Frédéric Dard - Meurs pas, on a du monde

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Meurs pas, on a du monde: краткое содержание, описание и аннотация

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Franchement, M. Konopoulos ne me demandait rien.
D'ailleurs, je n'étais pas venu à Genève pour ça.
La sublime nana qui m'attendait à l'aéroport avait une autre chatte à fouetter.
Mais il a fallu que ce pauvre manutentionnaire soit mordu par un méchant serpent et que son aimable cadavre déboule en même temps que nos valises…
C'est idiot pour Marie-Marie qui, consécutivement, a dû faire une croisière en ambulance !
Mais alors, si tu avais vu nos frimes quand on a déballé l'abominable costume !
Enfin, tu m'as compris ?
Si tu as tout pigé, pas la peine d'acheter ce livre. Mais s'il te reste des zones obscures dans la comprenette, n'hésite pas. Quand tu en auras terminé la lecture, j'aime autant te prévenir : tu devras changer de calbar.

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« Après la tortore, comme le bip-bip restait toujours fisque, j’ai r’tourné dans ce grand magasin. Pourquoi-ce ? Le pif ! Tu connais ça… Oh ! putain d’elle, mais est-ce qu’é va s’décider à r’muer, cette gravasse de chiotte ! T’es pas paralysée, dis, la patronne ! Mais faudrait donc y fout’ le feu à la juperie pour la faire remuer un chouïe, c’te grosse colique de plomb ! Allez, hue ! J’sens qu’ j’vais au forfait, mes amis. A limer en père turbable, des heures, on finit par couler une bielle. Tout autre eusse déjà dijoncté, j’v’s’assure.

« Enfin… Donc, j’entre dans l’magasin. Et savez-tu quoi j’avise, en plein centre du reste-chaussée. Essayez d’deviner, vous m’ferez plaisir. C’te fois j’commence à peiner. J’enfilerais un sac de patates, y s’passerait quéqu’chose, elles germeraient ou quoi, mais c’te rombière, j’vous jure !

« Alors, les artiss associés, vous donnez vot’ langue ? Souate ! Figurez-vous, qu’en cœur du magasin, y avait un mannequin géant, avec une trogne d’carnavaux. Et ce mannequin, maâme et messieurs, était habillé av’c le fameux costar d’la valise. Ça vous en bouche une, non ? Il est là-bas, vous pouvez aller l’visionner : pimpant, radieux, qui sert d’pube pour un’ croisière réclame en Grèce. »

— Mais tonnerre de Zeus, m’exclamé-je (assez opportunément, n’est-ce pas ?), quelle est la destination secrète de ce foutu costume ? Professeur, vous qui l’avez exploré, êtes-vous bien certain qu’il ne contient pas le moindre engin miniaturisé ?

— Pas un centimètre carré n’a échappé à mes investigations, affirme Félix.

Je soupire.

— Bon, et ensuite, Gros ?

— J’ai r’tourné à l’hôtel Intersidéral , la Rosse-Rolle s’y trouvait toujours et un grome à qui j’ai glissé une pièce m’a dit qu’ces tourteaux venaient d’s’enfermer dans l’appartement. Pour lors, j’sus rentré.

Il ajoute :

— J’vous d’mande pardon, faut qu’j’m’arrête d’causer pour essayer d’terminer madame.

Et le voilà qui pique des deux.

Nous respectons sa fougue silencieuse.

Je mate ma montre : elle dit presque dix-huit heures. Si la bombe est vraiment limitée à minuit, il ne me reste donc plus que six heures à respirer l’air salubre de la chère Suisse.

Le Prof me regarde et déclare.

— Je ne vois plus qu’une solution ; il faut opérer une descente chez Konopoulos, mettre la main sur Stefano et le contraindre à désamorcer la bombe. Seulement nous devons agir sans vous, Bérurier et moi, car il suffirait que l’autre ait le temps de proférer le mot fatal pour que vous sautiez avant même que nous ayons pu le maîtriser.

Comme il achève, Bérurier met pied à terre en grognant.

— Alors, cette fois, merde ! Remerde, trimerde et décamerde ! Félix, j’abandonne, ça t’ennuierait d’me finir c’te brouette ?

PI (borgne 1416)

Je demeure lové dans le coffre de la vieille Mercedes. Par sécurité, nous avons neutralisé le système de verrouillage et je le tiens fermé à l’aide d’un fil de fer. Mais par l’interstice subsistant je peux suivre les allées et venues de mes deux compères.

Selon mon conseil, ils vont droit à l’atelier situé au-dessus des garages ; escaladent le roide escalier et ouvrent la porte. Ce qui s’ensuit échappe à ma vue. Je ne puis qu’imaginer. Stefano est-il présent ? Si oui, peuvent-ils le neutraliser ? Deux questions qui m’abîment le cervelet par leur acuité. Je dois poireauter, poireauter encore. Acagnardé comme I am , mon menton touche la protubérance causée par la bombe. Si je me tire de cette mésaventure, il est probable que je serai cardiaque. Que ferai-je de ma vie ? J’envisage mon destin d’outre-bombe sous des auspices ensoleillés. Je suis démissionné ; bon, parfait. Merde à la Rousse. Je me consacrerai au roman, ou bien à la pube, il y a à faire dans le domaine. Et puis je récupérerai Marie-Marie et l’épouserai immédiatement. Du moment que ça rend ma Félicie si joyeuse…

Et puis…

Tout cela dans un coffre de Mercedes antédiluvienne qui sent le caoutchouc moisi et la vendange.

Seulement, en attendant, il y a, tout contre moi, la mort. La mort avec un mouvement d’horlogerie ou assimilé, et une charge pulvérisante. Et un rien doit suffire pour que ces différentes parties, dangereusement réunies sur ma viande, s’unissent pour m’anéantir…

Mais qu’est-ce qu’ils foutent, mes Zig et Puce ? Leur absence prolongée me donne à croire qu’ils ont trouvé Stefano dans son antre. S’ils avaient eu le dessous, Stefano réapparaîtrait, viendrait vérifier que mes anges gardiens sont seuls, ou pour le moins contrôlerait leur mode de locomotion. Donc, comme je n’aperçois pas l’homme à la combinaison kaki, cela veut dire que…

Bonheur ! Le Gros surgit soudain, au bas de l’escalier raide. Il vient à la bagnole, y prend place et manœuvre de façon à placer le coffre devant l’escadrin. Puis il s’approche et tapote le couvercle de la malle arrière.

— Si Monseigneur voudra s’donner la peine.

Je défais le fil de fer, repousse mon toit de tôle et jaillis hors du coffiot.

— Alors, Colonel ? je questionne.

— J’croive qu’c’t’ci qu’les Athéniens s’atteindrèrent, déclare le Gravos. Grimpe, j’ai une surprise pour toi.

Je gravis cinq à cinq (mes jambes déliées me le permettant) l’escalier de ciment. La lourde de l’atelier est ouverte. Je découvre Stefano debout devant son établi. Mes valeureux lui ont passé les poucettes après avoir glissé la chaînette derrière un montant de l’établi ; et surtout, ils l’ont bâillonné sévère avec le sparadrap même qui lui a servi à me cloquer la bombine sur le buffet.

— Comme ça, y n’peut pas causer, commente le Formide. Regarde, je vais y flanquer un coup d’latte dans les frangines et j’te paye des bugnes si tu l’entendras pousser un cri !

Exécution. Effectivement, nous voyons pâlir l’homme, verdir un peu, pour dire juste, mais aucun son n’est perceptible.

— Camarade, lui dit Béru, j’vas pas y aller par quat’ch’mins. On s’connaît peu, toi z’et moi, mais suffisamment assez pou’ qu’tu susses à qui t’as affaire. Si tu dérailles la moindre, j’te massacre en beauté. Croye-moi, y aura pas b’soin d’esplosif pour te réductionner en chair à saucisse. Je te décortique entièrement à l’Opinel, en commençant par les yeux, par charité chrétienne : qu’tu n’pusses voir la sute. Pour que tu sais bien ça, qu’tu piges la véracité d’la chose, j’te vas administrer un échantillon d’mon savoir. Vise un peu, bout d’homme. C’te bricole, j’l’ai baptisée les lunettes de soleil…

Le Gros met ses deux bras loin dans son dos et ramène brusquement les deux points d’airain sur les yeux de Stefano. Synchronisme parfait. Un seul « tchlaofff » nous rend compte de l’importance de l’impact. Les coquards du gonzier se mettent à enfler, sanguinoler et bleuir sans perdre un instant.

— A présent, une aut’ qu’j’ai baptisée « la tabatière à Monseigneur ».

Ça consiste, je vais t’expliquer… Béru écarte son index et son médius gauche, lesquels sont fortement ongulés, tu t’en doutes. Il met l’extrémité de chacun de ses deux doigts dans les narines de Stefano en gardant le bras à l’équerre. Après quoi, il flanque, à l’aide de sa main droite, une formidable tape remontante sous son coude gauche et le nez de l’artificier explose. Le raisin pisse. Dru.

— Des gadgets marrants, j’peux t’en proposer treize à la douzaine, gamin. Mais faut pas qu’on va perd’ son temps. Tiens, v’là une ardoise, une craie. M’sieur Tantonio, icigo, va t’interroger, et tu marqueras ta réponse su’ l’ardoise. Si les paroles se trissent, les z’écrits restent, tu pourras pas chicaner. Prends ta craie. Tu peux ? Moui. Banckok ! Vas-y, commissaire d’mes deux !

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