Jean-Marie Le Clézio - Le procès-verbal

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Le procès-verbal: краткое содержание, описание и аннотация

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«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre: il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes; je leur laisse ces ordures en guise de testament; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre.
Prix Renaudot

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Il se souvint alors d’avoir vu dans le petit jardinet qui se trouvait devant la villa, deux ou trois rosiers, ligotés à des tiges de bambou qui servaient de tuteurs. Il descendit dans les plates-bandes, arracha un des rosiers et déterra la tige de bambou.

Avant de remonter, il coupa avec son couteau une des roses du rosier; elle n’était pas très grande, mais elle était bien formée, assez ronde, avec des pétales jaune tendre qui fleuraient bon. Il la plaça dans une bouteille de bière vide, sur le plancher de sa chambre, à côté du tas de couvertures. Puis, sans même la regarder, il remonta à l’étage.

Il joua au billard tout seul pendant quelques minutes; il projetait les boules les unes contre les autres, sans trop faire attention aux couleurs. Une fois, il arriva à en faire tomber quatre du même coup. Mais à part cette fois-là, qui semblait plutôt due au hasard qu’à autre chose, il dut reconnaître qu’il n’était pas très fort. Ou bien il ratait les boules qu’il visait, ou bien il ne parvenait pas à frapper au bon endroit: la canne touchait la sphère d’ivoire un peu sur le côté, au lieu du centre, et elle s’en allait dans tous les sens, en pivotant sur elle-même, comme folle. À la fin, Adam renonça à jouer au billard; il prit les billes et les lança sur le plancher, s’essayant au jeu de boules. Il n’était pas plus adroit pour cela, notez, mais les boules en tombant sur le plancher faisaient un certain bruit, et créaient certains mouvements, de sorte qu’on pouvait s’y intéresser davantage, et même s’en satisfaire.

De toute façon, c’est pendant qu’il s’amusait à ce jeu-là qu’il vit le rat. C’était un beau rat musclé, debout à l’extrémité opposée de la pièce, sur ses quatre pattes roses, et qui le regardait avec insolence. Adam, en le voyant, se mit tout de suite en colère; il essaya de l’attraper avec une boule de billard, pour le tuer, ou au moins lui faire très mal; mais il le manqua. À plusieurs reprises, il recommença. Le rat ne semblait pas avoir peur. Il regardait Adam dans les yeux, sa tête blême tendue en avant, le front plissé. Quand Adam lançait sa balle d’ivoire, il faisait un bond de côté, en jetant une espèce de petit couinement plaintif. Lorsqu’il eut lancé toutes les boules, Adam s’accroupit sur ses talons, de façon à se trouver environ à la hauteur des yeux de l’animal. Il pensa qu’il devait habiter comme lui la maison, peut-être depuis moins longtemps. Il devait sortir la nuit, de quelque trou de meuble, et trotter du haut en bas de la villa, à la recherche de nourriture.

Adam ne savait pas exactement ce que mangent les rats: il n’arrivait pas à se souvenir si ce sont des carnivores ou non. Si ce que disaient les dictionnaires était vrai: «Rat: n. m. Genre de petits mammifères rongeurs à longue queue annelée.»

Il se rappelait seulement les deux ou trois légendes qu’on raconte à leur sujet, les histoires de naufrages, de sacs de blé, et de peste. À vrai dire, il avait ignoré jusqu’à ce jour qu’il pût exister des rats blancs.

Adam le regardait et écoutait intensément; et il lui trouvait un air de parenté avec lui-même. Il pensa que lui aussi, aurait pu se terrer le jour, entre deux planches vermoulues, et vagabonder la nuit; chercher des miettes entre les lattes du plancher, et avoir, de temps à autre, la chance de tomber, au détour d’une cave, sur une portée de cancrelats blancs, dont il aurait pu faire une belle fête.

Le rat le fixait toujours avec ses deux yeux bleus, sans bouger; autour de son cou, il y avait des bourrelets de graisse, ou de muscles. Compte tenu de sa taille, qui était légèrement supérieure à la moyenne, et de ces fameux bourrelets de muscles ramollis, ce devait être un rat avancé en âge. Adam ne savait pas non plus combien de temps vivent les rats, mais il pouvait facilement lui accorder quatre-vingts ans. Peut-être était-il déjà à moitié mort, à moitié aveugle, et incapable de se rendre compte qu’Adam lui voulait du mal.

Lentement, doucement, insensiblement, Adam oublia qu’il était Adam, qu’il avait des tas de choses à lui, en bas, dans la chambre, au soleil; des tas de chaises longues, des journaux, des gribouillis de toutes sortes, et des couvertures imprégnées de son odeur, et des bouts de papier, sur lesquels il avait écrit, comme pour des lettres, «ma chère Michèle». Des bouteilles de bière avec leurs goulots cassés, et une sorte de rose-thé, qui étendait entre quatre murs son parfum ramifié de chaude fleur, minute par minute. Son parfum jaune de rose jaune dans une chambre jaune.

Adam se transformait en rat blanc, mais d’une métamorphose bizarre: il gardait toujours son corps à lui, ses extrémités ne devenaient pas roses, et ses dents de devant ne s’allongeaient pas; non, ses doigts sentaient toujours le tabac, ses aisselles la sueur, et son dos restait plié en avant, dans la position accroupie, tout près du plancher, conditionné par la double cambrure de la colonne vertébrale.

Mais il devenait rat blanc parce qu’il se disait rat blanc; parce qu’il avait tout d’un coup l’idée du danger que représente la race humaine, pour l’engeance de ces petits animaux myopes et délicats. Il savait qu’il pouvait couiner, courir, ronger, regarder avec des petits yeux ronds sans paupières, bleus et courageux; tout cela serait inutile. Un homme comme lui suffirait à jamais; il n’aurait qu’à vouloir faire quelques pas, élever son pied un peu en l’air, pour que le rat soit tué, écrasé, les côtes brisées, la tête oblongue traînant sur le bois du parquet, dans une minuscule mare d’humeur et de lymphe.

Et soudain, devenu la peur, métamorphosé en le danger-pour-les-rats-blancs, il se leva; ce qu’il avait plein la tête, ce n’était plus de la colère, ni du dégoût, ni quoi que ce soit de cruel. C’était à peu près l’obligation de tuer.

Il décida de faire les choses raisonnablement. Il ferma d’abord portes et fenêtres, pour que la bête ne puisse pas s’enfuir. Puis il alla ramasser les boules de billard; quand il s’approcha, le rat recula un peu en arrière, dressant ses oreilles courtes. Adam posa les boules sur le tapis du billard, et commença à parler au rat, à voix basse, avec de drôles d’accents rauques dans la gorge. Il murmurait:

«Tu as peur de moi, hein? Rat blanc… Tu as peur… Tu veux faire comme si tu n’avais pas peur… Avec tes yeux ronds… Tu me regardes? Je reconnais que tu es courageux, rat blanc. Mais tu sais ce qui t’attend. Ils le savent tous, tous ceux de ton espèce. Les autres rats blancs. Et les gris, et les noirs. — Ce que je vais te faire, tu l’as attendu depuis longtemps, Rat blanc, le monde n’est pas fait pour toi. Tu n’as doublement aucun droit de vivre: d’abord, tu es un rat dans un monde d’hommes, avec des baraques d’hommes, et des pièges, et des fusils, et de la mort-aux-rats. Ensuite, tu es un rat blanc dans un pays où le rats sont noirs en général. Alors, tu es ridicule, et ça fait une raison de plus…»

Il compta les boules; il en manquait une. Elle devait avoir roulé sous l’armoire. Avec la canne de bambou, Adam racla le sol sous le meuble, et ramena la sphère d’ivoire. Elle était rouge, celle-là, et froide, et de l’avoir dans la paume de la main, elle semblait plus grosse que les autres. Par conséquent plus meurtrière.

Quand tout fut prêt, Adam se tint devant le billard, décidé; il se sentait devenir géant tout à coup; un type très grand, dans les trois mètres de taille, débordant de vie et de puissance. Un peu devant lui, contre le mur du fond, placée à côté du carré de lumière livide qui venait de la fenêtre, la bête était campée sur ses quatre pattes roses, avec beaucoup de patience.

«Sale rat!» dit Adam.

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