions apatrides. Et, quand l’après-guerre faisait trop de ravages dans nos têtes, quand nous ne savions vraiment plus si nous étions les paisibles étudiants d’aujourd’hui ou les héroïques tueurs d’hier, alors le vieux Thian, mari de Louise, Thian de Monkaï (c’était le nom de son patelin) nous prenait par la main et nous conduisait vers les mirages de son arrière-boutique. Il nous allongeait sur des nattes, avec précaution, comme les enfants malades que nous étions, nous tendait de longues pipes et roulait entre ses doigts les petites noisettes d’opium dont le grésillement nous apporterait bientôt ce que même le Gamay ne pouvait plus pour nous.

* * *

— Et tout à coup, je les ai revus, gamin, cette petite bande de yougos qui fréquentaient chez mes parents après-guerre. Et il en faisait partie, lui, le Stojilkovicz, oui, je l’ai reconnu comme si c’était hier, à quarante ans de distance ! Cette voix de pope… la fantaisie dans tout ce qu’il disait… en fait, il n’a pas changé d’un poil… Stojilkovicz, Stamback, Milojevitch… C’étaient leurs noms. Ma mère les abreuvait et les nourrissait gratis, c’est vrai. Ils étaient fauchés, bien sûr. Et parfois, mon père les endormait à l’opium… Ça ne me plaisait pas trop, je me rappelle.

— Ils se sont battus contre les nazis, disait ma mère, ils ont vaincu les armées Vlassov, et maintenant il va leur falloir surveiller les Russes, tu ne crois pas que ça mérite une petite pipe d’opium de temps en temps ?

Il faut te dire que j’étais déjà flic, à l’époque, toute jeune pèlerine à bicyclette, et que cette arrière-boutique m’inquiétait plutôt. Elle commençait à être connue, et fréquentée par du beau linge. Moi, pour n’effrayer personne, j’enlevais mon uniforme avant de rentrer à la maison. Je le fourrais en boule dans mes sacoches, et je me pointais en bleu de travail, ma bécane à la main, comme si je sortais des usines Lumière.

Thian eut un petit rire de nostalgie.

— Et aujourd’hui je me déguise en Chinoise. Tu vois, gamin, depuis le début, j’ai la vocation de flic clandestin… Mais je voulais te dire autre chose…

Thian se passa la main dans sa brosse clairsemée. Chaque poil se redressait aussitôt comme un ressort.

— La mémoire, gamin… une chose en appelle une autre… c’est l’imagination à l’envers… aussi dingue.

Pastor écoutait, tout à fait là, maintenant.

— Un jour, dit Thian, ou plutôt un soir, un soir de printemps, sous la glycine, devant l’entrepôt — oui, on avait une glycine, mauve — les jeunes héros serbo-croates de maman étaient assis à une table, passablement bourrés, et l’un d’eux s’est écrié (je ne me rappelle plus si c’était Stojilkovicz ou un autre) :

— Nous sommes pauvres, nous sommes seuls, nous sommes nus, nous n’avons pas encore de femmes, mais nous venons d’écrire une sacrée page d’histoire !

Alors passe un grand mec, très droit, habillé de blanc, qui s’arrête à leur table et qui lâche cette phrase :

— Écrire l’Histoire, c’est foutre la pagaille dans la Géographie.

C’était un client de mon père. Il venait fumer tous les jours à la même heure. Mon père, il l’appelait affectueusement son « droguiste ». Il disait : « Ce vieux monde rhumatisant aura de plus en plus besoin de vos drogues, Thian… » Tu sais qui c’était ce type, gamin ?

Pastor fit non de la tête :

— Corrençon. Le gouverneur colonial Corrençon. Le père de ta petite Corrençon qui joue les belles au bois dormant à l’Hôpital Saint-Louis. C’était lui. Je l’avais complètement oublié. Mais je le revois maintenant, si droit sur sa chaise, écoutant ma mère lui prédire la fin de l’Indochine française, puis celle de l’Algérie, et je l’entends répondre :

— Vous avez mille fois raison, Louise : la géographie va retrouver ses droits.

* * *

La bouteille de bourbon était vide, maintenant, devant l’inspecteur Van Thian. Il hochait la tête, de droite à gauche, sans fin, comme en face d’une idée impossible.

— Je suis monté dans ce bus, gamin, pour traquer ce Yougoslave Stojilkovicz, persuadé de tenir mon égorgeur de vieilles, ou tout au moins son complice, et voilà qu’il me ressuscite ma mère dans toute sa splendeur, et mon père, dans toute sa sagesse…

Après un long silence, il ajouta :

— Et pourtant, en bons flics que nous sommes, il va nous falloir l’envoyer en cabane.

— Pourquoi ? demanda Pastor.

* * *

— Et maintenant, les filles, qu’allons-nous faire, maintenant ? Ce n’était pas une question que posait là le vieux Stojilkovicz, mais un cri qu’il poussait, une exclamation rituelle, façon Lucien Jeunesse. Et, d’une seule voix, toutes les vieilles dames répondirent :

— RESISTANCE ACTIVE À L’ETERNITE !

Stojilkovicz venait de garer l’autobus aux abords de Montrouge, près de la petite ceinture, à côté d’une gare abandonnée. C’était un de ces lieux perdus des confins de Paris, où ce qui est mort là n’est pas encore anéanti par ce qui va y naître. La gare avait depuis longtemps perdu ses portes et ses volets, les ronces poussaient entre ses rails, son toit s’était effondré sur son dallage ébréché, les graffiti de toutes sortes racontaient la vie sur ses murs, mais elle n’avait pourtant pas perdu cet air d’optimisme des gares qui ne peuvent croire à la mort du train. Les vieilles poussaient des cris de joie, comme des enfants retrouvant le jardin public de leurs dimanches. Elles sautillaient d’aise et les gravats crissaient sous leurs semelles de crêpe. L’une d’elle resta faire le guet à la porte pendant que Stojilkovicz soulevait une trappe dissimulée par l’estrade vermoulue qui, dans une pièce exiguë aux fenêtres trop hautes, devait surélever le bureau du chef de gare pour lui donner vue sur les quais. La veuve Hô, suivant timidement le mouvement, s’engouffra à la suite des autres vieilles dans la fosse cachée par la trappe. C’était un puits circulaire où l’on avait maçonné des échelons de fer. La vieille dame qui précédait la veuve Hô (elle portait un grand cabas, et un appareil auditif était lové dans la saignée de son oreille droite) la rassura en lui disant qu’elle la préviendrait de leur arrivée au dernier échelon. La veuve Hô crut qu’elle descendait en elle-même. Il y faisait noir. La veuve Hô se dit que son au-delà était humide.

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