Tonino Benacquista - Romanesque

Здесь есть возможность читать онлайн «Tonino Benacquista - Romanesque» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2016, ISBN: 2016, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Romanesque: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Romanesque»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Un couple de Français en cavale à travers les États-Unis se rend dans un théâtre, au risque de se faire arrêter, pour y voir jouer un classique :
. La pièce raconte comment, au Moyen Âge, un braconnier et une glaneuse éperdument amoureux refusent de se soumettre aux lois de la communauté.
Malgré les mille ans qui les séparent, les amants, sur scène comme dans la réalité, finissent par se confondre. Ils devront affronter tous les périls, traverser les continents et les siècles pour vivre enfin leur passion au grand jour.
Tonino Benacquista livre ici un roman d’aventures haletant et drôle qui interroge la manière dont se transmettent les légendes : l’essence même du romanesque.

Romanesque — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Romanesque», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Une explication à cela, inacceptable pour qui s’acharne à déployer ses talents de magie noire : à trente lieues de là, les amants assistaient à un spectacle autrement plus réjouissant.

Deux jours plus tôt avait couru le bruit qu’une roulotte de comédiens traversait la région. Rien n’avait été plus urgent que de la suivre. Pressés dans une cohue, ils applaudissaient une pantomime à cinq personnages, dont un couple de vieux bourgeois affublés de trois fils, retors et couards : bastonnade assurée et larmes de rire.

Sur le chemin du retour, ils rendirent grâce à cette poignée d’illuminés qui, en des temps immémoriaux, avaient inventé le théâtre. Étrange et belle trouvaille que de pousser deux hommes en place publique pour en faire rire cent, et il suffisait d’un masque, une contorsion, une réplique, pour provoquer la liesse. Ils se promirent de ne rien rater des prochains spectacles, quitte à marcher tout le jour durant, c’était bien peu cher payé pour le ravissement qu’ils en tiraient.

Loin de se douter que leur maison était le siège d’une bataille ésotérique, ils furent accueillis au petit matin par un aréopage de sorciers vexés d’avoir psalmodié en vain toute une nuit. On jeta des sorts, on brandit des talismans, on appela à des maléfices. Tant d’esprits furent invoqués à la fois que le hameau fut agité d’étranges vibrations et de remous telluriques.

Les amants regagnèrent leur couche, pris de compassion pour les pauvres hères qui provoquaient tout ce chahut, comédiens eux aussi mais peu inspirés. Nul besoin de savoir lire dans les boules de verre et les entrailles d’animaux pour comprendre ce désarroi : allaient-ils longtemps vivre, et si mal, de leur commerce occulte ? De quoi demain serait-il fait ?

*

La débâcle des médecins, des poètes et des sorciers donna aux amants une notoriété qui cheminait plus vite que tous les coursiers du pays. Tantôt on les voyait comme des perturbateurs prêts à lever une armée, tantôt comme des héros qui résistaient aux suzerains. Si bien que, dans les deux cas, les noblesses d’épée et de robe en furent alarmées. On dépêcha des émissaires pour décider si la privilégiature était en péril.

De leur côté, les amants furent témoins d’actes isolés dont les auteurs semblaient animés d’une généreuse intention, et non l’inverse comme on aurait pu le croire.

Un soir ils trouvèrent à leur porte un don anonyme, une miche de pain bien ronde, odorante, encore chaude, dont les reflets dorés brillaient dans la nuit. Eux qui depuis le début de leur retraite n’avaient jamais eu le premier sou pour s’offrir un pain, ni consacré une heure de leur temps pour s’en confectionner un, accomplirent alors un rite oublié, moins pour satisfaire leur faim que pour combler les cinq sens à la fois. Leur revinrent en mémoire l’éclat des champs de blé juste avant la moisson, le moelleux de la pâte pétrie, le miracle du levage, le rougeoiement des fours dès qu’en sortent les pains, parfumés, croquants, qui nourrissaient les hommes depuis la toute première civilisation. C’était le rappel de cette civilisation qui croustillait maintenant sous leurs doigts, et là était peut-être le message qu’une bonne âme du village leur avait destiné en déposant cette obole, les invitant, sans jugement, et de subtile façon, à revenir sur leur volonté de s’exclure.

Puis le benêt du village leur fit une étrange visite. Le garçon, doux et rieur, avait été adopté par les villageois qui lui confiaient des corvées de voirie en échange de son ordinaire. Mais ce jour-là son éternel sourire avait glissé de son visage, et lui qui parvenait habituellement à se fondre dans le décor — c’était là où résidait son intelligence — s’offrit en spectacle en s’agenouillant devant la porte des parias. Il joignit les mains en prière et resta ainsi des heures, les yeux embués, rivés au ciel, les lèvres agitées par une imprécation silencieuse. Tous prirent très au sérieux cette prostration, comme dictée par un impératif supérieur. Aux amants qui s’enquirent de son trouble, l’idiot murmura :

Cessez, pour l’amour de Dieu…

Bien malgré eux, ils avaient retiré à un être sa joyeuse innocence, et c’était bien ce malheur-là qui les fit douter de leurs convictions. Son Cessez pour l’amour de Dieu n’était-il pas un nouveau signe, et le tout dernier, qu’on leur envoyait ? Sans doute auraient-ils dû prendre au sérieux le message contenu dans cette miche déposée comme une offrande, au lieu de se réjouir si vite du pain de la réconciliation.

L’heure n’était plus aux justifications, une seule décision s’imposait afin de ramener la paix là où, malgré eux, ils avaient semé la confusion. Avant qu’on ne les y contraigne ils allaient prendre le chemin de l’exil.

Exil. Le mot lui-même les plongea dans une profonde mélancolie. Quel être au monde est préparé à quitter la terre qui l’a vu naître ? Tous deux avaient appris à marcher sur ce sol, ils avaient grandi dans cette nature, ils savaient anticiper les saisons, prévoir les pluies, au point de devenir ce braconnier savant et cette glaneuse aux paniers pleins. Cette lumière était la leur, ils en connaissaient chaque reflet. Ces ténèbres leur appartenaient, ils s’y dirigeaient sans flambeau. Ils parlaient la langue de leurs ancêtres et aucune autre n’aurait su avec une telle précision traduire leurs états d’âme. Ils étaient si fiers de leur contrée qu’ils auraient pu vanter à un étranger de passage le bonheur d’y être né.

Ils s’en voulaient d’avoir suscité griefs et malentendus, d’avoir vécu à contresens, d’avoir prolongé leur état de pâmoison, de s’être instruits, d’avoir cueilli au lieu de planter. Et pourtant, ils n’avaient eu nulle intention de contredire le sens commun. Avec le temps, ils auraient respecté les mœurs de leurs prochains, accepté leur lot de servitudes quotidiennes, fondé une famille et prospéré. À leur tour ils auraient connu ce sentiment d’appartenance à une communauté — dont un jour, qui sait, ils seraient devenus les sages. Sans doute auraient-ils aimé cette vie-là, dans cette maison qui jusqu’alors leur semblait enracinée dans le ventre de la terre.

Ils décidèrent de la quitter sans la fermer, comme s’ils partaient en promenade, le lit défait et l’âtre encore chaud. Consumés de nostalgie, dans cet état si particulier où rien n’a changé mais où tout manque déjà, ils passèrent leurs vêtements les plus chauds, burent le reste de leur eau, étouffèrent sous la cendre les dernières braises. Mais peu à peu une conviction les gagnait et apaisait leur chagrin : aucun bien n’était assez précieux pour qu’ils désirent le posséder — c’était là le sens profond de cette nouvelle épreuve. Les mains vides, voilà comment ils quitteraient le hameau, mais riches d’une certitude : ils étaient deux. Le cœur gros à l’idée de fuir, ils l’avaient presque oublié. Être deux, c’était une civilisation, une armée. En comparaison, l’attachement à une demeure ou à un pays leur semblait illusoire.

Soudain, l’exil ne leur faisait plus peur. Au contraire, il devenait une promesse. Quelque part, à trois lieues de là ou aux antipodes, une place les attendait, au bord d’un fleuve ou perchée sur une montagne, hors de portée de tout jugement. Il était impossible, dans ce monde qu’on disait si vaste, que ce lieu n’existât pas. Bientôt il s’imposerait à eux comme une évidence.

Ils dirent adieu à cette maison en espérant qu’un jour elle abrite à nouveau des êtres qui l’aimeraient comme eux l’avaient aimée. Puis ils franchirent le seuil.

Dans la lumière orangée de l’aurore, un rassemblement les attendait.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Romanesque»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Romanesque» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


libcat.ru: книга без обложки
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Malavita encore
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Quelqu'un d'autre
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Les morsures de l'aube
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Tout à l’ego
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Nos gloires secrètes
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - La Maldonne des sleepings
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - La Commedia des ratés
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Homo erectus
Tonino Benacquista
Tonino Benacquista - Malavita
Tonino Benacquista
Отзывы о книге «Romanesque»

Обсуждение, отзывы о книге «Romanesque» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x