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Mourlevat: Le combat d'hiver

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Mourlevat Le combat d'hiver

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Avant la grille, elles entrèrent, comme le règlement l’exigeait, dans la loge de la Squelette. Cette vieille toquée, effrayante de maigreur et noyée en permanence dans un nuage de fumée âcre, écrasa sa cigarette dans un cendrier plein et leva les yeux vers les deux filles.

— Vos noms ?

Les os pointaient sous sa peau, sur le point de la transpercer, aux pommettes, aux doigts. Les veines bleutées y dessinaient des canaux enchevêtrés.

— Dormann Helen, dit Helen en tendant sa carte.

La Squelette étudia le document, toussa dessus et le rendit à sa propriétaire.

— Et vous ?

— Bach Milena, dit Milena et elle posa sa carte sur le bureau.

La Squelette leva les yeux, soudain intéressée.

— C’est vous qui chantez bien ?

— Je chante… répondit prudemment Milena.

— … bien ? insista la Squelette.

On ne savait pas ce qu’elle avait en tête, si c’était jalousie ou admiration. Ou un mélange des deux.

Comme Milena ne répondait pas, elle reprit :

— Vous chantez… mieux que moi, par exemple ?

Cette fois il était clair que la Squelette cherchait la bagarre.

— Je ne sais pas. Peut-être… répondit Milena.

Après plus de trois ans d’internat, elle avait appris à répondre aux surveillantes et aux professeurs : rester neutre, ne rien affirmer, toujours donner raison. Il y allait de sa tranquillité.

— Vous ne chantez pas mieux que moi ? Répondez !

Le vieux sac d’os avait visiblement décidé de s’amuser un peu. Elle alluma une nouvelle cigarette. Son index droit et son majeur étaient jaunis par la nicotine sur trois phalanges. Helen jeta un coup d’œil à l’horloge accrochée au mur. Tout ce temps perdu !

— Je ne sais pas, répondit calmement Helen. Je ne vous ai jamais entendue chanter.

— Et vous aimeriez sans doute ? minauda la Squelette. Ça vous plairait d’entendre un petit air, mais vous n’osez pas le demander, c’est ça, hein ?

Helen ignorait comment son amie allait se sortir de là, mais la Squelette éclata d’un rire glaireux qui dégénéra bientôt en une toux incontrôlable. Incapable de dire un mot de plus, elle plaça un mouchoir en boule devant sa bouche et, sans cesser de tousser, fit aux filles le signe de ficher le camp.

Il était près de la demie quand les deux amies purent enfin franchir la grille et se retrouver sur les pavés de la rue.

— Complètement cinglée ! commenta Milena.

À droite la petite ville et ses rares lumières, à gauche le vieux pont, ses réverbères et ses quatre statues de pierre représentant des cavaliers en armes. Elles se dirigèrent vers le pont.

— Tu m’en veux ? demanda Helen. C’est à cause du repas manqué ? Ma consoleuse me donnera certainement quelque chose pour toi… Elle cuisine toujours des bonnes choses…

— Je me fiche bien du repas, répliqua Milena. Pour ce qu’on mange ! Ce soir c’est potage brûlé, alors… Je t’en veux surtout parce que tu gâches une consolation au mois d’octobre. Tu sais bien qu’il en faut au moins deux pour passer l’hiver. Dès qu’il fait plus sombre et que les nuits rallongent, on en a besoin. Qu’est-ce que tu feras ensuite quand tu n’en auras plus ?

Helen savait que son amie avait raison. Elle se contenta de répondre :

— Je ne sais pas. J’en avais besoin aujourd’hui, c’est tout.

Un crachin glacé leur fit plisser les yeux. Elles se serrèrent dans leur manteau et, d’instinct, se rapprochèrent l’une de l’autre. Sous leurs pieds brillaient les pavés inégaux du trottoir. Sous le pont coulait l’eau noire et paresseuse du fleuve. Milena passa sa main au bras d’Helen et soupira profondément, comme pour dire : « Tu m’en fais de belles, toi… » Elles se regardèrent et se sourirent. Leurs querelles ne duraient jamais très longtemps.

— Comment elle sait que je chante, la Squelette ? demanda Milena.

— Tout le monde le sait à l’internat, répondit Helen. Il n’y a pas tant de belles choses, ça se remarque et on en parle…

Elle se rappela cet après-midi inoubliable où Milena, trois ans plus tôt, avait chanté pour la première fois. Elles étaient quatre nouvelles, assises sur les marches, près du réfectoire, et elles s’ennuyaient ferme. Il y avait là Doris Lemstedt, qui n’était restée que quelques mois avant de s’en aller, très malade, Milena et Helen, qui en étaient encore au tout début de leur amitié, et une quatrième, peut-être bien Vera Plasil et ses doux yeux bleus. Doris Lemstedt avait proposé que chacune chante quelque chose, pour faire passer le temps plus vite. Afin de donner l’exemple, elle avait commencé et fredonné un air de chez elle. Elle venait de la plaine. Dans la chanson, il était question d’une femme de soldat qui attendait fidèlement son mari, mais on devinait bien que ce dernier ne reviendrait pas. Elle ne chantait pas si mal et ses trois camarades l’avaient applaudie discrètement pour éviter d’alerter une surveillante. « Il est interdit de chanter ou d’écouter chanter toute chanson ne figurant pas au programme », disait l’article 42 du règlement. Helen avait enchaîné par une chanson drôle qui lui venait d’autrefois. Elle racontait les déboires d’un vieux garçon qui ne savait pas s’y prendre avec les filles. Helen ne se rappelait pas toutes les paroles, mais c’était suffisant pour faire pouffer ses trois amies, surtout le passage où le pauvre bougre chuchote des mots d’amour à une chèvre, la nuit, en la prenant pour sa fiancée. Vera ne connaissait pas de chanson et elle avait préféré passer son tour. Alors, Milena s’était légèrement redressée pour dégager le haut de son corps, ses yeux s’étaient fermés et de sa gorge était sorti le son pur d’une flûte.

Blow the wind southerly, southerly, southerly

Blow the wind south o’er the bonny blue sea…

Les trois autres filles n’en étaient pas revenues. Elles ne savaient pas qu’on pouvait jouer ainsi de sa voix, la moduler, la faire vibrer, prolonger une note, la faire enfler puis s’éteindre.

But sweeter and dearer by far ’tis when bringing

The barque of my true love in safety to me

Dans le silence stupéfait qui avait suivi les dernières notes, Doris avait seulement murmuré :

— C’était quoi ?

— Une chanson traditionnelle anglaise.

— C’était très beau, avait commenté Doris.

Helen avait balbutié :

— Merci…

Trois ans s’étaient écoulés depuis, et Milena n’avait pas chanté plus de six fois. C’était un cadeau rare et précieux, fait à l’instant qu’elle choisissait pour les gens qu’elle choisissait. Par exemple un soir de Noël au dortoir, pour une dizaine de filles, ou dans un coin de la cour, pour Helen seule, un 14 juin, jour de son anniversaire, ou cette dernière fois, un après-midi d’été au cours d’une longue promenade le long du fleuve. Dès qu’elle ouvrait la bouche, la chair de poule vous venait. Son chant, même sans qu’on en comprenne le sens, parlait à chacun et chacune de ce qui lui était le plus secret. Il faisait apparaître des visages aimés et disparus, ressentir des caresses anciennes dont on croyait avoir oublié la douceur. Et surtout, même si on était triste en l’entendant, il redonnait force et courage. La rumeur s’était répandue très vite : Milena « chantait bien ». Mais pendant les cours de musique et de chant donnés par la mère Zinzin, elle ne révélait rien d’elle-même. Sa voix redevenait semblable à celle des autres, ordinaire et sans grâce particulière. En fait de musique, la Zinzin enseignait seulement le solfège et faisait reprendre jusqu’à l’écœurement les trois chants autorisés, en particulier l’insupportable hymne de l’internat :

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