Daniel Pennac - La petite marchande de prose

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« „L'amour, Malaussène, je vous propose l'amour !“ L'amour ? J'ai Julie, j'ai Louna, j'ai Thérèse, j'ai Clara, Verdun, le Petit et Jérémy. J'ai Julius et j'ai Belleville…
„Entendons-nous bien, mon petit, je ne vous propose pas la botte ; c'est l'amour avec un grand A que je vous offre : tout l'amour du monde !“
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai accepté. J'ai eu tort. »
Transformé en objet d'adoration universelle par la reine Zabo, éditeur de génie, Benjamin Malaussène va payer au prix fort toutes les passions déchaînées par la parution d'un best-seller dont il est censé être l'auteur.
Vol de manuscrit, vengeance, passion de l'écriture, frénésie des lecteurs, ébullition éditoriale, délires publicitaires,
est un feu d'artifice tiré à la gloire du roman. De tous les romans.

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— J.L.B. vous en sera reconnaissant, mademoiselle.

En effet, à la sortie du papier, Laure avait reçu une gerbe de fleurs monumentale.

— Tellement encombrante que j’ai même pas pu la foutre dans la poubelle de l’immeuble.

* * *

Julie, donc, souriait. Bien qu’il n’y eût pas matière à sourire. Le bras autour de Clara, Julie souriait. « Famille de cinglés… »

Benjamin la vit.

Et s’illumina. Aussi nettement que si Julie avait appuyé sur un commutateur.

Elle vit Benjamin s’allumer. Elle le vit ouvrir les bras. Enlevée par une vague d’émotion, elle eut encore le temps de se dire : « Bon Dieu, pourvu qu’il ne me fasse pas une déclaration d’amour publique ! »

Puis elle vit la tête de Benjamin exploser, le corps de Benjamin arraché à la tribune par la violence de l’impact et précipité sur les traducteurs les plus proches qui s’effondrèrent avec lui.

20

Et la belle femme s’était entièrement vidée. De tout ce que ses admirateurs avaient vu ce soir-là : l’assassinat de J.L.B., le fragment de stupeur, la panique qui avait suivi, la jeune femme enceinte qui s’était arrachée aux bras de la belle femme pour se précipiter en hurlant sur la scène, les traducteurs ensanglantés qui se relevaient, le corps qu’on emportait en hâte vers l’obscurité des coulisses, le petit garçon aux lunettes rouges qui s’accrochait au corps, et l’autre garçon (quel âge pouvait-il avoir ? treize, quatorze ans ?) tourné vers la salle en hurlant : « Qui a fait ça ? », de tout ce qu’ils avaient vu, l’image qui leur resterait, alors qu’eux-mêmes se ruaient vers les sorties (on s’attendait à d’autres coups de feu, l’explosion de grenades, un attentat peut-être), ce serait cette vision fugitive de la belle femme, debout, seule, immobile dans la panique générale, et occupée à se vider entièrement, vomissant sans bouger des geysers qui éclaboussaient la foule, se répandant en cascades bouillonnantes, ses jambes admirables souillées de coulées brunes, une image qu’ils tenteraient vainement d’effacer, dont ils ne parleraient jamais à personne, alors que l’événement lui-même, ils le savaient confusément tout en jouant des coudes et des genoux vers la sortie, constituerait un fameux sujet de conversation : l’écrivain J.L.B. s’était fait descendre devant eux… J’étais là, oui, mon vieux ! Il a sauté en l’air ! Je n’aurais jamais pensé qu’une balle puisse faire sauter un type en l’air… Ses pieds ont décollé du sol, très nettement !

* * *

Il y a celles qui se ruent sur le corps, il y a celles qui s’évanouissent, il y a celles qui se cachent, celles qui cherchent à sortir à temps de la voiture pour ne pas mourir aussi… Moi, pensait Julie, je suis de celles qui se vident sans bouger. C’était une pensée sauvage, étrangement gaie, meurtrière. Ceux qui la heurtaient dans leur fuite en savaient quelque chose. Elle leur vomissait délibérément dessus. Elle ne se retenait pas. Et elle savait qu’elle ne retiendrait plus rien. Elle se vidait comme un volcan. Elle vomissait comme un dragon. Elle était en deuil ; elle était entrée en guerre.

Elle ne monta pas sur la scène. Elle ne suivit pas en coulisse le corps de Benjamin. Elle sortit avec les autres. Mais calmement. Elle fut une des dernières à quitter le Palais Omnisports. Elle ne reprit pas sa voiture. Elle plongea dans le métro. Le vide se fit autour d’elle. Comme d’habitude. Mais pas exactement pour les raisons habituelles. Elle en éprouva une joie sombre.

* * *

Arrivée chez elle, elle coupa l’électricité, débrancha le téléphone, s’assit en tailleur au beau milieu de l’appartement, laissa aller ses bras, mains retournées sur le sol, et demeura immobile. Elle ne s’était pas dévêtue, elle ne s’était pas lavée, elle laissait tout cela sécher sur elle, se craqueler, cela durerait le temps nécessaire, jusqu’à tomber en poudre s’il le fallait. Le temps de comprendre. Oui ? Pourquoi ? Elle pensait. Ce n’était pas facile. Il fallait retenir les vagues de chagrin, les assauts de la mémoire, les réminiscences. Benjamin, par exemple, se réveillant dans ses bras, après le meurtre de Saint-Hiver, en pleine nuit, hurlant que c’était une « trahison », le mot l’avait surprise, exclamation enfantine de bande dessinée ; « trahison ! », qu’est-ce qui est une trahison, Benjamin ? et il lui avait expliqué longuement ce qu’il y a d’effroyable dans le crime : « C’est la trahison de l’espèce. Il ne doit rien y avoir de plus épouvantable que la solitude de la victime à ce moment-là… Ce n’est pas tellement qu’on meurt, Julie, mais c’est d’être tué par ce qui est aussi mortel que nous… Comme un poisson qui se noierait… tu vois ? » Tout cela pendant que Clara développait la photo de Clarence supplicié… Clara sous la lumière rouge de son laboratoire, accompagnant le martyre de Clarence, « famille de cinglés »…

Le matin suivant, Julie était sortie très tôt, elle avait fait le tour de la presse : LE DIRECTEUR D’UNE PRISON MODÈLE MASSACRÉ PAR SES DÉTENUS… VICTIME DE SON PROPRE LAXISME ?… LA PRISON DU BONHEUR ÉTAIT CELLE DE LA HAINE… et elle avait spontanément décidé de ne pas en rajouter, d’abandonner ce cadavre à ses collègues — c’était d’ailleurs le vœu de Saint-Hiver qu’elle n’écrivit pas sur les prisonniers de Champrond — et puis elle était trop fatiguée encore pour se lancer dans une enquête, sa jambe la faisait souffrir, et surtout elle ne respirait pas pleinement, chaque aspiration la laissait sur une frustration, elle ne faisait pas son plein d’air, comme disait Benjamin. C’était bien la première fois de sa vie qu’elle renonçait à un sujet d’article. D’où sa fureur, le soir, quand Benjamin lui avait sorti sa tirade sur le journalisme distingué et « les faits soigneusement choisis ».

Elle n’avait pas décoléré pendant les six cents kilomètres qui la séparaient de son Vercors natal. Ce ne fut qu’en découvrant les roses trémières autour des Rochas qu’elle convint de sa mauvaise foi : elle n’avait jamais eu l’intention de larguer ce type ! Oui, en s’ouvrant un passage dans les roses trémières, Julie avait découvert à sa profonde stupeur qu’elle venait de simuler une rupture, comme une gamine sûre de ses moyens qui feint de jeter son amour aux orties, et elle s’était dit, très nettement : « Alors ça, c’est la meilleure ! » Non, elle n’avait pas la moindre envie de quitter Benjamin, mais elle mijotait depuis un certain temps de venir se retaper ici, aux Rochas, de respirer un bon coup, de boire du lait cru et de bouffer des œufs de cane, frais, au jaune considérable… et voilà qu’elle avait maquillé ce besoin de santé en rupture grandiloquente… « Alors ça, c’est la meilleure ! »

Cette découverte avait sauvé les roses trémières du massacre. Mais, comme disait le gouverneur son père : « De tous les combats que j’ai menés, le plus vain est la chasse aux roses trémières. » Un soir d’été, le gouverneur son père avait tenu à ce que Julie le photographiât dans l’anarchie rigide de ces plantes qui étaient toutes plus grandes que lui, et dont il disait encore qu’elles étaient « l’expression végétale du mythe de Sisyphe ». Le gouverneur pouvait tenir des heures sur le sujet des roses trémières, « le versant Mister Hyde de la rose tout court ». Julie avait pris cette photo quelques jours avant sa mort ; il était si maigre dans son uniforme blanc que, si on lui avait peint les mains en vert et les cheveux en rouge, il aurait pu lui-même passer pour une rose trémière, « en un peu plus périssable, ma fille »…

* * *

La nuit passait. Julie glissait d’un homme à l’autre, d’un lieu à l’autre, d’une époque à l’autre, d’un événement à l’autre. Elle ne pouvait pas réfléchir. Qui ? Pourquoi ? La question de savoir pourquoi on lui avait tué Benjamin, question qui exigeait une réponse, l’amenait à égrener le chapelet des questions délicieusement inutiles qu’elle n’avait cessé de se poser pendant ses deux mois de Vercors : « Pourquoi est-ce que je tiens tant à ce type ? » « Ne mâchons pas nos mots, pourquoi est-ce que je l’aime tant ? » À considérer les choses objectivement, Malaussène n’avait absolument rien pour lui plaire, il se foulait de tout, n’écoutait jamais de musique, haïssait la télé, pérorait comme un vieux con sur les méfaits de la presse, dénigrait la psychanalyse, et s’il avait jamais eu une conscience politique, elle avait dû ressembler à une velléité de filigrane, ce qui ne voulait rien dire, « velléité de filigrane », mais qui le disait bien, en langue malaussénienne. À tous les points de vue, Benjamin était l’exact contraire de l’ex-gouverneur colonial Corrençon, père de Julie, qui avait voué sa vie à la décolonisation, avait fait son quotidien de l’Histoire, son jardin de la Géographie et qui serait mort de soif sans nouvelles du monde. Malaussène était aussi familialiste et pantouflard que l’autre était nomade et oublieux (le gouverneur avait jeté sa fille dans des pensions et les seuls souvenirs de Julie étaient des souvenirs de vacances atrocement brèves) et, pour clore le chapitre des comparaisons, le gouverneur avait commencé à l’opium pour finir à l’héroïne, comme un jeune homme, quand la seule vision d’un joint flanquait Malaussène dans des rages d’inquisiteur.

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