Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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Et aussi, quelqu’un a écrit avec un canif sur une feuille d’aloès,

Cécile J. vous emmerde,

Cécile J. vous dit merde.

Je me demande qui a bien pu écrire ça. Une petite fille qui passait par là, ou bien une de ces imbéciles qu’on voit quelquefois dans l’herbe, le dimanche après-midi, avec des types à moustaches. Elle devait être en colère parce que son type à moustaches était sorti avec une autre fille; alors, elle a pris son canif, et au lieu de faire comme d’habitude, des cœurs à compartiments, où elle aurait inscrit,

   Cécile Éric

elle a mis

    Cécile J. vous dit Merde.

    Et moi je lui retourne l’argument.

Ce qui m’amuse quelquefois, c’est d’être assis chez moi, dans la maison, les pieds au soleil; je me souviens aussi de trucs de ce genre. Il y a longtemps que ça s’est passé, mais je m’en souviens encore; il y avait une espèce de grande École de Filles, pas loin de chez moi. Quatre fois par jour, elles passaient devant là où j’habitais: à 8 heures du matin, à midi, à 2 heures de l’après-midi, et à 5 heures et demie. Moi, j’étais toujours sur leur passage. Elles arrivaient en général par bandes de dix ou douze; elles étaient toutes bêtes, et la plupart laides. Mais j’en avais repéré quatre ou cinq qui étaient vaguement jolies, et ça m’amusait de les voir passer ainsi, quatre fois par jour. J’avais l’impression d’avoir des espèces de rendez-vous sûrs; je pouvais faire ce que je voulais, aller à la pêche, m’absenter une semaine, être malade, je savais qu’elles passaient quand même régulièrement; c’était bon parce que ça me donnait l’impression d’avoir un emploi du temps. Comme quand on retourne chez soi et qu’on voit qu’il y a toujours quatre murs, et la table, et la chaise, et les cendriers comme on les a laissés.

Ça m’amuse de me souvenir de ça, ici; dans une maison qui n’est pas à moi; avec les chaises longues qui sont des chaises longues volées sur la plage; et les cierges qui sont des cierges volés dans la chapelle du Port. Les journaux pris dans les poubelles de la ville. Les bouts de viande et de pommes de terre, les boîtes d’ananas au kirsch, les morceaux de ficelle, les bois brûlés, les bâtons de craie, et tous ces trois quarts de choses qui sont la preuve que je vis et que je vole. Je suis content d’avoir trouvé cette maison; enfin, je peux avoir la paix, même si je ne sais pas quoi faire de mes vingt-quatre heures. Vingt-quatre heures d’arbres et de silence, je suis pris dans la bande dessinée de mon choix.»

Réponse:

«Je ne peux pas te répondre; je ne peux pas répondre à ce que tu me demandes au sujet de celle qui a écrit cette phrase sur la feuille d’aloès; mais j’ai pensé à des tas d’histoires; c’est un peu comme si je n’osais pas me les raconter, et qu’il fallait que j’écrive pour faire sortir toutes ces choses étranges du trouble où elles sont d’habitude. De toute façon, ce n’est pas laid, parce que mises bout à bout, toutes ces petites aventures qu’on voit partout, ces bouts de papier sur lesquels il y a écrit trois mots, ces feuilles où on a gravé des phrases à coups de canif, ces injures qu’on entend quelquefois en traversant les rues, etc., elles m’amusent et je crois que je les aime bien.

Hier je suis allée au cinéma; c’était un film bizarre, mais ça m’a donné envie de parler; je pense que tu gaspilles ton temps à des choses sans intérêt; tu te gaspilles toi-même; tu n’aboutiras à rien; tu as peur de tout ce qui est sentimental; moi j’ai envie de te raconter une histoire. N’importe laquelle. N’importe laquelle.»

Réponse:

«Soit. Racontons des histoires. Elles n’ont pas grand-chose à voir avec cette sacrée réalité, mais c’est un plaisir; racontons les histoires les plus délicates possible, quelque chose comme l’histoire d’un jardin qui serait à la fois sous la neige et au soleil. Il y aurait des cerisiers un peu partout. Sauf au fond du jardin, où ce serait un grand mur, très blanc. La neige se serait accrochée aux branches des cerisiers et sur le haut du mur. Seulement, à cause du soleil, elle fondrait doucement, et elle tomberait dans l’herbe, avec des bruits de gouttes, floc-floc.

Et un des arbres se plaindrait: «silence! silence! je ne peux pas dormir!» gémirait-il. En faisant craquer ses ramures.

Mais les gouttes continueraient à tomber par terre, en faisant encore plus de bruit. Le soleil dirait:

«Dormir! Qui parle de dormir! Personne ne doit dormir quand je suis là, et que je veille!»

Et sur les poiriers, il y aurait de grosses poires mûres, avec une cicatrice à la place de la bouche. Les oiseaux auraient fait cette cicatrice, mais ça pourrait quand même ressembler beaucoup à une paire de lèvres. Et les poires riraient très fort.

Alors un des cerisiers, le plus âgé, commencerait à se plaindre:

«Silence! Il faut que je dorme! Il faut que je dorme! Sans quoi je ne pourrai jamais fleurir!»

Les gouttes n’en tiendraient pas compte. Juste avant de tomber, quand elles sont encore retenues par la queue sur les branches, elles crieraient avec des voies suraiguës: «Silence! silence! La queue du chat balance!» Pour se moquer.

Ça serait partout pareil dans le jardin. Les particules de neige s’écraseraient doucement, paisiblement, sur l’herbe, et ça serait drôle, parce que ça donnerait un bruit de pluie alors que le soleil brillerait à pleins feux. & tout le monde se plaindrait. L’herbe, parce qu’elle est verte et qu’elle voudrait changer de couleur. Les brindilles mortes parce qu’elles sont mortes. Les racines parce qu’elles voudraient bien voir le ciel; les mottes de terre parce qu’elles ont trop de phosphate, les brins d’herbe parce qu’ils étouffent. Et les feuilles de fraisier, parce qu’elles ont du duvet blanchâtre et que c’est vaguement ridicule, pour une feuille, d’avoir du duvet blanchâtre. Puis le jardin changerait petit à petit; il n’y aurait presque plus de neige sur les cerisiers; plus du tout sur le haut du mur. Il n’y aurait presque plus de soleil, non plus, pour la faire fondre. Les bruits commenceraient à être différents. Par exemple, le cerisier, pour se venger, ferait craquer ses branchages. Les poires mûriraient, tout d’un coup, et elles tomberaient par terre; les unes s’écraseraient, en tachant l’herbe de brun blet. Les autres réussiraient à s’enfuir, et elles ramperaient en bavant du suc par leurs cicatrices. Le mur, lui, serait quand même toujours droit, calme, silencieux. Tout blanc. Il ne bougerait pas. Et il se produirait ceci: en voyant le mur si beau, si noble, tout le reste du jardin prendrait honte de son agitation sonore.

Alors, graduellement, on verrait le jardin redevenir doux et glacé. Il n’y aurait plus rien que des turbulences anodines, en tous points microscopiques. Encore quelques heures, et ce serait blanc, vert, rose; comme un beau gâteau de sucre candi, tranquille, et le sommeil, avec la nuit, viendrait bien à point, oui, réellement bien à point, sur toutes ces feuilles, hein.»

Réponse:

«Ma chère Michèle,

Aujourd’hui encore, j’ai pensé que l’été finirait bien un jour; je me suis demandé ce que je ferais quand l’été serait terminé, qu’il ne ferait plus si chaud, sans soleil, qu’on verrait l’eau envahir toutes les choses, l’eau de pluie, incessamment, goutte après goutte.

Il y aura l’automne, et l’hiver. On dit qu’il fera froid quand l’été sera fini. J’ai pensé que je ne saurais plus où me mettre. J’ai pensé que les gens qui habitent cette maison reviendraient, un soir, en voiture. Ils claqueraient les portières et grimperaient le sentier qui monte à travers la colline; ils envahiraient à nouveau la maison. Alors, j’ai pensé qu’ils me flanqueraient dehors, peut-être à coups de pied. À moins qu’ils n’appellent les gendarmes. Et on m’amènera quelque part, de force, sûrement dans un endroit où je n’aurai pas envie de rester. C’est tout ce que je peux imaginer. Après, ça redevient flou, je ne sais pas ce qui m’arrivera.

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